Le 13 février 1820, le Prince Charles-Ferdinand, Duc de Berry, neveu de Louis XVIII et héritier potentiel du trône de France, est assasiné à Paris alors qu’il sortait de l’Opéra. L’assasin est un fanatique qui a voulu éteindre par son geste la dynastie des Bourbons. Quelques temps plus tard l’espoir renaît puisque la Duchesse de Berry était enceinte et elle donna naissance le 29 septembre suivant à « l’enfant du miracle » le Prince Henri titré Duc de Bordeaux puis Comte de Chambord.
Après l’assassinat du Duc de Berry, l’opéra de Paris fut rasé en vue de construire un monument expiatoire en souvenir du Duc de Berry sur l’emplacement même du lieu de l’assassinat. Une souscription fut ouverte et le monument, oeuvre des architectes Moutiers et Malpièce fut construit à partir de 1826. Les travaux sont arrêtés faute de moyens en 1829. Cette aquarelle d’Auguste-Sébastien Bénard représente le monument expiatoire au moment de la fin des travaux. En 1833, le ministre de l’intérieur décide la démolition de la chapelle qui fut rasée en 1835.
Après la démolition du monument expiatoire, une place fut créée en 1839 sous le nom de place Richelieu en raison de la proximité avec la rue de Richelieu. En 1844, le Roi Louis-Philippe demanda à l’architecte Louis Visconti de réaliser une fontaine en hommage aux quatre grands fleuves français : la Seine, la Garonne, la Loire et la Saône. Les sculptures sont signées Klagmann. En 1859, suite à la demande de Napoléon III, la place est transformée en véritable square avec des espaces verts. Le square situé dans l’actuel II ème arrondissement de Paris, existe toujours et porte désormais le nom de square Louvois en souvenir de l’ancien hôtel du marquis de Louvois, ministre de Louis XIV. (Merci à Charles)
nozzari
1 juillet 2019 @ 07:47
On réalise en voyant cette place à quel point l’opéra était petit.
neoclassique
1 juillet 2019 @ 07:52
encore un bel exemple de la forfaiture du roi félon qui s’était arrogé le trône par usurpation de la dynastie légitime
enième preuve de la fidélité des cadets d’Orléans
Guy Coquille
2 juillet 2019 @ 05:48
Oui, Louis-Philippe considéra jusqu’au bout de son pouvoir les partisans de la dynastie légitime comme ses ennemis, les poursuivant d’une hargne mesquine. Il fallut attendre 1849 pour qu’il reconnût que ce compromis de juillet entre la tradition et la révolution était impossible et qu’il recommandât aux princes d’Orléans de se rapprocher du Comte de Chambord. Ni Aumale, ni la Duchesse d’Orléans n’acceptèrent ce conseil. Il est probable que Philippe Ferdinand s’y serait lui aussi refusé s’il avait survécu. Heureusement le Comte de Paris, s’opposant à sa mère et à son oncle, décida de recueillir la tradition capétienne, à ses risques et périls.
Install
2 juillet 2019 @ 09:03
Parlant de ça, on dirait que l’article traitant de l’interview PdV du duc de Vendome a été supprimé. Bizarre
aubert
2 juillet 2019 @ 11:31
D’autant plus que tout laissait présager le grand monarque dans la vie ô combien exemplaire du duc de Berry sans cesse préoccupé par le bonheur des…françaises!
Brune
1 juillet 2019 @ 09:48
Lieu historique très peu connu
jul
1 juillet 2019 @ 11:05
Navrante démolition.
Merci à Charles d’essayer d’expier cette erreur du monarque de Juillet par cet article.
Jean Pierre
1 juillet 2019 @ 11:27
Comme souvent pour les événements de la Restauration et de la Monarchie de Juillet rien ne vaut les Mémoires de cette chipie de comtesse de Boigne :
« La vie irrégulière de monsieur le duc de Berry le menait presque journellement et sans aucune escorte dans les lieux où il semblait bien autrement facile de l’atteindre.
La même catastrophe, arrivée à la porte d’une danseuse, au moment où il sortait de cabriolet, aurait eu un tout autre effet sur le public que de le voir tomber dans les
bras de sa jeune épouse, toute couverte de son sang, là où il était entouré de toutes les convenances de son rang. Sous ce rapport, il y eut quelque chose de providentiel dans un si grand malheur. »
jul
1 juillet 2019 @ 17:32
Allons bon, « c’était de sa faute », « il l’avait bien cherché »
Ce n’est pas le mot de chipie qui convient pour cette « comtesse ».
guizmo
1 juillet 2019 @ 12:45
J’y étais lundi dernier. C’est une jolie fontaine et un quartier sympa pour flâner.
