C’est à la faveur d’une importante vente d’objets et de mobilier provenant de l’ancien Palais Rose chez Christie’s et à Drouot à Paris la semaine dernière que l’on s’est replongé dans le train de vie luxueux du comte Boniface de Castellane et de son épouse la riche Américaine Anna Gould. « Boni » (1867-1932) était ce que l’on appelle un dandy. Issu d’une ancienne famille de l’aristocratie de Provence, il épouse Anna Gould en 1895 à New York dont la fortune personnelle était estimée à 440 millions d’euros actuels !
En 1896, le couple pose la première pierre du Palais Rose situé avenue Foch à Paris et qui se veut une réplique du Grand Trianon de Versailles. Une demeure particulière somptueuse avec un grand escalier de marbre rose en haut duquel Boni se tient lors des soirs de bals où l’on accueille avec du champagne coulant à flots parfois jusque 2000 convives servis par 500 valets…
Toiles de maître, meubles raffinés, la décoration des lieux est à la hauteur du luxe extérieur du palais.
Le Palais Rose qui vit défiler tant de personnalités, fut rasé en 1969 malgré une campagne de soutien après avoir été occupé pendant la Seconde Guerre Mondiale par l’armée allemande puis livré aux pilleurs. Une page de l’Histoire se tournait alors : celle de la splendeur de la Belle Epoque à Paris. Aujourd’hui un immeuble banal a été érigé à la place du Palais Rose.
val
13 mars 2017 @ 08:00
Bonjour à tous,
Pourquoi ce magnifique Palais Rose a t il été détruit ? encore une idée d’un promoteur immobilier pour construire ces horreurs tant il y en à Paris ce n’est pas la seule magnifique construction qui a été déduite il y en a tant d’autres . quelle tristesse.
Pierre-Yves
13 mars 2017 @ 18:27
Dans les années 60 et 70, on a en effet détruit pas mal de constructions anciennes, dont, il faut quand même le dire, certaines étaient de peu d’intérêt, d’autres forts vétustes.
Malgré tout, il y a eu de la casse (Les Halles de Baltard, par exemple) et des trucs très laids sont sortis de terre (La Tour Montparnasse, le Forum des Halles, pour ne citer qu’eux. Pour ce qui est de ce Palais Rose, Antoine expique bien plus bas l’enjeu et les raisons de la décision de sa destruction en 1969. Il est vrai que l’immeuble qui l’a remplacé est terriblement quelconque.
Reste que dans le même temps, beaucoup de belles choses, et heureusement, ont été préservées et embellies. Le résultat est là: Paris est toujours une très belle capitale. Il suffit de marcher à travers la ville pour en être convaincu.
beji
13 mars 2017 @ 10:27
Quelle stupidité de l’avoir rasé.
desalleurs
13 mars 2017 @ 12:37
C’est amusant de voir que dans une certaine société, on appelle ce genre de personnage, un » Dandy », chez nous on appelle « ça » un gigolo ou un barbon.
Quant à son allure superbe, excusez-moi mais je trouve qu’il ressemble un peu à un garçon de brasserie des grands boulevards, ne lui manque qu’un torchon sur l’épaule.
Corsica
15 mars 2017 @ 15:55
Effectivement, ces messieurs tenaient du gigolo puisqu’ils se faisaient entretenir mais ils devaient considérer que c’était le prix à payer pour leurs titres. Une sorte de troc mais un troc vulgaire quand certains de ces monsieurs, comme le comte Boniface, se croyaient autoriser à faire des bons mots sur le dos du physique disgracieux de leurs épouses, par ailleurs mères de leurs descendances. On peut naître noble mais être finalement totalement dépourvu de la vraie noblesse, celle du cœur et de l’intelligence.
warwick
13 mars 2017 @ 13:53
Pauvre Paris !
En 1969 la ville était déjà aux prises avec ces décisions stupides, radicales et irréversibles prises, au nom du modernisme et de l’urbanisme social, par une personne, le plus souvent incompétente et uniquement soucieuse de vouloir laisser sa signature dans l’histoire de cette ville.
Attention, ce problème majeur est actuel et une lutte continue pour préserver le patrimoine s’impose.
marie francois
13 mars 2017 @ 14:13
La vente de la collection Diane de Castellane ( petite fille de Boni) qui comprenait de nombreuses pieces de mobilier provenant du Palais Rose, notamment des meubles Boulle, a atteint les 14 M d’euros ( frais inclus).
Diane d’Orléans Noailles, belle fille de Diane de Castellane, présente à la vente a acquis de nombreux lots à cette vacation chez Christies comme le lendemain à Drouot qui mettait en vente des lots plus ordinaires provenant de l’appartement de la rue d’Andigné.
