Son Altesse Royale le prince Alexandre de Yougoslavie fête ce 13 août ses 90 ans. A cette occasion, Noblesse et Royautés a eu le plaisir grâce à la complicité de la princesse Barbara de Yougoslavie d’obtenir un entretien et de revenir sur les grands moments de la vie du prince. Dans les prochains jours, Noblesse et Royautés vous proposera également des photos des albums familiaux du prince Alexandre et de la princesse Barbara de Yougoslavie.
Le prince Alexandre voit le jour à White Lodge dans le Surrey en Angleterre le 13 août 1924. Il est le premier enfant du prince Paul de Yougoslavie (1893-1976) et de la princesse Olga de Grèce et de Danemark (1903-1997), sœur de la princesse Marina de Kent. Son père le prince Paul fut régent du royaume à partir de 1934 suite à l’assassinat du roi Alexandre à Marseille (conformément aux dispositions testamentaires du défunt) et dans l’attente de la majorité du futur roi Pierre II.
En 1955, le prince Alexandre a épousé à Cascais la princesse Maria Pia d’Italie, fille aînée du roi Umberto et de la reine marie José d’Italie, née princesse de Belgique. Le prince s’est remarié en 1973 avec la princesse Barbara de Liechtenstein. De cette union est né en 1977 le prince Dushan.
Travaillant dans le monde de la joaillerie, passion héritée par son fils le prince Dimitri, puis dans le monde des affaires, le prince Alexandre est installé depuis de longues années à Paris mais a énormément voyagé tout au long de sa vie, entretenant d’étroites relations au sein du Gotha.
Fin 2012, il a assisté au rapatriement des dépouilles de son père le prince régent Paul, de sa mère la princesse Olga et de son frère le prince Nicolas (décédé près de Windsor dans un accident de voiture en 1954) au mausolée royal d’Oplenac en Serbie. Des cérémonies qui ont soulevé un enthousiasme populaire pour la monarchie dans ce pays. La sœur du prince Alexandre, la princesse Elisabeth s’est quant à elle établie à Belgrade et vient de récupérer il y a quelques semaines l’une des résidences de son père confisquée après le départ de la famille royale en exil.
Le prince Alexandre et son épouse séjournent en ce moment à Marbella dans le Sud de l’Espagne. Le prince et la princesse ne sont pas attachés à l’importance de fêter un anniversaire, cela n’a jamais été le cas. Il en sera donc de même pour les 90 ans du prince. Il s’agira juste d’un dîner avec des amis. Les enfants du prince sont d’ailleurs en ce moment en différents endroits du globe à savoir à New York, en Suisse et son fils cadet le prince Dushan est à Beyrouth au Liban pour un mariage.
Les souvenirs d’enfance du prince Alexandre sont intacts. Il se rappelle comme si c’était hier de sa scolarité dans un collège en Angleterre dès ses 8 ans. Ses parents le prince Paul et la princesse Olga aimaient en effet séjourner en Grande-Bretagne. A 13 ans, il intègre le prestigieux collège d’Eton. Mais les souvenirs sont aussi bien évidemment liés à sa vie de jeune enfant et adolescent en Yougoslavie.
Ses parents résidaient à Beli Dvor (le Palais blanc de Belgrade). Ils l’avaient décoré avec beaucoup de goût avec les œuvres d’art que le prince Paul achetait et collectionnait. Les étés se passaient à Brdo en Slovénie. Que de souvenirs aussi des vacances l’été à Pratolino près de Florence en Toscane. La famille Demidov (du côté de la grand-mère paternelle du prince Alexandre) y possédait une demeure. Le prince Alexandre (ici avec son frère Nicolas) se souvient avec enthousiasme des magnifiques excursions à la découverte de la région, des jeux avec sa sœur la princesse Elisabeth et ses cousins mais aussi avec les enfants du village.
Le départ en exil fut une terrible épreuve pour la famille princière. Le prince Alexandre avait alors 17 ans et ce moment l’a profondément et durablement marqué. Après le Kenya où ils vécurent dans la région du lac Navahisha, la famille du prince retrouva en Afrique du Sud la famille royale Grèce (NDLR : la mère du prince Alexandre est née princesse de Grèce et de Danemark). Le prince rejoint alors les rangs de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il est basé à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka) et en Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe). Tout comme ses parents, le prince Alexandre de Yougoslavie, se plaît beaucoup en Grande-Bretagne, il aime la vie londonienne où il a de la famille et des amis. Mais le Palais Blanc de Belgrade reste toujours dans ses pensées.
