C’est entre 1683 et 1686 que l’une des plus prestigieuses figures de la marine danoise, l’amiral Niels Juel, fait construire ce palais par un architecte inconnu à ce jour.
En effet, peu de temps auparavant, l’amiral avait bénéficié de dix pour cent du butin de la bataille de Koge Bugt.
Les murs sont à l’époque gris, teinté de jaune. L’amiral Juel meurt dans son palais en 1697. L’année suivante, l’édifice est acquis par Sophie-Amalie Moth, favorite du roi Christian V, pour son fils aîné Christian Gyldenlove. Il s’agit, en réalité, d’un cadeau du roi à son fils.
Le jeune prince séjourne à la cour de Louis XIV et sert dans les armées françaises où il s’y distingue. Au retour de ses campagnes, il est nommé général et grand chambellan. Vers 1699-1700, il fait bâtir la deuxième aile sur cour et la fait décorer dans le style Louis XIV. Ayant séjourné à Versailles, il avait été influencé par l’art de cour français au point de souhaiter pour son palais un décor lui rappelant les fastes de Versailles. Il meurt en 1703.
En 1720, le fils aîné de Christian Gyldenlove et de Dorothée King rachète le palais à sa mère afin de le conserver dans la famille. A cette époque, le palais était prolongé par un important jardin, aujourd’hui disparu et loti.
Après avoir changé de mains, le palais est vendu aux enchères en 1760 au conseiller Otto Thott, secrétaire d’Etat. En 1763, Thott lance un important programme de restauration dans le palais. Pour ce faire, il fait appel à un architecte qui avait déjà acquis une réputation à Copenhague en travaillant pour la famille royale : Nicolas-Henri Jardin. Celui-ci et son frère faisaient partie d’une équipe d’artistes français arrivés à Copenhague en 1755 avec le sculpteur Gaby pour participer à l’embellissement de la cité royale : la place d’Amalienborg, la statue royale et l’église de marbre continuant la perspective.
La grande modification du palais consiste à mettre la façade au goût du jour : on passe du style baroque au style néo-classique. La bibliothèque, aujourd’hui détruite, contenait 120 000 livres. Au décès d‘Otto Thott, le palais passe à son petit neveu, le chambellan Reedz.
Les Reedtz-Thott se succèderont pendant 5 générations dans le palais, de 1785 à 1930. En 1893, à la suite d’un important incendie dans un immeuble mitoyen, le palais est menacé mais sauvé. En 1899, le baron Thott se défait des bâtiments et terrains situés à l’arrière du palais. A partir de 1910, il renonce à habiter la partie principale, louée successivement aux légations allemande, italienne, puis française en 1922.
En 1930, le palais est vendu à la France. A la suite de cette acquisition, le baron Tage Reedz-Thott de Strondegaard écrit au ministre les mots suivants: « Du moment où ma famille, bien à regret, devait se séparer de notre beau palais, c’est une réelle satisfaction pour moi de penser que c’est la France qui, à l’avenir, régnera dans cette demeure noble et altière. Je suis persuadé que le gouvernement français, mieux que quiconque, saura maintenir les traditions du palais. »
Dans les années 1920, le Mobilier National a déposé dans le palais de nombreuses oeuvres d’art : tableaux, tapisseries, meubles d’époque Louis XVI.
En 2012, la façade du palais a été rénovée. La restauration a été conduite par l’architecte en chef des Monuments Historiques, M. Frédéric Didier. Un minutieux travail d’analyse et de recherche historique a été effectué pour retrouver la couleur d’origine des badigeons utilisés au XVIIIème siècle. Ce travail minutieux a amené l’équipe de restauration jusqu’au château de Gavnø, propriété de la famille Thott, pour retrouver toutes les nuances de gris qui habillent le palais dorénavant, ainsi que la couleur de la porte principale.
La reine Margrethe de Danemark s’est rendue au palais Thott palais à trois reprises :
– Le 7 juin 1967, pour le bal donné par l’Ambassade de France en l’honneur de son mariage avec le Comte Henri de Monpezat. Plus de 600 invités s’étaient pressés autour du couple princier dans la cour intérieur du palais Thott, couverte pour l’occasion.
– En mai 1982, la reine Margrethe s’est rendue à l’Ambassade de France avec le président Francois Mitterrand, en visite à Copenhague.
– Le 26 mai 2014, la reine Margrethe, le prince Henrik et la princesse Marie de Danemark ont assisté à une réception donnée par l’Ambassade de France en l’honneur des 80 ans du Prince Consort. (Merci à Agnès pour ce reportage – Pour la partie historique : extraits de textes de Jean-Georges Lavit, Inspecteur en chef des Monuments Historiques. Photos d’Agnès du site de l’Ambassade de France au Danemark)
Palatine
27 juin 2014 @ 07:04
quel reportage intéressant ! Je me suis régalée, merci Agnès !
agnes
28 juin 2014 @ 08:19
régaler Palatine est un régal.
flabemont8
27 juin 2014 @ 10:10
Histoire pleine d’intérêt et de rebondissements ! Il en est résulté une très belle ambassade, que je voudrais bien habiter…La visite de la reine Margrethe fait honneur à ce beau bâtiment . Merci , Agnès , pour ce reportage original !
Lorenz
27 juin 2014 @ 10:19
Je trouve qu’une deuxième étage aurait rendu ce palais plus proportionné.
agnes
27 juin 2014 @ 11:01
Le plus bel édifice de la place Kongens Nytorv, selon moi.
agnes
27 juin 2014 @ 11:16
J’ignorais qu’il avait un lien avec les Reedz-Thott, qui sont les descendants des propriétaires Thott sur plusieurs générations et ont donné leur nom au Palais.
Rappel sur le château GAVNØ des Reedz-Thott :
http://www.noblesseetroyautes.com/2014/05/le-chateau-de-gavno/
agnes
27 juin 2014 @ 11:19
Article complet de l’histoire de ce palais écrit par Jean-Georges Lavit, des Monuments historiques :
http://www.ambafrance-dk.org/IMG/pdf/Livre_ambassades.pdf
Mayg
27 juin 2014 @ 11:49
Marie porte une jolie petite robe.
Danielle
27 juin 2014 @ 12:39
Merci Agnès pour ce reportage sur un beau palais.
Marie porte une belle robe.
Livia
27 juin 2014 @ 20:07
Des influences diverses dans la façade du palais qui est un bel éfidice à regarder…merci Agnès…cela fait donc longtemps que la France règne au Danemark :-)