Baboula
3 juillet 2019 @ 13:55
Êtes vous allée ,au frais ,dans vos passages ? :-}}
Martine
1 juillet 2019 @ 13:41
Ce square se trouve près de la BNF/ site Richelieu
Luiston de Borbléans
1 juillet 2019 @ 13:58
La Saône est une rivière, affluent du Rhône. C’est le Rhône qui est un des quatre grands fleuves français.
Kardaillac
1 juillet 2019 @ 21:03
Les sources des quatre « fleuves » sont en France. Celle du Rhône non.
La Saône fut de tout temps le « fleuve » directeur nord-sud.
Gérard
3 juillet 2019 @ 17:51
La Garonne prend sa source en Espagne dans le Val-d’Aran catalan et elle coule là-bas 47 km.
Gérard
3 juillet 2019 @ 09:37
Non effectivement la Saône n’est pas un fleuve et le nom qui est parfois donné à cette fontaine de fontaine des fleuves prête à confusion. Mais je suppose que Visconti a préféré quatre jeunes femmes accortes à un vieillard barbu comme le Rhône.
Philippe Godoy
1 juillet 2019 @ 15:14
Président d e l’ Association Sauvegarde du Square Louvois je vous félicite chaleureusement pour votre évocation du projet de la Chapelle expiatoire à la mémoire du Duc de Berry. Cette ‘ étape’ entre l’Opéra et le square est peu connue. L’aquarelle représente le monument tel qu’il aurait du être réalisé mais sa construction n’a jamais été achevée, comme vous le dites. Les vestiges seraient à la basilique de Saint-Denis. Jusqu’au années 1980, un hôtel, puis un café se sont appelés ‘La fleur de Lys’ en souvenir du duc de Berry, 5 rue Rameau.
Zeugma
1 juillet 2019 @ 22:22
Le prince de la Paix serait – selon certains historiens – l’ancêtre biologique des Bourbon d’Espagne …. En toute hypothèse, nous remercions son descendant pour son commentaire savant sur le charmant square Louvois.
Clara
1 juillet 2019 @ 20:08
Lequel duc laissa sur cette terre une palanquée de marmots : légitimes, légitimés, illégitimes et même posthumes. Tous réunis auraient pu lui élever un splendide monument ! Quand à Mme de Boigne, elle laissa des Mémoires peu connues mais qui auront à jamais leur place dans la littérature française car elles furent une importante source d’inspiration pour un monument (indestructible celui là) de notre culture : La Recherche proustienne
Caroline
1 juillet 2019 @ 23:06
Hélas, ce n’était pas vraiment l’enfant du miracle puisqu’on sait que le comte de Chambord est décédé sans descendance!
Merci à Charles pour les explications sur cette place que je connaissais un peu !
Charles
2 juillet 2019 @ 15:44
Jul,
Cette démolition est navrante en effet. On peut ajouter qu’en 1820 Louis-Philippe, alors Duc d’Orléans, avait participé très généreusement à la souscription afin de construire le monument funéraire à la mémoire de son cousin le Duc de Berry.
jul
3 juillet 2019 @ 16:32
Cela montre que dans la Monarchie de Juillet, les convictions mêmes du monarque n’étaient pas respectées. Un Bourbon de la branche cadette devant accepter que l’on manquât de respect même à un mort de sa famille, ayant toujours servi fidèlement la royauté, devant se soumettre à un acte antimonarchique. Et cela fait écho à certaines attitudes actuelles : personne ne gagne à scier la branche sur laquelle il est assis. Instructive histoire à méditer pour ceux qui rêvent de ce genre de royauté. Certains construisent, d’autres sont du côté de ceux qui détruisent. Ils ne doivent pas s’étonner des conséquences.
Gérard
3 juillet 2019 @ 17:52
Louis-Philippe avait été le premier souscripteur pour le monument commémoratif en effet. L’affaire est assez complexe en ce qui concerne la destruction.
Danielle
2 juillet 2019 @ 17:42
Merci Charles, j’irai m’y promener.
