Établi sur un parc de près de 70 hectares, le domaine de Villarceaux a été restauré et est entretenu par la région Île-de-France depuis 1989. Celle-ci s’est substituée au propriétaire, la Fondation suisse Charles Léopold Mayer, pour un bail emphytéotique de 99 ans.
La Région Ile-de-France a annoncé qu’elle ne souhaitait plus assurer l’intendance du site car le domaine ne serait pas rentable. Chaque année, le Conseil régional d’Île-de-France débourse plus de 2 millions d’euros en frais de gestion et d’entretien. Intenable estime la Chambre régionale des comptes.
Le propriétaire suisse menace de se délester du domaine avec pour conséquence une fermeture au public et peut être un démantèlement.
Le domaine de Villarceaux est constitue d’un ensemble unique : son parc de 70 hectares et ses deux châteaux.
L’histoire commence au XIe ou au XIIe siècle avec un petit châtelet en bois auprès duquel Louis VII fonde un prieuré bénédictin de femmes. L’eau joue alors un rôle clé dans la vie qui s’organise en quasi-autarcie. Un siècle plus tard apparaît la seigneurie de Villarceaux.
Le manoir de Ninon est le plus ancien des deux châteaux seigneuriaux. En 1269, un acte mentionne une Jeannoe Boury, Dame de Sérifontaine et de Villarceaux, épouse de Thibault de Trie. Puis, au gré des mariages entre lignées, le château va changer de mains.
Villarceaux reste dans la famille des Mornay pendant plus de deux siècles et jusqu’à l’extinction de celle-ci. Louis de Mornay, « capitaine de la meute du roi pour le renard et le lièvre », eut pour maîtresse la spirituelle Anne de Lenclos, appelée Ninon.
Anne Ninon de l’Enclos, dite Ninon de Lenclos, est une des femmes les plus célèbres de son temps sous Louis XIV. Femme de lettres et d’esprit, elle est connue pour tenir un salon où de célèbres convives viennent discuter et partager.
Louis de Mornay, militaire et courtisan proche de Louis XIV, est le Marquis de Villarceaux, propriétaire du Domaine de Villarceaux. Il avait une réputation de séducteur et de mari infidèle, et n’était donc pas apprécié de tous ses pairs.
C’est lors d’une soirée organisée dans le salon de Ninon que les deux tourtereaux se sont rencontrés. Boisrobert, poète et dramaturge, était convié à ce fameux salon, et décida d’emmener avec lui Louis de Mornay.
C’est un véritable coup de foudre qui opère entre Ninon de Lenclos et le marquis. Mais voilà, Louis doit s’absenter pendant 8 jours. Pendant ces 8 jours où Ninon de Lenclos se retrouvera sans lui, la réputation du marquis remontera à la surface. Mais c’est sans connaître Ninon, cette femme forte, à l’esprit indépendant. Au diable les commérages, son amour pour Louis de Mornay est plus fort.
A son retour, le marquis de Villarceaux emmena sa douce dans ses terres : le Domaine de Villarceaux. Elle logera durant quelques semaines dans le vieux château. Elle fit venir Françoise d’Aubigné, la future Madame de Maintenon.
On dit même que Louis de Mornay l’emmena tremper ses mains dans la source, cette fameuse fontaine de jouvence qui assure la jeunesse. Ces semaines passées ensemble au Domaine de Villarceaux sont un véritable havre de paix pour les deux tourtereaux.
Louis de Mornay, ce jaloux maladif, avait pour lui-seul sa bien-aimée. Il la possédait, elle, cette femme inconstante qui se prête sans jamais donner. Le marquis ressentait une grande fierté. Mais cela ne durera pas longtemps.
Ninon de Lenclos devait des comptes à la justice, ce qui força son retour à Paris. Elle reprendra donc ses quartiers, ainsi que ses habitudes. Ce retour à la réalité l’éloigna du marquis de Villarceaux, qui était de plus en plus jaloux et lui demandait de rendre des comptes. Cette amour si fort et passionnel s’estompa et finira par se terminer.
