Le prince Michel de Grèce présente un site internet où il a commencé à mettre en ligne des archives familiales et des lieux coups de coeur dans le seul objectif de partager ces moments de l’Histoire. Fils du prince Christophe de Grèce et de la princesse Françoise d’Orléans, le prince dont les livrs et biographies connaissent un grand succès auprès d’un lectorat passionné par sa manière de manier la plume et de narrer les récits, est apparenté à tout le Gotha. Vous y découvrirez des moments à la Cour royale de Grèce (ci-dessus le roi George II avec son frère le prince héritier Paul et son épouse la princesse héritière Frederika) ou encore des photos de la famille de France puisque la mère du prince Michel, la princesse Françoise était la sœur du comte de Paris.
Sur cette photo, le comte et la comtesse de Paris pratiquant l’équitation en forêt. Pour en savoir plus, cliquez ici pour consulter le site personnel du prince Michel de Grèce. (Copyright photos : site du prince Michel de Grèce)
DEB
11 novembre 2014 @ 08:01
Quelle bonne idée de nous ouvrir son album de famille !
Les photos et les anecdotes sont très intéressantes.
J’ai lu plusieurs livres du Prince Michel de Grèce et je suis ravie de son initiative.
À n’en pas douter, ce site va connaître un grand succès.
dagobert 1er
11 novembre 2014 @ 12:21
Juste génial!
et en plus de la sobriété de l’humour (épisode du « 14 juillet » grec entre autres)
Sylvie-Laure
11 novembre 2014 @ 08:20
Regardez, Madame monte en amazone ! Quelle allure pour une dame, et là on ne peut nier que Madame avait une très belle allure sportive, et toujours dans la vie quotidienne.
Gérard
11 novembre 2014 @ 09:55
Oui splendide instantané de princes cavaliers.
Sylvie-Laure
11 novembre 2014 @ 08:23
Dans sa vie quotidienne, et ses heures de mondanités, Madame avait une classe innée, je me suis peut être mal exprimé, plus haut dans la dernière partie de ma phrase.
Zeugma
11 novembre 2014 @ 09:30
Toutes les familles royales – et toutes les grandes familles en général – devraient imiter l’initiative de Michel de Grèce.
Pierre-Yves
11 novembre 2014 @ 09:52
Il faut remercier le prince Michel de Grèce de mettre ces archives à la disposition du public qui peut ainsi faire des découvertes passionnantes, notamment d’un point de vue historique.
Et j’ajoute qu’il n’est nul besoin, puisqu’ici, cette précision a toujours une résonance sensible, d’être un supporter de la famille d’Orléans pour apprécier la richesse de cet apport.
Gérard
11 novembre 2014 @ 09:54
On y retrouve toute l’élégance du prince Michel, son souci du beau, son humour, sa soif de découvertes et des photos souvent inédites et d’autres que l’on avait pu voir dans ses deux albums sur les Orléans l’un en français, l’autre en anglais. Mais aussi ses voyages.
corentine
11 novembre 2014 @ 17:49
Merci Régine et merci surtout au prince Michel
j’aime ce prince et sa famille
corentine
11 novembre 2014 @ 20:17
le site du prince Michel de Grèce est superbe.
Sa mère la princesse Françoise était vraiment une très belle femme et le prince Christophe de Grèce avait beaucoup de charme. J’ai beaucoup aimé les mémoires du prince Christophe de Grèce et je suis toujours à la recherche du livre du prince Michel « Ma sœur l’histoire »
Juliette
11 novembre 2014 @ 21:43
Très intéressant. C’est une très bonne idée que d’avoir créé ce site, je vais le consulter.
