Jane Austen, comme nous l’avons vu, appartenait à la gentry mais était aussi liée à la noblesse. Fille de clergyman, elle a donc été élevée dans un presbytère, Steventon, dans le Hampshire, dans des conditions financières restreintes.
A la mort du père, George Austen (1731-1805), Jane (1775-1817), sa sœur Cassandra ( 1773-1845) et leur mère née Cassandra Leigh (1739-1827), se trouvent dans une situation financière considérée comme délicate.
En 1800, George Austen avait abandonné sa position et quitté Steventon pour installer sa famille à Bath, lieu de bains, de villégiature et de plaisir.
Jane Austen avait alors 25 ans, malgré ses nombreuses références à Bath et à la vie élégante, voire dissolue qu’on y menait, elle n’aima pas cette ville. Elle était une fille de la campagne mais son expérience citadine permit d’enrichir son œuvre et les caractères de ses personnages. C’est à Bath que surviennent toujours les catastrophes qui mettent la situation sociale et affective de ses héroïnes en péril.
Les fils du couple étaient mariés ou en passe de l’être, les filles restaient célibataires.
Steventon Rectory – Dessin de la nièce de Jane, Anna Lefroy
Steventon devait revenir au nouveau clergyman de la paroisse, qui n’était autre que James (1765-1819), le fils aîné du couple. Après avoir pris les ordres en 1789, il devint le vicaire de son père en 1792.
La même année, il épousa Anne Matthew, sa première femme qui était fille de général et petite-fille de duc par sa mère. C’était un excellent mariage.
Après son veuvage survenue trois ans après, il épousa Mary Lloyd en 1797. Elle était une amie d’enfance de ses sœurs mais ne leur fut jamais proche, à la différence de Martha, l’autre sœur Lloyd qui partagea une grande partie de sa vie celle des trois femmes Austen.
Lady Jane Mathew et ses filles
Francis Austen (1774-1865) était entré dans la marine royale où il fit une brillante carrière. Il finit comme amiral de la flotte, fut créé chevalier de l’Ordre du Bain et devint Sir Fancis Austen.
Les guerres napoléoniennes et son propre mérite firent beaucoup pour son avancement. En 1806, il épousa Mary Gibson avec laquelle il eut dix enfants.
Veuf en 1823, il épousa en 1828, Martha Lloyd (1765-1843) la grande amie de sa sœur Jane. Il était très proche de sœur Jane à qui il revit de modèle pour créer certain de ses personnages marins.
Henry Austen (1771-1850) fut le frère préféré de Jane. Doué d’un esprit brillant, d’un optimisme à toute épreuve, il est décrit par l’une de ses nièces comme le plus beau et le plus talentueux de la famille. Sur le plan professionnel, cependant, sa carrière se révèle assez chaotique et beaucoup moins brillante que celle de la plupart de ses frères.
En 1797, il avait épousé sa cousine, Eliza Hancock, comtesse de Feuillide. Il devait devenir prêtre mais devint officier puis banquier et enfin, après avoir fait faillite, retourna à la vie religieuse en devenant le vicaire de Chawton.
George Austen (1766-1838), lourdement handicapé, ne compta pas dans la vie de la famille qui l’abandonna aux soins d’une famille d’accueil.
Genre d’intérieur dans lequel George Austen a été élevé
Edward Austen (1768-1852) fut de loin le plus riche de la fratrie. Il est adopté en 1783 par Thomas Knight, un lointain cousin de la famille Austen, que son épouse et lui-même ont rencontrée en 1779 ; lors de cette visite, ils ont pu faire la connaissance d’Edward, alors âgé de 12 ans, et apprécier ses qualités. Aussi, lorsqu’il s’avère qu’ils ne peuvent avoir d’enfant, ils décident de faire d’Edward leur héritier, à charge pour lui de reprendre le nom des Knight.
La parenté était lointaine. Il fallait remonter à George IV Austen (1665-1704) arrière-grand-père d’Edward, dont la sœur, Jane Austen épouse Stringer, avait un arrière-petit-fils, Thomas Knight. Quatre générations séparaient les Austen des Knight.
