L’église fortifiée de Biertan fut bâtie en premier lieu en dans l’objectif de promouvoir la ville pour qu’elle devienne le centre administratif des « Deux Chaises », un territoire géré par des prêtres saxons. L’actuelle église de Biertan, fut bâtie entre 1486 et 1524, en style gothique tardif.
Cette construction monumentale est composée de 3 halles de dimensions égales. L’église est remarquable par son volume et par son retable qui représente des scènes de la Vierge Marie.
Son autel est le plus grand de Roumanie. L’iconostase est composée 18 panneaux peints par des spécialistes venus de Vienne et de Nürenberg.
La chaire de l’église fut sculptée en pierre en 1500 par le maître Ulrich de Brasov. Le mobilier de l’église de Biertan comporte des pièces très rares et très valeureuses datant du début du 14e siècle. On note des ornements gothiques, semblables à ceux qui existaient à l’époque en Allemagne et en Suisse.
La porte de la sacristie est dotée d’un système très compliqué de 19 serrures ! Réalisée en 1515, elle a été primée à l’Exposition Mondiale de 1900 à Paris comme l’un des meilleurs exemples de manufacture saxonne médiévale. Le système serrure fonctionne encore aujourd’hui.
Pendant 300 ans à savoir de 1572 à 1867, Biertan a été le siège de l’Evêché évangélique. C’était donc une des forteresses paysannes saxonnes les plus importantes et les plus puissantes de Transylvanie. 3 rangées de murailles, 3 bastions et 6 tours.
Néanmoins, au début du 18e siècle, elle fut attaquée et dévastée par les haïdouks, qui ont volé de nombreux objets de culte et des documents d’une valeur inestimable et ont profané les cryptes des évêques en cherchant des trésors.
Le bastion du côté est a quant à lui une histoire plutôt amusante. Ainsi au 15e siècle, on y renfermait les couples qui s’étaient disputés et voulaient se séparer pour différentes raisons. On leur laissait une seule assiette, une seule cuillère, une seule fourchette, une seule tasse et un seul lit. La plupart des couples réussissaient à trouver une solution à leurs problèmes et n’avaient plus recours à la justice ! La forteresse de Biertan disposait également d’une prison, mais la tour qui l’abritait fut démolie en 1840 pour faire place à une école.
Pour arriver à l’église de Biertan, il faut traverser un escalier couvert en bois, long de 100 m, qui faisait la liaison avec la place centrale de la localité. Une fois montés, on arrivait devant l’église où se trouvait un grand rocher sur lequel devaient s’asseoir, chaque dimanche, les personnes qui avaient fait de mauvaises choses pendant la semaine, pour que tout le monde les voie. C’était une méthode très efficace, paraît-il, d’éduquer la communauté.
Après la chute du communisme, les Saxons quittent Biertan en masse pour s’établir en Allemagne. En 1993, l’église fortifiée de Biertan a été incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a été restaurée grâce aux dons des familles originaires de cette localité, actuellement établies à l’étranger. Le chef du projet de restauration, l’architecte Herman Armeniu Fabini, a été récompensé de la médaille “Europa Nostra”. (merci à Guizmo pour ce reportage)
Antoine
29 novembre 2018 @ 10:53
Merci pour cet intéressant reportage. Je note qu’on ne laissait pas de couteau aux couples en conflit…
Corsica
29 novembre 2018 @ 14:27
Merci Guizmo pour cet article intéressant. La serrure m’a épatée tout comme l’enfermement des couples qui voulaient se séparer. L’histoire ne dit pas au bout de combien de temps ils ressortaient et si l’inconfort de dormir par terre pour l’un des partenaires le ramenait à la raison. À moins que ce soit l’œuvre de la promiscuité et de la nécessité de dialoguer pour se partager les ustensiles et le lit. :):)
Muscate-Valeska de Lisabé
29 novembre 2018 @ 19:04
C’est passionnant, Guizmo,merci.La serrure me fascine autant que l’endroit.
Gérard
29 novembre 2018 @ 22:04
Magnifique reportage et magnifique église. Merci à Guizmo.
Anastasie
30 novembre 2018 @ 10:05
Les églises fortifiées de Transylvanie sont magnifiques. Je n’ai malheureusement pas pu entrer à Biertan, mais en ai visité d’autres comme à Viscri (le « village du Prince Charles !), Sebes et Prejmer (Tartlau en allemand). Cette dernière comporte des « chambres » dans les remparts où les habitants du village pouvaient se réfugier en cas d’attaque. Il y a même une salle de classe.