Philippe Godoy
2 juillet 2019 @ 21:14
Effectivement la surface du square Louvois, ne dépasse pas les 2000m2 et elle correspond exactement à celle de l’Opéra . Ce dernier était déjà encadré par les rues Lulli, Rameau et Louvois; sans oublier la rue de Richelieu sur la quelle donnait l’entrée des spectateurs.On a dit que Garnier s’était inspiré de la décoration de la salle pour ‘son opéra’.
Gérard
4 juillet 2019 @ 18:37
Merci à Charles et à Philippe Godoy.
La question était délicate. Il faut se souvenir qu’à l’époque les légitimistes firent célébrer une messe expiatoire dans l’ancienne paroisse royale de Saint-Germain-l’Auxerrois pour l’anniversaire de l’assassinat du duc de Berry. Les républicains y virent un défi à la révolution de 1830 et alors que la Garde nationale fermait les yeux ils firent irruption le 13 février 1831 dans la nef de Saint-Germain qui fut profanée en sorte que l’on dut provisoirement renoncer à y célébrer les offices. Viennet (Jean Pons Guillaume Viennet, Journal de Viennet, pair de France, témoin de trois règnes, 1817-1848) raconte : « L’église fut envahie, le catafalque renversé par une tourbe de repris de justice, de forçats libérés, avant-garde ordinaire de toutes les émeutes et de toutes les révolutions. La foule monta sur le toit ; les fleurs de lis furent brisées, la croix abattue au cri de « À bas les fleurs de lis et les croix ! »
Les émeutiers se rendirent ensuite à l’archevêché qui était alors voisin de la cathédrale sur le côté méridional et ils le détruisirent après l’avoir mis à sac.
Ce palais que Napoléon avait encore embelli pour en faire celui du pape fut laissé en ruine après le saccage de février 1831 et démoli quelques années plus tard. Notre-Dame elle-même fut dévastée les 14 et 15 février 1831 comme elle l’avait été une première fois le 29 juillet 1830.
L’église Saint-Germain saccagée servit de mairie du IVe arrondissement jusqu’en 1837 afin d’être protégée des menaces de destruction et c’est alors seulement après restauration par Jean-Baptiste Lassus et après réparation qu’elle fut selon l’expression liturgique réconciliée c’est-à-dire rendue au culte le 13 mai 1837.
Il faut ajouter à cela que le choléra sévit à Paris de mars à septembre 1832 causant environ 20 000 morts et en juin de la même année la mort du général Lamarque, défenseur de la liberté et de la Pologne, fut à l’origine d’une manifestation républicaine énorme. Le temps ne paraissait donc pas forcément propice à l’édification de la chapelle du duc de Berry.
Victor Hugo dans Les Misérables évoque l’épisode de la destruction du monument expiatoire (IV. 8, 7) :
Marius est venu demander à son grand-père l’autorisation de se marier et Monsieur Gillenormand va lui répondre :
« Cependant le père Gillenormand était revenu s’adosser à la cheminée.
— Vous marier ! à vingt et un ans ! Vous avez arrangé cela ! Vous n’avez plus qu’une permission à demander ! une formalité. Asseyez-vous, monsieur. Eh bien, vous avez eu une révolution depuis que je n’ai eu l’honneur de vous voir. Les jacobins ont eu le dessus. Vous avez dû être content. N’êtes-vous pas républicain depuis que vous êtes baron ? Vous accommodez cela. La république fait une sauce à la baronnie. Êtes-vous décoré de Juillet ? avez-vous un peu pris le Louvre, monsieur ? Il y a ici tout près, rue Saint-Antoine, vis-à-vis la rue des Nonaindières, un boulet incrusté dans le mur au troisième étage d’une maison avec cette inscription : 28 juillet 1830. Allez voir cela. Cela fait bon effet. Ah ! ils font de jolies choses, vos amis ! À propos, ne font-ils pas une fontaine à la place du monument de M. le duc de Berry ? Ainsi vous voulez vous marier ? à qui ? peut-on sans indiscrétion demander à qui ? »
Le monument expiatoire du duc de Berry eut pour architectes Moutiers et Malpièce, la construction débuta en 1826 mais n’était pas achevée lors de la révolution de 1830 après laquelle il fut un temps envisagé d’en faire un monument aux victimes de la révolution de 1830. Cependant en 1832 à la suite d’une tentative d’enlèvement de matériaux des procès s’engagèrent et la Commission du monument plaida pour sa construction compte tenu de ce que des sommes avaient déjà été versées à cette fin (plus de 980 000 francs) mais elle vit son pourvoi rejeté et la destruction de la chapelle fut achevée en 1836.