En 1955, le prince Alexandre épouse à Cascais au Portugal la princesse Maria Pia d’Italie, fille ainée du roi et de la reine d’Italie. Elle aussi vit en exil. Le couple choisit de s’installer à Paris. Ce sera le début d’une longue histoire d’amour entre le prince et la capitale française. ,
Dans ses mémoires, le prince Michel de Grèce se souvient d’après-midis à la résidence du prince Alexandre qui disposait d’une salle de cinéma. Comme le raconte la princesse Barbara, le comte et la comtesse de Paris étaient très proches du prince Alexandre. Les liens les plus étroits qui demeurent encore aujourd’hui sont avec la princesse Isabelle de France, comtesse de Schonborn Buchheim et avec le prince Michel de France, comte d’Evreux qui s’est toujours montré si attentionné et affectueux à leur égard.
C’est lors d’une fête au Pré Catelan après la célèbre course hippique de l’Arc de Triomphe, soirée donnée par l’Aga Khan que le prince Alexandre de Yougoslavie, divorcé entre temps de la princesse Maria Pia d’Italie avec qui il a eu quatre enfants le prince Michel, le prince Dimitri, le prince Serge et la princesse Hélène, fait la connaissance de la princesse Barbara de Liechtenstein, fille du prince Johannes de Liechtenstein et de la comtesse Karoline von Ledebur-Wicheln.
Ils se marient civilement à Paris en 1973. Divorcé, le prince Alexandre ne peut donc épouser religieusement la princesse Barbara, ce qui à cette époque est délicat tenant compte tenu du fait que la princesse est issue de la famille princière de Liechtenstein. Mais les relations avec le prince Franz Josef et la princesse Georgina de Liechtenstein seront toujours d’une très grande chaleur. Le prince Alexandre et la princesse Barbara se rendaient très régulièrement à Vaduz où vivait la mère de la princesse.
Avant son mariage, la princesse Barbara se qualifie un peu de nomade car elle a vécu successivement à Vienne, Munich et Lausanne. Elle a étudié l’Historie de l’Art et la décoration d’intérieur. Lorsqu’elle s’installe à Paris en 1973, elle ne parle pas encore couramment le français comme aujourd’hui et ne connaît pas grand monde.
La princesse nous confie que le comte et la comtesse de Paris que son époux connaissait de longue date, se montrèrent très affectueux avec elle. Elle qualifie la défunte comtesse de Paris de personne absolument magnifique dans tous les sens du terme. Souvenirs aussi de ce grand anniversaire du comte de Paris à Amboise où le couple princier figurait parmi les proches et amis.
Quels sont les liens avec les autres membres du Gotha ? Le prince Alexandre est resté en contact très régulier avec son cousin le duc de Kent (leurs mères sont sœurs) et avec la princesse Alexandra de Kent. Moins avec le prince Michael car il est plus jeune.
Le prince Rainier et la princesse Grace de Monaco furent aussi des intimes. Alexandre et Barbara de Yougoslavie les retrouvant en Principauté mais surtout dans leur domaine de Marchais. Ils aiment aussi chasser en compagnie du grand-duc Jean et la grande-duchesse Joséphine Charlotte de Luxembourg. Comme le raconte la princesse, ces amitiés font aujourd’hui partie d’une ancienne génération et plusieurs sont malheureusement décédés depuis.
Le prince Alexandre parle entre autre couramment le serbe même si pendant l’exil il n’eut guère l’occasion de le pratiquer. Evoquer la Yougoslavie était un peu un sujet tabou car cela signifiait ressasser des souvenirs douloureux liés au départ du pays. Même ses parents le prince Paul et la princesse Olga préféraient éviter ce sujet de conversation. Comme le souligne la princesse Barbara, dans les années 70, évoquer la Yougoslavie, c’était un peu parler de la lune, quelque chose de totalement inaccessible au vu du contexte politique.