Malgré cette triste fin, le marquis de Villarceaux fut avantagé par cette relation. L’amour de Ninon était comme un titre, ce qui lui a permis de se faire connaître de ses compères et du Roi. Il deviendra très proche du Roi de France, Louis XIV.
Dans le Château du Haut, vous pourrez observer un tableau un peu particulier : une toile représentant François d’Aubigné, Madame de Maintenon, la seconde épouse de Louis XIV. Cette toile, qui la représentant telle une déesse grecque au sein nu, fut peinte par le marquis de Villarceaux lui-même. Après sa rupture avec Ninon de Lenclos, ce séducteur invétéré jeta son dévolu sur la future épouse du Roi de France. Ils auront une relation intime pendant près de 3 ans.
Lorsque Louis de Mornay s’éteint en 1691, il est sans héritier. Son fils Charles, tué l’année précédente à la bataille de Fleurus ne laisse pas d’enfant mais une veuve, Catherine Brunet de Chailly, qui lègue par un testament daté du 23 décembre 1734 les terres de Villarceaux et d’Omerville à son neveu Charles-Jean-Baptiste de Tillet, marquis de la Bussière, Conseiller au Parlement, Conseiller du Roi et Maître des Requêtes.
Lorsqu’au XIIIème siècle la maison est construite dans le creux du vallon, une véritable vie en autarcie s’ordonne dans l’enceinte des murs de Villarceaux. Dès le Moyen-Age, un réseau hydraulique complexe permet la culture potagère et l’exploitation de viviers.
Pendant la Renaissance, les communs du manoir sont édifiés et l’eau se transforme en élément de décor : canaux, fontaines, vasques, cascades, et miroirs agrémentent les promenades dans les jardins se parent de bosquets, de nouvelles fontaines et de bassins.
Sous Louis XIV, on perce les façades du manoir pour s’ouvrir sur l’étang. Les jardins se parent de bosquets, de nouvelles fontaines et bassins.
Du château du bas, reconstruit et fortifié, il n’en reste aujourd’hui presque rien :
– Une tour d’angle dénommée « Tour des Condamnés » ou Tour Saint-Nicolas avec les murs qui l’encadrent et l’ancien logis seigneurial, L’une des nombreuses sources du domaine sourd à l’intérieur de la tour. Ainsi protégée des tentatives d’empoisonnement par les assaillants, la source permettait aux habitants de résister longtemps en cas de siège.
– Le « Manoir de Ninon » du XVIème siècle au bord de l’eau avec sa tour et son passage voûté,
– Les communs qui devaient encadrer une cour fermée composée de deux trois petites tours à l’ouest. Les communs, reconstruits au XVIe siècle, font l’objet d’une restauration complète.
Lorsque Charles de Tillet et sa femme prennent possession du domaine, ils vont habiter le manoir. A la suite d’un incendie, le fortuné marquis n’apprécie guère la vétusté de l’antique demeure, décide de faire édifier un nouveau château sur le haut de colline.
Les plans sont tracés par le fils de l’architecte de l’Hôtel Matignon, Jean-Baptsite Courtonne, architecte très prisé dans le Paris de Louis XV. Commencés en 1755, les travaux confiés à l’entreprenuer François Glaçon, s’achèvent en 1759.
Le château du haut constitue un parfait exemple des grandes maisons de villégiature ou de réception construites au XVIIème siècle par l’aristocratie ou la bourgeoisie, de style pur Louis XV, aux belles proportions Les pièces de mobilier et les peintures ont été réalisées par des grands artistes comme Boucher ou Oudry.
Grâce à ses bontés envers ses paysans et à la protection de son frère, greffier au Tribunal Révolutionnaire, le fortuné marquis du Tillet traverse sans encombre la révolution. Après sa mort, sa femme et ses filles vendent Villarceaux et son contenu.
A la fin du XIXème, les progrès techniques trouvent leurs applications dans les jardins de Villarceaux. Des turbines fonctionnent grâce à l’eau des étangs et fournissent l’électricité du domaine.
