Le monde dans lequel a évolué Jane Austen (ci-dessus les armes de la famille) est le reflet d’une partie de la société anglaise, au tout début de l’ère industrielle. Mais Jane Austen et sa famille vivaient dans le Hampshire, soit le sud de l’Angleterre, dans un milieu rural alors que l’industrie se développait au cœur et dans le nord du pays.
Dans aucun de ses ouvrages, il n’y a de référence à l’industrie. Tout au plus au commerce, exercé à Londres et généralement avec succès.
La vie à la campagne dans la gentry
Sa société est donc composée de membres du clergé, de la gentry, soit la bonne société locale, de la noblesse titrée, essentiellement des baronets, et de membres de famille dont l’immense fortune dispense de tout titre, comme Mr Darcy de Pemberley.
La Chambres des Lords aux XVIIIe
La hiérarchie sociale est très stricte mais malgré tout relativement perméable dans la mesure où l’argent gagné en travaillant perd son odeur après quelques générations.
En haut, il y a les pairs du Royaume, soit les pairs dits d’Angleterre et d’Ecosse, dont la création du titre est antérieure à 1707, puis les pairs de Grande-Bretagne, de 1707 à 1801, les pairs d’Irlande d’avant 1801, et enfin les pairs du Royaume-Uni, dont les titres ont été créés après 1801.
Lord en tenue à l’époque de Jane Austen
Jane Austen, si elle ne les a pas tous connus, loin de là, connaissait parfaitement la distinction entre ces pairies. Les plus anciennes étaient les plus prestigieuses mais pas forcément dans les titres.
Certains ducs, comme Wellington ou Westminster, n’étaient que du Royaume-Uni, donc de création récente. Ils avaient la préséance de par leur titre mais étaient considérés plus ou moins comme des parvenus.
Puis venaient les marquis, pas en très grand nombre. Les comtes suivaient, beaucoup plus nombreux, le premier a été créé en 1017 et le dernier en 2019, comte de Forfar, pour le prince Edward, dernier fils de la reine Elizabeth II.
Les vicomtes, bien que plus récents, sont aussi en grand nombre. Le premier le vicomte Beaumont a été créé en 1440, et le dernier en 1999 pour le fils du prince Edward, le vicomte Severn.
Le premier titre de baron fut créé en 1264 pour lord Ros, dans la pairie d’Angleterre, et le dernier en 2018, Baron Kilkeel, pour le prince Harry, duc de Sussex. Ces derniers sont les plus nombreux et si l’on dit le duc de Devonshire ou le marquis de Bath, on ne dit jamais le baron Geddes mais lord Geddes.
Il est inutile de parler ici de la pairie héréditaire, créée en 1876, aujourd’hui la plus nombreuse. Jane Austen ne pouvait pas en avoir l’idée et aurait frémi d’horreur si on avait suggéré l’idée devant elle.
Certains pairs cumulent plusieurs titres, dans les différentes pairies. Ils ont encore un rôle politique en siégeant à la Chambre des Lords, mais la pairie héréditaire n’y est plus représentée que par 72 d’entre eux, cooptés par leurs pairs.
Sir James Grant, 8ème baronet – en bleu à gauche
Les baronets appartiennent également à la noblesse avec un titre héréditaire. Ils sont qualifiés de Sir, suivi du prénom et du nom, et leurs épouses de lady suivie du nom.
A ne pas confondre avec tous les sirs et ladies qui n’ont que des titres viagers liés à la reconnaissance de services rendus, en France ce serait l’équivalent d’Officier de la Légion d’Honneur.
Le premier baronet fut créé le 26 mai 1611, “Sir Nicholas Bacon, 1st Baronet, of Redgrave” par le roi Jacques Ier Stuart, qui en créa dix-sept la première année. Le dernier, 1038ème, fut Sir Denis Thatcher, 1st Baronet, (10 May 1915 – 26 June 2003), créé en 1990 pour le mari de Margaret Thatcher, Premier Ministre, qui reçut, elle-même, une pairie héréditaire en 1992.
Lady Grant, épouse de Sir James
Cette classe sociale était certainement la plus haute que la famille Austen ait pu fréquenter. Leur position et leur manque de fortune ne leur donnait pas accès à la pairie ancienne, même si certains membres de la famille ont pu en rencontrer en soirée ou avec des amis. Et même si le duc de Chandos était leur parent, ainsi que lord Leigh.