Danielle
13 mars 2017 @ 14:24
Quelle idée de détruire ces splendeurs ?? évidemment pour de la spéculation immobilière, toujours et toujours…
Antoine
13 mars 2017 @ 14:32
Le palais rose était une demeure essentiellement conçue pour la parade et les réceptions. Lorsqu’on en consulte le plan, le grand escalier et les galeries occupent tout l’espace central. Les salons, le théâtre et son foyer le reste de l’étage noble. Les appartements privés sont quasi inexistants. Au quotidien, cette bâtisse devait être assez malcommode. Il n’en reste pas moins que c’était une très belle construction avec des matériaux qui aurait méritée d’être préservée. Le palais et ses jardins occupaient un espace compris entre l’avenue Malakoff, l’avenue du Bois (avenue Foch), la rue Duret et la rue Piccini.
Le 2 janvier 1899, pour pendre la crémaillère, Boni réunissait avec leurs familles les ouvriers de tous les corps de métier ayant participé à la construction, soit un millier d’invités dont quatre cents enfants. Il reçoit tout le monde entouré de sa femme, de ses fils Georges et Boniface cornaqués par leurs bonnes, en haut du grand escalier. Arbres de Noël, marionnettes, prestidigitateurs, buffets somptueux, cadeaux pour grands et petits tout a été prévu et organisé avec le même soin du détail que pour une réception royale. Un original pour beaucoup, un grand seigneur certainement.
D’après la biographie d’Eric Mension-Rigau, Perrin, 2008.
Danielle
13 mars 2017 @ 17:28
Antoine, merci pour ces précisions.
Mister M
13 mars 2017 @ 15:19
Ce palais ne présentait aucun intérêt pour les Monuments historiques car ce n’était qu’une vulgaire copie du Grand Trianon, architecture grandiloquente et partiellement en toc, on comprend le refus du classement par l’administration des Bâtiments Publics. Toutefois, c’était un exemple des folies que construisaient alors les milliardaires de la belle Epoque et, à ce titre, on aurait du le conserver ! Mais pour en faire quoi ? Il y eut une campagne qui se développa pour essayer de le sauver et on envisagea différentes fonctions pour ce bâtiment: hôtel, ambassade, résidence de la République ou de la ville de Paris pour les hôtes étrangers, mais rien ne réussit. A défaut d’acheteur, le Palais ne valant rien, la famille le vendit pour le prix du terrain à un promoteur immobilier ! Triste, mais inévitable, ce Palais était inexploitable et aurait entraîner un gouffre financier pour ses éventuels gestionnaires ! Dommage !
lorraine 1
13 mars 2017 @ 15:52
Je crois que c’est l’héritier de Boni de son épouse qui l’a vendu et livré aux pelles des promoteurs…. Je l’admirai quand j’étais enfant, quand nous passions devant.
ROGER
13 mars 2017 @ 16:17
C’est hélas bien vrai !Il parait qiter sa démolission ???ue Malraux aurait refusé de le classer pour év
ROGER
13 mars 2017 @ 16:20
Excuser ce mauvais texte :il parait que MALRAUX aurait refusé de le classer car pas assez ancien …??
Antoine
13 mars 2017 @ 19:39
Le palais rose n’a été vraiment habité qu’une dizaine d’années avant de devenir une coquille vide sans aucun entretien durant plus d’un demi-siècle. Je crois que c’est surtout son piteux état qui a découragé tout classement : le budget des réparations aurait été pharaonique.
Catoneo
13 mars 2017 @ 18:11
La résidence qui a remplacé le Palais rose n’est pas une horreur, elle est de son temps.
Y vivent des personnalités du show-biz et des médiats. C’est une adresse recherchée de par sa situation exceptionnelle et pour son service de sécurité-gardiennage.
Cosmo
13 mars 2017 @ 18:56
Le modernisme et la spéculation immobilière n’ont rien à voir avec la vente du Palais Rose. La réalité des faits a prévalu. La famille n’en avait que faire et ne voulait pas continuer à entretenir un tel gouffre. Cela dit, symbole du snobisme et de la vanité, pastiche orgueilleux, ce palais ne pouvait pas continuer d’exister sans une destination utile. S’il n’avait pas été démoli, il serait aujourd’hui dans les mains d’un potentat du pétrole.