En 1786, ses parents adoptifs l’envoient faire ce qu’on appelait le “Grand Tour”, c’est-à-dire un tour d’Europe, et tout particulièrement de l’Italie. Ce voyage est destiné à parfaire la culture classique d’un jeune homme de la très haute société in situ. Edward découvre alors la Suisse, l’Italie, et passe un an à Dresde avant de revenir en Angleterre en 1788. Il retourne alors vivre à Godmersham avec les Knight.
Le 27 décembre 1791, Edward épouse Elizabeth Bridges, fille de Sir Brook et de Lady Fanny Bridges ; ils vivent à Rowling, dans le Kent. En octobre 1794, Thomas Knight II, le père adoptif d’Edward, meurt en laissant ses domaines du Kent et du Hampshire à sa veuve, selon des dispositions testamentaires stipulant que l’héritage sera transmis à Edward après la mort de sa mère adoptive.
Charles Austen (1779-1852), le dernier de la fratrie, entra également dans la marine mais y fit une carrière moins brillante que son frère Francis. Il finit tout de même contre-amiral en 1846.
Il rencontra et épousa Fanny Palmer (1793-1882) aux Bermudes en mai 1807, rentre en Angleterre avec elle en 1811 avec leurs deux filles. Ce fut un mariage d’amour, car bien que d’une bonne famille, elle n’avait pas de fortune.
Elle meurt à 24 ans en 1814, suivant de peu la mort de son quatrième enfant, à trois semaines. Il épouse ensuite Harriet, sa sœur aînée qui avait pris en charge ses trois nièces. Ils auront deux fils et une fille.
Aimable, courtois, moins rigide que son frère, il est probable qu’il servit de modèle à William Price de “Mansfield Park” et Frederick Wentworth de “Persuasion”.
Tous les frères de Jane Austen, à l’exception de Charles, eurent une influence dans les résidences qu’elle eût à occuper ou à connaître.
George Austen n’avait jamais assez eu de revenus pour acheter un domaine et constituer des dots pour ses filles et un douaire pour sa femme. Et après avoir quitté Steventon, les Austen commencèrent une vie d’errance domestique. Leurs différents domiciles seront montrés dans ces article
De la fin août à la fin octobre 1798, Jane Austen, sa sœur Cassandra et leurs parents séjournent chez Edward à Godmersham Park. De même, de la mi-mai à la fin juin 1799, Jane Austen et sa mère sont à Bath avec Edward ; c’est à cette époque que Jane Austen termine Susan, qui deviendra plus tard Nothanger Abbey.
Bath à l’époque de Jane Austen
En décembre 1800, la famille s’installe à Bath. C’est une surprise pour Jane et Cassandra. Les parents avaient décidé cela en l’absence de leurs filles, échafaudé et mis à bien leur projet. “Eh bien, les filles. Tout est réglé. Nous avons décidé de quitter Steventon dans une semaine environ pour aller à Bath”.
C’est ainsi, selon la tradition familiale, que leur fut annoncé le départ définitif de Steventon. Il fallait liquider trente ans de vie passée dans le Hampshire. Il fallait vendre les cinq cents volumes de la bibliothèque. Jane en fut bouleversée. Elle retrouva toutefois un peu son sens de l’humour.
“Ma mère compte fermement que nous allons garder deux domestiques; mon père est le seul à ne pas le savoir. Nous projetons d’avoir une cuisinière sérieuse et une jeune bonne écervelée, plus un homme posé d’un certain âge qui devra à la fois jouer le rôle du mari de la première et d’amoureux de la seconde. Pas d’enfants, bien sûr, ni pour l’une ni pour l’autre.” Cet esprit de vaudeville cache une profonde tristesse.
A Bath, ils louèrent une maison au 4 Sydney Place. L’adresse est bien moins élégante qu’au Royal Crescent, mais la maison est tout-à-fait honorable, à 15 minutes à pied des Bains, cœur de la vie sociale. La maison correspond tout-à-fait à la situation sociale des Austen.
Sydney Place, une adresse très honorable
Une maison simple bien dans l’esprit de Steventon
Bath est une station thermale où l’on soigne ses maux, en principe. mais Bath est à l’instar de Carlsbad ou Baden-Baden, et tant d’autres, est un lieu de rencontres mondaines.