Claude-Patricia
14 novembre 2014 @ 18:35
La Grèce vue par l’Illustration -Après abdication du roi Constantin et la montée sur le trône d’Alexandre-
La maladie du roi de Grèce (23 octobre 1920)
Il y a moins d’un mois, la Grèce célébrait magnifiquement à Athènes, ses fêtes de la victoire au cours desquelles une couronne d’or fut offerte en hommage d’admiration et de reconnaissance à M. Venizelos par les municipalités du royaume hellénique agrandi. (Crée par un orfèvre français, M. Falize). Il y eut une cérémonie grandiose au Stade, le 27 septembre, lorsque le jeune roi Alexandre, entre le président de la Chambre, M. Sophouli et le chef de gouvernement, M. Venizélos, passa devant les gradins, salué par 200 000 spectateurs enthousiastes, par 50 archimandrites, par des chœurs religieux et des fanfares militaires. Sur ces heures inoubliables et sur les fêtes qui suivirent, un correspondant d’Athènes, M.S. Protonotarios nous a transmis les détails les plus émouvants et nous a dit combien fut réussie cette apothéose en trois journées au cours desquelles, auprès de son grand premier ministre, le jeune souverain connut les joies les joies d’une toute neuve mais très réelle popularité. Ces joies, ces fêtes étaient d’hier, et dès le lendemain, un accident stupide et qui eût été burlesque s’il n’avait dû avoir de si douloureuses conséquences, plongeait la Grèce dans la tristesse et l’inquiétude. Le roi Alexandre, en voulant défendre un de ses chiens favoris contre les attaques d’une guenon de sa ménagerie de Tatoi(y, mes trémas sont toujours aussi récalcitrants) était mordu lui-même cruellement par la bête en fureur. La plaie s’envenima très vite et provoqua une infection généralisée qui a mis presque aussitôt les jours du souverain en danger. En raison de cet état critique, un éminent praticien français, le professeur Ferdinand Widal, a été appelé au palais.
Il pratiqua, dès son arrivée, une autovaccination, ou injection au malade de son propre sérum sanguin, opération hardie, dont on use dans les cas d’empoisonnement du sang et qui provoque dans l’organisme la formation d’anticorps, susceptibles de neutraliser l’action des toxines. L’état du souverain n’en demeure pas moins alarmant, à l’heure actuelle, où un chirurgien français, le professeur Delbet, vient à son tour d’être mandé d’urgence à Athènes, pour une opération jugée indispensable.
Le roi de Grèce sera-t-il sauvé? La gravité de la situation oblige en tout cas les hommes d’Etat de la Grèce et de l’Entente à prévoir toutes les éventualités. On se trouve à la veille des élections helléniques. M. Venizélos a donné un nouveau témoignage de son libéralisme en laissant rentrer en Grèce des notables proscrits et agitateurs, ses ennemis personnels qui mènent activement déjà leur campagne électorale. Les Constantiniens s’agitent s’ agitent plus que jamais. M. Venizélos a témoigné son peu de soucis de s’assurer la continuité du pouvoir personnel en faisant imprimer qu’en cas d’évènement fatal un régiment provisoire serait désigné qui serait peut-être l’amiral Coundouriotis. Le prince grec appelé à succéder au roi Alexandre serait constitutionnellement son cadet, le prince Paul, à défaut duquel, au cas où on se heurterait à des résistances de la part de l’ex-roi Constantin et de sa famille réfugiée à Lucerne, la dynastie entière de ce roi serait déclarée déchue. Et la Grèce, en ce cas, ou bien adopterait un régime républicain, ce qui est peu prévu, ou bien, ce qui est le plus probable, demanderait aux puissances protectrices de sa Constitution, de l’aider à se choisir, dans les familles princières amies de l’Entente, un nouveau roi.
A suivre…
Claude-Patricia
15 novembre 2014 @ 18:03
Bonjour à tous,
Suite sur le royaume de Grèce et le décès subit du roi Alexandre.
Athènes a fait au roi Alexandre de magnifiques funérailles. A ce petit roi dont la frêle personnalité s’effaça avec une correction toute constitutionnelle devant la personnalité puissante de son grand premier ministre, l’histoire saura gré précisément
de n’avoir pas eu d’histoire. Il lui aura suffi d’avoir accepté de perpétuer une tradition, jugée nécessaire en son pays, d’être demeuré un symbole vivant d’ordre et d’union en des temps à la fois heureux et difficiles, et d’avoir laissé autour de son trône les hommes de bonne volonté faire une plus grande Grèce pour que le souvenir de son nom et de sa physionomie sans ombre reste cher à son peuple. D’ailleurs les circonstances intimes de son avènement et de son règne bref lui avait conquis le cœur de ceux qui ne font pas de politiques et qui sont, en chaque pays, le plus grand nombre. On s’en est bien aperçu aux larmes de la foule des humbles qui, pendant toute une froide journée d’automne, a défilé dans la chambre blanche, si simple, où près du corps du corps du roi revêtu de son plus bel uniforme, une veuve qui n’était point reine, une jeune femme accablée de fatigue et de désespoir, pleurait sur ce dénouement brutal et imprévu de son roman d’amour.
