Principal ministre de Louis XV pendant douze ans, allié et ami de Madame de Pompadour, le duc de Choiseul (1719-1785) passe pour être un hédoniste patenté, un ambitieux cynique qui aime les mondanités, les femmes et le luxe, un seigneur prodigue – à telle enseigne que Beaumarchais se serait inspiré de lui pour le personnage du comte Almaviva dans Le Mariage de Figaro.
Une image complaisamment reprise par l’historiographie républicaine et par les Jésuites, qu’il a fait bannir du royaume en 1762. La vérité est assurément plus nuancée, comme le montre avec brio David Feutry dans cette biographie enlevée et nourrie aux meilleures sources.
Homme de guerre avant d’être ambassadeur et ministre, grand artisan du rapprochement avec la cour de Vienne – qui mit fin à deux siècles de lutte contre l’empire des Habsbourg –, Choiseul, en effet, non seulement sauve le royaume du désastre où la guerre de Sept Ans le conduisait inexorablement, mais encore lui donne la Lorraine et la Corse. Il restaure en outre la marine et rénove l’armée, préparant en somme la revanche contre l’Angleterre.
Disciple des philosophes, il se fait ministre réformateur – un jeu dangereux entre la Cour, le trône et le Parlement –, libéralise l’économie, élève sur le pavois la notion de « patriotisme » pour mobiliser l’opinion et veille toujours à ce que la France préserve son rang et se modernise.
Tout-puissant, cible privilégiée de nombreux intrigants et de diverses coteries, l’orgueilleux ministre succombe à un ultime complot, en 1770.
Disgracié, il se retire dans les fastes du château de Chanteloup : le chancelier Maupeou et la maîtresse du roi, Madame du Barry, peuvent enfin entonner le péan.
Le portrait brillant d’un des hommes d’État les plus importants du siècle des Lumières ».
« Le duc de Choiseul. L’orgueil au pouvoir », David Feutry, Perrin, 2023, 384 p.
Eratodeux
7 septembre 2023 @ 06:55
Merci pour l’ information.
Toujours un plaisir de lire une biographie de valeur.
Jean Pierre
7 septembre 2023 @ 08:01
Il aura montré que la laideur n’est pas un obstacle au libertinage.
Mayg
7 septembre 2023 @ 19:57
Lol
Catoneo
7 septembre 2023 @ 08:52
Choiseul est le ministre qui a manqué à Louis XVI parce qu’il avait un denrée rare dans son esprit : l’intuition.
Charlotte (de Brie)
8 septembre 2023 @ 06:57
Vous avez certainement raison Catoneo, d’ailleurs à la mort de Louis XV, le nouveau roi mit fin à l’exil de Choiseul. Ce dernier qui tenait cour à Chanteloup, était resté aimé du peuple et de certains membres de la noblesse. Marie-Antoinette qui lui devait son mariage lui était favorable. Il ne revint toutefois pas au pouvoir. Le sens de l’histoire en aurait il été changé ?
Jacques de Saint Victor a écrit « L’insupportable ministre de Louis XV » paru il y a quelques années.
Il y décrit le duc : « jouisseur, effronté, cynique » mais aussi « doté d’une intelligence supérieure et une extraordinaire puissance de travail »
Pitt, son meilleur ennemi disait que » depuis le mort de Richelieu, la France n’avait jamais eu d’aussi grand ministre » et Talleyrand disait de lui » qu’il était l’homme d’Etat ayant le plus d’avenir dans l’esprit ».
Marie-Caroline de Bretagne
7 septembre 2023 @ 08:53
Choiseul, ennemi de Madame du Barry dont la biographie par Emmanuel de Waresquiel, « Jeanne du Barry, une ambition au féminin » (éditions Tallandier) vient de paraître. Achetée hier, hâte de la commencer. Choiseul attendra son tour !;)
Carole 007
7 septembre 2023 @ 17:15
😋
Calliopé
8 septembre 2023 @ 15:27
Marie-Caroline, si vous avez l’occasion de nous laisser votre avis sur ce livre, j’en serais très intéressée ! J’avais déjà lu il y a quelques années une biographie de Mme du Barry, que j’avais trouvé très complète. Aussi suis-je hésitante à acheter ce volume, me demandant s’il porte un nouveau regard (ou des informations inédites) sur cette favorite. Merci beaucoup d’avance si vous pouvez nous en laisser un petit commentaire !