Il faut noter qu’aucun des héros des romans de Jane Austen ne s’intéresse à la politique. Il n’y en pas qui siègent à la Chambres des Lords, mais il n’y en pas siégeant à la Chambre des Communes.
Il n’y a pas non plus d’héroïnes qui tiennent salon et favorisent la carrière politique de leurs protégés. Son monde se tient en retrait des remous du monde, oubliant totalement la guerre qui fait rage sur le Continent, après la Révolution française, et à laquelle l’Angleterre prend une part majeure. Napoléon ? Connais pas.
La gentry est donc le véritable monde de la famille Austen. Il s’agit d’une classe sociale particulière au Royaume-Uni. Composée de baronets, de chevaliers, de descendants de la noblesse titrée, sans eux-mêmes porter de titre, des écuyers et de la grande bourgeoisie des villes, elle est très présente dans les campagnes ou l’on parle de “landed gentry”, notables provinciaux, propriétaires qui s’enrichissent grâce à leurs domaines, mais qu’ils n’exploitent pas directement.
Les membres de la gentry peuvent porter armoiries données par lettres patentes par le roi d’armes. Leurs aspirations à la tranquillité, à la dignité et à la bienséance son identiques et sont loin d’être partagées par la fraction la plus haute de la société.
Le Prince-Régent n’est-il pas lui-même en scandale permanent ? Jane Austen ne sera pas honorée par l’admiration que lui porte Son Altesse Royale. Le Prince-régent est tout ce que détestent Jane Austen et ceux qui l’entourent.
Quand elle lui dédicace “Emma”, à la demande du Rev. James Stanier Clarke, bibliothécaire du prince, ayant malgré tout conscience de l’intérêt commercial d’un tel admirateur, elle écrit, avec ironie : “À Son Altesse Royale, le Prince Régent. Cet ouvrage est, avec la permission de Son Altesse Royale, très respectueusement dédié par l’humble serviteur dévoué et obéissant de Son Altesse Royale, l’Auteur.”
George Auguste de Hanovre (1762-1830)
Prince Régent (1811-1820) Roi du Royaume-Uni et de Hanovre (1820-1830)
Le prince-Régent tel que la satire le voyait
Le monde de débauche et de gaspillage du prince et de ses amis, accompagnés par beaucoup de pairs du royaume n’est pas celui de la gentry, et donc a fortiori celui des Austen, amis et alliés.
Un gentilhomme campagnard
La gentry est provinciale, campagnarde, voire rurale, ses membres n’ont pas un statut de noblesse conférant un droit particulier. Une grande partie des membres de la Chambre des Communes, à l’époque de Jane Austen, sont des gentlemen, membres de la gentry. Faire suivre son nom des initiales MP ( Membre du Parlement) est en soi un signe de reconnaissance sociale. Il en est de même pour les membres du clergé de l’Eglise anglicane.
Une dame de qualité, Mrs Rebecca Herrings
En France ou en Allemagne étaient nobles tous les enfants d’un noble, au Royaume-Uni n’est noble que l’aîné titré, les autres sont de la gentry, sauf à se voir attribuer un titre de noblesse personnel.
L’idée de paraître à la cour, parfois révélée comme Sir William Lucas, dans Pride and Prejudice, est loin d’être un objectif social, à la différence de la France où nul n’existait s’il n’avait pas été présenté à Versailles et mieux encore admis dans les carrosses du roi.
L’art de ce que l’on appelle “Conversation piece” est typiquement britannique. Le bon ton veut que l’on se fasse représenter en famille, parfois avec ses proches, dans un environnement campagnard, avec au loin, le plus souvent, une vue de la propriété de laquelle la famille tire statut et revenus.
Cet art représente l’idéal du monde de Jane Austen. La famille, la campagne, les amis, la dignité, et la courtoisie sont les maîtres mots de son œuvre. Le bon goût sous-tend le tout.
Une famille de la gentry
Enfants de la gentry
Le père de Jane, George Austen, pasteur de l’Eglise anglicane, descendant d’une famille d’industriels lainiers – comme les Colbert en France – qui s’était élevé socialement jusqu’à atteindre le bas de l’échelle de la gentry.
