Peu de gens savent que le Prince Antoine d’Orléans, Duc de Montpensier (1775-1807) repose en l’abbaye de Westminster à Londres. Au décès du Prince Antoine d’Orléans, alors en exil en Angleterre, Louis-Philippe fait célébrer les obsèques de son frère cadet en la chapelle catholique King Street de Londres et obtient que le Prince ait une sépulture en l’abbaye de Westminster.
Le monument de marbre exécuté en 1830 par le sculpteur Richard Westmacott se trouve dans la chapelle absidale du sud-est. Le Prince Antoine est représenté couché sur un matelas, il porte une couronne de fleurs de lys.
Le Prince Antoine d’Orléans, né le 3 juillet 1775 au Palais-Royal à Paris, est le second fils du Duc de Chartres (1747-1793) et de Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (1753-1821). Le Prince Antoine et son frère aîné le Prince Louis-Philippe furent baptisés dans la chapelle Royale de Versailles en présence de Louis XVI et Marie-Antoinette, parrain et marraine des deux jeunes Princes.
Arrêté en 1793, il fut incarcéré au fort Saint Jean de Marseille avant de rejoindre son frère aîné Louis-Philippe à Philadelphie en compagnie de leur frère puiné le Comte de Beaujolais. En 1807, le Duc de Montpensier meurt prématurément, dans une auberge près de Windsor, de la tuberculose qu’il avait contracté lors de son emprisonnement au fort Saint Jean de Marseille.
Une copie du gisant du Duc de Montpensier réalisé par Truchaud se trouve depuis 1996 dans la Galerie occidentale de la crypte de la chapelle Royale Saint-Louis Louis de Dreux.
En souvenir de son frère le Duc de Montpensier, Madame Adélaïde a fait également exécuté un cénotaphe qui est toujours visible dans la chapelle du château de Randan. (merci à Charles – Copyright photos : DR)
Baboula
27 septembre 2018 @ 06:30
Pourquoi le portrait et le gisant regardent Ils dans la même direction ?
Elisa
27 septembre 2018 @ 12:55
Vous aimez couper les cheveux en quatre !
Baboula
28 septembre 2018 @ 11:47
Pas du tout ! Le prince Antoine avait peut-être un torticolis congénital.
Gilan
29 septembre 2018 @ 02:27
A moins que ce soit l’envie de voir une dernière fois la France qui lui ait fait tourner la tête …
Baboula
29 septembre 2018 @ 13:15
Gilan,j’avais pensé aussi au regard tourné vers la France . Mais étant donné tous les lieux de sépulture le pauvre a dû se prendre pour une girouette.
Gilan
1 octobre 2018 @ 23:35
Sauf que les sépulcres ne sont guère venteux, que je sache, ce qui malmène un peu votre thèse amusante mais audacieuse.
Gérard
29 septembre 2018 @ 18:20
Si sa tête était tournée dans l’autre sens il regarderait le mur.
Baboula
30 septembre 2018 @ 10:28
Logique Gérard, mais tous les gisants que je connais regardent le plafond .
D’où ma question…cruciale !
Gérard
1 octobre 2018 @ 13:44
C’est là sans doute qu’intervient précisément le talent de l’artiste anglais. Louis-Philippe a mis le paquet pour honorer son frère.
Mais vous avez raison la plupart des gisants regardent en quelque sorte vers le Ciel, ils sont dans la position où le médecin, le prêtre ou la famille les a laissés après la mort.
Ghighi
27 septembre 2018 @ 08:23
Cet article ewt repris intégralement dans le site Royautés noblesse et Gotha. Sans faire mention de la source.
Neoclassique
27 septembre 2018 @ 08:31
Ce n est pas souvent que je félicite Charles mais là, je dois reconnaître que son article est complet et très bien documenté.
Pierre-Yves
27 septembre 2018 @ 08:35
Bien vu, Charles, car malgré plusieurs visites de Westminster, je ne me souvenais absolument pas de la présence du gisant du frère de Louis-Philippe dans l’abbaye.
Et d’ailleurs, y ai-je seulement prêté attention, tout occupé que j’étais à repérer les gloires anglaises qui se trouvent là ?
Quoi qu’il en soit, merci Charles pour ce sujet.
clementine1
28 septembre 2018 @ 05:42
même commentaire pour moi. Pire, je ne me souviens même pas d’avoir vu la copie de ce gisant à Dreux. Oui, merci Charles.