En 1829, le domaine est cédé à Antoine-Michel Roussel qui, à son tour, le lègue à son gendre, M. Cartier dont la famille de Villefranche reste propriétaire de Villarceaux et s’attache à conserver le domaine dans son intégrité, tel qu’il avait été conçu et décoré.
Mais en 1975, à la suite des tribulations d’un délictueux chargé d’un programme immobilier, le domaine est mis aux enchères et racheté par la Fondation pour le Progrès de l’Homme en 1976.
Dispersées, rachetées, puis conservées au dépôt départemental, beaucoup ont repris leur place pour être admirées par les visiteurs.
La visite, gratuite, démarre avec les dépendances du château féodal, la tour Saint-Nicolas, le pavillon de Ninon de Lenclos du XVIe siècle.
La balade se poursuit par la terrasse médiévale, un exemple rare de «jardin sur l’eau» du XVIe et le miroir de Ninon, du XVIIe. Cette pièce d’eau d’agrément de forme régulière est appelé le « miroir » parce que le château du haut se reflète dans ses eaux alimentées par une délicate cascade.
Le talus en vertugadin rattrape la différence de niveau pour arriver à la terrasse du château du haut. (vertugadin : forme des plis resserrés des jupes à panier que portaient les femmes de l’aristocratie et de la bourgeoisie depuis le XVIe siècle.
L’orangerie est flanquée de deux serres, l’une chaude, l’autre froide, elle permettait la culture d’oranges et de fruits exotiques pour la consommation des châtelains et de leurs invités. Les denrées étaient conservées dans une glacière souterraine toujours située dans le parc. La glace était prélevée sur les pièces d’eau puis stockée dans un mélange de paille et de terre pour l’été.
Le parc a reçu le label « Jardin Remarquable » du Ministère de la Culture en 2004. Il illustre les différentes périodes historiques qui ont fait évoluer le domaine.
Le domaine est certifié « Espace Végétal Ecologique » par ECOCERT depuis 2012 et est inclus dans le périmètre « Natura 2000 » de la vallée de l’Epte.
Le domaine est classé au titre des monuments historiques à la fin de la première moitié du XXe siècle. (merci à Guizmo)
Le domaine de Villarceaux. D142, 95710 Chaussy
Isabelle Boito
14 février 2022 @ 00:36
Pour avoir eu la chance de visiter ce domaine, j en garde un magnifique souvenir.
JAusten
14 février 2022 @ 01:47
Magnifique château et domaine ! Ces rembardes d’escaliers sont superbes
Kalistéa
15 février 2022 @ 10:36
Merci Guismo , j’ai apprécié la lecture de votre remarquable exposé .
Baboula
14 février 2022 @ 05:56
Emmanuel deTulle de Villefranche ,neuvième et dernier enfant de la fratrie reçût le Domaine de Villarceaux ,ses châteaux,ses 850 hectares,la coûteuse danseuse de la famille . Il modernisât les installations techniques et entretînt les bâtiments dans le respect du passé . Il voulait le faire vivre en y créant des activités sportives ,un manège,de nombreux courts de tennis et un magnifique parcours de golf ,avec une hôtellerie et une restauration de qualité , dans les bâtiments du bas . Quelque chose de courant aujourd’hui mais très novateur en 1970 . Ce petit coin du Vexin proche de Paris était prometteur mais pour le faire vivre en attendant d’être rentable monsieur le comte décidât de créer un lotissement ,un montage financier fut réalisé par l’habile notaire au terme duquel la famille fut dépossédée de sa propriété . Je n’entrerai pas dans les détails,le notaire fut condamné, la Chambre des Notaires insolvable, mise en cause mais monsieur le comte nous quittât en 1983 sans voir la fin de cette triste histoire . L’ombre d’hommes politiques de premier rang qui rôdait dans cette affaire explique les méandres qui ont mené à la spoliation de la famille .