M. Venizélos et tous les ministres ont tenu à présenter officiellement l’hommage de leur respect à Mme Aspasie Manos, qu’une loi entrée en vigueur le 1er octobre dernier a déclaré la femme légitime du roi en dépit du fait que le mariage avait été célébré sans l’accomplissement des formalités légales. « Le peuple grec, sensible aux beaux dénouements, disait le président du Conseil à un de nos confrères, M. André Tudesq, a appris à honorer et à admirer celle qui est non point la reine, mais la femme du roi. » Situation étrange et qu’il eût bien fallu achever de régulariser constitutionnellement dès qu’il eût été déclarée la première maternité assurant la continuité dynastique. La reine Olga, la grand mère du roi Alexandre arrivée trop tard pour assister aux derniers moments de son petit-fils a été reçue dans la chambre funèbre par Mme Aspasie Manos, et la vieille reine a longuement serré dans ses bras la veuve sans couronne qui s’inclinait pour lui baiser la main.
Le vendredi 29 octobre, les obsèques ont été célébrées à Athènes, pavoisée de deuil, au milieu d’une immense foule recueillie . Conformément aux dernières volontés du roi, son corps fut amené du château sur son automobile préférée que conduisait un ami fidèle et désolé, le lieutenant Metaxás. Une grand croix d’or précédait le cortège où en des voitures closes aux lanternes voilées, on reconnaissait les membres du gouvernement, la reine Olga, Mme Manos.
A la cathédrale, le métropolite d’Athènes, assisté de vingt prélats et d’une centaine de prêtres, célébra le service funèbre en présence du nouveau régent, l’amiral Coundouriotis, du prince Alexandre de Serbie, du prince héritier de Suède et des missions diplomatiques. Après quoi le cortège défila dans les rues d’Athènes et s’arrêta devant l’école polytechnique, d’où le corps fut ramené au palais pour y être inhumé aux côtés du roi Georges, le premier de la dynastie.
Cette dynastie continuera-t-elle de régner en Grèce? En même temps que l’amiral Coundouriotis était élu régent à la presque unanimité des voix de la Chambre, rappelée pour la circonstance, M. Venizélos invitait officiellement le prince Paul à recueillir la succession de son frère défunt. Le jeune prince a répondu par une déclaration rédigée par l’entourage du roi déchu, à Lucerne, où il était dit qu’il n’accepterait le trône que si le peuple grec manifestait sa volonté d’en exclure l’ex-roi Constantin et son fils aîné l’ex-diadoque Georges. En réponse à cette manifestation de la petite Cour exilée, le président du Conseil hellénique n’a pas hésité à déclarer, que si elle ralliait à sa thèse les partis d’opposition de façon à provoquer une agitation dans l’Etat, il n’hésiterait pas à considérer que la question de la couronne, dès maintenant ouverte, pourrait recevoir une autre solution dynastique.
Le retour du roi Constantin à Athènes (8 janvier 1921).
Un de nos correspondants d’Athènes, nous adresse, sur le retour du roi Constantin en sa capitale, les notes pittoresques et vivantes qui suivent. Que ce retour de Constantin ait été accueilli par un grand enthousiasme populaire est un fait. Que les Grecs aient l’enthousiasme facile et contradictoire est un autre fait. Il y a peu de semaines, d’autres exaltations se manifestaient autour de Venizelos couronné d’or par tous les maires de l’Hellade, et aussi quelques jours plus tard autour du cercueil du jeune roi Alexandre. Nous nous étonnons beaucoup plus que les grecs eux-mêmes d’entendre parler de leur roi, dans sa proclamation, parler de sa « vaillante alliée, la Serbie », si parfaitement abandonnée et trahie par le gouvernement personnel de Constantin pendant la guerre. Notre rôle d’informateurs est d’enregistrer les évènements à mesure qu’ils se produisent et de conserver, autant que possible pour l’histoire, la vision de ces évènements.