Certes les têtes couronnées n’y viennent pas comme en Allemagne. A Bath on trouve l’aristocratie et la gentry britanniques qui y passe en principes quelques semaines, ou quelques mois selon les moyens, en hiver.
Pump Room le matin, avec un verre d’eau obligatoire, Assembly Room le soir pour se divertir, entre concerts et bals, le lieux des rencontres sociales, extraordinairement décrit dans Northanger Abbey. Et dans l’après-midi, promenade le long des rues magnifiques et achats dans les belles boutiques où se pressent les élégants.
La Pump Room
Satire de la Pump Room
Jane a détesté Bath non tant par la nostalgie de la campagne que parce qu’elle a compris que Bath est la foire aux vanités et un marché à mariage. Les Austen, en choisissant cette ville, avaient peut-être à l’idée que Jane et Cassandra pourraient y trouver le mari convenable.
L’Assembly Room, temple de la vanité et foire au mariage
Le 2 décembre 1802, Jane Austen reçut sa seule demande en mariage de Harris Bigg-Wither, un jeune homme « peu attrayant » ayant étudié à Oxford, ami d’enfance et héritier d’un grand domaine familial. Jane accepte la proposition socialement intéressante.
Mais le lendemain, cependant, elle retire son acceptation, estimant qu’il s’agit d’une erreur. Elle ne l’aime pas et ne peut se marier par intérêt et pour ne pas rester vieille fille. Elle eût pourtant été à la tête d’un domaine de 800 hectares et d’une belle maison du 15ème siècle, Manydown, dans son Hampshire bien-aimé. Les sœurs de Harris Bigg-Wither étaient la amies de Jane et celle-ci connaissait bien le domaine pour y avoir séjourné de nombreuses fois, entre 1801 et 1810.
Harris Bigg-Wither (1781-1838)
Manydown House
Jane et Cassandra ne surent pas, ou ne voulurent pas, apprécier la beauté de cette ville exemple parfait de l’architecture urbaine georgienne.
Cependant lorsque l’on regarde le temps réellement passé à Bath, il ne fut pas très long. En fait, la famille passe son temps sur les routes à visiter leurs nombreux parents et amis, reçus dans de belles demeures à l’atmosphère qui convenait mieux à Jane que celle d’une ville d’eau.
Dans toutes ces œuvres, figurent les maisons dont nous allons parler. Elles sont le lieu de l’action mais ne sont jamais décrites autrement pour en signifier la splendeur ou la médiocrité. Pas de description des détails !
Longbourn House, la demeure des Bennet, est-elle de l’époque Tudor, “Queen Ann” ou “ Georgian” ? Rien ne permet de le dire. On l’imagine simplement élégante, vaste et confortable. C’est la demeure d’un gentleman, d’une famille de la gentry. C’est la demeure dont Jane aurait pu être la maîtresse.
Sans être encore un auteur à succès, Jane avait déjà beaucoup écrit et conçu des projets littéraires, dont certains ne viendront à maturité que plus tard. Le traumatise est tel qu’elle cesse d’écrire. “Raison et Sentiment” paraîtra en 1811, suivi de “Orgueil et Préjugé” en 1813, de Mansfield Park” en 1814, “Emma” en 1815, puis après sa mort “Northanger Abbey” en 1818 et “ Persuasion” en 1818.
Jane Austen et Cassandra retournent passer les mois de septembre et octobre 1802 à Godmersham, accompagnées cette fois par leur frère Charles, le benjamin de la famille.
En janvier 1805, à la mort du père, Mrs Austen, Jane et Cassandra vivent alors une période financièrement difficile. En mars 1805, elles s’installent à Bath 25 Gay Street, dans une maison assez semblable à celle de Sydney place, au loyer peut-être plus intéressant.
25 Gay Street à Bath
En octobre 1806, les trois femmes, après de mois passés d’une grande demeure à l’autre, quittent Bath définitivement et viennent partager la maison de leur frère Frank et de sa jeune épouse à Southampton.
Le Southampton de Jane Austen
Mrs Austen et Cassandra avaient un capital qui leur donnait 200 livres de revenus annuels, Jane n’avait rien. A cette somme venait s’ajouter 100 livres versées par Edward et parfois Henry. Ce n’était pas la misère car cela représentait environ 35 000 €.
