Le prince Christophe de Grèce a vu, comme il le narre dans ses mémoires, l’impératrice Sissi une ou deux fois dans sa vie lorsqu’elle était de passage à Athènes.
L’impératrice avait fait construire une villa à Corfou où elle passait de longs séjours.
« J’étais enfant lorsque l’impératrice Elisabeth vint à Athènes et je ne la vis qu’une ou deux fois mais je me la rappelle avec une netteté plus grande que bien des gens que j’ai mieux connus, et je pense qu’il en était de même pour quiconque venait à l’approcher. Sa beauté, sa personnalité ardente et son brillant vous laisseraient une impression ineffaçable. »
« L’impératrice fut toute sa vie hantée par la crainte de perdre sa beauté et, en vieillissant, cela devint une obsession. Ses femmes de chambre passaient des heures tous les matins à peigner les magnifiques cheveux bruns qu’elle portait réunis en deux longues tresses enroulées autour de la tête. Le brossage faisait l’objet d’un rite solennel. On ramassait soigneusement les moindres cheveux qui tombaient au cours de l’opération et on les présentait à l’impératrice sur un plateau d’argent. S’il se trouvait que le nombre en fut particulièrement important, la journée tout entière en était assombrie pour elle. »
« L’impératrice était, à quantité d’égards, une grande dame accomplie et bien plus, selon moi, que la plupart de ses biographes ne la représentent. intelligente, instruite, sensible, elle possédait toutes les qualités qui font une grande impératrice, mais elle manquait d’une façon lamentable du sens des proportions. Même pour les petites affaires de la vie quotidienne, elle n’avait aucune idée de la modération. elle ne pouvait s’intéresser à rien sans en faire une manie. «
On apprend que l’impératrice Sissi de passage à Corfou, décida de se lancer dans des cours de grec. Elle épuisa ainsi deux professeurs le comte Mercati et M.Christomanos qui devaient l’accompagner dans ses randonnées effrénées de 15 à 20 kilomètres.
« Ma famille côté Cours », Christophe de Grèce, Editions Lacurne, 2021, pp.22-23
Régine ⋅ Actualité 2021, Autriche, Grèce, Livres 28 Comments
Alix-Emérente
3 mai 2021 @ 09:59
C’est très intéressant, ce portrait de l’impératrice ! Le Prince l’a dépeinte de façon sincère et simple, mais bien circonstanciée. On a lu tellement de choses à son sujet. De tout et de n’importe quoi !
Gatienne
3 mai 2021 @ 10:26
Cela corrobore tout de même certains traits de caractère qui avaient été soulignés dans maints ouvrages consacrés à l’impératrice.
Alix-Emérente
4 mai 2021 @ 09:24
Bien sûr Gatienne. Quand je dis « tout et n’importe quoi », je pense, par exemple, à l’aspect romancé et sirupeux du style des films séries « Sissi »… Mais je ne veux pas être hypocrite ! Je les ai regardés aussi ces films, petite fille, dans les années 50 !
Menthe
3 mai 2021 @ 10:22
Elisabeth d’Autriche, monstre de narcissisme ? Aurait-elle usé de tous les artifices esthétiques disponibles de nos jours ? Tout permettrait de le croire.
Mysia
3 mai 2021 @ 18:46
Je le crois,Menthe.Elle ne s’en serait pas privée. Peut-être était-ce pour elle une consolation de préserver sa beauté alors qu’elle avait vécu tant de tragédies. C’était une dame d’un grand courage
Leonor
3 mai 2021 @ 10:26
Sissi, la Di de l’époque .
Certes, quelques différences , non anodines, dans leurs vies.
Mais aussi beaucoup de points communs entre leur psychologie et leur comportement : aussi immatures et givrées l’une que l’autre. .
Ciboulette
3 mai 2021 @ 12:23
Leonor , le moins que je puisse dire ici est que je suis en complet désaccord avec vous : confrontée trop jeune à l’austère cour d’Autriche , s’étant vu retirer ses deux premiers enfants , comment la libre Sissi aurait-elle pu se plaire dans ce carcan doré ? Si l’on ajoute les autres deuils qui ont jalonné sa vie ( la mort de son fils surtout ). . .
Pour Diana , c’est différent . Lancée elle aussi trop jeune et sans réel appui dans une cour désuète , elle crut que par sa jeunesse et sa beauté , elle viendrait à bout de l’attachement de Charles pour une laide mais experte maîtresse . Elle a surtout montré combien elle était malheureuse . Je l’aimerai toujours .
Pascal
4 mai 2021 @ 11:31
Comparaison n’est pas raison mais il y a cependant des points communs pour autant que les biographes aient raison .
Même rapport compliqué avec la nourriture et même sens de ses intérêts bien compris, grande beauté aussi à certaines époques .
Mais Diana avait une personnalité bien moins affirmée qu’Elisabeth et ne donna pas autant dans la passion ainsi que semble l’avoir très bien remarqué le prince Christophe de Grèce .
Mais il y a énormément de différences aussi .
D’abord à ce qu’on sait , Elisabeth n’a pas trompé son époux et elle n’avait pas peur des chevaux , bien au contraire .
Et Elisabeth ne recherchait pas la notoriété , elle aurait sans doute préféré mener sa vie loin des regards et des gazettes .
Ciboulette
4 mai 2021 @ 15:08
Et surtout , surtout , Elizabeth était aimée de son mari dès le départ . Charles n’a jamais aimé Diana . Elle , si . Qu’elle l’ait trompé ensuite n’est qu’une juste revanche sur ce qu’on lui a fait subir .