En 1992, l’occasion se présente de se rendre en Yougoslavie pour la présentation d ‘un ouvrage consacré au prince régent Paul qui été traduit en serbe. Le prince et la princesse font le voyage. C’est un moment inoubliable : revoir ce pays quitté il y a si longtemps. En visite au Palais blanc, le prince retrouve sa chambre d’adolescent absolument intacte comme lorsqu’il l’avait quittée. Ses livres, ses affaires personnelles, tout est là. La salle de bain aux carrelages jaunes est restée pareille. Les visites se succèdent alors.
En 1995, le prince et la princesse se marient religieusement selon le rite orthodoxe à Topola. Une bénédiction religieuse dont avait toujours rêvé la princesse. Et pourtant, ce ne fut pas facile. Le couple n’avait pas obtenu les visas réglementaires mais au final par quelques tours de passe-passe, ils purent voyager.
En 2012, à l’initiative de sa sœur princesse Elisabeth qui réside à Belgrade depuis quelques années, les dépouilles du prince régent Paul, de la princesse Olga et du prince Nicolas sont rapatriées à Belgrade pour être inhumées au mausolée royal d’Oplenac. Un autre moment d’intense émotion pour le prince Alexandre, heureux de voir ses parents et son frère enfin reposer sur le sol de Serbie.
Le prince ne s’est plus rendu depuis à Belgrade mais espère pouvoir le faire cet automne. L’âge faisant, le prince est devenu plus casanier mais comme le commente la princesse Barbara, « nous sommes tellement sortis pendant 40 ans, que cela fait du bien d’être un peu chez soi ». Le couple se rend encore une fois par an environ au Liechtenstein. Depuis en effet, la mère de la princesse est décédée ainsi que le prince Franz Josef et la princesse Georgina mais les liens demeurent évidemment avec la famille princière.
Le prince Alexandre est surtout très proche de l’archiduchesse Ferdinand d’Autriche, née comtesse Hélène de Toerring-Jettenbach (leurs mères étaient sœurs) et du frère et de la belle-soeur de cette dernière le comte et la comtesse Hans Veit de Toerring-Jettenbach. Ils ont souvent passé des Noël ensemble en Bavière. L’archiduchesse (mère de l’archiduchesse Sophie, princesse Hugo de Windisch-Graetz) a d’ailleurs rejoint le couple princier à Marbella pour quelques jours de vacances ensemble.
Le prince est très fier de ses enfants et de leurs réussites professionnelles. Ils sont de plus le don des langues comme lui. Son fils cadet le prince Dushan est diplômé en Sciences politiques de la prestigieuse université Mc Gill à Montréal après des études au collège de Harrow en Grande-Bretagne. Entre eux, Alexandre et Barbara parlent en anglais car c’était leur langue véhiculaire lorsqu’ils se sont rencontrés. La princesse a toujours parlé à Dushan en allemand. Le prince est donc parfait trilingue avec le français. Il a séjourné à Belgrade pendant un an pour apprendre la langue du pays de ses ancêtres. Il travaille aujourd’hui à Paris dans une importante société de communication Fred et Farid après avoir multiplié les expériences professionnelles et les stages auprès de l’Oréal ou encore Eurosport.
Le prince Alexandre et la princesse Barbara aiment résider à Paris. C’est une ville où il a tellement de choses à voir et à faire précise la princesse. Leur endroit de prédilection pour une promenade ? Le pont Alexandre sur la Seine.
40 ans de mariage et une complicité intacte et de chaque instant comme lors de cet entretien. (Copyright photos : DR et site de la famille royale de Serbie)
PROCHAINEMENT : Le prince et la princesse Alexandre de Yougoslavie nous ouvrent leur album de photos de famille
Charles
13 août 2014 @ 07:31
Merci infiniment Régine pour ce cadeau. Vous faites très bien ce que Point de Vue a fait durant des décennies jusqu’au jour où ils décidèrent de se renier et de mépriser leurs lecteurs historiques.
Les entretiens avec les membres du Gotha étaient, de loin, les meilleurs moments des lecteurs d’un magazine de qualité.
BRAVO et encore MERCI chère Régine.
aggie
13 août 2014 @ 10:30
Je partage votre « Point de Vue » Charles, se transformer en vulgaire magazine people alors qu’il en existe déjà tant, je ne vois pas l’intérêt.
Je ne suis même pas certaine que ce facheux changement leur ait apporté beaucoup plus de lecteurs.
