Avant d’être un théâtre, ce lieu était une salle de jeu de Paume construit 1770 par Bélanger à la demande du Comte d’Artois (futur Charles X).
Installé sur le boulevard du Temple au n° 41, non loin de la place de la République, il est le dernier d’une longue série qui au cours du XIXe siècle attiraient de nombreux spectateurs. En effet, ce Boulevard du Temple, était appelé également à l’époque « Le Boulevard du Crime ».
Lieu de plaisirs et de rires, où de nombreux théâtres jouent des pièces « policières » et des tréteaux, présentent « Spectacles», « Pantomimes ». «Acrobates », « Marionnettes », et même des cabinets de physique et de curiosités, chiens et singes savants, bonimenteurs, bateleurs, charlatans.- Cafés et cabarets restent ouverts jour et nuit.
Le boulevard comptait au début du XIXe siècle 52 théâtres dont le Théâtre impérial du cirque, le théâtre des folies dramatiques ou le Théâtre des Délassements Comiques.
En 1854 des travaux sont entrepris par deux associés qui achètent les murs et font transformer la salle de telle sorte qu’elle puisse accueillir plus de 800 spectateurs.
Le nouvel ensemble est appelé « Folies Nouvelles ». De nombreuses pièces, souvent des créations, y sont joués, notamment semble-t-il, « Oyayaye ou la Reine des îles », une œuvre aujourd’hui oubliée d’Offenbach.
Il échappe aux destructions liées au remaniement de Paris par le Baron Haussmann qui fit raser sans état d’âme tous les bâtiments situés du côté pair du boulevard et c’est en 1859 que la comédienne Virginie Déjazet est autorisée à exploiter la salle qui adopte son nom.
De faillites en changements et travaux de mise aux normes, de nombreux comédiens et directeurs se succèdent ensuite. L’électricité est installée en 1895.
Au début du XXe siècle, le Vaudeville redonne des couleurs au théâtre où de de nombreuses pièces remportent de francs succès. La pièce « Le tire au Flanc » dépasse ainsi la millième représentation.La concurrence du cinéma va porter un coup fatal tel que le théâtre Déjazet devient un cinéma en 1939. Second balcons et loges sont alors supprimés. Pendant la Deuxième guerre mondiale, il sert de décor au film Les Enfants du Paradis de Marcel Carné.
Lorsque Jean Bouquin s’intéresse au lieu et rachète le bail en1977, la Banque de France étant alors propriétaire des murs, il est question de fermeture et de création d’un supermarché.
Ce n’est qu’au prix de nombreuses démarches administratives couplées à d’importants travaux que Le France, nom donné en 1964 au cinéma redevient le théâtre Déjazet où se produit Coluche tout en maintenant un temps l’activité cinéma.
Après un essai de Music-hall.puis fermé pour des questions de sécurité, l’ensemble est loué en 1985 par des « amoureux de la chanson » et après de nouveaux aménagements le TLP-Déjazet ouvre en 1986.
Nombreuses sont alors les célébrités qui s’y produisent de Léo Ferré en passant par Maurice Baquet, Leny Escudero, Mouloudji, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Véronique Sanson et bien d’autres.
Aujourd’hui Jean Bouquin pilote toujours ce rescapé des théâtres du « Boulevard du crime . La porte est discrète. Au-dessus de l’entrée, une statue de celle qui fut la maîtresse des lieux jusqu’en 1870, fine silhouette habillée en homme, signale la salle.
Un long couloir en miroirs et boiseries, un foyer bar, des escaliers qui mènent aux salons fastueux et à la corbeille, et la salle superbe de 600 fauteuil. Le théâtre classé monument historique en 1999 a conservé son décor du XIXe siècle notamment les belles peintures de son plafond. (merci à Guizmo)
Baboula
8 décembre 2020 @ 06:35
Merci Guizmo de nous emmener au théâtre ,nous sommes en manque de spectacle.
Il y a un autre théâtre plus loin ,sur le boulevard des Filles du Calvaire : le » Théâtre de Roland Pilain » .
