Le palais Petrovski se trouve au Nord de de l’actuelle Moscou. Il fait partie des palais-relais qui se trouvent sur la route de Saint-Petersbourg. C’est dans ce palais que les tsars faisaient leur dernière halte pour se reposer avant d’arriver à Moscou. C’est aussi dans ce palais que les futurs tsars, arrivant de Saint-Petersbourg, résidaient quelques jours dans l’attente de leur couronnement au Kremlin.
En 1774, pour fêter la victoire de la Russie sur la Turquie après six ans de guerre, Catherine II décida d’organiser des festivités non loin du Moscou sur le vaste champ Khodynka, lieu habituel de réjouissances publiques. La fête devait être grandiose et théâtrale. Dans une lettre, Catherine II la décrivit au Baron de Grimm : A trois verstes de la ville, il y a une prairie. Imaginez que cette prairie est la Mer Noire…avec du sable, vous tracez la péninsule de la Crimée, sur la péninsule, la Crimée et Enikale sont des salles de bals; des buffets avec du vin et de la viande pour les gens; face à la Crimée, il y a des illuminations symbolisant la joie des deux empires en paix; de l’autre côté du Danube, des feux d’artifice, des bateaux et des navires illuminés.
Suite à ces festivités, Catherine II décida d’ériger un palais près du champ où elles avaient eu lieu, sur un terrain appartenant au Monastère Saint-Pierre.Elle choisit les architectes Matvey Fedorovich Kazakov et Bazhenov.
Débuté en 1775, le bâtiment principal fut terminé en 1777 et toutes les finitions, en 1783. L’architecture est un mélange de gothique et d’architecture russe traditionnelle. Les ailes qui entourent le palais ressemblent à une forteresse avec tours et donjons, de style toscan.
Catherine II aimait beaucoup ce palais qu’elle surnommait ma petite Datcha. Le bâtiment était en briques rouges mais le tsar Paul 1er (1797-1801), qui détestait sa mère tenue responsable de la mort de son père, le fit blanchir à la chaux.
En 1812, l’empereur Napoléon passa 3 jours dans ce palais. Arrivé au Kremlin le 15 septembre 1812, il dut fuir le grand incendie qui ravageait Moscou le 16 septembre pour se réfugier au Palais Petrovski. Il retourna occuper le Kremlin dès le 18 septembre. Le palais a souffert des incendies de 1812 mais les murs étaient restés intacts.
Le tsar Nicolas 1er tenait à restaurer le palais de sa grand-mère et choisit pour cela un descendant de l’architecte Kazakov. La restauration dura 2 ans entre 1837 et 1838. Plus tard, il fit créer un parc boisé autour du château, qui devint un lieu de promenade pour les moscovites.
En 1896, alors que le futur tsar Nicolas II résidait au palais Petrovski avec sa famille quelques jours avant son couronnement, un drame se déroula non loin du palais, sur le champ Kodhynka, un terrain vague accidenté et entouré d’un ravin et de fossés.
Selon la tradition, une fête était organisée pour le peuple à qui l’on offrait de petits cadeaux de la part du futur tsar: chocolats, saucisson, foulard avec image du Kremlin, tasses ou gobelets à son effigie…. Les gens commencèrent à arriver dans la nuit du 17 mai. Le lendemain, il y avait une foule de plus de 400 000 personnes.
Le 18 mai 1896, la remise des cadeaux débuta dans le calme dans les différents pavillons prévus à cet effet. Cependant, quelqu’un lança la rumeur qu’il n’y en aurait pas pour tout le monde. Il y eut alors des mouvements de foules, des bousculades, la panique, des gens tombèrent, et 1389 personnes moururent écrasées.
Malgré le choc et la tristesse, et sur pression de son entourage, Nicolas II ne modifia pas les festivités et il se rendit le soir même à l’Ambassade de France au bal organisé par l’Ambassadeur, le Comte de Montebello.
En 1856 déjà, pour les fêtes du sacre d’Alexandre II, des pluies torrentielles avaient déjà terni la distribution de nourriture sur le champ Khodynka et la foule en était arrivée aux mains. La tragédie de Khodynka a marqué les esprits : Khodynka est un terme négatif qui est entré dans une expression russe, expression utilisée quand on est coincé dans une foule.