Mais c’était loin des revenus de leur parenté et de leurs amis. Edward pouvait s’offrir de payer une paire de chevaux 8000€. Les revenus annuels des familles de la gentry se situaient entre 135 000€ et 675 000€.
Giorgiana Spencer, duchesse de Devonshire, tout en haut de l’échelle sociale, pouvait perdre aux cartes 540 000€ en une année.
Dans la première quinzaine de septembre 1807, Edward organise une grande réunion familiale à Chawton Great House (« La Grande Maison de Chawton ») dans son domaine du Hampshire.
Vers le début de l’année 1809, Edward offre à sa mère et à ses sœurs une situation plus stable en mettant à leur disposition un grand cottage qui fait partie de son domaine de Chawton ; elles y emménagent en juillet, ce qui leur permet de mener une vie plus sereine, et à Jane d’écrire tous les jours après avoir retrouvé le goût et l’inspiration qui l’avaient quelque peu délaissée. Elle y retrouve l’atmosphère et la taille de Steventon.
La faillite en 1816 de la banque de Henry Austen entraîne de très graves conséquences financières pour ses frères Frank, James, son oncle Perrot, et surtout Edward, qui perd 20 000 livres sterling, et se retrouve endetté. De leur côté, Henry et Frank ne peuvent plus allouer à leur mère et leurs sœurs la somme annuelle qu’ils leur versaient.
A Winchester, le 18 juillet 1817, mourait Jane. Elle avait 41 ans.
Visitons quelques-unes des maison dans lesquelles Jane et les membres sa famille ont vécu des périodes plus ou moins longues.
Le Prieuré de Steventon a été détruit et mis à part quelques dessins, nous ne savons rien de cette demeure, sauf qu’elle était assez grande pour recevoir les Austen, sept de leurs enfants et les trois ou quatre pensionnaires auxquels George Austen dispensait son savoir. Il est évident que les chambres se partageaient à plusieurs.
Chawton Village
La première est Chawton Cottage, celle dans laquelle Jane écrivit ses œuvres maîtresses. Nous verrons ensuite Rowling et les intérieurs d’une maison bourgeoise. Chawton House, demeure d’Edward, proche du cottage, château du domaine, donne une idée d’un intérieur ancien.
Godersham Park, autre grande demeure d’Edward, est “moderne”. Goodstone House, dans le Kent, la maison familiale de sa belle-sœur Elizabeth, reçut leurs visites, ensemble ou séparément.
Enfin Stoneleigh Abbey, appartenant à leurs cousins Leigh, est la plus somptueuse des demeures dans lesquelles la famille Austen a été reçue.
A l’époque, il n’existait pas de week-ends.
Un séjour chez des amis signifiait de rester plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans que cela pose le moindre problème à quiconque. Les propriétaires étaient ravis d’avoir de la visite, surtout quand les visiteurs étaient de la qualité des dames Austen. Il n’y avait aucun problème d’intendance et des dizaines de domestiques aidaient à rendre facile la vie de tous.
Chawton Cottage
Chawton cottage ne correspond en rien à l’idée que nous nous faisons d’un cottage. Un cottage est, à nos yeux, une maison de poupée, couverte d’un toit de chaume et n’offrant qu’un espace limité. Chawton a été construit au début du XVIIe siècle probablement pour une famille de fermiers aisés.
Chawton Cottage – côté jardin
Son atmosphère est celle d’une jolie maison de campagne meublée avec goût et offrant suffisamment d’espace, malgré des pièces de petite taille, pour que les trois femmes, quatre avec Martha Lloyd, ne se sentissent pas les une sur les autres.
Rez-de-chaussée du cottage
Premier étage du cottage
En forme de L, dotée d’un jardin sur l’arrière et donnant directement sur la route en façade, la maison compte un salon dont l’ornement était un piano-forte, une salle à manger et plusieurs chambres, au moins quatre (sur le plan du premier étage, la Family room était la chambre de Madame Austen – L’Admiral’s room la chambre d’amis ), sans parler des pièces utilitaires à l’intérieur et des bâtiments annexes pour la basse-cour et les animaux.