Je ne sais pas si ce théâtre pour enfants est lui aussi un vestige du Boulevard du Crime .
Chère Guizmo, le savez vous ?
Benoite
8 décembre 2020 @ 07:10
Encore une belle découverte ce matin. Ce Paris « merveilleux » qui recèle des pépites de lieux totalement éclipsés par d’autres monuments si connus et médiatiques. La culture Parisienne et Française se compose de ces petits théâtres, églises, cimetières discrets, parcs et jardins, bâtiments voués à la recherche scientifique ou médicale, dont nous ne soupçonnons pas l’importance. Guizmo s’en soucie, bien et nous donne à connaître ces belles découvertes, histoire, personnages qui accompagnent la vie de ces « découvertes », et nous les lisons ici sur Noblesse et Royautés. Merci Guizmo et Régine. Au fil des années, les onglets de partage ici sur le site, se sont considérablement grossis de connaissances, et de partage. Une vraie chance pour tous.
Caro15
8 décembre 2020 @ 07:39
Très intéressant article ! Merci
Iankal21
8 décembre 2020 @ 09:33
Merci infiniment Guizmo. Vos articles ont le meme charme que cette salle, articles d’ailleurs rescapées aussi de la tendance actuelle, de tout démolir, principes, valeurs et charactères
Charlotte (de Brie)
8 décembre 2020 @ 09:55
Sans avoir vu la signature de l’article, le nom de l’auteur s’imposait : Guizmo !
Merci une nouvelle fois.
La dernière fois que je suis allée au Déjazet c’était il y a un siècle… en 2011 voir la pièce de Lupe Velez,mise en scène par Lupe Velez et interprétée par Lupe Velez : Frida Kahlo -Attention peinture fraîche.
Pièce bouleversante et déjantée comme Frida, comme Lupe et les ors, velours rouges ,peintures folles du théâtre étaient le cadre idéal pour la peintre. féministe et qui malgré ses souffrances portait et transmettait une incroyable force de vie, comme le Déjazet !
Jean Pierre
8 décembre 2020 @ 10:00
Je n’y ai assisté qu’à un spectacle donné par les enfants des écoles du 3ème arrondissement. C’est un bel endroit.
aggie
8 décembre 2020 @ 18:29
J’ai habité à deux pas pendant 8 ans (en face du carreau du Temple) et je n’y suis jamais allée ! Il va falloir que je remédie à ça dès que possible.
ciboulette
9 décembre 2020 @ 17:36
MAIS CEST UN SCANDALE !!!!!!
Anne75
8 décembre 2020 @ 10:56
J’aime beaucoup ce théâtre, souhaitons lui longue vie et une réouverture prochaine !
COLETTE C.
8 décembre 2020 @ 11:21
Ces anciens théâtres ont bien du charme.
ciboulette
8 décembre 2020 @ 18:37
Beau théâtre et belle histoire , merci Guizmo ! Je ne savais pas que le Boulevard du Crime était le Boulevard du Temple .
Danielle
8 décembre 2020 @ 18:52
Merci Guizmo pour ce reportage encore très intéressant.
Teresa2424
9 décembre 2020 @ 00:13
Gracias Guizmo muy interesante
Anna H
9 décembre 2020 @ 02:19
J’aime aussi beaucoup ce théâtre où j’ai vu, entre autres, « Phèdre », avec Carole Bouquet
septentrion
9 décembre 2020 @ 11:56
Merci pour cet article très intéressant, je n’y suis jamais allée.
Mozart s’y était produit.
J’aimais beaucoup Maurice BAQUET, que j’ai vu sur d’autres scènes.
Gérard
9 décembre 2020 @ 15:59
Les peintures du plafond sont qualifiées « à la Daumier ». Il ne semble pas qu’elles soient de Daumier mais elles lui sont parfois attribuées.
Merci de nouveau à Guizmo. Primitivement il y avait là le couvent des Filles du Sauveur
et du temps du jeu de paume Mozart s’y produisit en 1778 devant la reine et le comte
d’Artois.