Le pont d’Arcole permet de traverser le grand bras de la Seine entre la rive droite et l’île de la Cité. Il est le premier pont sans appui sur la Seine. Le pont relie la quai de Grèves, le quai de l’Hôtel de Ville et la place de l’Hôtel de Ville sur la rive droite au quai de la Corse et le quai aux Fleurs sur l’île de la cité.
D’une longueur de de 80 mètres de portée sise entre deux culées en pierre de taille pour une largeur de 20 mètres, le pont a été réalisé par l’ingénieur Oudry en une arche unique. Sa construction dure moins de trois mois. Il a remplacé, en 1855, une passerelle suspendue de six mètres de large accessible aux seuls piétons, construite en 1828, alors qu’elle était demandée depuis le XVIIIème siècle.
On l’appelait passerelle de Grève, puisqu’elle conduisait à la place de ce nom (place de l’Hôtel-de-Ville), mais plus souvent de la Balance, du fait du balancement qui s’y produisait lorsqu’on l’empruntait. Une pile en rivière servait de base à un portique sur lequel reposaient les chaines supportant le tablier.
De part et d’autre de cette pile, les arches avaient 41 mètres d’ouverture. Dès 1850, l’administration avait prévu le remplacement de cette passerelle par un ouvrage de taille plus conséquente, dans un budget serré de 500 000 francs.
A l’origine, elle était à péage, mais ce droit avait été racheté par la ville en 1848.
On donna au nouveau pont le nom d’Arcole, non en souvenir de la victoire de Bonaparte en 1796, mais en mémoire, dit-on, du jeune homme, qui faisant partie de la colonne d’insurgés marchant sur l’Hôtel-de-Ville, fut tué sur le pont de Grève, le 28 juillet 1830, en y plantant la drapeau tricolore. « Rappelez-vous que je m’appelle Arcole » aurait-il dit en tombant.
Ce propos a dû être déformé, car il n’existe aucune victime de ce nom sur la liste de celles tombées au cours des « Trois Glorieuses » qui est inscrite sur la colonne de la place de la Bastille. En réalité, le mort du pont d’Arcole se nommait probablement Jean Fournier.
Il a d’autre part longtemps servi, d’asile de nuit aux miséreux qui avaient installé des abris dans les charpentes, sur les deux côtés
A l’époque de sa construction, ce pont est novateur, car il est le premier composé d’une seule arche en fer et non plus en fonte. L’arche se compose en effet de douze arcs en fer d’une extrême finesse. Le tablier, également en fer, est porté par des tympans métalliques reposant sur les arcs. Les garde-corps sont en fonte moulée.
L’arche de 80m de portée est quand à elle composée de 14 arcs métalliques à inertie variable. Le tablier en béton armé est connecté aux semelles supérieures des arcs.. Les arcs en fer de 80m d’ouverture sont à inertie variable de la clé aux naissances
Pourtant le 16 février 1888, le pont s’affaisse brusquement de vingt centimètres sous l’effet conjugué de l’eau et des variations de chaleur.
Il a alors été renforcé par la pose d’arcs intermédiaires sous ses trottoirs ,l’ajout de deux fermes supplémentaires, la suppression des ancrages des longerons dans les culées et un allègement du tablier. La dernière modification notable a lieu lors de la construction de la voie Georges Pompidou, la culée rive droite est évidée pour permettre le passage de cette voie.
La décoration reste relativement sobre avec principalement quatre clés angulaires aux extrémités du pont. Il attend toujours la pose des statues ou candélabres qui devaient surmonter les quatre dés placés à ses extrémités.
C’est en 1994 et 1995 que la Ville de Paris procède à la réfection complète du tablier, revoyant l’étanchéité et le repeignant. Les pièces métalliques usées ou corrodées sont remplacées.
C’est également par ce pont qu’arrivèrent sur la place de l’Hôtel-de-Ville les premiers chars du Général Leclerc lors de la libération de Paris en août 1944.
En 2012, la Ville de Paris rénove les illuminations du pont d’Arcole pour réduire de 90 % la consommation d’énergie de l’ouvrage. (Merci à Guizmo – Pour Baboula et Kalistea)
aggie
21 mars 2020 @ 07:59
Merci pour cette promenade historique sur les ponts de Paris ; si je sors indemne de l’attaque de ce fichu virus, j’irai découvrir de plus près ceux que je ne connais pas vraiment. Courage à Régine, à tous ceux qui contribuent à alimenter ce site que nous aimons, à tous les lecteurs ; prenez soin de vous.