Émilie 09
27 septembre 2018 @ 09:16
Il est mort très jeune. Faudrait pas oublier d’aller visiter tout ça lors d’une prochaine visite. Westminster regorge de beaucoup d’histoires. J’ignorais celle-ci.
Jean Pierre
27 septembre 2018 @ 09:22
Dans ses mémoires, la comtesse de Boigne parle longuement du lien qui unissait cette fratrie en Angleterre.
Danielle
27 septembre 2018 @ 09:38
C’est la 1ère fois que je vois un gisant reposer sur un matelas ; article intéressant, merci Charles.
J’espère que la famille de Montpensier connait toute cette histoire et s’est rendue à Westminster.
Gérard
29 septembre 2018 @ 18:23
C’était peut-être une manière de donner un peu de confort à ce prince qui avait dû croupir dans le salpêtre du fort Saint-Jean à Marseille jusqu’à en mourir quelques années dans une hôtellerie de la campagne anglaise.
Menthe
27 septembre 2018 @ 09:46
Merci Charles pour cette précision historique !
audrey
27 septembre 2018 @ 10:08
Histoire intéressante et peu connue d’un prince d’Orléans
JulieS
27 septembre 2018 @ 10:55
J’ai remarqué que plusieurs des articles présentés ici sont repris intégralement par Yann Sinclair sur Facebook, dont celui-ci.
Charles
27 septembre 2018 @ 11:35
C’est étonnant, je ne connais pas Yann Sinclair
Régine
27 septembre 2018 @ 11:46
non mais lui connait Noblesse et Royautés…
JulieS
27 septembre 2018 @ 13:04
Régine, y aurait-Il possibilité de mettre un copyright sur vos publications? Je ne commente pas souvent, mais je lis tous les jours vos articles et je trouve cela triste que d’autres personnes prennent le crédit de vos travaux.
Ghighi
27 septembre 2018 @ 13:21
Régine. Vous étiez au courant ?
MARIA EDITE DOMINGUES FILIPE
27 septembre 2018 @ 22:21
Je « connais » M. Sinclair qui était dans mon groupe « MÁXIMA ». J’ai découvert ce qu’il faisait aux articles que je publicais – même sans mettre un LIKE – et je lui ai coupé l’eau de la « fontaine »…
Ghighi
27 septembre 2018 @ 12:28
J’ai fait le même commentaire plus haut.
Je l’ ai ecrit à l’ autre mais mon com a été supprimé.
Quentin
27 septembre 2018 @ 15:24
Copier coller
MARIA EDITE DOMINGUES FILIPE
27 septembre 2018 @ 22:22
Je « connais » M. Sinclair qui était dans mon groupe « MÁXIMA ». J’ai découvert ce qu’il faisait aux articles que je publicais – même sans mettre un LIKE – et je lui ai coupé l’eau de la « fontaine »…
Mayg
27 septembre 2018 @ 13:23
Intéressant portrait de ce prince pas assez connu. Il a eu un fils naturel Jean-Antoine-Philippe Dentend, qui fût le notaire de la famille d’Orléans.
Gérard
28 septembre 2018 @ 13:28
Sa descendance se poursuit notamment en Provence dans d’excellentes familles qui entretiennent des liens avec la maison d’Orléans.
Brigitte et Christian
27 septembre 2018 @ 13:45
bonjour à tous
Merci à Charles pour cet article bien documenté sur le frère du Roi Louis Philippe.
Nous savions son internement à Marseille mais nous ne connaissions pas son gisant à Westminster, nous le pensions à Dreux. Erreur donc, ce n’est qu’une copie.
Amitiés de Dracénie sous le soleil
Laurent F
27 septembre 2018 @ 14:34
Donc ce prince à trois gisants, un a Westminster avec con corps et deux autres à Dreux et Randan. C’est étrange…
Charles
28 septembre 2018 @ 12:51
Celui de Dreux était destiné au château de Versailles qui l’a mis en dépôt à Dreux en 1986. Vous verrez bientôt que c’est la même chose pour le cénotaphe de son frère le Comte de Beaujolais.
Charles
28 septembre 2018 @ 12:53
C’est exact un tombeau à Westminster et deux cénotaphes l’un à Dreux et le second à Randan.