Il était diplômé du St John’s College d’Oxford mais la fortune familiale étant restée dans la branche aînée, il n’avait que peu de revenus. Orphelin à l’âge de neuf ans, il fut recueilli par un oncle riche, Francis Austen. Après qu’il eût pris les ordres, le mari d’une de ses cousines, Thomas Knight, lui acheta la survivance du prieuré de Steventon en 1764.
Sa sœur, Phidalephia, fut mise en apprentissage chez un chapelier et eut la vie dont il a été longuement parlé dans l’article précédent.
En 1763, George Austen avait épousé Cassandra Leigh. Elle était d’un rang supérieur dans la gentry, la famille Leigh comprenant des membres de la noblesse titrée, l’arrière grand-père de Cassandra avait épousé Mary Brydges, fille du huitième baron Chandos et sœur du premier duc de Chandos, protecteur de Haendel et de Pope.
Armes de la famille Leigh
Malgré ces belles alliances et parentés, les Austen avaient fort peu de revenus. N’ayant que £200 de revenus par an (soit £27000, aujourd’hui), ils étaient obligés de faire exploiter les terres liées à son prieuré et d’accueillir des pensionnaires dont ils étaient le professeur.
En comparaison, un ouvrier spécialisé, forgeron ou charpentier gagnait £200 par an. Mais le revenu annuel d’une famille de la gentry se situait entre £1000 et £5000 par an.
Le monde de Jane Austen est donc essentiellement composé des familles de la gentry du Hampshire et des pairs de création récente, comme lord Dorchester, né Guy Carleton, un irlandais d’origine modeste, ayant fait carrière dans l’armée, ancien gouverneur du Canada, créé baron en 1786, lord Bolton, né Thomas Orde, anobli en 1797, le comte de Portsmouth, d’ancienne noblesse mais d’une famille atteinte par le scandale.
Lord Dorchester
Les Terry, les Digweed, les Harwood, voisins des Austen, familles anciennes possédant de belles demeures mais en passe d’être ruinées. Il y avait aussi les nouveaux riches, les Portal, famille de protestantes venue du Languedoc, industriels dans le papier, les Mackreth, Sir Robert avait fait fortune comme bookmaker et usurier, les Chute, originaires du Norfolk ayant eu la chance d’hériter un beau domaine dans le voisinage des Austen.
L’œuvre de Jane Austen reflète bien ce mélange social car on y croise dans tous ses romans des personnages, nobles et riches, moins nobles mais riches, nobles et pauvres, loin d’être tous titrés, plutôt bien élevés.
L’absence de fortune se fait sentir dans “Pride and Prejudice”, “Raison et Sentiment”, “Northanger Abbey”, la nécessité du mariage pas forcément accomplie est partout. Le clergé est aussi bien présent car c’est là le premier cercle de Jane, père, oncles, cousins, frères, beaucoup sont de la Haute Eglise Anglicane. Aucun n’appartient au monde protestant de la Basse Eglise.
Un clergyman et sa famille
Obtenir un bénéfice soit par héritage, soit par achat, est le but de tous. En effet, au Royaume-Uni les charges ecclésiastiques appartiennent aux grands propriétaires fonciers qui les distribuent ou vendent à leur convenance.
Pour s’établir pasteur, il ne suffit pas d’être diplômé d’Oxford ou de Cambridge, ni même d’avoir reçu les ordres, il faut un patron ou de l’argent.
La distribution ou l’attribution des cures est un des éléments majeurs de l’œuvre de Jane Austen. On le trouve dans chacun de ses romans, qui attend ou espère un bénéfice, qui possède et dispose d’un bénéfice. Aucun mariage ne peut se conclure avant l’obtention des revenus qui permettent d’élever dignement une famille.
Si le prieuré de Steventon n’est pas luxueux, à peine confortable, il n’en est pas de même pour beaucoup de résidences de leurs amis.
L’archétype d’une grande demeure à la campagne,
dans lesquelles Jane Austen fut souvent invitée
Dean House – La maison de leurs voisins Harwood
Plus modeste mais toujours élégante
La famille est le centre de l’œuvre, comme est est le centre de la vie sociale, et ce dans tous les milieux. Chez les Austen, les enfants sont nombreux avant et après Jane.
Ils sont nombreux dans toutes les familles, nobles, bourgeoises, paysannes, riches ou pauvres. Les progrès de la médecine ont diminué la mortalité infantile et il faut pourvoir à la nourriture de toutes ces bouches et à l’établissement des garçons comme des filles.