En 1835-1836 la municipalité en accord avec le gouvernement planta la place d’arbres, détruisit donc la chapelle et entreprit l’érection d’une fontaine qui fut d’abord appelée fontaine Richelieu puisque l’opéra était rue de Richelieu. Elle fut ensuite nommée grande fontaine Louvois ou fontaine des fleuves.
On a réédité récemment l’ouvrage d’André-Marie-Jean-Jacques Dupin (1783-1865) dans son édition de 1835 Affaire du monument du duc de Berry. Cour de cassation. Mémoire, plaidoyer, réquisitoire (Hachette Livre Bibliothèque Nationale de France, juillet 2018) avec le mémoire de M. Pardessus, le plaidoyer de M. Mandaroux-Vertamy et le réquisitoire de M. Dupin, procureur-général, l’arrêt de la Cour de cassation.
Dans la crypte de l’abbaye de Saint-Denis se trouvent des restes du monument du duc de Berry, en particulier un ensemble de statues, comme une figure allégorique tenant l’urne. Le dessin ici représenté du monument est dû à Auguste-Sébastien Bénard (1810-1873) et conservé au Musée Carnavalet. Le cercueil du duc de Berry est dans la chapelle des princes à Saint-Denis où il a rejoint sa fille Isabelle d’Artois et son fils morts en bas-âge. On sait que le cœur du prince avait été déposé dans la chapelle de l’hospice de Rosny dont le duc et la duchesse avaient acheté le château en 1818. La chapelle a été construite en 1824. Le cœur était dans un monument de marbre blanc derrière l’autel. Je renvoie à cet égard à ce qui avait été écrit ici même sur les derniers moments du duc de Berry en décembre 2017.
Par crainte de profanation le cœur fut enlevé en 1830 et retrouvé en 1889 il fut remis à sa place d’origine mais lors du pillage du château pendant la Seconde Guerre mondiale un soldat allemand enleva l’urne et l’enterra sous un chêne à Coux en Charente-Maritime où on le retrouva en 1966 avant de le déposer à Saint-Denis.
Les entrailles avaient été déposées en l’église Saint-Maurice de Lille dans un mausolée dessiné par Victor Leplus (1798-1851) et exécuté par Edme-François-Étienne Goy (1765-1836). Les statues de marbre blanc représentent à gauche la ville de Lille et à droite la Religion.
La ville de Versailles a érigé un monument dû à James Pradier, grand prix de Rome, qui revenait d’Italie. Ce monument est situé dans la chapelle Saint-Charles-Borromée. Pradier a conçu un monument entier en ronde bosse néoclassique. La Religion vêtue à l’antique soutient le mourant. Sous la Monarchie de Juillet le monument fut enlevé et retrouva sa place à la demande de la municipalité en 1852. Une médaille commémorative a également été émise pour ce monument de Versailles.
Un monument a aussi été sculpté dans la ville d’Auxerre en l’abbaye Saint-Germain.
Quant au monument qui devait être placé dans la chapelle expiatoire il avait été réalisé par Dupaty, Cortat et Cartelier pour Notre-Dame de Paris et il a été ramené à Saint-Denis mais il est trop grand pour la chapelle des Princes et il fut remisé dans un débarras avant d’être remonté en 1976 à l’extérieur derrière le chevet de la basilique où il n’est guère protégé des précipitations semble-t-il. On verra des photographies sur le site tombes-sépultures.com.
Une médaille à l’effigie du duc avait été émise en faveur de la construction du monument en 1822 avec la légende « C’est entre nous à la vie et à la mort » entourant la tête à gauche du duc. Au revers devant une pyramide tronquée la stèle funéraire est accostée à gauche de la France assise tenant un lys, entourée
d’attributs : bouclier, drapeau, canons, et à droite sainte Geneviève debout tient une croix et est accostée à droite d’une stèle gravée, sa main droite pointant du doigt le buste du duc de Berry cerné de onze étoiles.
Gérard
5 juillet 2019 @ 09:34
Sur les funérailles du duc de Berry : https://books.openedition.org/pur/6458?lang=fr
« Les funérailles de la monarchie » ou « l’impossible oubli »
par Bettina Frederking, de l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne,
in Représentation et pouvoir, La politique symbolique en France (1789-1830),
sous la direction de Natalie Scholz et Christina Schröer, Presses universitaires de Rennes, 2007.
