Après la peinture classique favorisée par l’Académie impériale des beaux-arts fondée en 1757, le réalisme s’est imposé en Russie sous le règne d’Alexandre II, qui par oukase a allégé le système de censure en 1865. Les réalistes peignent des paysages, des portraits de leurs contemporains ou des scènes historiques. D’autres artistes se focalisent sur la critique sociale et politique en Russie, montrant la condition des pauvres, les inégalités ou la souffrance humaine. Dans le sillage de l’abolition du servage en 1861 par le tsar Alexandre II, les artistes tentent de réveiller les consciences et changer la société.
Le collectionneur Tretiakov, collectionneur et fondateur de la Galerie Tretiakov, a été l’un de leurs mécènes. Il acheta de nombreuses toiles des réalistes russes malgré les polémiques. Pavel Tretiakov rejetait le réalisme pompeux : ‘ je n’ai besoin ni d’une riche nature, ni d’une composition splendide, ni d’un effet d’éclairage, je ne veux aucun miracle : donnez moi même une flaque d’eau sale, pourvu qu’elle reflète la vérité, la poésie…’. (Merci à Agnès pour ce reportage). Ci-dessus, le tableau : ‘Mariage inégal’ du peintre Pukirev, 1862.
Tableau : ‘Arrivée d’une gouvernante dans la maison du marchand’ du peintre Pukirev, 1866
Tableau: ‘Troika’, du peintre Perov, 1866
Tableau : ‘Réparation des rails’ du peintre Savitsky, 1874
Tableau : ‘Les vaincus, Requiem’, du peintre Vereshchagin, 1879
June
23 février 2015 @ 07:26
Merci à Agnès et à Tretiakov :) !
Ces peintures sont certainement l’équivalent des reportages photos actuels, une manière de « voir » ce qu’était la société russe il y a 150 ans.
Lucie B.
23 février 2015 @ 08:10
Ces tableaux sont particulièrement émouvants dans ce qu’ils représentent : le regard glaçant du vieux barbon sur la fraîche jeune fille qu’il s’offre, la soumission de la gouvernante devant ses maîtres qui la jaugent du haut de leur supériorité, les enfants qui triment dans la neige… C’est triste mais très beau.
Elsi
23 février 2015 @ 08:20
J’ose espérer pour la jeune dame que le monsieur à sa gauche n’est pas le futur époux … quelle horreur ….
Dame Tartine
23 février 2015 @ 09:47
Si le marié est le vieillard à droite de cette belle jeune fille, oui, c’est un mariage inégal. Question âge. On aimerait connaître l’histoire derrière. Est-elle pauvre et noble et lui vieux et riche ? Est-il noble et riche et elle roturière et pauvre ? Il la regarde avec un air de surveillant de pensionnat, et elle baisse les yeux. Elle semble résignée.
J’aime bien l’arrivée de la gouvernante, l’air humble et soumis chez le riche marchand avec un gros ventre et des bottes. Des bottes dans sa maison. On aimerait savoir comment ça s’est passé après et si les enfants étaient commodes.
Lorenz
23 février 2015 @ 11:10
Un genre de peintures que j’aime beaucoup, même si, certes, elles provoquent souvent des pensées tristes.
Le titre de la première peinture « mariage inégal » est très évocateur: l’inégalité d’origine sociale, mais aussi d’âge, de beauté, de pureté..
Francine du Canada
23 février 2015 @ 11:36
Impressionnant! J’aime bien la « Troïka » dans laquelle on peut sentir l’effort; c’est d’un réalisme… FdC
Blouin
23 février 2015 @ 12:08
Tableaux d’un grand réalisme qui montrent la vie quotidienne en Russie. C’est très beau.
flabemont8
23 février 2015 @ 12:24
C’est beau et triste à la fois …la condition des pauvres, jeune fille , enfants , gouvernante …qui n’ont d’autre choix que l’acceptation de leur sort face à la morgue des grands .
Corsica
23 février 2015 @ 16:58
Flabemont, tout à fait d’accord avec votre commentaire . La réalité non idéalisée fait parfois froid dans le dos et malheureusement ce qui est représenté ici est toujours d’actualité : dans le monde, aujourd’hui, on marie encore de très jeunes filles à des barbons et des enfants de 7-8 ans travaillent encore dans des conditions dignes des pires romans de Zola . Merci Agnès pour cet article fort intéressant et bien illustré .
HS, Flabemont vous avez deux messages dans l’article sur la Villa Altachiara . Cordialement .
flabemont8
24 février 2015 @ 15:29
Merci, Corsica, je m’y rends , il est vrai que je retourne assez peu en arrière !
Patricia C
23 février 2015 @ 12:48
Très beau reportage, très bien documenté. Merci beaucoup Agnès.
Cosmo
23 février 2015 @ 15:35
Pauvre gouvernante, probablement française ! On imagine, à voir la tête de ses employeurs, que sa situation ne sera pas facile au sein de cette famille de parvenus.
COLETTE C.
23 février 2015 @ 15:59
Très belles peintures, représentatives de la société russe de cette époque.
Camille Gilbert
23 février 2015 @ 17:18
Splendides tableaux que vous nous présentez, l’équivalent artistique de Dostoyevsky, Tolstoy et Nekrasof. J’aime beaucoup Troika, le courage et la dignité des enfants, la loyauté familiale (y compris du chien), une certaine fatalité, mais aussi le désir de survivre , un beau trio de ‘fighters’. « La Réparation des rails » traduit bien le rythme du travail dans l’extrême pauvreté, le désordre dans l’ordre ou vice-versa, et comme toujours, l’effort et la peine physiques exploitables à merci. « Les Vaincus, Requiem » est presque un tableau sacré, toutes ces âmes déjà transfigurées gisant sur le sol sous une lumière quasi-surréelle et le contraste avec les deux hommes verticaux bien vivants (pensant on espère à la folie humaine?). Quant au « Mariage inégal », derrière la satire sociale se profile la caricature dans les visages des personnages grotesques, sur le côté, dessinés comme Daumier. Ces tableaux me donnent envie d’en savoir plus, merci Régine et Agnès.
Claude-Patricia
23 février 2015 @ 21:56
Merci Agnès, je ne connaissais pas du tout cela.
Alexandra
23 février 2015 @ 23:34
C’est bien que des tableaux existent comme ça.