L’enseignement est parfois fait à la maison par les parents eux-mêmes. le père s’occupe des garçons et la mère des filles. Cette éducation eut du succès chez les Austen. Jane et Cassandra furent deux ans en pension mais ce fut de leur mère qu’elles tinrent leur culture que nous pouvons leur envier. Il en fut de même pour les garçons.
Un gentleman avec son fils
Un clergyman avec son fils
Si l’enseignement ne peut être pratiqué à la maison, les parents ne le voulant ou ne pouvant pas, il faut pouvoir permettre aux garçons d’aller dans des écoles privées, les fameuses public schools, dont Eton et Harrow sont les plus connues, puis à l’université, Oxford ou Cambridge, le plus souvent suivant la tradition familiale, et pouvoir ensuite se marier avec des jeunes filles aux dots appréciables.
Une visite au pensionnaire en 1789
Leurs carrières sont l’héritage familial souvent accompagné d’un siège au Parlement, l’église ou l’armée, selon leur rang dans la fratrie.
Pour les secondes, les filles, il faut certes leur donner l’éducation indispensable, écrire, lire, compter, dessiner, peindre, jouer de la musique, chanter, manier l’aiguille, toutes occupations qui leur permettront de trouver le bon mari.
Mais sans dot pas de mari, Jane et Cassandra Austen, l’apprirent à leurs dépens. Charlotte Lucas, pour ne pas rester vieille fille, épouse Mr Collins, le clergyman le plus épouvantable de toute la littérature anglaise.
Et il y a l’adoption, pour les filles, mais surtout pour les garçons. Chez les Austen, c’est Edward qui en bénéficie. Il est le deuxième garçon et, enfant il a la chance de séduire un couple de lointains cousins, les Knight, fort riches et dont il sera l’héritier à la plus grande satisfaction et au bénéfice de tous. Leurs domaines, dans le Kent et le Hampshire, sont importants et ils n’ont pas d’enfant. Edward prendra leur nom que sa descendance porte toujours.
L’adoption d’ Edward Austen puis Knight
L’adopté lors de son Grand Tour en Europe en 1788
Le monde de Jane comprend aussi des personnages moins importants, les classes laborieuses que l’on ne croise pas vraiment dans son œuvre mais dont on sait qu’elle les connaissait et sans les fréquenter vraiment s’intéressaient à eux, ne serait-ce qu’en sa qualité de dame patronnesse, sans aucune condescendance.
“Emma” est probablement le seul des romans de Jane Austen où l’on aperçoit des personnages qui ne sont pas de la gentry, amis que l’on peut fréquenter malgré tout.
Intérieur de paysans aisés en 1790
Il y a de belles description des vies et des caractères de Mrs Bates, de sa fille Hetty, de Jane Fairfax, de la famille Martin. Aucun de ceux-là n’appartient à la gentry. Robert Martin, qui épousera Harriett Smith, la protégée d’Emma, est peut-être le personnage le plus bas dans l’échelle sociale du monde de Jane Austen. C’est malgré tout un paysan très aisé, presque un gentleman.
La classe laborieuse
Bien qu’appauvries, à la limite de l’indigence, Madame Austen et ses filles n’en ont pas moins trois ou quatre femmes à leur service. Mais le monde des domestiques est totalement absent de l’œuvre, si ce n’est pour servir le thé, faire le feu ou quelques commissions.
Tout ce monde habite et vit dans des demeures dont il sera parlé au prochain chapitre.
Les Edgeworth, une famille typique de la gentry fortunée en 1787
Dans ce monde qui semble disparate, il y a une unité de goût, avec un sens de l’esthétique somme toute plutôt uniforme, ce qui n’enlève rien à la qualité de leur environnement et des objets de la vie quotidienne.
La première unité se révèle dans la fréquentation et le mariage. Se marier en dessous de sa condition est impensable. Pourtant Mr Darcy le fait en épousant Elizabeth Bennett, mais n’est-elle pas la fille d’un gentleman. Seule la fortune les sépare.
Une jeune couple
Provincial ne veut pas dire sans intérêt pour la mode
Tout ce petit mode se déplace
Les amis de Jane vivent dans des intérieurs élégants et confortables
On se régale en se servant de belle argenterie
Et de la belle porcelaine
Après dîner, la famille se réunissait au salon
Une famille dan son salon
Le monde de Jane Austen savait vivre et avait les moyens de s’offrir de belles choses nécessaires à leur bonheur. Jane elle-même était simple, d’ailleurs avait-elle les moyens de faire autrement.
