L’histoire du Palais royal commence en 1629 lorsque le Cardinal de Richelieu (1585-1642) devient ministre d’Etat sous le règne de Louis XIII. Souhaitant se rapprocher du Palais du Roi et donc du Louvre, il obtient la propriété d’un terrain situé face au Louvre et demande à l’architecte Lemercier (1585-1564) ayant notamment réalisé la Chapelle de la Sorbonne ainsi que le Pavillon de l’Horloge au Louvre de lui construire l’hôtel Richelieu.
Le lotissement a la forme d’un vaste rectangle qui comprend en son centre un jardin et d’une salle de spectacle.
L’hôtel Richelieu devient le Palais Cardinal. En 1636, Richelieu fait rédiger un testament qui anticipe la donation de son palais au roi Louis XIII.
En 1642, à la mort du Cardinal de Richelieu, le palais devient la propriété de Louis XIII et prend le nom de « Palais Royal ».
En 1643, à la mort de Louis XIII, Anne d’Autriche, devient régente et s’installe au Palais Royal avec ses deux fils, Louis XIV (5 ans) et Philippe d’Orléans (3 ans).
En 1660, Louis XIV décide que la salle de spectacle jusqu’alors privée, serait ouverte au public. Molière, alors directeur de la troupe du roi, s’y installe et y joua presque toutes ses pièces
Le Palais-Royal devient la propriété des Orléans en février 1692, quand Louis XIV l’offre à Monsieur, son frère. Le jardin du palais est alors ouvert sur la ville.
Tout au long du XVIIIe siècle, le Palais-Cardinal et son jardin subissent de nombreuses transformations. En 1781, Philippe d’Orléans décide de mener une opération immobilière en lotissant les parcelles situées en bordure du jardin.
Le programme est réalisé par Victor Louis (1731-1800), l’un des grands architectes du XVIIIe siècle.
Le projet comprend l’aménagement de logements, boutiques, théâtres et cafés, répartis sur trois ailes. La suite de maisons s’ouvre sur les parterres du jardin par une galerie continue de 180 arcades.
Les façades, rythmées de pilastres colossaux à chapiteaux composites, sont surmontées par une balustrade. Des quinconces de colonnes toscanes supportant des voûtes plates assurent la liaison entre le jardin et les trois rues avoisinantes.
Philippe Égalité fait du Palais-Royal un lieu d’exception, une ville dans la ville, protégée par des règles que seul le statut de son propriétaire peut permettre.
Ainsi, la police n’a pas le droit d’y pénétrer. Les marchands de mode, cafés, boutiques d’estampes et gravures, libraires, etc., se partagent les 88 boutiques, tandis que les arcades abritent une foule disparate de prostituées, joueurs ou flâneurs.
Philippe Égalité fait également construire de 1786 à 1790 le théâtre du Palais-Royal destiné à remplacer la salle de l’Opéra, incendiée en 1781.
Une galerie de bois est construite en 1786, pour séparer la cour du Palais-Royal et le jardin. Elle constitue le quatrième côté du quadrilatère que devait former le lotissement, mais que le manque de crédit conduit à reporter.
Provisoire, la Galerie de bois s’apparente à un vaste hangar de planches, de 2250 m2. Elle est composée de deux galeries bordées de quatre rangées de boutiques, qui en font l’ancêtre des passages couverts. Elle n’est pas éclairée par une verrière mais par des fenêtres ouvertes sous le débord de la toiture, ce qui permet un éclairage semi-zénithal. Elle ne sera détruits que 40 ans plus tard.
C’est également en 1786, que fut installé un petit canon méridien en bronze (encore visible aujourd’hui) près du théâtre du Palais-Royal. Il tonnait chaque jour à midi, pour rappeler à l’ordre les montres défaillantes.
En 1814, le palais et son jardin reviennent au futur roi Louis-Philippe. En 1829, il fait remplacer les galeries de bois par la galerie d’Orléans, en pierre. Cet édifice couvert d’une verrière abrite 24 boutiques. Il n’en reste aujourd’hui que la double colonnade de pierre, qui sépare la cour d’honneur du jardin proprement dit. Il entreprit les travaux qui donne au Palais Royal en 1829 l’aspect qu’il a de nos jours.
Lors de la révolution de février 1848 qui entrainera la proclamation de la Seconde République, le Palais est saccagé et fut en partie incendié. L’Etat en redevint propriétaire.