Charlotte (de Brie)
21 mars 2020 @ 08:31
Merci encore Guizmo pour cette nouvelle visite d’un pont de Paris dont l’histoire m’était inconnue, sauf pour l’entrée des chars de la 2ème DB.
Pour ce qui est de l’anecdote de l’insurgé qui s’appellerait Jean Fournier et non Arcole, ne peut y voir une référence au tableau de Gros de 1796, Bonaparte brandissant un drapeau et ce jeune homme plantant le drapeau tricolore, le geste symbolique étant relaté par les témoins puis relayé par le bouche à oreilles ?
Baboula
21 mars 2020 @ 08:32
Alors là !!!! Cela méritait d’attendre ! D’abord pour découvrir ce pont que je ne regardais pas ,les yeux encore emplis de Notre Dame et déjà impressionnée par l’arrivée sur la monumentale Place de l’Hotel de Ville . Ce pont est sans théâtralité ,léger élégant ,parisien en somme :-)
Guizmo,votre commentaire,fouillé,intéressant le compléte parfaitement, vous êtes une très précieuse promeneuse . Permettez-moi d’y ajouter un clin d’œil. Mille mercis comme disent nos amis italiens .
Bonne journée à vous tous
https://www.google.com/search?rlz=1C9BKJA_enFR781FR781&sxsrf=ALeKk01ypyRZBy3mtLY14MvToEuLjClxfg:1584775660617&q=napoleon+au+pont+d+arcole&tbm=isch&source=univ&hl=fr&fir=_s8dOVck6uFfMM%253A%252Cw2A3KZj0FCx5kM%252C%252Fm%252F0cz8zsk%253B8Unu2y4y8OrASM%253A%252CBUx_etMbaTTBGM%252C_%253B_SYsePimKYwBdM%253A%252CBUx_etMbaTTBGM%252C_%253BsaHselTLDukG-M%253A%252CbKufa4yNAnF8PM%252C_&usg=AI4_-kSpdZfoY9l7aPJR481GwPQ06xIQhw&sa=X&ved=2ahUKEwiuqbKyhavoAhXDxIUKHWb1BzUQ420oBHoECAEQDA&biw=1366&bih=915&dpr=2#imgrc=_s8dOVck6uFfMM
Menthe
21 mars 2020 @ 14:28
Oh! Merci Baboula ! J’avais tellement aimé ce tableau, Bonaparte à la bataille d’Arcole,(en classe de troisième ou seconde ?) que je m’étais essayée à peindre son buste inspiré du tableau et avais pas trop mal réussi. J’avais complètement oublié et la peinture a dû rester dans la maison de mes parents.
Guillaume
21 mars 2020 @ 08:57
C’est beau PARIS …
Dommage que les gens et les politiques n’en prennent pas conscience et laisse la ville se dégrader par la saleté et l’insécurité
Teresa2424
21 mars 2020 @ 18:59
Gracias Guinzo,Baboula y Kalistea
REGINE ,Flia y ayudante CUÍDENSE, GRACIAS POR SU VALIOSO ESFUERZO
Antoine
21 mars 2020 @ 10:39
Des petits ponts aussi intéressants que les gros. Je regrette la construction initiale, bien pittoresque mais évidemment peu adaptée aux camions.
Pierre-Yves
21 mars 2020 @ 12:34
Cette série d’articles de Guizmo me fait réaliser
1) que j’emprunte (ou plutot j’empruntais) ces ponts sans quasiment prêter attention à eux, sans les regarder.
2) qu’ils sont très nombreux. Je me demande s’il y en a autant dans les autres capitales traversées par un fleuve.
J’ai un faible pour le dernier né, qui est piétonnier, le pont Simone de Beauvoir, reliant la bibliothèque François Mitterrand au Parc de Bercy. Ses courbes sont très gracieuses.
Gérard
22 mars 2020 @ 19:08
Merci pour tous ces ponts Guizmo.
Gérard
23 mars 2020 @ 18:44
Merci encore Guizmo.