J’ignore ce qu’il en est de toutes les installations,je n’y suis jamais retournée. La région voudrait se débarrasser de ce domaine coûteux qu’elle est incapable de faire vivre .
Merci Guizmo de nous montrer ce superbe endroit , que notre ami Emmanuel, nous avait permis de fréquenter .
Pascal
14 février 2022 @ 12:25
Quelle tristissime histoire .
Ciboulette
14 février 2022 @ 18:23
Quand bêtise et cupidité vont de pair . . .à l’époque de Giscard , je vois ! Encore que tous les gouvernements aient leurs brebis galeuses !
Bambou
14 février 2022 @ 06:46
Magnifique !!!
Pascal🍄
14 février 2022 @ 06:51
Un magnifique domaine !
Puisque le conseil régional d’Ile-de-France n’a pas les capacités esthétiques et intellectuelles d’apprécier combien il mérite d’être préservé même s’il n’est pas rentable espérons qu’un richissime mécène ayant la noblesse de l’âme et de l’esprit sinon celle de l’ANF se manifestera.
Mais ils ne sont pas si nombreux…
MartineR
14 février 2022 @ 12:19
Ce so.t les capacités financières qui manquent…..
Pascal
14 février 2022 @ 12:26
La région Ile de France ?
Jackie
15 février 2022 @ 19:49
En un sens, vous avez raison Pascal, c’est la région qui produit le plus de richesse mais dans une telle région, les dépenses doivent être énormes et il y a certainement mieux à faire. De plus, comme d’autres, cette région est endettée.
Catherine
14 février 2022 @ 22:16
C’est impensable qu’un domaine de pareille beauté, si chargé d’histoire et bien entretenu, qui se visite gratuitement, tandis que Versailles vient d’être transformé en une machine à fric des plus vulgaires sur le modèle anglo-saxon, avec voitures électriques partout dans les jardins, visiteurs virés des salons avant l’heure et horribles cabanes en plastique placées jusque dans la Colonnade pour les soirées « rentables » des visites privées, soit vu comme un truc inutile dont se débarrasser par une institution publique. Et cela en hommage à des prétendues règles économiques dépassées depuis un siècle et demi qui n’ont aucun sens dans le domaine public.
Voilà comment la France est en train de perdre son âme – et son excellence.
Pauline de Roby
14 février 2022 @ 07:09
Très bel endroit qui mérite qu’on s’y attarde. Nous l’avons visité il y a quelques années et le parc comme le château sont très agréables.
Ce serait très dommage qu’il soit abandonné.
Aldona
14 février 2022 @ 09:43
Récit très instructif et très détaillé, passionnant, l’avenir de ce domaine est bien sombre, qui peut acheter et entretenir, un émir ? un chinois fortuné ?
Merci Guizmo pour vos reportages
Jean Pierre
14 février 2022 @ 10:28
Dépenser autant d’argent pour un bien, aussi beau soit-il, qui ne vous appartient pas, je comprends que la Région tique, mais il lui a fallut du temps.
Catherine
14 février 2022 @ 22:19
Si c’est pour mieux négocier l’achat de ce bien, d’accord, mais est-ce le cas? Ce lieu exceptionnel mérite une tutelle de la part des institutions publiques. Il devrait intégrer le patrimoine français.
Menthe
14 février 2022 @ 11:02
Visite gratuite ? Un billet d’entrée payant ne suffirait-il pas pour couvrir les frais ? Sûrement que non, la région a du y penser.
Beque
14 février 2022 @ 11:04
Passionnant comme toujours, Guizmo, et magnifique illustration qui donne, une fois de plus, envie de visiter les châteaux que vous nous décrivez.