En 1854, Napoléon III s’empare du palais qui devient la résidence de son oncle Jérôme, frère de Napoléon Ier jusqu’à sa mort en 1860. Au XXe siècle, le Palais-Royal devient à partir de 1859 le siège des bureaux du ministère de la Culture et en 1871, le gouvernement décida d’installer le Conseil d’État au Palais- Royal
En 1900, un incendie dévore la Comédie-Française. Dans la foulée de cet événement, de nouveaux projets sont lancés pour remodeler encore une fois cet espace dans la ville. Ainsi, Henri Deverin propose d’ouvrir le Palais-Royal à la circulation. Le projet n’a jamais vu le jour.
Aujourd’hui Le théâtre est toujours en activité aujourd’hui. Le ministère de la culture y est toujours installé. La cour, entourée d’arcades, est elle aujourd’hui réputée pour les colonnes de Buren. Le conseil d’état et le conseil constitutionnel y sont également implantés .
Les 180 arcades de la galerie donnent sur le jardin magnifique au bassin central, qui mêle des statues en marbre historiques à des sculptures plus modernes dont les boules en acier poli de Bury.
Une partie seulement du bâtiment peut se visiter: l’aile qui abrite le Conseil d’Etat. Grand escalier d’honneur avec décor peint en trompe-l’œil de Demachy, salle des pas perdus, salon des Trophées, ancienne salle à manger de la duchesse d’Orléans aménagée par Constant d’Ivry, salle d’assemblée générale…
Un décor somptueux avec tapisseries des Gobelins et tableaux permettant de retracer l’histoire d’hommes et de femmes illustres et la création du Conseil d’Etat. (Merci à Guizmo)
Régine ⋅ Actualité 2020, Bourbon, Châteaux, France 24 Comments
Ghislaine-Perrynn
16 avril 2020 @ 07:56
Magnifique, intéressant , que dire d’autres .
Grand merci pour ce début de matinée qui prend de la couleur grâce à vos efforts.
Martine
16 avril 2020 @ 08:09
Nous avions pu le visiter lors des journées du patrimoine il y a quelques années, accompagnés par un étudiant de l école du Louvre…Passionnant
Patricio
16 avril 2020 @ 12:19
Un grand merci Régine, superbe reportage
Amitiés
Patricio
Nuage Pâle
16 avril 2020 @ 08:26
Guizmo, votre évocation du Palais Royal est parfaite , riche et bien illustrée.
Permettez- moi d’y associer le bac à sable où les tout – petits apprennaient à faire des pâtés . Les arcades qui ont vu les apprentissages de patins à roulettes. Le jardin tout entier servait de stade aux classes primaires du quartier qui en sont dépourvues . J’ai connus des habitants dont les fenêtres donnaient sur le jar
din qui se plaignaient de ces bruits enfantins ,ravis le soir de retrouver la quiétude de « leur » jardin. On veut jouir des privilèges dans le calme .
Merci encore,inestimable Guizmo, de m’avoir fait faire cette promenade dans mes souvenirs.
PATRICIA
16 avril 2020 @ 09:27
Merci beaucoup pour cette rétrospective complète qui retrace l’histoire oubliée de ce lieu emblématique. Il abrite encore aujourd’hui la prise de grandes décisions de ces grandes institutions que sont le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel, peu médiatiques et tellement fondamentales.
Robespierre
16 avril 2020 @ 09:31
Louis XVI fronça du nez quand le duc d’Orléans installa des boutiques avec des commerçants dans sa galerie. Mais l’endroit était très couru, jardin, arcades, cafés, tout le monde allait au Palais Royal. Même les dames de petite vertu.
Giséle
16 avril 2020 @ 13:29
Surtout les dames de petite vertu, à ce qu’ il semble ( conférence suivie sur place en septembre 2019).
Belphegor
16 avril 2020 @ 13:48
Ces dames louaient l’usage de leur arcade à la Couronne ou au duc pour l’intendance ?
Robespierre
16 avril 2020 @ 16:35
La Couronne n’avait rien à voir là-dedans, c’était le duc qui empochait les loyers et c’est cet aspect mercantile qui déplaisait à Louis XVI. Il lui a fait une remarque là-dessus, me rappelle plus dans quels termes. Quant aux dames, pas besoin de payer, même en nature, elles attiraient le chaland et c’était bon pour le commerce.