La correspondance que nous publions ci-dessous témoigne de la popularité redevenue toute neuve du roi Constantin, comme d’autres informations, venues de Grèce à d’autres dates en 1897 et en 1909 , disaient la violente hostilité populaire et militaire contre le diadoque Constantin obligé de faire des séjours d’étude hors de son pays sans que la France ou l’Angleterre ait eu à conseiller cette mesure. D’autres lettres de notre correspondant d’Athènes nous révèlent les très grandes inquiétudes financières du royaume, privé des subsides de la France et de l’Angleterre. Les évènements de Grèce se lient aux évènements actuels d’Orient, si graves, et les manifestations qui ont accueilli le roi, revenu à Athènes contre la volonté de l’Entente, ne sont pas pour éclairer ni pour simplifier la partie très complexe et très confuse qui se joue en ce moment dans le Levant.
Athènes, le 10 décembre
Lorsque le croiseur Avéroff, qui avait pris à bord, à Venise, le roi Constantin et sa famille pénétra dans les eaux territoriales grecques, une violente tempête sévissait dans la mer Ionnienne. Aussi dut – il entrer dans le golf de Corinthe au lieu de contourner le Péloponèse. Cette tempête parut à certains de mauvaise augure pour la Grèce. Mais bientôt, l’accueil d’Athènes au roi Constantin dissipa cette impression.
Le train spécial amenant de Corinthe la famille royale fit son entrée dans la gare de Laurium à 11h20 du matin. Mille et trois jours s’étaient écoulés depuis le départ du roi Constantin qui, sommé le 11 juin 1917, par M. Jonnart, haut commissaire des puissances protectrices, de quitter le trône et la Grèce, s’était embarqué discrètement pour l’exil, le surlendemain à Oropos. Les Athéniens ou plus exactement cette majorité des six dixièmes qui vota, le 14 novembre contre M. Venizélos, considéraient, depuis lors, le roi comme un « martyr ». Ainsi son retour fut-il fêté avec exaltation. Les rues décorées de guirlandes de verdure étaient pavoisées de drapeaux grecs et alliés, surtout de drapeaux anglais. De nombreuses inscriptions répétaient ces mots : « il est venu ». Une autre disait « Salut César Constantin ».
Quand il parut sur le quai de la gare, le roi avait dans les yeux de l’émotion et de l’inquiétude. Il fut reçu par la reine Olg, sa mère, qui l’embrassa avec des larmes, par les princes et les princesses déjà revenus, par les ministres, par le maire du Pyrée, et par le maire d’Athènes. M. Tsohas, ui lui souhaita la bienvenue en ces termes poétiques : « Ton peuple, sire, n’a cessé pendant la nuit nationale qui a duré plus de trois ans, de faire de ces larmes des diamants par lesquels il écrirait la grande date d’aujourd’hui. Il n’avait qu’un seul mot sur les lèvres : « Il vient ». Ton peuple ne t’offre pas solennellement les clefs d’or de ta capitale. Il t’offre son propre cœur dans lequel il gardait les clefs imprenables de l’amour et de la confiance de la nation, dont tu n’as jamais cessé d’être, toi, Constantin, le glorieux stratège et le chef adoré. »
Le souverain, très ému, remercia, puis il prit place avec la reine Sophie et le diadoque dans une voiture du palais attelée par six chevaux, et le cortège royal se dirigea vers la cathédrale. Vu des balcons, il offrait le spectacle d’une foule délirante qui aurait pu faire songer au peuple d’Israel accueillant le Messie attendu en vain depuis des siècles.