Les histoires qu’elle raconte se passe dans ce monde élégant et raffiné, monde idéal pour elle, dont elle bénéficia de temps à autre grâce à sa parenté étendue bien plus riche qu’elle, monde qu’elle décrivit souvent à travers un regard amusé, jamais envieux.
Jane aurait pu faire un riche mariage mais elle préféra décrire celui des autres. Les espoirs de ses héroïnes sont tous comblés, le sien aussi, car sa vraie vie fut celle d’une jeune fille rêvant à sa fenêtre, avant et après avoir écrit et avant d’aller se coucher, heureuse.
L’oeuvre de Jane Austen, d’apparente légèreté, est majeure dans la littérature anglaise. Romancière de l’intime et de la retenue, elle annonce les grands auteurs qui la suivront, en rompant avec le picaresque voire l’extraordinaire ou le pédantisme, même si elle a admiré ceux qui l’ont précédée.
On peut aisément imaginer Jane Austen dans ce décor plus simple.
Une chambre de jeune fille dans une belle maison de campagne. (Merci à Patrick Germain pour cette première partie. A suivre…)
Framboiz07
7 novembre 2022 @ 01:51
Merci, très intéressant , belles gravures , qui rehaussent le propos !Bravo !On relira J Austen avec votre coup d’ oeil en mémoire ! Merci, encore , Patrick!
Trianon
7 novembre 2022 @ 01:53
Merci infiniment cher Cosmo,il se trouve que je suis une grande lectrice et admiratrice de J.Austen!
Quel plaisir de lire un article à son sujet!
Lunaforever
7 novembre 2022 @ 03:30
Un premier article passionnant !
Juste un truc : j’ai lu « Persuasion » et le prétendant de l’ héroïne est officier de marine . Il me semble bien qu’il combat et s’enrichit durant la guerre contre Napoléon…
JAusten
7 novembre 2022 @ 09:09
Effectivement, elle en dit beaucoup de bien car deux de ses frères dont un finira Amiral de la Flotte.
Vittoria
7 novembre 2022 @ 10:45
Oui tout à fait, il me semble impropre de parler d’absence des guerres napoléoniennes chez Jane Austen.
Outre Frederick Wentworth dans Persuasion, les officiers d’Orgueil et Préjugés en sont un écho, de même surtout que l’engagement aux Antilles et en Europe du frère de l’héroïne, Fanny Price, dans Mansfield Park.
Malgré cette critique, merci à Patrick Germain pour son article !
Cosmo
7 novembre 2022 @ 13:39
Lunaforever et Victoria,
Les officiers de marine sont bien présents dans l’œuvre de Jane Austen, et pour cause. Mais ni le blocus, ni la guerre sur le continent ne sont jamais évoqués. On sait bien que ces officiers se battent mais pas où ils se battent, ni quand et ni contre qui. Je n’ai jamais lu le nom de Napoléon sous sa plume., ni même citer l’armée française. Mais je peux me tromper et je serais heureux de le savoir.
Cosmo
Eva
7 novembre 2022 @ 17:26
Merci, Cosmo, pour cet article très intéressant. Je me souviens que les guerres sont évoquées par allusion, et effectivement jamais nommées, pour un certain nombre de raisons: l’une étant que le lectorat est censé comprendre par allusions, par exemple toute allusion à Portsmouth ou Brighton suggère pour ses contemporains des premières lignes de défense contre les troupes napoléniennes, chose que chacun aurait compris, qu’une date évoque forcément par exemple la guerre aux Antilles, ou encore que l’auteur manifeste une intention explicite de se cantonner à un certain style, la description des moeurs et caractères surtout par l’ironie et l’humour, ce qui nous prive de récits de guerre, comme lorsque, dans Mansfield Park Mrs Norris interrompt Sir Thomas Bertram alors qu’il allait se lancer dans une longue description de son aventure où son vaisseau était sur le point d’être capturé par des pirates français dans les Antilles, soulageant ses lectrices telles qu’elle les percevait d’un récit d’aventures qu’elles auraient trouvé ennuyeux. (souvenirs de mes études de ces romans…)
Vittoria
7 novembre 2022 @ 17:38
Merci pour votre réponse : n’étant pas spécialiste de Jane Austen mais simple lectrice, je n’ai pas de citation à livrer sur les points que vous y évoquez.