Je ne dis pas merçi à Mme Pringle et suis ravie qu’elle soit enfin partie ; le plus frustrant dans tout ça c’est que le courrier des nombreux lecteurs mécontents de la nouvelle ligne éditoriale était soigneusement passé sous silence au profit de celui des laudateurs.
Claudia
13 août 2014 @ 11:20
Vous avez raison Aggie, j’étais abonnée de longue date et avais envoyé un courrrier de mécontentement à Mme Pringle, je suis loin d’être la seule. J’ai aussi résilié mon abonnement devant la tournure que prenait le journal ; aujourd’hui il s’est amélioré et je l’achète de temps en temps, sauf quand je vois Carla B ou Valérie T en couverture…..
patricio
13 août 2014 @ 12:15
Entièrement d accord avec vous Charles.
Amitiés
Patricio
Jean I
13 août 2014 @ 14:14
Je rejoins le commentaire de Charles. merci aussi à Corentine pour avoir retranscrit l’entretien du prince Alexandre et de la princesse Barbara accordée à l’époque à point de Vue.
Ravi d’avoir eu des nouvelles du prince et de sa famille
Philippe gain d'enquin
13 août 2014 @ 16:46
Mille et mille fois, cent mille fois d’accord avec vous, et ce n’est pas le sommaire du dernier numéro dudit magazine qui ira à l’encontre de votre analyse… Cordialement vôtre, PGE
Gérard
14 août 2014 @ 09:49
Dans le dernier numéro de Point de vue un joli reportage sur le mariage de Maximilien d’Harcourt, de la branche ducale, avec la comtesse Philippine d’Ursel. Deux familles ducales donc. Ils sont beaux et souriants et il y avait du beau monde : le duc d’Angoulême, le prince d’Auersperg-Trautson et la princesse, née archiduchesse Constanza d’Autriche, chère à nos amis légitimistes, et leurs filles, le prince et la princesse Guillaume de Luxembourg et leurs fils, le prince et la princesse Nicolas de Liechtenstein, l’archiduchesse Viridis et son mari. Il y avait des siècles me semble-t-il qu’on ne nous avait présenté une union de la troisième partie du Gotha. Autrefois Arnaud Chaffanjon aurait détaillé un peu plus les quartiers généalogiques, rappelé les principales illustrations de ces deux illustres maisons, et aurait dessiné les armoiries d’alliance, mais enfin ce n’est pas si mal et c’est au pied d’un beau château du Berry.
glafouti
14 août 2014 @ 13:49
Je suis d’accord avec vous Charles mais pour ne pas raviver une polémique qui a marquer ce site il y a maintenant quelque années : les temps change!!! d’autres revues ainsi que la net on pris une places non négligeable mais comme beaucoup le PDV d’antan me manque parfois !
Anais
13 août 2014 @ 07:56
Merci à Noblesse et royautés pour cet entretien avec le prince Alexandre de Yougoslavie. Quel parcours de vie en 90 ans ! J’avais lu dans des Point de Vue des années 70-80 que le prince travaillait pour Harry Winston le joaillier. Bref déjà à l’époque un prince de son temps qui s’était intégré au niveau professionnel.
Heureuse de lire que les liens familiaux perdurent entre les descendants des princesses Marina, Olga et Elisabeth de Grèce par le prince Alexandre et le duc de Kent notamment. Donc si je suis bien les ravissantes archiduchesse Sophie d’Autriche et lady Helen Windsor sont aussi cousines.
Charles sera certainement heureux de lire que le prince Alexandre était très ami des défunts comte et comtesse de Paris.
Je me souviens de la présence du couple princier lors des événements parisiens (dans Point de Vue). La princesse Barbara était toujours d’une classe folle. On voit encore sur ces photos que c’est toujours le cas.
Encore un très joyeux anniversaire au prince !