Marie-Caroline de Bretagne
10 septembre 2023 @ 17:34
Désolée @Calliopé, je lis seulement maintenant votre message. Je n’ai pas encore commencé la biographie de Mme du Barry … Je peine un peu actuellement sur un roman qui ne me plaît pas tant que cela mais que je veux absolument terminer !;) Cela dit, connaissant un peu le travail d’Emmanuel de Waresquiel, je n’ai aucun doute quant à la qualité de son dernier ouvrage.
Passiflore
7 septembre 2023 @ 09:54
En 1761, le duc de Choiseul achète le domaine de Chanteloup. Lors de son exil en décembre 1770, il s’y fixe, agrandit les jardins et y donne de brillantes réceptions. La Pagode, de 44 mètres de haut et de 7 étages, est construite par l’architecte Louis-Denis Le Camus qui s’inspira de la pagode chinoise de Kew Gardens. De son sommet on peut voir un un panorama grandiose sur la forêt d’Amboise et la Vallée de la Loire. Choiseul meurt en 1785 et son domaine et vendu au duc de Penthièvre.
En 1802, le château est acquis par Chaptal qui y met au point la culture de la betterave, l’extraction et le raffinage du sucre. En 1823, Chaptal dut se défaire de Chanteloup. Tandis que le duc d’Orléans, futur roi Louis-Philippe, achetait la Pagode pour la joindre à la forêt qu’il venait d’acquérir, le château tombe aux mains de spéculateurs. Le mobilier est vendu, le château démoli et les jardins lotis. Du château ne subsistent que deux pavillons et la pagode, propriété des descendants du célèbre paysagiste Edouard André depuis leur acquisition en 1913. On doit à Edouard André, ami de George Sand, la découverte de l’anthurium, la transformation de Montevideo et la création de nombreux parcs dont celui du casino de Monte-Carlo. La Pagode est une propriété privée que l’on peut visiter.
Caroline
7 septembre 2023 @ 11:38
Intéressant !
Merci pour l’ information sur ce nouveau livre historique !
Mayg
7 septembre 2023 @ 13:33
Intéressant.
Guizmo
7 septembre 2023 @ 16:12
Merci beaucoup Régine. Encore un ouvrage sûrement très intéressant.
Bambou
8 septembre 2023 @ 06:04
Oui, c’est vrai que c’est très étonnant de voir cette pagode sortie de nulle part, surplomber la campagne. C’est vraiment à voir !
Gatienne
8 septembre 2023 @ 09:25
La campagne ? Non, la forêt qui est vaste !
Hervé J. VOLTO
17 septembre 2023 @ 16:54
Moi aussi je suis d’accord avec Catoneo.
Une des sœurs de Choiseul -de son vrai nom Étienne-François de Choiseul, Comte de Stainville, puis Duc de Choiseul- est une amie de Madame de Pompadour, la favorite de Louis XV. Grâce à celle-ci, cet ancien militaire est nommé ambassadeur de France, d’abord à Rome (1753) et ensuite à Vienne (1757).
En décembre 1758, Choiseul est nommé secrétaire d’État aux Affaires Étrangères, puis ministre d’État. Il entre donc au Conseil d’En Haut (le conseil des ministres). En octobre 1761, il laisse les Affaires Étrangères à son cousin César Gabriel de Choiseul-Chevigny (nommé duc de Praslin en 1762), pour occuper les fonctions de secrétaire d’État à la Marine (1761-1766) et à la Guerre (1761-1770). Jamais auparavant, un même ministre n’avait détenu à la fois la Marine et la Guerre.
En 1766, il reprend les Affaires Étrangères à son cousin Praslin et lui cède la Marine. Avant de devenir le principal Ministre de Louis XV (aujourd’hui on dirait Premier Ministre).