Je réagissais simplement à votre phrase « Son monde se tient en retrait des remous du monde, oubliant totalement la guerre qui fait rage sur le Continent, après la Révolution française, et à laquelle l’Angleterre prend une part majeure. » qui m’a semblé une formulation inexacte.
Gatienne
7 novembre 2022 @ 22:20
Pour cela, cher Cosmo, il faudra conseiller aux lecteurs de se tourner plutôt vers William Thackeray que vers Jane Austen…
Mais nous aurons peut-être l’occasion d’en reparler tant ces deux auteurs, de par leur intérêt croisé pour un même sujet, diffèrent:
non pas dans leur approche sociétale, mais dans le traitement infligés à leurs personnages.
Il y a, en effet, une certaine bienveillance chez Austen qui raconte « ses pairs » ce qui n’exclut évidement pas la critique souriante.
En revanche, chez Thackeray, plus politique (?) la critique ose la franche satire, voire la caricature.
Au plaisir de vous lire !
Mary🐇
8 novembre 2022 @ 00:35
Cosmo,
Je crois que vous avez raison du moins pour Napoléon, je ne me souviens pas avoir lu son nom dans les romans de Jane A.
VieillesPierres
7 novembre 2022 @ 05:40
Article remarquable. Merci.
Erato deux
7 novembre 2022 @ 06:59
Impatiente de lire la suite.
Ce portrait de la société anglaise à l’ époque de la romanciere est très instructive .
Merci.
Erato deux
7 novembre 2022 @ 08:50
Instructif!
DEB
7 novembre 2022 @ 07:27
Quelle bonne idée de reprendre l’organisation de la gentry !
Annie
7 novembre 2022 @ 07:52
Merci Monsieur Germain ! J’ai hâte de lire la suite, j’aime tellement les romans de Jane Austen.
plume
7 novembre 2022 @ 08:32
Super. J’ai hâte de connaître la suite…
Avel
7 novembre 2022 @ 08:35
Merci à Patrick Germain. J’adore Jane Austen. J’attends la suite avec impatience.
😀Pistounette
7 novembre 2022 @ 08:58
Merci Cosmo.
J’apprécie beaucoup Jane Austen (dont j’ai lu tous les livres) et l’atmosphère de cette époque… j’apprends beaucoup de choses avec votre article
Jean Pierre
7 novembre 2022 @ 09:31
Donc snob, forcément snob au sens étymologique du terme, la gentry.
Si je lis bien Cosmo, pas de barrières légales entre les différentes classes de l’élite foncière rurale, mais bien des barrières sociales.
Cosmo
7 novembre 2022 @ 14:04
Jean-Pierre,
C’est plus compliqué que ça.
La barrière légale est avec les lords qui ont accès de droit au Parlement. La barrière sociale est plus floue car si tous ces personnages appartiennent à la gentry, donc à l’élite sociale du pays, il y a des différences pécuniaires qui peuvent être des barrières mais ne le sont pas forcément. La presque sans-dot, Elizabeth Bennet, épouse le très riche Darcy, lui-même descendant par sa mère de la noblesse titrée. Sa sœur Jane épouse le riche Bingley, dont on devine la fortune récente car il ne possède pas de domaine rural, mais le mariage est avantageux. Il n’y a pas de progression sociale pour les deux sœurs. Comme Elizabeth le rappelle à Lady de Bourgh, la tante de Darcy, elle est la fille d’un gentleman et peut donc épouser le neveu sans que ce soit une mésalliance pour lui, même si la mère d’Elizabeth, Mrs Bennet sue la bêtise et la vulgarité.
La société anglaise reste encore de nos jours définie par toutes ces subtilités. Je pense la connaître assez bien. Cela fait à la fois son charme, son arrogance et son incapacité à être comprise de beaucoup de continentaux.
L’analyse sociale de Jane Austen est d’une grande subtilité. Elle a un regard très sûr et sans complaisance sur son monde et ceux qui le composent.
Bonne semaine
Cosmo
JAusten
7 novembre 2022 @ 18:25
Dans Wives & Daughters, M. Hamley de Hamley Hall, est un squire, et membre de la « landed gentry » dont la présence des ancêtres là-bas remonterait à l’heptarchie, mais dont les circonstances sont maintenant réduites, peste car il est snobé par les autres propriétaires terrien Lord & Lady Cumnor dont le titre et la richesse sont beaucoup plus récents.