Il aurait fallu qu’elle l’attende en pleurant , pendant que lui se livrait à la gaudriole avec sa maîtresse ?
Pascal
5 mai 2021 @ 09:42
Ce n’est sans doute pas faux…
luigi
3 mai 2021 @ 15:23
Comment définir qqu’un de « givrée » quand vous ne l’avez pas connu intimement, ni même fréquentée ?
Certaines phrases me sidèrent bien souvent ici.
Mysia
3 mai 2021 @ 18:52
Leonor,Diana n’a perdu aucun enfant!Je suis de son âge, elle a eu la malchance de ne pas épouser un homme amoureux.Je lisais toutes ses tribulations,souvent très émue. Aujourd’hui, avec le recul,je vois à quel point elle a exposé sa douleur,à quel point elle a utilisé les médias. Harry a de qui tenir!Sissi était, je crois,intelligente ,rebelle mais givrée, j’en doute.Les Wittelsbach sont une famille particulière
Trianon
3 mai 2021 @ 19:20
Oui, deux femmes fragiles pour ne pas dire déséquilibrées.
Catherine
4 mai 2021 @ 16:04
Ce n’était pas le choix d’Elisabeth de se marier à l’héritier au trône. Les jeunes filles n’avaient pas trop leur mot à dire à l’époque. Voilà l’essentiel. Diana était trop jeune sous tous les rapports, mais, son mariage, elle l’a voulu de son plein gré.
Mini
3 mai 2021 @ 13:10
L’Impératrice Sissi est ici parfaitement dépeinte: maniaco-dépressive, imbue de sa beauté, toujours dans le paraître, s’astreignant à des séances de gymnastique pour rester « mincissime ». Son instabilité et le refus de se soumettre à l’étiquette de la Cour des Habsbourg remontant à Charles Quint la conduisirent à voyager entre Madère, la côte italienne, la Hongrie, sa Bavière natale…elle ne trouva jamais le bonheur, contrairement à la fausse idée donnée par les films de la saga « Sissi » incarnée par Romy Schneider.
Quant à la villa qu’elle fit construire à Corfou, « l’Achilleion » ( 2e photo), elle semble avoir été restaurée, ce qui n’était pas le cas, il y a 20 ans; des colonnes étaient étayées, menaçant de s’effondrer et l’intérieur était d’une saleté rebutante.
Il en allait de même d’ailleurs pour la villa « Mon Repos » , où naquit le Prince Philip, devenu Duc d’Edimbourg en épousant la future Reine Elizabeth. Elle ne se visitait pas,mais la propriété était ouverte à tous les vents. Il me semble avoir lu que l’Etat grec, grâce à des fonds européens, a conduit des travaux depuis.
Mayg
3 mai 2021 @ 13:33
Elle ne devait pas être facile à vivre tout de même.
aubépine
3 mai 2021 @ 14:41
Si l’impératrice s’était moins penchée sur ses petits problèmes de poids, de taille ,de vieillissement , si elle n’avait pas cherché constamment à assouvir ses caprices si elle s’était plus occupée des autres , des pauvres, des nécessiteux comme c’est le rôle d’une souveraine en fonction, elle n’aurait pas eu toutes ces névroses et aurait vécu plus heureuse !
Danielle
3 mai 2021 @ 14:45
Sissi avait quand même de belles et bonnes qualités, aucune comparaison avec Diana.
Ciboulette
4 mai 2021 @ 15:11
Diana aussi avait de grandes qualités , une empathie indiscutable et de la compassion pour autrui .
COLETTE C.
3 mai 2021 @ 15:53
La personnalité de Sissi bien analysée !
Leonor
3 mai 2021 @ 20:44
» Toutes les qualités qui font une grande impératrice », je ne sais pas.
Toutes les caractéristiques qui font une légende, oui.
Mais des qualités d’impératrice ?
Elle n’était jamais à Vienne; les Viennois lui en voulaient.
Elle n’était pas une compagne aidante pour l’empereur, même s’il l’adorait.
Elle était surtout préoccupée d’elle-même, de ses dadas, de ses hobbies, de ses passions propres .
Il y avait bien sûr des raisons à cela.
Néanmoins, cela ne la défausse pas de responsabilité .
Karabakh
3 mai 2021 @ 22:23
Bien sûr, ce stupide surnom de Sissi (qui se prononcerait « Zizi » en allemand) fut attribué à l’Impératrice bien après ces rencontres et même, l’écriture des mémoires ; nonobstant, chacun notera que le prince l’appelait par son prénom ou son titre, et qu’il ne lui serait naturellement pas venu à l’esprit de la nommer autrement. En ce temps, les hommes se respectaient entre eux. Tout se perd.
Karabakh
3 mai 2021 @ 22:24
Bien entendu, « la descendance » de cette femme, se promenant ici ou là, aura à cœur de juger ce profond manque de respect.
Shiraz
4 mai 2021 @ 00:12
Sissi se prononce bien en allemand Sissi et non Zizi!
Karabakh
4 mai 2021 @ 17:25
En allemand scolaire, oui c’est prononcé comme ça s’écrit mais en allemand tels que parlés en Bavière et Autriche, Sissi se prononce Zizi. Ce qui signifie exactement la même chose qu’en français…
Respectez aussi la langue allemande, ça rafraichira les concernés et moi avec.
kalistéa
4 mai 2021 @ 11:00
« Zizi » , c’était Zizi Jeanmaire , ne confondons pas tout !(MDR)
Catherine
4 mai 2021 @ 16:06
Super.
kalistéa
4 mai 2021 @ 11:02
Ou… Zizi Lambrino, la première épouse contestée de Carol II de Roumanie .