A suivre…
Claude-Patricia
16 novembre 2014 @ 18:01
Bonjour à tous,
Suite
Dans la cathédrale richement décorée, 28 archevêques ou évêques célèbrent un Te Deum pour rendre grâce au Tout-Puissant d’avoir protégé le roi bien-aimé et d’avoir permis au peuple de le revoir dans sa capitale. On remarqua que la reine Sophie pleura pendant toute la durée de la messe. Après la cérémonie, le cortège se dirigea, par les rues de la métropole, vers le vieux palais du roi Georges, sur la place de la constitution où se massait une foule immense pour entendre le message que le souverain devait lire au balcon. Un peu avant une heure, Constantin parut, entre la reine Olga et la reine Sophie, salué par de frénétiques acclamations. Dans son message, que le télégraphe a transmis à la presse le roi a dit notamment : « le seul but de ma vie sera de me montrer digne de me montrer digne de l’amour du peuple grec en servant avec dévouement ses droits et ses intérêts et en observant strictement notre charte constitutionnelle et le régime parlementaire…Dans notre politique étrangère, je suivrai la directive traditionnelle inaugurée depuis la Renaissance nationale et avant même la fondation du royaume, et correspondant au sentiment et à l’intérêt de la nation. Je ferai tout mon possible pour consolider de très bonnes relations avec les grandes puissances alliées et pour renforcer les liens avec les grandes puissances alliées et pour renforcer les liens avec notre vaillante alliée, la Serbie. Marchant ainsi vers l’accomplissement des destinées nationales, nous montreront que le peuple grec poursuit son œuvre civilisatrice séculaire. »
Si je reproduit les deux parties essentielles de cette proclamation, c’est pour insister sur le changement d’aspect d’une politique. La victoire alliée et la défaite des centraux ont été une grande leçon pour les royalistes et pour le roi. Le triomphe des prévisions de M. Venizélos sur l’issue de la Grande Guerre , la disparition de l’Allemagne absolutiste et militariste et la délivrance de la plus part des Grecs irrédimés, due à la ferme sagacité de l’illustre homme d’état grec et au concours bienveillant des Alliés, devaient nécessairement orienter la politique extérieure et intérieure des adversaires de M. Venizelos vers les conceptions de ce dernier. Les antivénizelistes qui sont au pouvoir ne cessent de répéter qu’ils tiendront tous les engagements de leur redoutable « ennemi ». S’ils le comblent quotidiennement d’injoures dans leurs journaux, ce n’est que pour la consommation intérieure. Les évènements ont démontré que la seule voie nationale pour la Grèce était celle que luis traça génialement le grand exilé de Nice.
Le message du roi Constantin frappe aussi par le respect, tout nouveau qu’il manifeste pour la souveraineté nationale et la représentation parlementaire. En octobre 1915, ne disait-il pas à M. Venizélos que « dans les grandes questions nationales, il ne se considérait pas comme tenu de respecter la souveraineté nationale, n’étant responsable que devant Dieu seul ». Aujourd’hui, il tient un tout autre langage et nombre d’Hellènes en déduisent que le retour du roi Constantin ne saurait signifier une défaite de l’esprit démocratique en Grèce, non plus qu’un triomphe du parti germanophile. L’exaltation mystique qui s’est manifestée en ces fêtes ne s’adresserait pas disent-ils, à l’ancienne politique absolutiste et germanophile, que certains des collaborateurs de Venizélos ont eu le tort de ne pas dénoncer suffisamment aux masses hellènes : elle va, au nom même du roi Constantin qui, le jour de sa naissance, le trois août 1868 fut considéré par le peuple comme destiné à venger le destin du dernier empereur grec de Constantinople, Constantin Paléologue.
Voilà pourquoi on ne cesse d’entendre par les rues d’Athènes ces mots d’une chanson populaire : « Avec un tel Constantin, avec un tel roi, , nous entrerons à Constantinople et à Sainte Sophie ». La popularité de Constantin, se rattache donc à la survivance de cette légende nationale grecque qui dit : « Constantin a perdu Constantinople, c’est un autre Constantin qui la reprendra. »
Zeus, le plus grand dieu de l’Antique Grèce avait dit qu’il ferait des Athéniens « Un peuple bon et naif qui pardonnerait son crime à l’assassin en un clin d’œil. »
La majorité des Grecs qui ont fêté le retour du roi ont montré qu’ils restent, toutes proportions gardées, les bonnes créatures du dieu de l’Olympe, puis qu’ils ont pardonné au roi des fautes qui ont failli conduire leur pays à l’abîme.
