Le pont Anitchkov à Saint Petersbourg

Pierre le Grand fit construire un pont en bois en 1715-1716 par Mikhaïl Anitchkov : malgré son allergie aux ponts, le développement de la ville l’exigeait… et il ordonna que la perspective Nevski devienne l’artère principale de Saint-Pétersbourg. Le pont en bois fut rénové à plusieurs reprises.  

La croissance de la population de la ville et de la circulation plus intense sur la Fontanka nécessita la construction d’un nouveau pont levant en pierre en 1721. Il était du type « pont à tourelles », avec quatre tourelles, comme sept autres ponts sur la Fontanka au 18è siècle… dont le pont Lomonossov 

Au 18è siècle, le pont Anitchkov servait de douane, puisque la Fontanka marquait alors la frontière de la ville. Son aspect change complètement lorsque le pont est reconstruit en brique et revêtu de granit.

Le pont actuel, en pierre à 3 arches, a été inauguré en 1842, la présence des tourelles étant devenue incompatible avec la circulation croissante sur la perspective Nevski.

De célèbres sculptures de dompteurs de chevaux sont apparues, dont l’auteur est Piotr Klodt, le sculpteur préféré de Nicolas Ier.

Le sculpteur avait commencé son travail dix ans avant la reconstruction de l’ouvrage. Au début, les sculptures des athlètes apprivoisant les chevaux devaient orner le quai devant l’Académie des Beaux-Arts. Mais on y plaça des sphinx égyptiens. Une autre projet, l’installation des sculptures de Klodt au débarcadère devant le Palais d’Hiver, ayant également été annulé, on décida de les placer sur des piédestaux au nouveau pont Anitchkov, bâti en granit rose. Chaque groupe fut coulé en 2 exemplaires, pour les 4 angles du pont. 

Elles représentent différentes étapes de l’apprivoisement d’un cheval. Le premier concerne le cheval tranquille dompté par un homme. La seconde représente un cheval qui essaie d’être désobeissant.

Le troisième est le plus dynamique des quatre, tant que le cheval s’y sent indompté, que l’homme est au sol et que l’animal fait la fête. La quatrième et dernière est la statue d’un cheval apprivoisé, tenu par l’homme

Il est intéressant de noter que, lorsque le projet a été confirmé, en 1841, deux des quatre statues du pont ont été données par Nicolas Ier au roi Frédéric Guillaume IV de Prusse (elles se trouvent maintenant à Berlin), et plus tard deux autres statues au roi Ferdinand II des Deux Siciles, à Naples.

Quelques répliques seront aussi créées pour les résidences impériales autour de St-Pétersbourg et Moscou, ainsi que dans la propriété du Comte Orlov à Strelna. Enfin, 10 ans plus tard, deux autres statues seront installées sur le pont.

Leurs hautes qualités artistiques et techniques valurent à Klodt des éloges enthousiastes. Ces quatre statues équestres et grilles en fonte ont été décrites dans les oeuvres de Pouchkine, Gogol et Dostoïevski. 

Le pont moderne a été rénové plusieurs fois. Une nouvelle consolidation du pont fut nécessaire en 1906.

Durant le siège nazi, « les chevaux de Klodt » sont enterrés dans le jardin Anitchkov, non loin du pont. Il a été décidé de ne pas réparer les marques d’obus après la guerre, pour rendre l’histoire visible. 

Néanmoins le pont vieillissait et a été rénové dans les années 1990, puis en 2007-2008. Aujourd’hui c’est un endroit idéal pour profiter de la vue sur Saint-Pétersbourg

Il n’y a pas si longtemps, les chevaux de Klodt ont été victimes d’actes de vandalisme. L’un d’eux a vu ses rênes arrachées par un inconnu. Il semblerait que quelqu’un ait voulu libérer l’animal de ses chaînes. 

La légende : Les plus célèbres chevaux de Klodt sont sur le pont Anichkov. Ils sont arrivés là un peu par hasard. Il fut un jour apporté au tsar Nicolas Ier par quelqu’un de sa suite, un cavalier en bois. Le visage du cavalier ressemblait trait pour trait à celui de l’empereur, Nicolas Ier, qui s’écria « Fantastique ! Qui est ce sculpteur de talent ? » – ‘Le baron Klodt, Votre Majesté. Un ancien lieutenant » – ‘Qu’il me taille un régiment de cavalerie ». Une première commande fut donc passée, puis une deuxième, une troisième. Jusqu’aux chevaux de bronze sur le pont. Les découvrant, le tsar se mit à plaisanter : « Hé bien, Klodt, tu réussis tes chevaux mieux qu’un étalon » . (Merci à Pistounette)