COLETTE C.
27 septembre 2018 @ 15:46
Intéressant et instructif.
Gérard
27 septembre 2018 @ 16:44
Le service funèbre fut célébré dans la chapelle catholique de King Street à Londres en présence de Monsieur, futur Charles X, du duc d’Orléans, du duc de Bourbon et du prince de Galles. L’évêque d’Angoulême Mgr d’Albignac de Castelnau officiait. Le duc de Kent permit de faire inhumer le prince à Westminster Abbey dans la chapelle d’Henri VII, dans la chapelle absidale sud-est. Louis-Philippe et le père de la future reine Victoria avait noué des liens d’amitié en Amérique. C’est aussi dans cette chapelle que reposent non seulement Henri VII mais Édouard VI, Marie Ière, Elizabeth Ière, Jacques Ier, Charles II et Marie Stuart ainsi que la reine Anne, la reine Anne de Danemark, la reine Caroline, la reine Elizabeth d’York, le roi George II, la reine Catherine de Valois, le roi Guillaume III. L’inscription latine du tombeau qui est dû à sir Richard Westmacott en 1830, avait été écrite par le général Dumouriez. La reine Marie de Savoie, épouse de Louis XVIII, morte en 1810, fut également dans cette chapelle jusqu’à son transfert en Sardaigne en la chapelle San Lucifero de la cathédrale de Cagliari où elle désirait reposer.
aubert
28 septembre 2018 @ 11:57
On sait peu de choses des épouses de Louis XVIII et Charles X , princesses de Savoie . Un correspondant du site pourrait-il nous présenter quelques informations et anecdotes (c’est en général plus drôle) sur ces infortunées princesses mortes avant que leurs époux montent – vraiment – sur le trône.
Gérard
29 septembre 2018 @ 13:32
Ah ça pourrait être croustillant pour la comtesse de Provence qui était réputée préférer les femmes aux hommes, une femme en particulier. Quand elle mourut Louis XVIII déclara que c’était le premier chagrin qu’elle lui faisait, il reprenait alors ce que disait Louis XIV à la mort de Marie-Thérèse.
Mais Louis XVIII n’avait pas le tempérament de Louis XIV et la comtesse de Provence avait peut-être quelques excuses.
clementine1
29 septembre 2018 @ 06:45
comme d’habitude, commentaire bien documenté, merci Gérard.
Gérard
29 septembre 2018 @ 13:34
Merci à vous Clémentine.
Sigismond
29 septembre 2018 @ 10:32
Il faudrait tout de même rappeler que ce ci-devant duc de Montpensier (il perdit ce titre par lettres patentes de Louis XVI en date du 23 juin 1790 sur un décret de l’Assemblée Nationale en date du 19 juin de la même année) prit à partir de 1792 le nom d’Antoine Égalité (et c’est ainsi qu’il signe une lettre écrite à un de ses frères en 1793) !
Gérard
29 septembre 2018 @ 18:24
Oui mais évidemment les lettres patentes de Louis XVI du 23 juin 1790 n’étaient pas destinées spécialement au duc de Montpensier mais venaient en exécution du décret de l’Assemblée nationale du 19 juin 1790 article premier qui supprimait la noblesse héréditaire, les armoiries et livrées et donc tous les titres de noblesse en commençant par ceux de prince et de duc.
Les lettres patentes du roi des Français concernaient donc tous les titres français, et non les titres des étrangers résidant en France.
Par la suite néanmoins la constitution du 3 septembre 1791, titre III, chapitre II, section III, article 6, a précisé que les membres de la famille royale étaient princes français comme successibles au trône et c’était bien sûr le cas de Montpensier.
En ce qui concerne le nom de famille de celui-ci, quand il a fallu donner un patronyme aux membres de la famille royale qui n’en avaient pas puisqu’à proprement parler aucun membre de la famille royale n’avait un patronyme, un choix avait dû être fait et c’est dans ce cadre que sur la demande de Louis-Philippe-Joseph prince français (le duc d’Orléans) le conseil général de la commune de Paris arrêta dans son article premier que Louis-Philippe-Joseph et sa postérité porteront désormais pour nom de famille Égalité et ce le 15 septembre 1792 le texte étant publié au Moniteur du 17 septembre 1792.
Ella 2N
29 septembre 2018 @ 18:49
Et de trois?