Il y a du mystère en ce qui concerne ce jeune assaillant. Selon les dessins de Charlet, et d’autres, il est souvent représenté avec un drapeau tricolore notamment dans les Scènes mémorables des journées de juillet.
Des combattants vont de la Cité à la place de Grève aujourd’hui place de l’Hôtel-de-Ville pour s’emparer du pont appelé à l’époque de la Grève. Leur objectif est l’hôtel de ville.
La garde royale et la garde suisse sont amassées sur la place de Grève et tirent sur les assaillants. Un jeune homme est monté sur l’arche du pont avec un drapeau tricolore à la main et il encourage les manifestants. La scène a été représentée plusieurs fois avec des variantes.
Avec son drapeau tricolore il est frappé à mort et il meurt après avoir dit : « Je m’appelle Arcole ! Vengez-moi ! ».
Ou bien il meurt en plantant un tricolore sur le pont et en criant : « Rappelez-vous que je m’appelle Arcole (ou d’Arcole) ».
Ou bien on nous explique que le 28 juillet 1830 un dénommé Durocher (d’Arcole) ou Jean Fournier qui est jeune, s’élance sur la chaussée du pont à la tête d’une colonne, arborant un drapeau tricolore à la main, il
dit : « Mes amis si je meurs souvenez-vous que je me nomme Arcole. »
Ou bien il aurait dit : « Si je succombe donnez mon nom à ce pont. Je m’appelle d’Arcole. Cela nous portera bonheur ».
Le nom d’Arcole ne figure pas parmi les 504 de la Colonne de Juillet. C’était peut-être un sobriquet et il y a eu plus de morts que cela certainement. Mais comme l’épisode était connu il est surprenant que le nom ne soit pas inscrit.
On a dit également qu’il s’élança avec son drapeau à la main en criant : « Comme à Arcole ! »
Il aurait eu 14 ans et la plupart des versions disent qu’il s’appelait Jean Fournier.
Outre par Charlet et d’autres dessinateurs l’épisode est reproduit par Eugène Delacroix, qui était à Paris à l’époque, dans un dessin. On connaît également un tableau d’Amédée Bourgeois qui est au Musée du château de Versailles et un tableau d’Horace Vernet. Casimir Delavigne dans Une semaine de Paris consacre à l’épisode un poème.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b54001220c.item
Sur une lithographie de Pierre Langlumée, Deroy et Victor Adam conservée à la Bibliothèque nationale de France nous voyons le portrait de Jean Fournier au-dessous d’une vue du Pont de la Grève au coin de l’île St.Louis avec l’inscription :
« Jean Fournier arbora au matin le drapeau sur l’hôtel de ville et quelques heures après précéda le brave Arcole en déployant l’étendard de la liberté sur l’Arcade du Pont dit Arcole. »
Dans cette version on sépare Jean Fournier du jeune homme.
On le voit les versions sont très différentes les unes des autres, la représentation même du jeune homme, parfois un ouvrier, parfois un bourgeois, son âge, 14 ou 20 ans, sa profession, peut- être apprenti chez un serrurier, tout cela est complexe. Dès 1830 des voix mettent en doute l’épisode voire l’existence d’Arcole.
Voir : 1830. Le peuple de Paris : Révolution et représentations sociales, par Nathalie Jakobowicz aux Presses universitaires de Rennes. 2009.
Il semble bien en revanche que le dénommé Jean Fournier ait planté sur l’hôtel de ville le 28 juillet un drapeau noir et un drapeau tricolore. Mais il n’est pas mort puisque la gravure a été éditée pour subvenir à ses besoins.
Jean Fournier en fait est mort en mai 1839 dans la tentative d’insurrection de la Société des saisons de Blanqui, Barbès et Bernard : on a pu voir à ce moment-là à la morgue le corps de Jean Fournier, ouvrier couvreur qui avait été remarqué à l’hôtel de ville en 1830 avec son drapeau. Le fait est rapporté par L’Ami de la religion du 21 mai 1839 qui indique que Jean Fournier après être tombé d’un toit avait dû être amputé de la jambe gauche, et il était devenu décrotteur au pont du Change. Il avait été décoré pour son exploit d’avoir fait flotter sur l’une des tours de Notre-Dame est-il dit, le drapeau tricolore, de la Médaille de Juillet.