Le cœur du duc resta jusqu’en 1824 dons une chapelle particulière de Saint-Denis après une inhumation dans la sacristie avec les entrailles. Les entrailles furent transportées ensuite à Lille pour rappeler Henri IV et la visite qu’en 1815 y fit le duc de Berry afin de présider le collège électoral du département du Nord et souligner la volonté de réconciliation après les Cent-Jours. Avant de partir il s’était attribué les propos d’Henri IV et dit comme celui-ci à la ville : « Désormais, entre nous, c’est à la vie, à la mort. » Les entrailles étaient considérées traditionnellement comme le siège de la charité élémentaire et le prince était connu pour sa générosité. Les entrailles furent transférées accompagnées par Mgr de Bombelles, évêque d’Amiens et premier aumônier de la duchesse de Berry, celui-là même qui devait être par la suite le beau-père de l’impératrice Marie-Louise car avant son ordination il avait été marié, l’abbé Louis de Sambucy et le baron de Saint-Félix, premier aide des cérémonies de France.
Guy Coquille
5 juillet 2019 @ 16:00
Merci, Gérard, pour ces digressions érudites. Cela dit, Louis-Philippe n’en a pas moins été jusqu’au bout contraint de tolérer des forces qui lui étaient hostiles et qu’il était obligé de saluer comme des sources de son pouvoir. Il y avait dans la monarchie de juillet quelque chose de faux, une équivoque qui n’a fait que s’aggraver jusqu’en 1848.
Gérard
6 juillet 2019 @ 09:46
C’est exact Guy ce ne fut pas un parcours de santé. Le principal danger venait de la gauche pourrait-on dire et il fallait la ménager…
Gérard
5 juillet 2019 @ 16:50
Précisons encore que le grand monument de Paris du duc de Berry qui fut destiné à Notre-Dame de Paris puis au mausolée élevé à l’emplacement de l’opéra, et qui avait été commandé par Louis XVIII à (Louis-Marie-) Charles Dupaty, Jean-Pierre Cortot (lire bien Cortot qui avait été mal orthographié dans mon précédent post) et Pierre Cartellier, n’était donc pas terminé à la révolution de 1830, que les grandes statues allégoriques furent alors destinées un temps au tombeau de Louis XVIII. Mais ce tombeau lui-même ne fut pas construit et ce qui reste est donc au chevet maintenant de la basilique de Saint-Denis à l’extérieur.
Lors de la restauration de la crypte royale de Saint-Denis en 1975 on estima que le monument ne pouvait pas y être placé compte tenu de ses dimensions et c’est la raison pour laquelle on choisit de le mettre à l’extérieur, derrière le chevet, près de la sacristie du XIXe siècle. Il jouxte la maison de la Légion d’Honneur c’est-à-dire l’ancienne abbaye. On aurait pu le mettre ailleurs car la place actuelle n’est à aucun titre convenable, et il aurait pu être remonté près de l’entrée de la basilique dans les premières travées qui sont suffisamment hautes, car depuis la disparition de la clôture il n’est pas facile en entrant dans la cathédrale d’imaginer la nécropole royale. Bref il fut laissé à l’extérieur sous un abri métallique provisoire qui aurait dû être remplacé par « une niche en cul de four rappelant le cadre pour lequel il avait été conçu ». Mais malgré cette promesse rien n’est achevé.
Le bas-relief est demeuré aussi inachevé mais l’on y reconnaît de droite à gauche Monsieur, comte d’Artois, le roi Louis XVIII, le duc d’Angoulême, la duchesse d’Angoulême et la duchesse de Berry tenant la petite Mademoiselle dans ses bras et portant un voile de veuve, et au-dessus sont les deux statues monumentales, de part et d’autre d’un cippe funéraire, qui représentent la France et la ville de Paris et qui symbolisent le deuil. La France est ceinte d’une couronne civique portant des fleurs de lys.
Le bas-relief arrière est caché puisqu’il est adossé à la façade, on ne peut dès lors que l’apercevoir et le marbre aurait besoin d’être nettoyé. Il représente la mort du duc de Berry à l’opéra. Un autre bas-relief nous montre la félicité du duc de Berry et un autre la duchesse de Berry éplorée. On a des photographies dans le site d’Alexandre Lenoir. file:///C:/Users/darty/Downloads/Wikiwix’s%20cache.html
Le duc de Berry lui repose au fond de la crypte des princes près de la croix et le petit cercueil de sa fille a été placé au-dessus de lui tandis qu’en face sont les cercueils de Madame Adélaïde et de Madame Victoire ses tantes.