Charles
13 août 2014 @ 11:23
Anais
Le Comte et la Comtesse de Paris défunts étaient très amis du régent Paul et de la princesse Olga de Yougoslavie qui étaient de toutes les fêtes et événements de la famille de France. C’est la princesse Olga qui présenta sa nièce la princesse Alexandra de Kent à son amie « Bebelle » et c’est ainsi que la cousine de la reine d’Angleterre passa plusieurs mois au « Cœur-Volant » pour un séjour linguistique et découverte de la France. La Comtesse de Paris aimait être entourée, recevoir des amis et voyager à la rencontre de ses innombrables cousins et cousines à travers l’Europe. Recevoir « Bebelle » et sa famille était toujours une joie car la princesse était une dame gaie, enjouée et dynamique qui séduisait son auditoire par son humour, sa joie de vivre et sa culture.
clementine1
13 août 2014 @ 20:34
J’ai une pensée émue pour isabelle, Comtesse de Paris en ce jour anniversaire de sa naissance.
Gérard
13 août 2014 @ 08:58
Merci beaucoup Régine pour cette interview de couple très attachant.
Claudia
13 août 2014 @ 09:13
Merci pour ce portrait détaillé. C’est un peu dommage que toute la famille ne soit pas réunie pour son anniversaire, 90 ans c’est un bel âge.
Sophie
13 août 2014 @ 11:24
merci beaucoup à Régine pour cet entretien qu j’ai lu avec beaucoup de plaisir. Cela permet aussi de mettre à l’honneur un prince dont Point de Vue ne parle désormais plus.
Cinthia
13 août 2014 @ 11:26
Je me souviens par le passé des reportages de Point de Vue sur le prince Alexandre et son épouse toujours d’une grande élégance en Pierre Cardin. Je suis ravie que les princes aient fait confiance à Noblesse et Royautés pour marquer l’anniversaire des 90 ans du prince Alexandre.
corentine
13 août 2014 @ 11:52
je partage l’avis de Charles : Bravo et merci à Régine
Joyeux anniversaire au prince Alexandre, et merci à la princesse Barbara
je me permets de rajouter un petit complément. Le prince Alexandre et la princesse Barbara avaient reçu Point de Vue en avril 1980 (PdV du 18 avril 1980, numéro 1655). Voici l’interview du prince Alexandre faite par Laurence Aboressi
Prince Alexandre : « Je ne suis pas né en Yougoslavie, mais dans le parc de Richemond, à White Lodge, dans la même pièce que le futur Edouard VII. A 8 ans, mes parents m’ont envoyé dans une école privée assez dure en Grande Bretagne. Je faisais six fois dans l’année un long voyage pour rentrer chez moi. J’avais un frère Nicolas, mon cadet de 4ans. J’ai poursuivi mes études en Grande-Bretagne jusqu’en 1940, date à laquelle j’ai quitté l’Angleterre avec mon frère. J’étais à l’époque inscrit à Eton, nous sommes rentrés avec une mission française , avons pris un bateau de Liverpool à Lisbonne, puis le train jusqu’à Madrid pour rejoindre la frontière française. Nous sommes repartis jusqu’à Saint Julien à la frontière Suisse. Après Saint Julien nous sommes arrivés à Lausanne et enfin en Yougoslavie. Nous y sommes restés jusqu’au 26 mars 1941, date du coup d’Etat.
Un souvenir d’enfant : j’ai goûté des grenouilles pour la 1ere fois de ma vie avec notre ordonnance qui était française. Depuis j’ai souvent recommencé. »
PdV : Quel était votre style de vie à Belgrade lorsque votre père était régent ?
Prince Alexandre : « Nous recevions beaucoup. Mon père était submergé de travail. Pendant les vacances, nous chassions, nous allions rendre visite à mes cousins, nous allions à la pêche, nous faisions des promenades en montagne. J’accompagnais le roi Pierre dans ses déplacements en province.
Puis nous avons quitté le pays pour aller en Grèce, en Egypte, au Kenya. Ma sœur Elisabeth était encore une enfant. Au Kenya, je me suis engagé dans la Royal Air Force. J’y ai appris à piloter dans une esquadrille de bombardiers. J’ai beaucoup volé après la guerre en Afrique du Sud, en Rhodésie, à Ceylan, en Inde. Après je suis rentré dans la B.E.A. comme pilote de ligne. J’allais fréquemment à Berlin pour transporter des réfugiés. Vous vous souvenez des fameux couloirs : un jour j’ai été pris en chasse par deux Mig. Ils voulaient seulement me faire peur. »
PdV : Etes-vous retourné en Yougoslavie ?
Prince Alexandre : « Jamais » (nous sommes en 1980).