Sharon -Marjorie
7 novembre 2022 @ 19:36
Je souscris à ce commentaire très subtil.
Aristocrate
7 novembre 2022 @ 09:57
Pas encore lu mais les photos vendent du rêve et les peintures sont pas mal non plus. C’est un sujet à déguster tranquillement le weekend au coin du feu avec une bonne tasse de chocolat chaud ☕️
Perlaine
7 novembre 2022 @ 10:02
Formidable – Récit clair bien mené , très documenté textes et photos.Bravo et merci Cosmo
Beque
7 novembre 2022 @ 10:18
Cosmo, magnifique travail d’écriture et de rechercher iconographique. J’ai tellement aimé la ville de Bath ! Il me semble qu’avec la révolution industrielle, la gentry est devenue « gentry poverty ». Désargentée, elle se nourrissait de « ragoût » (lièvres, perdrix). Les jeunes filles de l’époque avaient un choix limité de professions : être gouvernante ou professeur (responsable de l’éducation morale des enfants) ou écrivain. Les journaux intimes étaient en vogue en Angleterre.
Baia
7 novembre 2022 @ 10:21
Voilà le genre d’article que j’apprécie tout particulièrement sur ce site.
Merci Cosmo.
Marquis de Bath
9 novembre 2022 @ 07:21
Baia, milou n’est donc pas votre seule passion?
j21
7 novembre 2022 @ 10:26
Merci! Je ne connaissais pas l’organisation de la société anglaise maintenant grâce à cet article j’aurai les clés de lecture des romans d’époque anglais.
Robespierre
7 novembre 2022 @ 12:10
Je viens d’arriver, pour appuyer votre point de vue. Cet article devait être écrit un jour pour expliquer la structure sociale, les nuances… sociales de l’époque, qui transparaissent dans les livres de Jane Austen. Et c est Cosmo qui l’a fait. Magistralement. Il fallait ressembler les pièces du puzzle social et il s’en est chargé.
J’ai lu quelques Jane Austen mais j’avoue que je préfère son adaptation à l’écran. Par de bons réalisateurs anglais qui savent recréer ce monde et surtout l’illustrer. L’image est indispensable. Car mentalement, je ne peux me représenter ce monde du début du 19e S. Cet article est complémentaire d’un film, car un film ne donnera pas toutes ces subtilités, et en plus l’iconographie impressionnante de P.Germain souligne certains détails. Le nombre d’enfants saisissant de ces gens. On se dit « comment établir tous ses enfants » ?. Cosmo donne un réponse.
Cet article fait réfléchir, donc, à cause ou grâce à leur naissance, jugée acceptable, des dames fauchées ont accès à ce monde fortuné ou aisé, et sont les commensales de grands seigneurs ou propriétaires. Aux Etats-Unis, les riches ne fréquentent que des riches. Il n’y a pas de brassage social . La naissance n’est rien, et je ne vois pas une fille de pasteur à la table d’un milliardaire texan.
J’avais dit dans un précédent article de Cosmo que les personnes genre J.Austen qu’il présentait, vivaient autour de la fortune et de la grandeur, mais jamais dedans. C’étaient comme des satellites sociaux, mais bien acceptés par les privilégiés.
J’étais vraiment intéressé par les portraits de tous ces membres de familles bien apprêtées pour le peintre qui devait immortaliser les couples et fratries. Et les milieux moins favorisés sont tout aussi fascinants à regarder, car j’aime voir comment vivaient autrefois les classes moins privilégiées. Comment elles se vêtaient et dans quel mobilier elles se logeaient.
Admirons la somme de travail et recherche de notre distingué intervenant que je salue ici.
Cosmo
7 novembre 2022 @ 14:13
Cher Robespierre,
Merci pour votre appréciation. J’ai essayé de décrire et de mettre des images sur un monde toujours en filigrane chez Jane Austen. Elle n’a jamais décrit un intérieur mais seulement qualifié de riche, d’opulent, de mesquin ou pauvre. Mais dire que les Bennet habitent un manoir élisabéthain, Queen Ann ou Géorgien n’était pas son propos. Elle analyse les sentiments, les rapports sociaux et leur interaction.
Et j’ai écrit ces articles pour en savoir plus moi-même sur le décor et l’arrière plan social de ses romans et partager mes recherches avec les lecteurs de N&R.