Chawton Cottage – le salon
Vers la salle-à-manger
La salle-à-manger
La cuisine
Jane et Cassandra partageaient la même chambre, non par nécessité, mais par volonté.
Le lit de Jane
La table à ouvrage de Jane
Les Austen employaient trois personnes, une cuisinière et une femme de chambre et un homme à-tout-faire. Madame Austen aimait faire son jardin et il n’était pas rare de la voir vêtue comme une paysanne, portant un grand chapeau de paille, bêchant son jardin. En fait sans être grande la propriété permettait d’avoir des poules, des lapins, un cochon, de cultiver des légumes et des fruits.
Chaton cottage – Le four à pains
La cour arrière de Chawton Cottage
L’annexe de Chawton Cottage
Le seul rôle domestique de Jane dans la maisonnée était de préparer le petit-déjeuner, tâche peu ardue car la domestique avait allumé le feu et préparé la bouilloire pour le thé.
Jane n’avait donc qu’à mettre les toasts devant le feu. Sans être un presbytère, Chawton cottage en avait l’allure et l’atmosphère.
Chawton était un village animé, traversé plusieurs fois par jours par des diligences, que les dames Austen pouvaient voir depuis leur salle-à-manger. Jane et sa famille y menèrent une vie paisible, agrémentée par la présence de Chawton House dont la grandeur leur faisait plaisir et honneur.
Membres de la famille du propriétaire du domaine et du village, elles avaient droit au respect de tous, auxquels elle savaient aussi s’intéresser et aider de leur mieux, car ils n’étaient riches ni les uns ni les autres. Cette tranquillité a permis l’éclosion de chef d’œuvres. Jane y passa les huit dernières années de sa vie.
La table de travail de Jane
Le Musée de Jane Austen à Chawton, tout particulièrement Sophie Reynolds, a droit à toute notre gratitude pour sa mise à disposition des photos du cottage et ses réponses à toutes nos interrogation. https://janeaustens.house/
(Merci à Patrick Germain pour cette deuxième partie. A suivre…)
Marnie
8 novembre 2022 @ 08:40
Je n’ai pas encore le temps de tout lire, mais un grand merci à Patrick Germain pour ces passionnants articles sur un de mes auteurs préférés !!! Et j’aime tellement l’esthétique de l’Angleterre de cette époque… Quel plaisir de pouvoir visiter ces demeures virtuellement 😊 😍
JAusten
8 novembre 2022 @ 08:55
Les parents s’étaient rencontrés à Bath et voulaient que ce bonheur arrive aussi à leurs filles. Je pense qu’elle aimait Bath mais sans plus. Le véritable endroit de perdition pour elle c’est Brighton.
Jean Pierre
8 novembre 2022 @ 09:16
Du coup, je me demande si Jane Austen était une femme de son temps ou une femme qui était en avance sur son temps.
Son refus du mariage m’interroge et ne saurait être uniquement dû au physique ingrat du soupirant ou au constat de l’absence de sa propre inclination pour aller plus loin. Dans ses livres (je n’en ai lu que 2) cette gentry est quand même très oppressive pour les femmes qui de leur côté ne songent qu’à une seul chose : se marier. Et Jane Austen semble s’être détachée de cela.
JAusten
8 novembre 2022 @ 11:23
Il avait quelque chose comme 4 ans de moins et il begayait un peu. C’était aussi le frère de ses amies mais ça n’a pas suffit. Le mariage était une affaire sérieuse car c’était le seul moyen de ne pas finir dans la pauvreté ; les demoiselles n’avaient pas toutes des frères aimants comme l’étaient ceux de Cassandra et Jane.
Si Jane a choisi une vie de célibat en dépit du fait qu’elle aurait pu mal « finir » c’est qu’elle avait un peu d’avance sur son temps. C’est mon avis bien sûr. Cassandra est elle restée célibataire car son fiancé est mort en essayant de s’enrichir aux Antilles et lui a légué ces quelques centaines de £ qui les aidaient à vivre tous les mois.
Gatienne
8 novembre 2022 @ 13:38
« Elle avait un peu d’avance sur son temps » non pas dans sa conception des interactions sociales qu’elle décrit dans ses romans de manière tout à fait factuelle et sans vraiment y apporter une critique.