Gérard
29 septembre 2018 @ 20:47
L’état de Montpensier s’était aggravé au cours de l’hiver 1806. Au printemps 1807 Louis-Philippe décida d’emmener son frère et Beaujolais au bon air du Devonshire. Ils quittèrent donc High Shot House et Twickenham mais au bout de quelques lieues les trois frères durent s’arrêter dans une auberge à Salthill près Windsor parce que Montpensier ne supportait plus le voyage. À l’auberge il s’étouffait, refusa l’éther et dit à son frère aîné : « Donnez-moi votre main, je pensais que j’allais mourir. »
« Puis il ouvrit encore les yeux deux fois tout grand mais ternes, et tout finit avec une tranquillité et un calme que rien ne peut décrire » comme l’écrivit Louis-Philippe à leur mère. Il avait 31 ans.
À sa sœur Adélaïde le duc écrit : « Fallait-il donc ce malheur pour que je sente combien je l’aimais et combien je vous aime, tant jamais je ne l’avais senti. »
Une voiture de deuil tirée par six chevaux précéda le corbillard, à côté du cercueil était placée une boîte recouverte de velours cramoisi et ornée de clous blanc et or qui contenait le cœur de Montpensier.
C’est Louis-Philippe qui en 1830 commanda le gisant de son frère.
Il fit aussi accrocher au Palais-Royal à son retour en France les peintures que qu’Antoine avait faites en Angleterre.
Le 7 juillet 1814 la duchesse d’Orléans douairière débarqua à Marseille en venant de Port Mahon à Minorque, on la conduisit à la préfecture où elle le fut accueillie avec la plus grande déférence par le marquis d’Albertas, préfet des Bouches-du-Rhône. Louis-Philippe lui avait parlé de Philippe Dentend le fils de Montpensier. Il avait 17 ans jour pour jour et vivait chez son père légal. On l’y alla chercher et Michel Dentend consentit à ce qu’il partît avec sa grand-mère, Michel devait mourir moins de deux ans après. Sa mère qu’on appelait Miette était morte en 1806. Grâce à sa grand-mère et à sa tante Adélaïde Philippe qui était intelligent et débrouillard fit à Paris de bonnes études et on lui acheta une charge de notaire du roi en 1829.
Il devait avoir deux filles, Adélaïde, comtesse de Sesmaisons, et Victorine comtesse de Léautaud.
Brigitte et Christian
30 septembre 2018 @ 14:41
bonjour à tous
bonjour Mayg et Gérard,
Tous les deux vous parlez d’un fils du duc de Montpensier, Jean Antoine Philippe Dentend. Les généalogistes amateurs que nous sommes avons eu l’attention attirée par cette information que nous ignorions. Pouvez vous nous donner vos sources car nos ouvrages n’en parlent pas ? Mère Miette ? et dates si possible ?, Merci d’avance
Pour nous le duc de Montpensier était sans alliance et sans descendance ?
Amitiés de Dracénie sous le soleil
Gérard
4 octobre 2018 @ 18:29
Le duc de Montpensier, Antoine, le comte de Beaujolais son frère, et le prince de Conti avaient été emprisonnés pendant la Révolution notamment au fort Saint-Jean qui garde l’entrée nord du port de Marseille et ils où partageaient un petit appartement. Ils avaient embauché un valet, Louis, et, vers la fin de leur captivité, également une servante, Françoise, que les historiens ont parfois appelé Miette ou Millette, diminutif de Marie, par erreur, la confondant avec l’une de ses filles. C’était une brune pimpante et élancée aux yeux noirs dont le père, Claude, était maître forgeron. Alexandre Dumas la décrit ainsi : « une de ces jolies grisettes de Marseille qui ont des bas jaunes et un pied d’Andalouse (Souvenirs de voyage : Une année à Florence, 1841). À quelque temps de là les deux frères tentèrent de s’évader. Beaujolais partit le premier en pleine nuit s’échappant comme convenu par une haute fenêtre au moyen d’une corde qu’ils avaient confectionnée avec l’aide de Françoise. Beaujolais arrivé en bas courut au port pour rassurer le capitaine qui les attendait. Montpensier partit à son tour. La brave Françoise était très inquiète.
Pendant les préparatifs elle disait : « Ah ! Mon Dieou, anas vous roumpre lou couélé et ieou, mi couparan la testo » (ah ! Mon Dieu, vous allez-vous rompre le cou et moi, ils me couperont la tête).