Bonne semaine
Cosmo
agnes
7 novembre 2022 @ 10:36
Merci Cosmo.
José L. Cabrera
7 novembre 2022 @ 10:51
Maravilloso.
Antoine1
7 novembre 2022 @ 11:07
Quel article intéressant et bien illustré. Merci ! Je suis fan de Jane Austen. Mon seul regret est que son oeuvre ne comporte pas davantage de volumes. Pour en connaître plus sur la vie des ecclésiastiques anglais du XIXe, il faut lire Anthony Trollope, né deux ans avant la mort de Jane. « Les tours de Barchester » et « la cure de Framley » sont de petits joyaux d’observation et d’humour (anglais). Ceux qui aiment Jane Austen aimeront Trollope.
JAusten
7 novembre 2022 @ 11:54
bien vu, Trollope est mon deuxième auteur préféré ! Il ne décrit pas les mêmes milieux mais il fouille merveilleusement les caractères.
Iris Iris
7 novembre 2022 @ 18:44
J’ aime J. Austen mais j’ adore Trollope! Quel délice!
Pierre-Yves
7 novembre 2022 @ 12:13
J’ai appris plein de choses en en lisant, je voyais le film de Ang Lee, Raisons et Sentiments passer devant mes yeux. Ca promet pour la suite ! Je suis impatient. Bravo Patrick !
Marie-Caroline
7 novembre 2022 @ 12:36
Passionnante première partie richement illustrée. Merci !
Cosmo
7 novembre 2022 @ 13:45
Bien d’accord avec tous les deux. Et l’avantage de Trollope est le nombre d’ouvrages entre les Barchester et les Pallissers. On doit atteindre la douzaine. Il faut en rajouter une trentaine en dehors de ces séries.
Du bonheur de lire en perspective.
Bonne semaine
Cosmo
Cosmo
7 novembre 2022 @ 13:46
En réponse à Antoine 1 et JAusten.
Koko
7 novembre 2022 @ 14:39
Je viens de lire l’article, je n’ai pas lu les livres mais vu les films et je les revoyais au fur et à mesure de ma lecture, merci
Mayg
7 novembre 2022 @ 14:47
Merci à Cosmo pour cet article fort intéressant.
Caroline
7 novembre 2022 @ 21:26
Très intéressant , instructif et historique !
Je crois que l’ hérédité de la pairie française est plus lointaine que celle de la pairie anglaise.
milou
7 novembre 2022 @ 22:50
Merci beaucoup PG ou Cosmo … vous êtes donc le même?
J’adore JAusten et vous remercie infiniment pour cet article fouillé!
Cosmo
8 novembre 2022 @ 12:37
Oui ! Je suis bien la même personne. 😄
milou
9 novembre 2022 @ 07:09
Merci Cosmo!😉
Domin
9 novembre 2022 @ 19:51
J ai apprécié en particulier les illustrations ( bravo
Pour ce travail )
Anne-Laure
10 novembre 2022 @ 15:39
Merci beaucoup pour cet article très intéressant et joliment illustré Cosmo.
J’ai adoré les romans de Jane Austen, mais il y a beaucoup de choses qui ysont implicites au sujet de la société anglaise de l’époque et qui ne sont pas évidentes du tout pour le lecteur français contemporain.
Catherine
11 novembre 2022 @ 19:58
Ces charmantes demeures sont une réelle découverte. J’ignorais jusqu’à l’existence des lieux qui avaient abrité les Austen et maintenant j’espère les visiter.
Voici avec la permission de Madame l’auteure du carnet, le compte rendu d’un ouvrage concernant la relation d’Austen à l’argent, ou plutôt au manque d’argent: https://journals.openedition.org/lectures/9555#bodyftn5
Sa condition économique marque toute sa vie et son œuvre. Elle façonne cette situation “d’entre deux social”, les difficultés de ses parents et la richesse de ses frères “autour de la fortune mais jamais dedans”. Du reste, ses romans représentent à l’infini la situation qui a été la sienne, de jeune fille qui attend une demande en mariage face à un homme plus riche qui part avant de revenir la dédommager d’un abandon injuste.
Parmi les nombreux film tirés de son œuvre, Raison et sentiments de Ang Lee et Emma Thompson scénariste n’est peut-être pas le plus connu; cependant il saisit en maître le rôle essentiel de l’argent dans la création littéraire d’Austen.