Situé sur l’île Vassilievski, le long de la Grande Neva, de style baroque pétrovien, le Palais Menchikov est le plus ancien de Saint-Pétersbourg et le premier en pierre.
Le destin de Menchikov fut extraordinaire : d’abord dans son enfance, passée dans une très grande pauvreté, puis l’ascension vertigineuse au sommet de l’Etat avant la tragédie de la chute finale.
Grâce à son amitié avec le tsar Pierre Ier et l’impératrice Catherine Ière, il devint le premier gouverneur de Saint-Pétersbourg, prince du Saint-Empire, puis prince de l’Empire de Russie... généralissime avant son dramatique exil décidé par l’éphémère Pierre II que Menchikov plaça lui-même sur le trône.
Alexandre Danilovitch Menchikov est né à Moscou en 1673 dans la famille d’un modeste artisan pâtissier. Adolescent, il rencontre Pierre Ier qui le fait entrer dans le régiment Preobrajensky dont il fera sa garde personnelle. La formidable carrière de Menchikov est due non seulement à sa fidélité sans faille à Pierre et à son art de l’intrigue, mais aussi à ses incontestables talents d’administrateur, de diplomate et de chef de guerre
En 1700 éclate la « Guerre du Nord » opposant la Russie à la Suède, qui va durer jusqu’en 1721.
Son influence est à son apogée jusqu’en janvier 1725, quand Pierre Ier meurt sans avoir désigné son successeur.
Il impose la veuve du tsar comme impératrice, Catherine Ire et devient l’homme fort de l’empire pendant les deux années de son règne. Elle décède le 6 mai 1727.
Menchikov favorise la montée sur le trône de Pierre II, petit-fils de Pierre Ier, et l’installe dans son palais. Son but est de le fiancer à sa fille préférée Marie.
Mais, profitant que Menchikov est cloué au lit par une mauvaise grippe, le prince Alexis Dolgorouki incite Pierre II à ordonner l’arrestation de Menchikov en septembre 1727.
Dépouillé de tous ses titres et privilèges, il est exilé à vie en Sibérie. Les fiançailles de Marie sont annulées et elle doit rendre la bague.
Après quelques mois de mortifications quotidiennes, il succombe à une attaque d’apoplexie en novembre 1729. Un mois plus tard, Marie le suit dans la tombe. Les autres enfants ne seront rappelés d’exil que sous le règne suivant.
Le projet du palais est dû à l’architecte italien Giovanni Mario Fontana qui en a entamé la construction en 1710, et les travaux durent jusqu’en 1727, sous la direction de Johann Gottfried Schädel. Il s’inspire des résidences aristocratiques occidentales de la fin du 17e siècle. Le mélange des styles européens montre que le propriétaire avait voyagé.
Des carrelages hollandais recouvraient des pièces entières. Les miroirs, jusque-là interdits par la religion orthodoxe, étaient omniprésents.
Un petit orchestre jouait du haut d’une tribune annonçant l’arrivée du maître des lieux en bateau ou celle de visiteurs importants
Après le départ en exil de Menchikov, le palais entre dans la nouvelle période de son existence.
Le 17 février 1732 : inauguration du 1er corps des cadets, école militaire instituée en 1731 par l’impératrice Anna Ivanovna. L’intérieur du palais est dépouillé des décors somptueux, jugés déplacés dans un établissement scolaire.
Après la révolution de 1917, le palais continue d’abriter différents organismes militaires de l’Armée Rouge. Pendant le blocus de Léningrad, il est transformé en hôpital et au milieu des années 1950, certains locaux du palais sont affectés à l’Université de Léningrad.
De grands travaux de restauration entrepris dans les années 1970 ont rendu à l’édifice son aspect du début du 18è siècle, et en 1981 ce palais devient succursale du Musée de l’Ermitage qui y a ouvert une exposition permanente consacrée à la culture de la Russie du premier tiers du 18è siècle.
De nos jours seules quatre salles décorées de carreaux de faïence hollandais et le cabinet de Noyer ont gardé intact leur décor original.