Au cours de la descente en effet la corde casse. Le duc tombe violemment sur le quai qui ceinture le fort. Françoise crie : « Ah ! Mairé dé Diou, es mouort, lou pauvre
infans » (Ah ! Mère de Dieu, il est mort, le pauvre enfant). Beaujolais ne voyant pas son frère arriver abandonne son projet et retourne au fort et il retrouve Antoine dans une maison voisine où on le soignait de sa jambe cassée : « Ah ! Montpensier, mon pauvre Montpensier, que tu dois souffrir ! » Après cet incident ils avaient surtout crainte d’être séparés et Louis et Françoise partageaient leur quotidien et leurs peurs.
C’est à cette époque-là en soignant le jeune prince que Françoise et lui …
Peu après les princes furent libérés. Montpensier raconte ses adieux : « La pauvre Françoise pleurait à chaudes larmes » (Antoine-Philippe d’Orléans, Duc de Montpensier, Ma captivité pendant la Terreur, Mémoires, 1793-1796, Introduction et notes de Dominique Paoli, La bibliothèque d’Évelyne Lever, Tallandier, Paris, 2009).
À ce moment-là Montpensier ne savait pas qu’elle attendait depuis un mois un enfant de lui. Le 7 juillet 1797 cet enfant naquit rue Grignan à Marseille, aujourd’hui numéro 17, en l’hôtel de Foresta-Collongue, où se trouve aujourd’hui une bijouterie de luxe, et il fut prénommé Jean, parce qu’il avait été conçu au fort Saint-Jean, Antoine Philippe comme le duc de Montpensier, mais il avait un nom et ce nom était Dentend car la pauvre Françoise était mariée depuis 1780 avec un horloger et orfèvre en appartement du nom de Michel Dentend. Françoise n’était pas toute jeune par rapport à Antoine qui avait 21 ans, et à cette époque-là elle en avait 44. Elle avait eu sept enfants entre 1780 et 1792.
Montpensier et Beaujolais purent rejoindre leur frère Louis-Philippe à Philadelphie et quand il sut qu’il avait un enfant Montpensier commença à envoyer une rente au vice-consul des États-Unis à Marseille Cathalan qui était le parrain de l’enfant et dont la femme était la marraine, et qui prenait soin de lui. Ils avaient été les témoins de la naissance.
Mais Montpensier mourut bien prématurément en Angleterre à l’âge de 32 ans le 17 mai 1807, en raison d’une santé pulmonaire sans doute affaiblie par ces trois ans et demi de détention, et après sa mort la rente cessa d’être envoyée. On raconte alors que Michel Dentend qui savait bien ne pas être le père biologique de l’enfant le mit dehors alors qu’il avait 10 ans et que le gamin vécut de petits boulots. En fait il semble que le pauvre Philippe ait été mis dehors après la mort de sa mère et celle de son père biologique. Il fut commissionnaire et vendeur des rues. Après l’Empire en 1814 la duchesse douairière d’Orléans, qui pleurait Montpensier son fils, et Louis-Philippe n’eurent de cesse étant rentrés en France de retrouver Philippe qui avait alors 17 ans, il était blond, frisé et joli garçon et perpétuellement de bonne humeur. Cathalan qui avait négligé son filleul entreprit alors de rattraper le temps perdu en le rendant plus présentable.
La duchesse fut séduite par ce garçon très intelligent et sympathique, elle qui n’avait plus goût à rien se prit d’affection pour lui. On le décrit ainsi : « Alerte, frais, épanoui, rubicond, carré, blondin et frisé, fouettant l’air de son nez bourbonien et fier quoique longtemps déguenillé ».
Le 21 août 1814 Louis-Philippe, sa femme et ses enfants entendent la messe dans la chapelle Saint Jérôme qui depuis a fait place à l’église Saint-Charles à l’angle de la rue Grignan et de la rue Breteuil et où peut-être Philippe avait été baptisé (Julie Pellizzone, Souvenirs, tome I, 1787-1815, Indigo et Côté-femmes éditions, Publications de l’Université de Provence, 1995).
Françoise était morte à Marseille le 25 mars 1806 et son époux dont elle était séparée depuis sans doute longtemps, devait mourir en 1816 après avoir renoué avec Philippe. La duchesse retrouva son petit-fils, le fit venir à Paris et il put reprendre une vie normale.