A l’issue des fêtes de ce matin, le roi Constantin a paru lui-même frappé de cette généreuse indulgence, de cet enthousiasme de ses sujets, et on l’a entendu répéter à plusieurs reprises :
– Ne serait-ce pas un rêve?
Claude-Patricia
16 novembre 2014 @ 19:20
Les évènements d’Orient (14 octobre 1922)
La complète défaite des armées grecques en Asie Mineure avait, dès que l’étendue du désastre fut connue, provoqué à Athènes une émotion considérable. La note des Alliés au gouvernement d’Angora qui acceptait le principe du retour de la Thrace orientale à la Turquie, accrut encore la consternation en même temps que l’irritation contre la politique du roi Constantin. Ainsi fut-ce sans grande surprise qu’on apprit qu’une révolution avait éclaté, dans la capitale hellénique, le 27 septembre, et que le roi avait abdiqué.
Cette révolution qui s’est produite sans effusion de sang, fut, en réalité un coup d’état militaire. L’initiative en fut prise par les troupes revenues d’Asie Mineure et évacuée sur les îles de Chio et de Mytilène avec une précaution qui s’est trouvée inutile. Le mouvement, dirigé par les officiers eux-mêmes, et particulièrement par le colonel Gonatas s’est effectué avec beaucoup d’ordre. Il gagna la flotte et s’étendit aussi à Salonique, avec qui la liaison fut établie par aéroplane. Les insurgés ne songeaient d’abord qu’à exiger la démission du gouvernement, auquel ils envoyèrent , du cuirassé Lemnos, un radiotélégramme en ce sens. Afin d’appuyer leur ultimatum, les troupes s’embarquèrent sur quatorze bâtiments, dont plusieurs unités de guerre, et abordèrent au cap Sunium dans la soirée du 26 septembre. Le gouvernement chargea le général Papoulas d’aller parlementer avec eux. Celui-ci partit dans la nuit et revint à Athènes le lendemain à 7 heures. Déjà, un message télégraphique l’y avait précédé, ajoutant une nouvelle condition aux exigences précédemment exprimées : l’abdication du roi. Constantin ne chercha point à lutter: à huit heures il signait l’acte par lequel il renonçait au trône en faveur de son fils aîné le diadoque.
Mais le commandant de la région d’Athènes, le général Constantinopoulos, appela les monarchistes à la résistance et envoya les régiments de la capitale barrer le passage aux troupes révolutionnaires. Les éléments venizelistes, alertés en hâte ripostèrent en occupant la gendarmerie et en armant leurs partisans. Le général Constantinopulos dut renoncer. Le soir même, les premiers éléments des insurgés pénétraient dans Athènes. La ville était illuminée pour fêter l’avènement du nouveau roi qui avait prêté serment dans l’après-midi sous le nom de Georges II. Un comité révolutionnaire composé des colonels Gonatas et Plastiras et du capitaine de frégate Fokas, assurait provisoirement le pouvoir. Le 28, dans la matinée, eut lieu l’entrée solennelle des troupes du nouveau régime dans la capitale.
Un correspondant, M. Protonotarios dont nous avons plusieurs fois utilisé les renseignements à l’époque où il s’agissait des victoires helléniques en Asie Mineure et de la croisade triomphante de Constantin contre les Turcs, nous a adressé, sur ces évènements dont il fut témoin, une lettre datée du 28 septembre, à laquelle nous empruntons le passage suivant :
« Ce matin, à 11 heures, les troupes révolutionnaires ont fait leur entrée à Athènes. L’évènement a revêtu un caractère extrêmement impressionnant. Heureux d’avoir libéré du joug absolutiste et terroriste du roi Constantin, le peuple athénien a réservé un accueil enthousiaste à l’armée libératrice. Le colonel Plastiras, le capitaine de frégate Fokas, représentant de la marine dans le Directoire de la Révolution et le lieutenant-colonel Protossinghelos, chef d’état-major du corps d’occupation, ont été frénétiquement acclamés. Le peuple grec, y compris la presque totalité du parti royaliste-qui vota le 14 novembre 1920 contre M. Venizélos- a entièrement adhéré au mouvement révolutionnaire. Depuis avant-hier, les télégrammes affluent des garnisons de province et des organisations politiques, affirmant l’unanime adhésion à la révolution.