Entre 1923 et 1989, le palais a été utilisé par la nouvelle école d’aviation Zhukovsky qui a formé le cosmonaute Yuri Gagarin, la 1ère femme cosmonaute Valentina Tereshkova et de célèbres constructeurs d’avions.
Depuis 2009, après 10 années de rénovation, le palais est utilisé par la mairie de Moscou pour ses cérémonies de prestige. Dans le bâtiment principal se trouve une grande salle ronde surmontée d’un dôme dont les motifs peints ressemblent à des sculptures. Cette pièce principale est entourée de 4 autres salles de réception.
Sur les murs des salles, des médaillons représentent les différents tsars et princes de Russie, des aigles bicéphales et les symboles des ordres russes militaires. Dans la salle verte, les 2 grands miroirs dorés sont les seuls objets rescapés de l’époque de Catherine II.
L’escalier bleu aux sculptures blanches est identique à l’escalier d’origine. Les meubles sont des copies de meubles empires. (Un grand merci à Agnès pour ce reportage à Moscou)
Sylvie-Laure
2 décembre 2014 @ 06:26
Très belles choses, mobilier, décors, sculptures, et extérieurs magnifiques. Ces palais sont vraiment superbes. On voyage bien, avec ces reportages. Merci Agnès
agnes
2 décembre 2014 @ 07:10
Ce n’est pas la tour de pise, j’ai mal retouché la 1ere photo, comme souvent.
agnes
2 décembre 2014 @ 07:19
Les russes n’osaient pas annuler leur présence au bal de l’Ambassade de France, mais j’ai lu que l’Ambassade de France n’osait pas annuler le bal suite a la tragédie Khodynka en raison de la présence prévue de la famille impériale.
Elisabeth
2 décembre 2014 @ 08:59
Merci pour ce nouveau reportage, Agnès, encore une fois très riche. J’aime beaucoup le mobilier de la dernière photo. Je me vois y boire un bon thé avec des amies.
Elisabeth
Corsica
2 décembre 2014 @ 09:06
Merci Agnès pour ce très bel article . J’en profite pour rappeler qu’en tant que Gouverneur Général de Moscou, le Grand Duc Serge (dont vous nous avez parlé dans l’article sur son épouse Sainte Elisabeth de Russie) a supervisé le couronnement de Nicolas II . À ce titre, beaucoup ont pensé qu’il avait une grande part de responsabilité dans la tragédie du champ de la Khokynka . Il n’aurait jamais dû valider le choix de ce terrain plein de trous et de fossés dans lesquels beaucoup de victimes ont péri . Et surtout il n’avait prévu qu’un service d’ordre réduit qui s’est avéré incapable d’enrayer la poussée d’une foule de plusieurs centaines de milliers de personnes . Et pour couronner le tout : il ne s’est pas rendu sur les lieux de la tragédie ni aux funérailles des victimes.
flabemont8
2 décembre 2014 @ 11:30
Quel faste, et quel beau voyage en votre compagnie , Agnès ! Chaque palais ou église est une merveille .
beji
2 décembre 2014 @ 13:36
Merci Agnès de nous faire connaître ces beautés.
Caroline
2 décembre 2014 @ 17:59
Agnes,merciiiiiii pour les belles photos de ce chateau de reve!
Je remarque qu’il est construit en briques rouges semblables à celles des Pays-Bas!
Gérard
3 décembre 2014 @ 01:34
Merci Agnès pour ce reportage original.
Zeugma
3 décembre 2014 @ 03:23
J’aime l’idée qu’on ait des palais à sa disposition comme relais quand on se déplace. C’est beaucoup plus agréable que d’aller à l’hôtel.
(On a des goûts simples sur « Noblesse & royautés ».)
Fernet
11 octobre 2021 @ 13:31
Bonjour
J ai en ma possession le même foulard que dans votre reportage avec écrit 1896.
Auriez vous peut être quelques infos le concernant.
Je vous remercie
Cordialement