PdV : Voyez-vous souvent l’actuel héritier du trône, le prince Alexandre qui vit à Chicago et qui travaille dans une compagnie d’assurances ?
Prince Alexandre : « Nous sommes très liés. Je pars du reste pour les Etats-Unis car je suis le parrain de son fils Pierre. Alexandre est le parrain de Dunshan. Son père était mon meilleur ami lorsque j’étais jeune. Alexandre a fait ses études en Grande-Bretagne, comme moi. Il a été dans l’armée. C’est un garçon efficace et intelligent. »
PdV : quel est le principal trait de votre caractère ?
Prince Alexandre : « Je suis Lion, né le 13 août. Napoléon a vu le jour le 15, mais nous n’avons rien en commun.
je me définirais ainsi : fermeté, droiture, calme. Mais lorsque je me fâche, c’est terrible »
« Un cœur très généreux » ajoute la princesse Barbara.
PdV : Quelle est votre profession actuellement ?
Prince Alexandre : « Je travaille pour la maison américaine Harry Winston. J’y suis chargé des relations publiques. »
PdV : le fait d’appartenir à une famille princière facilite t-il votre métier ?
Prince Alexandre : « Les princes ne sont plus forcement les personnes qui achètent. Chaque génération voit apparaître des gens nouveaux avec de nouvelles richesses. de nombreux clients investissent dans le diamant. Personnellement je préfère les émeraudes, mais je vous conseille d’acheter un beau diamant, le meilleur domaine actuellement. Les rubis deviennent de plus en plus rares. Il y en a deux ou trois de très belle qualité par an. Le birman pur est introuvable aujourd’hui. On trouve encore des émeraudes en Siam mais elles n’ont pas la même cote. »
PdV : Comment vous est venue l’idée de vous spécialiser dans ce domaine ?
Prince Alexandre : « Le hasard m’a amené dans une joaillerie. J’avais un briquet cartier que je désirais faire réparer. Dans les salons j’ai entendu une voix, celle de M Hocq, qui me disait « Entrez cher ami ». Quelques jours plus tard, il me demandait si je ne voulais pas collaborer avec lui. Au fur et à mesure, j’ai appris ce métier. Nous avons 4 magasins Harry Winston à New York, Paris, Genève et Monte Carlo. »
PdV : Lorsque votre travail vous laisse un peu de temps libre, comment l’utilisez-vous ?
Prince Alexandre : « J’ai un dada : nettoyer les tableaux. Je lis des romans policiers. En peinture, j’aime les impressionnistes et surtout Monet. Je fais de la photo : je possède un Leica Reflex. Autrefois je faisais du 16mm et j’ajoutais le son. Je regarde la télévision « les chiffres et les lettres » et les films.
La princesse Barbara précise que le prénom de son fils est un prénom serbe « Mon mari y tenait beaucoup. Nous avons feuilleté des livres et nous avons arrêté notre choix sur le nom du premier tsar de Serbie qui vécut vers 1300 ».
Francine du Canada
13 août 2014 @ 12:12
Merci beaucoup Régine pour cet entretien avec le prince Alexandre. Il m’apparaît simple et sympathique et forme un beau couple bien solide; je leur souhaite encore bien des années de paix et de bonheur et de la santé également. FdC
corentine
13 août 2014 @ 13:10
la parenté entre le prince Alexandre et son cousin le prince héritier Alexandre :
le grand-père du prince Alexandre, le prince Arsène de Serbie était le cousin germain du roi Pierre Ier de Serbie, arrière grand-père du prince héritier Alexandre.
Le roi Pierre Ier et le prince Arsène était les fils du prince Alexandre et de Persida Nenadovitch. Ils avaient un autre frère le prince André, décédé jeune.
le prince Arsène n’a eu qu’un fils unique le prince Paul.
le roi Pierre Ier a eu trois enfants : la princesse Hélène de Serbie mariée au grand-duc Ivan de Russie, le prince Georges qui renonça au trône le 3 avril 1909 en faveur de son frère cadet le prince Alexandre, futur roi Alexandre Ier.