Il a probablement été une des raisons du divorce du couple. Anna Gould en épousant le duc de Talleyrand-Périgord a certainement été plus heureuse qu’avec son charmant mais toqué de Boni de Castellane. Elle a troqué un palais de toc avec une véritable merveille architecturale, le château du Marais, encore occupé par sa descendance.
laurent F
14 mars 2017 @ 09:49
Il existe un autre palais rose au Vésinet datant de la même époque, habité par un autre aristocrate dandy, Robert de Montesquiou-Fézensac mais il lui fut classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1986 !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_Rose_du_V%C3%A9sinet
Baboula
14 mars 2017 @ 12:35
Ce n’était qu’un décor ,certes magnifique,mais sans histoire et sans âme ni fantôme.
Pas de quoi le classer,la rentabilité était de mise .
voltaire
7 mai 2019 @ 19:24
Le Maroc a proposé à Anna de Talleyrand d’acheter son palais dans les années 50,pour y loger son ambassade,refus de la duchesse et la Chine a proposé dans les années 60 aux 4 héritiers (Mme B;Ctesse de CLF,Desse de M,Ctesse de B ,la Ctesse de P ayant gardé le chateau du Marais)de l’acheter pour son ambassade.Tout le monde était d’accord sauf la duchesse de M.. qui ne voulait pas de révolutionnaires.Surement le second mari de la comtesse de P (politicien)est intervenu efficacement.Vendu pour le prix du terrain 5500 M2 pour 50 millions de 68,négociable jusqu’à 40 millions.Le président de la republique était un ancien de la banque G de R,donc renvoi d’ascenseur entre copains et refus de classement.C’est très simple.
françois chemin
8 mai 2019 @ 20:33
Le Palais Rose continua à ètre habité par le duc et la duchesse de Talleyrand,duc de Dino,prince et duc de sagan,comte de Périgord,jusqu’à la mort du duc,d’une crise cardiaque en Octobre 1937.à 78 ans.(leur téléphone était PAS 15 15)Anna partit en 1938 au chevet de sa soeur Helen qui trépassa la mème année.Le palais fut gardé par Mr Pierre qui avait servi Boni et Hélie.Anna ne venait en France qu’au chateau du Marais.Le Palais Rose était entièrement terminé en 1906.Des remaniements eurent lieu en 1908(modification de la petite salle à manger,suppression de la chambre et des bains de Boni,à l’entresol,suppression du théatre et création à la place du foyer de la chambre du duc.Boiseries fin L XVI et cheminée bleu Turquin.2 vastes salles de bains L XVI;creation du bureau d’Anna,etc) Toutes les sculptures internes et boiseries étaient en staff.On ne refit pas les facades,ni le marbre,ce sont des légendes,les plans seuls ont été profondément remaniés(consultables).Sanson savait faire et Boni aurait du écouter Sanson pour le salon galerie .Le salon galerie et le salon des arts étaient entièrement décorés en faux marbre,hormis les 4 médaillons de 2m50 de haut de JP Aubé.Le marbre venait non d’Italie,mais du Languedoc.Après les allemands O et H von stulpnegel,il y eut des ventes de charités,le bal des oiseaux en 48,la conférence des 4 grands en 49 et le roi du maroc en exil.Quand j’ai visité très souvent le Palais Rose en 69 les pièces de réceptions étaient impeccables.
françois chemin
10 mai 2019 @ 11:34
Le salon des arts faisait 100 M2,le cabinet de travail de boni également 100 M2.Salon des arts en faux marbre rouge royal,chambre d’Anna vert Céladon,avec rechampi d’or,cabinet de travail de Boni vert céladon avec rechampi d’or,chambre du duc gris moyen avec guirlandes bleu de prusse,camées et rechampi d’or,salle à manger de 180 convives vert d’eau,galerie salon faux marbres sarancolin jaune,blenc,portor noir,vert de mer et chambranles rouge royal.16 colonnes corintiennes dans sam.Plafonds peints d’antique dans la sam,de ciel et de putti dans chambre du duc,salon des arts 142 personnages (copie du salon d’Hercule,petit salon,chambre d’Anna ciel et putti Grand escalier copie du plafond de l’escalier des ambassadeurs,les continents scellés aux armes des Bourbons.
Valérie
17 avril 2020 @ 15:48
Difficile de qualifier Boni de Castellane de Toqué… Il a cotoyé les plus grands de son époque. Mieux vaut lire ses mémoires avant de le juger. Il ne faut pas oublier que cette famille à conquit ses lettres de noblesse au combat et non en arpentant les longs couloirs du Louvre…Quant au palais rose, il était le témoin d’ une époque et comme tout autre édifice, il méritait bien de survivre… Rappelons tout de même aux détracteurs que Boni était marchand d’ art et a laisser bon nombre des ses acquisitions à son épouse…