« Nous avions appris avec grand plaisir la romanesque bonne fortune échue au blond Philippe, notre jovial vendeur de bulletins, enlevé soudainement au bouiron (la maraude) et à la chouno dei quècoun (le plongeon des mauvais garçons) pour devenir le commensal, le protégé presque l’égal des princes du sang, ses plus proches parents de la main gauche (Victor Gélu, Marseille au XIXe siècle, réédition Plon, Paris 1971).
Quand il eut tous ses diplômes Madame Adélaïde alors Mademoiselle d’Orléans, sa tante lui acheta une étude de notaire à Paris, 39 rue Croix-des-Petits-Champs, c’était en 1829 tout près du Palais-Royal. C’est aujourd’hui la caisse de Paris de la Banque de France. Il fut le notaire du roi sous la Monarchie de Juillet. Il aurait bien voulu établir le contrat de mariage de Marie avec Alexandre de Wurtemberg mais le gouvernement s’y opposa car entre deux puissances souveraines un contrat de mariage c’est un traité qui doit être établi par les diplomates. Par la suite maître Dentend fut subrogé tuteur du jeune Philippe de Wurtemberg devenu orphelin.
En 1848 il transféra son étude au 52 rue Basse-du-Rempart rue qui a été détruite lors de l’élargissement des boulevards des Capucines et de la Madeleine.
Il épousa Marie Adrienne Pauline Pingré de Fricourt, Mme Dentend de Pingré, d’une riche famille picarde, qui lui survécut jusqu’en 1889, où elle décéda subitement le 19 décembre en son domicile du 166 rue du Faubourg-Saint-Honoré, et il eut deux filles Adélaïde Antoinette Pauline, comtesse de Sesmaisons, née en 1847, qui était la filleule de son cousin germain Antoine, duc de Montpensier, et de Madame Adélaïde, et Victorine Jeanne Adrienne, comtesse de Léautaud-Donine.
Les Dentend reposent dans la 15e division du Père-Lachaise.
On consultera sur ces épisodes outre les émouvants Mémoires du duc,
G. Lenotre, Mémoires et Souvenirs sur la Révolution et l’Empire. Les Fils de Philippe-Égalité pendant la Terreur, Perrin, Paris, 1947,
Michel Jonquet, À propos de Me Philippe Dentend (1797-1858), notaire à Paris, Le Gnomon, Revue internationale d’histoire du notariat, numéro 155, avril-juin 2008,
Georges Reynaud, Le neveu marseillais de Louis-Philippe, Philippe Dentend (1797-1858), Une correspondance inédite (1814-1819) avec son parrain Étienne Cathalan, Comité du Vieux-Marseille, cahier 100, Marseille, 2008,
Jean-Baptiste Samat, La Détention des Princes d’Orléans à Marseille (1793-1796), Cahiers du Comité du Vieux-Marseille, numéros 59 et 60, 3e et 4e trimestres 1993,
André de Gasquet, Étienne Cathalan, vice-consul des États-Unis à Marseille de 1789 à 1819, Cahiers du Comité du Vieux-Marseille, numéro 78, 2e trimestre 1998,
Jacques Bernot, La fortune disparue du roi Louis-Philippe, Fernand Lanore, 2008.
Les Dentend étaient une famille d’origine savoyarde qui aurait donné des seigneurs qui n’étant pas assez fortunés pour payer l’hommage noble se seraient retirés à Genève où ils auraient été reconnus citoyens. Philippe adopta leurs armoiries : d’argent au lion de sable tenant entre ses pattes une hure de sanglier de gueules, au chef d’azur chargé à dextre de trois étoiles d’argent mal ordonnées et à senestre d’un soleil d’or issant du flanc, l’écu supporté par deux lions tandis qu’un troisième est issant en cimier. Devise Sic Dentend.
Gérard
1 octobre 2018 @ 13:51
Je vais vous répondre mais oui la famille subsiste en ligne féminine et l’un de mes amis qui est donc de la descendance de Philippe a été l’un des gentilhommes d’honneur du comte de Paris actuel aux obsèques de son père.
Il m’avait dit qu’ils cousinaient, je n’ai pas osé lui dire que je connaissais l’origine de ce cousinage.