Je dois ajouter que peu après l’abdication du roi Constantin en faveur de son fils Georges, beau-fils du roi de Roumanie et beau frère du roi de Yougoslavie, la foule a frénétiquement manifesté devant la légation de France en faveur de la République française. »
Le premier soin des révolutionnaires fut d’ailleurs d’envoyer à M. Venizelos , revenu à Paris de Deauville où il villégiaturait, un message le priant de prendre en main « la défense de la cause nationale » auprès des Alliés. Le 28 septembre, M. Venizelos se rendait à Londres afin de commencer ses conversations. Le 6 octobre, il était de retour à Paris où il avait une entrevue avec M. Poincaré. A Athènes, M. Gounaris et les principaux membres de l’ancien gouvernement étaient arrêtés: la nouvelle Chambre- l’ancienne a été dissoute-aura à se prononcer sur leur sort. Un gouvernement provisoire a été constitué, mais jusqu’ici il n’a pas été possible de trouver une personnalité politique qui en accepte la présidence. M. Politis a pris le portefeuille des Affaires étrangères. En fait, c’est le directoire militaire qui demeure le chef de la politique hellénique. Quant au roi Constantin, il s’est embarqué le 27 septembre avec la reine Sophie et plusieurs membres de la famille royale, sur le vapeur grec Patris, en partance pour Marseille. Il est arrivé à Palerme le trois octobre et il compte s’y fixer pendant quelque temps du moins avec sa suite, composée d’une trentaine de personnes.
A suivre…
Claude-Patricia
17 novembre 2014 @ 14:19
Bonjour à tous,
Suite
Le départ des souverains grecs (27 décembre 1923)
Le roi et la reine de Grèce sont paris! Ils se sont embarqués cet après-midi vers 16h30 sur le vapeur Daphni, qui a appareillé aussitôt pour Constanza.
C’est aujourd’hui une des plus grandes fêtes religieuses de tout le pays : la Saint Nicolas. Le drapeau national flotte sur tous les édifices. Dans le port du Pyrée, les navires ont arboré le grand pavois. Il fait un clair soleil et le thermomètre marque 23 degrés.
Par une bizarrerie du sort, le colonel Plastiras a comme prénom Nicolas. Alors, durant la matinée, au Palais de la Révolution, on apporta de tous côtés, des paniers, des pots, des gerbes de fleurs. Et Dieu sait si il y a des fleurs en ce moment à Athènes! Pendant ce temps, on déménageait du palais royal des malles, des valises, des paquets…de quoi remplir deux camions de quatre tonnes.
Ce matin, j’ai visité le bateau Daphni. C’est un petit vapeur marchand sans luxe et sans confort. Le roi et la reine y seront à l’étroit. Il est vrai que leur voyage ne sera pas long : quarante-huit heures à peine.
Le roi ayant exprimé le désir que son départ ait lieu loin du bruit de la foule, l’embarquement s’est fait à l’avant-port du Pyrée, sur un petit môle qui se trouve dans un parc privé appelé le Pavillon royal.
Nous étions très peu nombreux à assister au départ des souverains. Il y avait là le président du Conseil des ministres, colonel Gonatas, le ministre de Roumanie et sa femme, , quelques intimes du roi et de la reine, quelques journalistes grecs et étrangers, en tout une quarantaine de personnes.
Le roi Georges II, étant toujours-si j’ose m’exprimer ainsi-en activité, a été salué comme si il partait pour un court voyage. A la chaloupe qui attendait pour conduire le roi et la reine à bord du Daphni, ancré un peu au large, flottait le pavillon royal grec, bleu et blanc avec la couronne royale peinte en jaune au centre du drapeau.
Une compagnie d’infanterie rendait les honneurs. A 16h30 précises, les souverains sont arrivés. Le roi est en complet veston bleu foncé, avec un feutre mou gris clair, la reine porte un costume tailleur gris tourterelle avec chapeau assorti, voile relevé; elle s’appuie sur une haute canne noire.