quelques précisions concernant la renonciation du prince Georges (extrait du journal l’Illustration)
« Le prince Georges s’était déterminé à cet acte à la suite des attaques très violentes dirigées contre lui par certains journaux serbes au sujet de la mort de son valet de chambre Kolarovitch, mort qu’on l’accusait plus ou moins ouvertement d’avoir provoquée par des violences. Les notes officielles protestèrent énergiquement contre ces imputations. Elles attestèrent que Kolarovitch avait succombé aux suites d’une chute accidentelle qu’il fît et que rendit dangereuse une infirmité dont il souffrait. Mais le prince Georges n’acceptant pas de demeurer sous un soupçon injurieux prit le parti de renoncer à son titre d’héritier, afin de pouvoir être juger au besoin comme un simple citoyen et de faire éclater son innocence. Toutes les instances n’ont pu le faire revenir sur cette décision. »
cecil
15 août 2014 @ 11:10
Dans un premier temps, vous dites que le grand-père du prince Alexandre, Arsène, était le cousin germain du roi Pierre I, puis, dans la phrase suivante, ils deviennent frères, ce qu’ils étaient, effectivement. Vous êtes un peu emmêlé les pinceaux!
Vous êtes, habituellement, rigoureuse alors vous pouvez bien lever le pied de temps en temps et mettre un peu de fantaisie dans la généalogie. Au mois d’août, c’est le moment idéal.
Charles
13 août 2014 @ 14:31
Merci Corentine pour toutes vos interventions. C’est tellement plus agréable et constructif de vous lire que de devoir lire les commentaires acides, critiques voir injurieux de certains visiblement très mal dans leur peau pour agir de la sorte.
Je garde la nostalgie des débuts de Noblesse et Royautés, l’ambiance était toujours cordiale et souvent même amicale.
Je remercie et félicite encore Régine pour ses idées, son travail et sa ténacité.
corentine
13 août 2014 @ 21:25
Charles, merci beaucoup, je suis très touchée par votre petit mot.
J’apprécie également toutes vos interventions.
Merci pour tout ce que vous apporter à NR
glafouti
14 août 2014 @ 13:44
et oui Charles moi aussi j’ai parfois la nostalgie des début du site ,mais nous étions aussi beaucoup moins nombreux !
Charles
14 août 2014 @ 21:13
Oui Glafouti je garde d’excellents souvenirs en mémoire.
Bien à vous
Charles
Zeugma
13 août 2014 @ 18:35
L’Etat qui s’est appelé « Yougoslavie » était une de ces merveilleuses inventions françaises des lendemains de la première guerre mondiale, à l’instar de la « Tchécoslovaquie ».
Ni l’un ni l’autre n’ont résistés aux secousses de l’histoire.
Les événements dramatiques qui se déroulent actuellement au moyen orient contiennent également en germe le bouleversement des équilibres frontaliers résultant des accords Sykes Picot qui créèrent la Syrie et le Liban (sous mandat français de la SDN), la Palestine (qui sera scindée et donnera naissance à la Jordanie, puis à Israël) et l’Iraq (sous mandat britannique). Ces Etats survivront-ils aux événements en cours ? D’autres Etats seront-ils créés et notamment un Etat Kurde ? Je n’en sais rien, évidemment. L’avenir le dira.
aggie
14 août 2014 @ 08:25
Merci et félicitations Régine pour cet intéressant ITW et merci à Corentine d’avoir pris la peine de nous retranscrire celui de PDV de 1980 et des précisions généalogiques ; ce site est formidable
corentine
14 août 2014 @ 10:12
Petite rectification, veuillez m’excusez pour l’erreur dans le post sur la généalogie des Karageorgévitch
le prince Arsène (1859-1938) (grand-père du prince Alexandre) et le roi Pierre Ier (1844-1921) (arrière grand-père du prince héritier Alexandre) étaient frère et non cousins. Ils étaient fils du prince Alexandre et de Persida Nenadovitch. Leur frère André né en 1846 est décédé à Paris à 18ans.
le prince Alexandre (1806-1885) , prince de Serbie à partir de 1842, était le fils de Georges (1752-1817) seigneur de Serbie à partir de 1804 qui a été assassiné. Son véritable nom était George Petrovic (fils de Pierre) mais il est connu sous le nom de George le Noir , c’est à dire en serbe de Karageorge, d’où la dynastie des Karageorgévitch.
George , seigneur de Serbie avait un autre fils Alexis auteur de la branche des princes Karageorgévitch , branche qui s’est installée à Paris et qui s’est éteinte en 1920.