Bien sûr tous les objets exposés ont été donnés. Les égyptiens n’en faisaient rien ,ou bien ils les concassaient pour faire des quais le long du Nil ou des routes . Les Musées européens ont sauvé ces œuvres.
Bernardino Drovetti, à la suite de Ferdinand de Lesseps, fut le consul permanent en poste en Egypte pour le gouvernement français (entre 1803 et 1830) après avoir été avocat et militaire. Dès 1803, il collecte de nombreux objets égyptiens aidé en cela par son ami Mehemet Ali. Il met en vente à Alexandrie sa collection de 5.300 objets. Il contacte le gouvernement français qui y renonce, la somme demandée étant jugée trop élevée par le roi Louis XVIII. Il la vend, finalement, pour 400.000 lires piémontaises (à l’époque, une somme exorbitante) au roi de Sardaigne Charles-Félix, le 23 janvier 1824 qui installe à Turin le premier musée égyptien au monde dans le Collège des Nobles de 1679. Champollion, qui en élabora le catalogue et étudia les 170 papyrus récemment acquis pendant neuf mois disait : « la route de Memphis et Thèbes passe désormais par Turin ».
En Égypte ou ailleurs, toutes ces oeuvres seraient effectivement détruites pour réaliser des pavements, des bâtiments, etc. Ou par la guerre. C’est pour cela qu’il ne faut absolument pas restituer, comme d’aucun le demande, les objets d’art présents dans les musées. La plupart, dûment offerts.
Même chose en Italie où les sites antiques servaient de carrière. Pourquoi croyez-vous qu’il manque des pierres au Colisee ? Le Théâtre Marcellus a servi à construire le Pont de Cestius.
Mon propos met en avant la nécessité d’action protectrices du patrimoine. Les pays européens ont pris plus rapidement conscience de cet impératif mais la question a toujours été mondiale.
Gab-Pnth, je suis d’accord avec vous (ça arrive !).
Au Musée de l’hospice Saint-Roch à Issoudun (Indre), il y a une salle où sont exposées des collections ethnographiques de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui étaient des cadeaux offerts aux missionnaires des Sacrés-Coeurs d’Issoudun. En espérant qu’elles ne seront pas convoitées par un certain musée.
Bénédicte Savoye est une brillante (et très aimable) professeur d’une université de Berlin qui nous donnait des conférences passionnantes au Collège de France. Emmanuel Macron lui avait demandé, en 2018, un rapport sur la restitution du patrimoine de l’Afrique. Je ne l’ai pas lu mais je crois avoir compris qu’elle y était, avec son collègue Felwine Sarr, professeur d’économie à Saint-Louis du Sénégal, favorable.
En ce qui concerne les peintures qui se trouvent à l’Accademia de Venise, un officiel vénitien disait : « L’ère napoléonienne a fait prendre conscience aux Vénitiens de leur formidable patrimoine. Venise doit beaucoup à l’institution – napoléonienne – de la Gallerie dell’Accademia [installé en 1807 dans la Scuola Grande de Santa Maria della Carita] et à la concentration d’inestimables œuvres ». Loin de moi l’idée de critiquer les Italiens.
Dès lors que l’on peut établir que les oeuvres ont été volées, je ne suis pas opposée à se poser la question, en considérant néanmoins son devenir. Si la restitution débouche tôt ou tard sur la destruction, faute pour les « propriétaires légitimes » d’en connaître la valeur artistique et culturelle, je n’y suis pas favorable, par anticipation. À l’inverse, pourquoi pas ?
Il ne faut pas virer dans les extrêmes, néanmoins il faut admettre que beaucoup d’oeuvres majeures, originaires de ces pays, se trouvent en Europe ou aux USA. Il faut questionner leur circuit pour arriver là, mais aussi ce qu’elles seraient devenues si elles étaient restées dans leur jus. Et finalement, c’est la réponse à cette seconde question qui doit présider à la décision de rendre, ou garder.