Le roi est pâle, très pâle. Il se tient droit et marche d’un pas ferme. Pas un muscle de son visage ne bouge. La jeune reine parait beaucoup plus affectée. Ses traits sont tirés et ses yeux rougis par les larmes. On voit qu’elle fait de grands efforts pour ne pas pleurer. Des femmes et des hommes se précipitent, lui baisent les mains. Beaucoup sanglotent. Mais le roi abrège cette scène pénible en poussant doucement la reine dans la chaloupe. Il y saute à son tour. Les aides de camp qui l’accompagnent le suivent. Un coup de sifflet. La chaloupe démarre et s’éloigne vers le Daphni. Des chapeaux, des mouchoirs s’agitent. Dans la chaloupe, le roi est tête nue, la reine salue de la main. Bientôt l’embarcation atteint le Daphni, dont elle contourne l’arrière pour accoster à l’échelle. Deux minutes plus tard, le pavillon royal apparaît au mât principal et, tout aussitôt, de la côte partent quinze coups de canon. C’est le dernier salut de la Grèce.
Dans Athènes que nous regagnons, la nuit est déjà venue. Les guinguettes, les bars et les cafés sont allumés. Sur la place de la Constitution, il y a foule autour des tables où l’on sert le « ouzo »; on entend des airs d’accordéon. La ville de Pallas-Athénée fête la Saint-Nicolas.
Article de Jules Rateau
Le retour du roi de Grèce (23 novembre 1935)
Le roi de Grèce Georges II, répondant à l’appel de son peuple, a quitté l’Angleterre où il séjournait pour rentrer à Athènes où, au moment où se numéro paraîtra, de grandioses manifestations l’auront sans doute accueilli. Sur la voie du retour, il s’est arrêté successivement à Paris puis à Rome, effectuant une démarche de courtoisie auprès des deux pays qui, ont toujours témoigné à la Grèce leur sollicitude. Celle restauration de la monarchie hellénique ne s’en accomplit pas moins dans des conditions assez délicates. Sans doute le plébiscite du 3 novembre a-t-il été triomphal puisque 95% des votants se sont prononcés en faveur de la royauté. Mais l’initiative brusque du général Condylis, le 10 octobre, avait précédé le verdict populaire, et lui avait en quelque sorte , dicté la loi. La liberté du vote n’a pas été complète et le scrutin demeure, malgré ses résultats numériques, entaché de suspicion. La tâche de l’ex-souverain, redevenu après dix ans le nouveau roi des Hellènes est donc difficile.
Il va avoir à opérer la réconciliation nationale. L’élément républicain est resté plus fort que le plébiscite ne semblerait l’indiquer. Cela ne signifie point qu’il continuera au nouveau régime une opposition systématique. On peut même croire, d’après certains symptômes, qu’une notable partie des anciens républicains sont prêts à se rallier, mais à certaines conditions : le rétablissement des libertés constitutionnelles, la remise en vigueur de la constitution de 1911, et l’amnistie pour tous ceux qui ont participé à l’insurrection de mars, à l’exception de M. Venizélos qui d’ailleurs ne réclame pas pour lui-même cette mesure de clémence. C’est aussi dans le camps royaliste que le roi Georges II aura à jouer le rôle d’arbitre : les trois factions qui ont respectivement pour chef le général Condylis, M. Metaxás et M. Tsaldaris sont en effet loin de s’entendre entre elles.
Cependant, en Grèce, les manifestations royalistes se multiplient. L’évènement le plus marquant a été la prestation de serment, devant le général Condylis, des troupes réunies dans le vaste stade d’Athènes où la diversité des costumes, de la tenue moderne à la fustanelle ne constituait pas la note la moins pittoresque.
Claude-Patricia
17 novembre 2014 @ 14:19
(fin)
jean-Louis SOULARUE
1 septembre 2015 @ 08:57
Monsieur,
En ce jour de commémoration du Tricentenaire de la mort de LOUIS XIV je vous adresse mon meilleur souvenir.
En vous souhaitant une belle rentrée 2015, avec succès pour vos écrits et une excellente santé, recevez mon plus cordial bonjour.
Jean-Louis SOULARUE (VERSAILLES, les Jardins de l’Esprit)