Antichambre décorée de faïences de Delft. Portraits de Menchikov et son épouse Darya.
Le cabinet de Noyer. Menchikov s’y reposait, jouait aux cartes et recevait les diplomates étrangers. (merci à Pistounette)
23 février 2021 @ 03:35
Dans 7/8 sur TF1 du dimanche.
Il nous a présenté, la nouvelle Russie avec Poutine.
La démocratie, reprend ses droits .
( enfin que pour certaines personnes aux portes-feuilles bien bien garnis ! Lol Anciens nobles descendants des Tsars .
Les grandes soirées dans les plus beaux palais de Saint-Petersbourg, les grands bals, l’élégante Valse !!
Les robes de toutes beautés, les bijoux de mille étincelles. 🥂
Bref, un monde qui m’a fait rêver étant jeune .
Normal, qu’elle petite fifille n’a pas rêvée
d’être un jour une petite princesse 👑
23 février 2021 @ 14:24
@ Mer Limpide
« La démocratie reprend ses droits »… ce n’est pas tout à fait ce que disent mes amies russes. Elles voudraient du changement… mais ne trouvent pas que Navalny soit le bon cheval : c’est l’impasse !
Je n’ai pas vu le 7/8… mais je peux vous confirmer que les bals reviennent en force. En janvier 2020 a eu lieu au Palais de Marbre de Saint-Pétersbourg un bal regroupant 45 jeunes filles de la bonne société, dont les cavaliers sont les cadets des collèges militaires. Des mois de répétition… et la santé… car le bal dure 5 heures !
24 février 2021 @ 15:35
Merci , Pistounette .
C’est bien pour cela que j’ai mis une
( parenthèse .
Je m’en doute bien ……
23 février 2021 @ 08:28
Merci pour cette visite en temps de crise, le musée du Bardo à Alger possède aussi de beaux carreaux de Delft.
23 février 2021 @ 08:45
Il y a t il toujours des descendants de cet homme .
Les enfants avaient ils au retour de Sibérie retrouver leur rang ?
23 février 2021 @ 14:07
@ Jay
Désolée de vous faire une réponse incomplète pour l’instant…
Mais, oui, il y a eu une descendance avec le titre de Prince par son fils Alexandre : notamment Alexandre Sergueïevitch Menchikov (1787-1869), arrière-petit-fils « du » Menchikov, qui fut duc d’Ingrie, devint proche d’Alexandre Ier, qu’il accompagna lors de ses campagnes contre Napoléon. Alliance avec de grandes familles de la noblesse russe : Troubetzkoï, Galitzine…
23 février 2021 @ 09:01
Il avait fait l’erreur d’accumuler trop de richesses et trop de pouvoir. Il avait même fait construire à Moscou un clocher plus haut que le clocher d’Ivan le Grand au Kremlin (normalement, il était interdit de construire un bâtiment plus haut).
Pendant mes 5 ans à Moscou, j’ai vu ce magnifique clocher Menchikov de ma fenêtre, ce qui me permettait de méditer sur le destin de ceux qui tombent de très très haut, car lui et sa fille sont morts dans la misère en Sibérie.
L’écrivain russe Federovski, dans son livre ‘le roman du Kremlin’ laisse entendre que Menchikov était plus qu’un ami pour Pierre le Grand, son amant. J’en ai parlé à une guide russe, qui n’a jamais entendu parler de cette théorie.Il faut dire qu’elle a découvert les massacres stalinien que très tard, alors c’est dur de se mettre à la page.
23 février 2021 @ 13:58
@ Agnès
Le clocher auquel vous faites allusion à Moscou, appelé « Tour Menchikov » de 81m, est en effet l’Eglise de l’Archange-Gabriel. Menchikov avait également le superbe grand palais d’Oranienbaum… certes, il a profité ! Donc, plus dure fut la chute 😉😢
Quant à la « liaison » avec Pierre Ier, Fedorovski n’y fait allusion dans aucun autre de ses livres, sauf erreur de ma part.