Un Egyptien dont j’ai oublié le nom, étant ruiné, proposa sa magnifique collection (à titre onéreux, pas gracieux) au roi de France (Louis XVIII) . Le Cabinet du roi refusa cet achat et le roi de Sardaigne plus malin sauta sur l’occasion, offrant à sa capitale, le magnifique musée « Egizio » de Turin. Les Français avaient raté le coche. Il y a un département égyptien au Louvre, et je crois que c’est au temps de Louis Philippe que des achats eurent lieu. Mais je sais avec certitude que par bêtise, ou négligence, les Français ratèrent le coche sous la Restauration.
Mais je suis sûr que Passiflore nous donnera les détails et les dates. Car c’est toujours mieux d’étayer mes propos un peu flous. Elle nous donnera peut-être le ou les noms des andouilles qui firent avorter cette offre d’achat.
Presto, je ne pense pas que Pistounette continue à lire le site mais (je ne la connais pas du tout) c’est aimable à vous de lui rendre hommage, si je puis dire, car, bien qu’ayant une activité professionnelle), elle faisait des recherches très sérieuses sur les sujets qu’elle proposait (quand on a plusieurs sources on n’a pas la place de les citer). Et surtout elle ne manifestait aucune agressivité envers qui que ce soit, ce qui n’est pas fréquent sur le site.
Lucia
23 novembre 2024 @ 09:01
Bien sûr tous les objets exposés ont été donnés. Les égyptiens n’en faisaient rien ,ou bien ils les concassaient pour faire des quais le long du Nil ou des routes . Les Musées européens ont sauvé ces œuvres.
Passiflore
23 novembre 2024 @ 09:42
Bernardino Drovetti, à la suite de Ferdinand de Lesseps, fut le consul permanent en poste en Egypte pour le gouvernement français (entre 1803 et 1830) après avoir été avocat et militaire. Dès 1803, il collecte de nombreux objets égyptiens aidé en cela par son ami Mehemet Ali. Il met en vente à Alexandrie sa collection de 5.300 objets. Il contacte le gouvernement français qui y renonce, la somme demandée étant jugée trop élevée par le roi Louis XVIII. Il la vend, finalement, pour 400.000 lires piémontaises (à l’époque, une somme exorbitante) au roi de Sardaigne Charles-Félix, le 23 janvier 1824 qui installe à Turin le premier musée égyptien au monde dans le Collège des Nobles de 1679. Champollion, qui en élabora le catalogue et étudia les 170 papyrus récemment acquis pendant neuf mois disait : « la route de Memphis et Thèbes passe désormais par Turin ».
Gab-Pnth
23 novembre 2024 @ 17:40
En Égypte ou ailleurs, toutes ces oeuvres seraient effectivement détruites pour réaliser des pavements, des bâtiments, etc. Ou par la guerre. C’est pour cela qu’il ne faut absolument pas restituer, comme d’aucun le demande, les objets d’art présents dans les musées. La plupart, dûment offerts.
Lucia
24 novembre 2024 @ 10:23
Même chose en Italie où les sites antiques servaient de carrière. Pourquoi croyez-vous qu’il manque des pierres au Colisee ? Le Théâtre Marcellus a servi à construire le Pont de Cestius.
Gab-Pnth
28 novembre 2024 @ 18:14
Oui, en Italie.
Cela s’est également fait en France.
Mon propos met en avant la nécessité d’action protectrices du patrimoine. Les pays européens ont pris plus rapidement conscience de cet impératif mais la question a toujours été mondiale.
Passiflore
24 novembre 2024 @ 13:55
Gab-Pnth, je suis d’accord avec vous (ça arrive !).
Au Musée de l’hospice Saint-Roch à Issoudun (Indre), il y a une salle où sont exposées des collections ethnographiques de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui étaient des cadeaux offerts aux missionnaires des Sacrés-Coeurs d’Issoudun. En espérant qu’elles ne seront pas convoitées par un certain musée.
Bénédicte Savoye est une brillante (et très aimable) professeur d’une université de Berlin qui nous donnait des conférences passionnantes au Collège de France. Emmanuel Macron lui avait demandé, en 2018, un rapport sur la restitution du patrimoine de l’Afrique. Je ne l’ai pas lu mais je crois avoir compris qu’elle y était, avec son collègue Felwine Sarr, professeur d’économie à Saint-Louis du Sénégal, favorable.