Pierre-Yves
16 avril 2020 @ 09:38
Un endroit qui m’est devenu cher depuis que je n’habite pas loin. Je suis souvent venu y lire les après-midis d’automne et d’hiver lorsqu’il y avait un peu de soleil.
En ce moment, je me contente de le contourner dans ma promenade (quasi) quotidienne puisque le jardin n’est plus accessible, me privant de la floraison printanière. Mais j’ai pu, au tout début mars, profiter des superbes magnolias en fleurs.
Le Théâtre du Palais Royal affiche depuis plusieurs saisons Edmond, d’Alexis Michalik. La terrasse du Nemours, le beau café logé sur le flanc ouest (à gauche de la façade du Palais Royal), et donnant sur la place Colette, d’ordinaire très animée est endormie depuis des semaines. La libraire Delamain, juste en face de la Comédie Française, est close, de même que toutes les luxueuses boutiques des deux galeries du jardin.
Ce lieu magnifique semble comme en exil de lui-même, tandis que sur lui resplendit le soleil du printemps.
Auberi
17 avril 2020 @ 13:09
Oui Pierre-Yves, j’approuve aussi. J’ai une amie qui habite rue Monpensier, elle a comme voisin le majestueux Conseil constitutionnel. Evidemment ses fenêtres donnent sur le jardin du Palais Royal et les Colonnes de Buren… Elle a bp de chances d’habiter là, et elle le sait.😊
D’ailleurs le Nemours est le fief des membres du conseil. J’y ai vu il y a environ deux ans L.Jospin et Claude Bartolone, ça n’a rien d’extraordinaire, c’est juste un souvenir
Arielle
16 avril 2020 @ 10:14
Merci, très intéressant.
Muscate-Valeska de Lisabé
16 avril 2020 @ 12:01
En fait,que reste-t-il du Palais de mon cher Cardinal ?
Le bâtiment central,je crois.Il y est décédé,il me semble.
Merci pour cet article instructif.
HRC
16 avril 2020 @ 12:16
une chanson :
« le palais-Royal est un beau quartier
où les jeunes filles sont à marier
….. »
et quelques souvenirs historiques en prime
Robespierre
16 avril 2020 @ 20:40
ma mère chantonnait ça dans la cour de récréation de son école de religieuses. Elle était convaincue qu’il s’agissait vraiment de jeunes filles à marier. Le troisième vers disait » Mademoiselle … est la préférée de monsieur… qui veut l’épouser ». Pris au premier degré c’était charmant.
HRC
17 avril 2020 @ 09:05
Oui… Arrivée à l’âge adulte, on est surprise. Pour moi c’était une école publique avec la même naïveté.
Le difficile c’était quand les copines en profitaient pour dire tout haut le nom du garçon qu’on regardait sans même se l’avouer.
Nuage Pâle
17 avril 2020 @ 10:01
Je chantais aussi cette comptine en sautant à la corde . Et nous y croyions toutes au premier degré. Encore un rêve qui s’évanouit. 😿
Robespierre
17 avril 2020 @ 12:41
Ah, si les religieuses avaient connu l’histoire du Palais Royal, elles auraient censuré cette comptine. Et pareil pour l’école publique. C’est drôle de comprendre le second degré des décennies plus tard.
Muscate-Valeska de Lisabé
19 avril 2020 @ 11:35
Oh my Godness…Je viens seulement de comprendre…je crois que même Maman qui me la chantait ne savait pas…quelle fraîcheur d’esprit est donc la nôtre !
Teresa2424
16 avril 2020 @ 15:47
Muchas gracias por este interesante informe
Danielle
16 avril 2020 @ 16:25
Un très beau lieu chargé d’histoire.
J’ai visité le ministère de la culture lors des journées du patrimoine il y a quelques années, c’est superbe et le Conseil d’Etat en visite guidée il y a un an, je recommande vivement.
Merci Guizmo.
ciboulette
16 avril 2020 @ 18:10
Très beau et très intéressant .Merci , Guizmo !
Corsica
16 avril 2020 @ 20:49
Merci à Guizmo pour ce travail très intéressant et parfaitement illustré, comme d’habitude. Et merci à Nuage Pâle et Pierre-Yves qui nous ont si joliment parlé de leur Palais Royal.
Catherine A
16 avril 2020 @ 22:56
Magnifique !
Grand merci Guizmo .