Vladimir Fedorovski, dont j’ai tous les livres et que j’ai eu la chance de rencontrer deux fois, est passionnant… tant sur Saint-Pétersbourg que sur la Perestroïka, qu’il connaît bien pour avoir été proche ami et membre du cabinet de Gorbatchev.
Menchikov était certes, dès l’adolescence, compagnon de beuverie de Pierre dans le quartier allemand de Moscou… mais Pierre, « amant épisodique d’innombrables maîtresses choisies parmi de nobles dames comme chez les servantes, n’a pas laissé dans l’histoire le souvenir de sa bisexualité » (réf : Histoire des favoris, de Jean-Pierre Solnon)
23 février 2021 @ 10:38
Plus dure a été la chute … Il ne fallait pas chercher à devenir beau-père de tsar !
23 février 2021 @ 12:03
Intéressant, merci Pistounette.
23 février 2021 @ 16:41
Merci , Pistounette , voici en effet de quoi méditer sur la grandeur et la décadence . . .
23 février 2021 @ 12:44
Pistounette, notre spécialiste de la Russie Impériale.😘
23 février 2021 @ 13:48
Voici de précieux renseignements pour de futures escapades à Saint-Petersbourg que nous enregistrons dans nos tablettes.
L’année prochaine…si tout va bien…
23 février 2021 @ 16:43
D’après Jean des Cars, Maria Skavronskaïa, Lituanienne de basse origine, et lavandière de son état, avait été capturée par les Russes en août 1702, lors de l’assaut lancé contre la forteresse de Marienbourg en Livonie (actuellement Estonie et Lituanie). Pierre 1er la rencontra parmi la maisonnée de son ami Menchikov, ce compagnon d’armes avec qui il partageait divers plaisirs. La jeune femme fut rebaptisée Catherine dans la foi orthodoxe. Aimée de Menchikov, elle parvint à attirer l’attention du tsar. Il en tomba amoureux, et elle devint sa maîtresse favorite. Le 1er octobre 1711, elle était avec lui lors de la pendaison de crémaillère du palais Menchikov. Dans un des premiers ouvrages décrivant la nouvelle capitale on pouvait lire que « la maison du prince Menchikov est la plus grande et la plus importante de l’île Vassilievski ».
23 février 2021 @ 17:42
Merci Pistounette pour ce reportage en terres lointaines .
23 février 2021 @ 18:26
Un reportage très intéressant, merci Pistounette et aussi Agnès pour le complément d’informations.
La roche tarpéienne a été proche du Capitole.
23 février 2021 @ 19:43
La fin tragique de Menchikov me rappelle celle du surintendant des finances Nicolas Foucquet !
23 février 2021 @ 21:07
Intrigues et trahisons sont souvent au pouvoir, dans tous les pays et à toutes époque. C’est universel et tellement pitoyable !
24 février 2021 @ 00:42
Merci Pistounette
24 février 2021 @ 05:12
Le prince Alexis Dolgorouki à l’origine de sa chute ? À se demander si Katia Dolgorouki n’avait pas « été poussée » par sa famille d’intrigants dans les bras du Tsar Alexandre II quelques générations plus tard.
24 février 2021 @ 13:13
@ Debora12345
La famille Dolgorouki est une très ancienne famille de la grande noblesse russe riourikide, des « Riourik » avant les Romanov. Dolgorouki veut dire en russe « long-bras » ou « longue-main » : ils ont en effet toujours été très proches du pouvoir et très influents… Quant à Ekaterina, connue sous le diminutif de Katia… nous en aurons bientôt certainement une excellente biographie par Martine Gasquet et Patrick Germain
24 février 2021 @ 17:54
@Pistounette, merci pour les infos, je ne le savais pas. En ce qui concerne la traduction, c’est incroyable, ça ne s’invente pas ! 😂
25 février 2021 @ 23:06
Merci Pistounette pour ce reportage, très intéressant !