En ce qui concerne les peintures qui se trouvent à l’Accademia de Venise, un officiel vénitien disait : « L’ère napoléonienne a fait prendre conscience aux Vénitiens de leur formidable patrimoine. Venise doit beaucoup à l’institution – napoléonienne – de la Gallerie dell’Accademia [installé en 1807 dans la Scuola Grande de Santa Maria della Carita] et à la concentration d’inestimables œuvres ». Loin de moi l’idée de critiquer les Italiens.
Gab-Pnth
28 novembre 2024 @ 18:17
Dès lors que l’on peut établir que les oeuvres ont été volées, je ne suis pas opposée à se poser la question, en considérant néanmoins son devenir. Si la restitution débouche tôt ou tard sur la destruction, faute pour les « propriétaires légitimes » d’en connaître la valeur artistique et culturelle, je n’y suis pas favorable, par anticipation. À l’inverse, pourquoi pas ?
C’est un difficile débat.
Esquiline
24 novembre 2024 @ 14:30
D’autant que les musées des pays qui dans l’Antiquité n’ont donné naissance à aucune civilisation seraient bien vides!
Gab-Pnth
28 novembre 2024 @ 18:18
Oui, je suis d’accord.
Laure-Marie Sabre
24 novembre 2024 @ 18:27
Bien sûr. D’ailleurs, tout ce que contiennent les musées du Caire, de Louxor, de Sharm, d’Alexandrie n’est que poussière et copie.
Gab-Pnth
28 novembre 2024 @ 18:20
Il ne faut pas virer dans les extrêmes, néanmoins il faut admettre que beaucoup d’oeuvres majeures, originaires de ces pays, se trouvent en Europe ou aux USA. Il faut questionner leur circuit pour arriver là, mais aussi ce qu’elles seraient devenues si elles étaient restées dans leur jus. Et finalement, c’est la réponse à cette seconde question qui doit présider à la décision de rendre, ou garder.
Malthus
23 novembre 2024 @ 10:07
Un Egyptien dont j’ai oublié le nom, étant ruiné, proposa sa magnifique collection (à titre onéreux, pas gracieux) au roi de France (Louis XVIII) . Le Cabinet du roi refusa cet achat et le roi de Sardaigne plus malin sauta sur l’occasion, offrant à sa capitale, le magnifique musée « Egizio » de Turin. Les Français avaient raté le coche. Il y a un département égyptien au Louvre, et je crois que c’est au temps de Louis Philippe que des achats eurent lieu. Mais je sais avec certitude que par bêtise, ou négligence, les Français ratèrent le coche sous la Restauration.
Mais je suis sûr que Passiflore nous donnera les détails et les dates. Car c’est toujours mieux d’étayer mes propos un peu flous. Elle nous donnera peut-être le ou les noms des andouilles qui firent avorter cette offre d’achat.
Agnese
23 novembre 2024 @ 10:08
Je vous recommande de venir visiter ce magnifique musée.
Nicolette
23 novembre 2024 @ 10:54
J’ai visité ce musée il y a quelques annees et j’ai été étonnée de n’y voir aucune antiquité de la période Akhenaton.
Presto
23 novembre 2024 @ 21:03
http://www.noblesseetroyautes.com/carte-postale-du-musee-egizio-de-turin-1ere-partie/
http://www.noblesseetroyautes.com/carte-postale-du-musee-egizio-2eme-partie-et-fin/
Pistounette avait fait un reportage sur ce magnifique musée
Robespierre
24 novembre 2024 @ 09:19
Comme disait Rose Bertin, la couturière de Marie-Antoinette, « il n’y a de nouveau que ce qui a été oublié ». Merci Presto de rappeler ces articles.
Passiflore
24 novembre 2024 @ 12:53
Presto, je ne pense pas que Pistounette continue à lire le site mais (je ne la connais pas du tout) c’est aimable à vous de lui rendre hommage, si je puis dire, car, bien qu’ayant une activité professionnelle), elle faisait des recherches très sérieuses sur les sujets qu’elle proposait (quand on a plusieurs sources on n’a pas la place de les citer). Et surtout elle ne manifestait aucune agressivité envers qui que ce soit, ce qui n’est pas fréquent sur le site.
Natouchka
25 novembre 2024 @ 00:46
Merci, très intéressant !