Beque
14 février 2022 @ 11:31
Ninon de Lenclos, instruite de la liaison que le marquis de Villarceaux entretient avec mademoiselle d’Aubigné, écrit au marquis cette lettre :
à Picpus, ce 23 décembre 1650
« Je vous tiens parole, marquis ; depuis huit jours que je suis seule ici, j’ai eu le temps de me livrer aux réflexions : surtout, lisez moi avec attention (…)
Tranchons le mot. Si mademoiselle d’Aubigné m’enlève votre cœur, je ne m’en prends qu’à moi. Depuis longtemps j’ai découvert le feu secret dont vous brûliez pour elle. Je m’en suis aperçue, même avant vous, marquis. On est éclairée lorsqu’on craint de perdre un si doux intérêt dans sa vie. Je l’avouerai, j’ai fait l’impossible pour vous retenir ; la connaissance du caractère de mademoiselle d’Aubigné est devenue une étude particulière pour moi. Sans cesse je me suis mise en parallèle avec elle. Nos défauts, nos agréments, tout a été comparé mille fois, tout a été calculé, combiné avec vos goûts, avec le genre de votre esprit, et de votre caractère. (…) Adieu, marquis ; si le temps fane les fleurs qui vous aviez jetées sur ma vie, je veux en recueillir ce qui reste, et lui dérober du moins quelques traces du bonheur dont m’avez enivré. Je serai après demain à Paris ; je me sens le courage de vous voir.
(Extrait de “Correspondance secrète entre Ninon de Lenclos, le marquis de Villarceaux et Mme de Maintenon” publié chez Renard en 1805)
Aldona
14 février 2022 @ 13:49
Le merveilleux temps des lettres ou le fait de quitter une personne devenait une oeuvre d’art dans la correspondance
Nini Plume 🌻
14 février 2022 @ 20:21
Vous faites bien de le souligner, Aldona.
Kalistéa
15 février 2022 @ 10:43
Ce temps hélas est révolu chère Aldona: On ne reçois m^^eme plus une jolie carte à Noël avec quelques jolies phrases bien écrites pour vous seule!
Aldona
15 février 2022 @ 14:03
Kalistéa, je le fais encore avec mes meilleurs amies, malgré les sms, facebook etc.. et beaucoup de personne m’ont comprises et maintenant répondent avec des cartes aux miennes, il faut insister, persister !
Catherine
14 février 2022 @ 22:22
C’est pourtant un peu le contraire de ce que dit le billet.
Aldona
15 février 2022 @ 14:07
Oui et non, tout en le quittant elle veut le voir quand même !
Catherine, les subtilités de la langue française me déroutent !!
Antoine
14 février 2022 @ 11:40
Un si bel ensemble devrait être rentable. Mais je lis que la visite est gratuite… En tous cas, le reportage est très intéressant, bien illustré, et donne envie d’y aller.
Danielle
14 février 2022 @ 11:58
Quel beau domaine, j’espère que le propriétaire suisse changera d’avis mais je reconnais que les frais d’entretien doivent être énormes.
Pascal
14 février 2022 @ 12:28
Comme sans doute ceux de nombreux autres domaines comparables ou moins beaux .
Non ça ne doit pas être jugé assez payant politiquement .
Robespierre
14 février 2022 @ 13:06
Françoise Chandernagor explique bien pourquoi la veuve Scarron, sans ressources, devait terminer sa liaison avec Villarceaux. Ce fut dur, elle était amoureuse, mais la raison l’emporta. Elle n’avait qu’un bien : sa bonne réputation et son amitié avec quelques grandes dames. Villarceaux, il lui avait quand même fait comprendre que veuf, il ne l’épouserait pas s’il devenait veuf. Elle n’était pas de son niveau social. La future madame de Maintenon a compris qu’elle devait cesser cette liaison, qui ne pouvait que s’ébruiter. Elle devait penser à son avenir et fit bien. Elle se mit au service de ses riches amies, et était comme elle était très cultivée et d’un commerce aimable, on la recommanda à la Montespan qui cherchait à caser ses enfants illégitimes, et la suite appartient à l’Histoire.