En revanche, lorsqu’il s’agit de rapports plus individualisés, de relations amoureuses ou d’intérêt, on voit nettement qu’elle porte un regard acéré, plutôt libéré du conformisme de l’époque : la lucidité et la sagacité de la plupart de ses héroïnes sont en cela un miroir de la pensée de l’auteur.
JAusten
8 novembre 2022 @ 15:47
Je parlais surtout en ce qui la concerne personnellement. Elle avait accès libre à la bibliothèque de son père, elle a régulièrement lire des ouvrages pas « pour son âge » ; cela lui a certainement ouvert l’esprit.
Cela dit dans ses lettres, on sent un tantinet de cynisme, ou de légère aigreur sur certains sujets qui peuvent faire penser que les décisions qu’elle avait prises lui pesaient parfois.
milou
9 novembre 2022 @ 07:02
Si elle Jane Austen était en avance sur son temps!
Une féministe déjà et une vraie critique de cette société!
Je suis, par contre, entièrement de votre avis Gatienne avec la deuxième partie de votre commentaire!
Christ
8 novembre 2022 @ 10:25
🤔quelle est la cause de sa mort ?
La connait on ?
Jane est morte bien jeune…
La serie » orgueil et prejuges », realisee par Simon Langton avec Jennifer Ehle et Colin Firth est le reflet parfait du livre.
Elle fut recompensee par 15 prix internationaux.
Et franchement c’est merite.
C’est un delice.
Elle reconstitue aussi parfaitement le decor, les maisons, la societe, la mode,le style de vie et la condition assujetie des femmes.
Merci encore a patrick : la deuxieme partie est tout aussi interessante que la 1 ere.
Gatienne
8 novembre 2022 @ 16:18
Tout y est largement détaillé ici:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Causes_de_la_mort_de_Jane_Austen
Avel
8 novembre 2022 @ 17:52
C’est hélas l’espérance de vie moyenne au début du 19ème siècle : à peine 40 ans.
Anne-Laure
10 novembre 2022 @ 15:58
Attention au fait que l’espérance de vie est une moyenne: il y avait une très grande mortalité infantile, mais aussi pas mal de gens qui vivaient vieux (plus dans la gentry et l’aristocratie que parmi les paysans et les ouvriers): le père de Jane est mort à 74 ans, sa mère à 88 ans… Cassandra est morte à 72 ans, et 5 de leurs 6 frères sont morts à plus de 70 ans, dont Francis à 91 ans !
Il y avait aussi pas mal de femmes qui mouraient en couches, dont deux belles-soeurs de Jane.
Robespierre
8 novembre 2022 @ 18:14
C’est ce que je dis toujours, l’oeuvre de Jane Austen doit être adaptée à l’écran car celui-ci la magnifie. Une oeuvre doit avoir son environnement, son décor, ses costumes et ses meubles. Les acteurs doivent faire vivre les personnage.
Robespierre
8 novembre 2022 @ 18:23
C’est ce que je dis toujours, l’oeuvre de Jane Austen doit être adaptée à l’écran car celui-ci la magnifie. Une oeuvre doit avoir son environnement, son décor, ses costumes et ses meubles. Les acteurs doivent faire vivre les personnage.
Les photos de Chawton m’ont vraiment intéressée, il ne manque que Jane.
Ceci dit, cette famille surtout après le veuvage de la mère, vivait chez les autres la plupart du temps. Cela devait faire une sacrée économie. Mais c’était dans les moeurs du temps, les riches châtelains s’ennuyaient et toute distraction était la bienvenue, surtout si les invités avaient une conversation intéressante. Il y avait pléthore de domestiques et la maitresse de maison n’avait pas à lever le petit. Et ces parents et amis pouvaient rester des mois. Il fallait pouvoir assumer financièrement et les hôtes des Austen le pouvaient.