Sa vie d’hypocrisie, nécessaire dans son cas, continua quand, au service de la Montespan , vers la fin, elle couchait en secret avec Louis XIV. Et puis l’arrivée de la Fontanges rebattit les cartes. La mort de la jeune maîtresse aux dents longues fut pour elle un cadeau du Ciel. Le roi ne s’occupait plus de la Maintenon, tout coiffé de la jeune Angélique. Elle put faire peur au Ro, i traumatisé par cette mort, à propos de son salut, le châtiment du Ciel, et lui fit valoir que la seule voie dans son cas était de suivre les préceptes de l’Eglise et de ne plus pêcher. La mort de Marie-Thérèse encore jeune fut sa chance car elle put épouser le roi en secret, car comme le disait St Paul « il vaut mieux se marier que brûler ». J’imagine qu’elle fit valoir cela par des chemins détournés, pour que l’idée ait l’air de venir du roi. Mais jamais celui-ci, sans doute trop snob, n’afficha ce mariage. Monsieur fut mis au courant quand, lors d’un lavement au clystère infligé par le Diafoirus royal, la Maintenon était présente. Le roi fit comprendre à son frère, que seule une épouse etait présente dans ce genre de circonstances. Je pense que Monsieur garda la confidence pour lui.
Des livres bien pensants du 19e Siecle accréditent la thèse d’une « amitié » entre le roi et la Maintenon. Elle n’était qu’une confidente er rien de plus. Mais les lettres de Françoise à son confesseur racontent une autre histoire, celle d’une septuagénire, fatiguée du devoir conjugal auquel son mari était trop assidu.
Si la Fontanges avait vécu, tout aurait été différent. Il y aurait eu une nouvelle portée de bâtards royaux, sans doute reconnus, et la Maintenon aurait fini par se retirer à Saint Cyr.
Personnellement, je pense au bouillon de onze heures. Mais pas administré par la veuve de Scarron.
Kalistéa
15 février 2022 @ 10:54
Roby c’est comme pour le mariage secret de Mazarin avec Anne régente de France et mère du jeune Louis XIV: Un ambassadeur (de venise je crois) fut admis un matin dans la chambre de Mazarin qui était malade. il fut surpris d’y trouver la reine mère en négligé , puis le ministre tout-puissant parla de sa maladie et de sa jambe qui , enflée le faisait terriblement souffrir et pour appuyer ses dires se découvrit jusqu’à la hanche , la reine étant présente. L’ambassadeur écrivit aussitôt que cette intimité du couple faisait penser à un mariage secret.( Mazarin était cardinal mais n’était pas prètre comme Richelieu , il pouvait donc se marier , mais secrètement)
Ciboulette
15 février 2022 @ 18:15
Très intéressant , Kalistéa . J’en étais restée aux ferrets de la reine . . .
Carole 007 - Carolus
14 février 2022 @ 14:40
Article et commentaires intéressants.
Merci, je vais y aller.
Gérard St-Louis
14 février 2022 @ 15:24
Ce château a failli avoir une réplique dans la Ville de Québec. En effet, dans la nuit du 20-21 février 1966, la résidence vice-royale de Bois-de-Coulonge (anc. Spencer Wood) située sur le Grande-Allée fut entièrement détruite par un violent incendie qui coûta la vie au Lieutenant-gouverneur de la province, Monsieur Paul Comtois. Le gouvernement libéral de l’époque voulant privilégier l’architecture française plutôt qu’anglaise avait envisagé de reconstruite la résidence officielle selon les plans du château de Villarceaux, jugé très harmonieux dans ses proportions. Hélas, un changement de gouvernement arrêta complètement ce beau projet. Il n’y a donc plus, depuis ce temps de résidence officielle dans la capitale du Québec.
Ciboulette
14 février 2022 @ 18:17
Quelles constructions magnifiques , ainsi que les espaces verts !Ce serait criminel de laisser dépouiller une telle beauté .
Pourquoi pas une souscription nationale ? Et nos mécènes ? Ils se sont considérablement enrichis durant la pandémie et la crise qui suivit , alors ?
Caroline
14 février 2022 @ 23:49
Très intéressant à lire ! Merci à Guizmo !
Je n’ avais jamais entendu parler de ce beau château pas très loin de Paris.