A ce propos, je pense à Thomas Jefferson qui s’était fait construire une jolie maison palladienne à Monticello en Virginie. Il avait vécu en France et avait voulu recréer chez lui cette ambiance qu’il avait appréciée là-bas. Donc il servait de bons vins, des mets fins à ses amis qui venaient, disons-le, s’incruster chez lui. Restaient des semaines… L’ennui c’est que ses moyens n’étaient pas illimités et il mourut ruiné, si je me souviens bien. Ruiné pas son hospitalité. J’ai visité Monticello, et là on rêve de la France. Monticello c’est le mini Versailles de Jefferson.
Erato deux
8 novembre 2022 @ 11:15
Un voyage dans cette Angleterre du XIX ème siècle captivant.
Quant à Jane Austin, elle me paraît forte , déterminée , encrée dans son temps avec des aspirations, parfois des comportements, de femme du siecle d’après. Comme les héroïnes de ses romans .
Merci encore.
Caroline
8 novembre 2022 @ 11:22
Très intéressant…on a l’ impression de vivre cette biographie dans un film d’ époque B.B.C. !
Bien triste pour Jane restée célibataire, faute de beaux prétendants riches ! De quoi est- elle décédée ? Merci d’ avance !
Trianon
8 novembre 2022 @ 12:11
Merci Cosmo, pour cette suite toujours aussi distrayante et intéressante .
tristan
8 novembre 2022 @ 12:49
Passionnant ! Quelle bonne idée d’aborder la biographie par le biais des maisons habitées, du cadre de vie de l’auteur, c’est très éclairant. Merci pour ce reportage si bien illustré.
Vittoria
8 novembre 2022 @ 13:53
Intéressant, merci.
Pierre-Yves
8 novembre 2022 @ 14:49
C’est quand même assez formidable que nombre de lieux habités par les Austen soient touours debout à plus de deux siècles de distance. Et je rejoins Tristan pour louer l’idée de faire de ces lieux la colonne vertébrale de l’article.
Féliciations à vous, Patrick, c’est un régal de vous lire.
Marnie
9 novembre 2022 @ 13:26
Pas de Révolution là-bas, pas vraiment de guerre sur leur territoire contrairement à nous, et un sens de la conservation du patrimoine bien plus aiguisé que chez nous…
Mayg
8 novembre 2022 @ 14:56
Elle est morte jeune. Etait t-elle malade ?
Marie-Caroline
8 novembre 2022 @ 15:42
Cette deuxième partie est tout simplement remarquable. Bravo à l’auteur et vivement la suite. Ces articles m’ont donné l’idée de rechercher le coffret DVD « Jane Austen, l’intégrale » que je viens de retrouver avec grand plaisir. Ce coffret comprend les adaptations d’Orgueil et Préjugés, Northanger Abbey, Mansfield Park, Emma, Raison et Sentiments, et enfin de Persuasion, toutes produites par la BBC. Je me réjouis de les revoir !
Aldona
8 novembre 2022 @ 17:21
Le sujet de ce thème m’intéresse fortement, même si j’ai des difficultés à tout saisir
hermenegilde
8 novembre 2022 @ 23:12
c’est un régal ! Un grand merci de partager votre science « austenienne » !
milou
9 novembre 2022 @ 07:03
Merci quel plaisir!💫
Lunaforever
9 novembre 2022 @ 07:48
J’adore cette ambiance ! Merci pour ces articles passionnants💗
Pauvre Jane,41 ans, c’est encore très jeune comparé à aujourd’hui où on voit des tas de mariages de quasi quadragénaires où les épouses deviennent « jeunes mamans » autour de 40 ans, et plus , exemple Victoria de Russie.
June
9 novembre 2022 @ 09:27
Vraiment intéressant ! Merci. 😃
Domin
9 novembre 2022 @ 20:15
Je ne trouve pas que c’était une femme en avance sur son temps ! Critique certes de son microcosme mais vivant aux « crochets «
De son frère sans aucune initiative , autonomie personnelle. Une vie en « écriture «
Dans un cocon…comme une religieuse
Anne-Laure
10 novembre 2022 @ 16:00
Comment aurait-elle pu être autonome dans un tel contexte ? Quasiment aucun métier n’était ouvert aux femmes de son milieu, à part gouvernante qui n’était généralement pas un métier valorisant. Et vivre de sa plume était fort rare.
agnes
10 novembre 2022 @ 08:37
Toujours aussi bien écrit et passionnant.