Un spécialiste de héraldique pourrait-il nous en dire davantage.
Y-a-t-il un ou plusieurs hérauts d’armes à la cour d’Espagne, comme il y en a à la cour de saint James ?
(A la cour de saint James, ils escortent la reine dans certaines occasions, par exemple pour l’ouverture de la session du parlement.)
La reine a aussi ses hérauts en Écosse et aussi au Canada et il y a un héraut Nouvelle-Zélande. Il existe aussi des hérauts des Pays-Bas, au Danemark, en Suède mais aussi des hérauts dans des républiques comme par exemple l’Afrique du Sud, la Slovaquie, l’Irlande, et en Espagne donc un particulier comme nous venons de le voir ici en Castille et Léon et aussi en Flandre belge outre quelques héros privés en Écosse ou ailleurs.
Qui pourrait nous expliquer les dessins des armoiries du roi Felipe VI d’Espagne?On reconnait évidemment la ‘Toison d’or’ en bas des armoiries!
Merci d’avance!
Bon week-end!
Voir : Armas de Doña Leticia, Revista Internacional de Protocolo, ISSN 1135-9692, Number 33, 2004, pp. 64–65.
Vous trouverez ceci joliment illustré dans l’article de Wikipédia version anglaise consacrée à la nouvelle reine et dans le site http://commons.wikimedia.org/wiki/User:Heralder#Other_Members où nous avons les armoiries de Don Juan Carlos et de la reine Sophie, du roi et de la reine, de la princesse des Asturies, des infantes sœurs du roi et de leurs conjoints (ou ex-conjoint), des infantes tantes du roi et de leurs conjoints, du duc de Calabre, de la princesse Anne de France duchesse de Calabre, de l’infante Alice duchesse douairière de Calabre, sachant que pour les reines les armoiries ne sont pas officielles mais sont communément admises.
Pour la reine donc un écartelé, que l’on doit à l’Académie d’héraldique asturienne, selon le fréquent usage espagnol, des armes paternelles et des armes maternelles : écartelé aux premier et troisième d’azur chargé d’une étoile à huit rais d’or à la bordure échiquetée de gueule et d’argent (Ortiz) ; aux deuxième et troisième d’or à la rose de gueules barbée et boutonnée de sinople (Rocasolano). Pour les Ortiz ce sont les armes les plus communes d’une famille sévillane de ce nom mais avec cette bordure distinctive.
Pour la famille maternelle elle serait d’origine française et spécialement auvergnate, du nom de Roquessoulane, venue au XVIIIe siècle de Calvinet (Cantal), ancienne baronnie des Grimaldi de Monaco, comtes de Carladès.
Autrement dit le premier et le troisième quartier de cet écu sont bordés d’un damier rouge et blanc et le deuxième et le troisième portent une rose rouge dont le bouton est vert ainsi que les pointes.
Cette famille Rocasolano a donné des scientifiques et notamment son excellence Antonio de Gregorio Rocasolano (1873-1941), président de l’Académie royale des sciences de Saragosse, grand chimiste, grand croix de l’ Ordre civil d’Alphonse X le Sage, qui aurait donc été un parent de la reine actuelle.
Le roi don Juan Carlos conservera ses armoiries qui sont les mêmes mais avec le jougs et les flèches symboles des Rois catholiques et la Croix de Bourgogne, et qui viennent des petites armes royales. Le joug de Ferdinand d’Aragon et les flèches d’Isabelle de Castille évoquaient leur propre règne mais aussi la période franquiste, celle de l’État espagnol, où il furent repris (réunis ils formaient l’emblème de la Phalange).
Ferdinand et Isabelle les utilisaient pour rappeler l’unité de l’Espagne qu’ils avaient forgée par leur mariage et par la conquête de Grenade, ils rappelaient leurs lettres initiales, Isabelle avec les flèches (en espagnol « flechas », avec un F comme dans Ferdinand, et Ferdinand avec le joug (en espagnol « yugo », avec un Y comme dans Ysabella).
Naturellement les flèches rassemblées symbolisent l’unité. Le joug évoque non la soumission mais le désir d’empire en souvenir d’Alexandre le Grand qui trancha, dit-on, le nœud gordien qui liait le char du roi Midas de Phrygie à un joug et à un timon et dont un oracle aurait prédit que celui qui le dénouerait serait le conquérant de l’Orient. De même Ferdinand par la prise de Grenade et par l’envoi de Christophe Colomb aux Amériques est à l’origine du plus grand développement de l’Espagne et de la foi catholique. Mais ces symboles avaient été oubliés jusqu’au nationalisme des années 30.
De même on ne trouve plus la croix de Bourgogne derrière l’écu, qui venait de Philippe le Beau, père de Charles Quint, qui avait repris cette croix des emblèmes des ducs de Bourgogne, la famille de sa mère Marie. Philippe épousa bien sûr Jeanne la Folle de Castille, la fille des rois catholiques. Cette croix écotée a évidemment un lien avec saint André, patron de la Bourgogne, crucifié sur une croix en X, et a été souvent utilisée sur les drapeaux espagnols jusqu’au XVIIIe siècle mais n’a pas souvent figuré dans l’héraldique royale. On a dit que cet emblème avait été pris depuis Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui avait des mercenaires écossais.
Les symboles qui ont été enlevés ne se trouvaient pas dans les grandes armoiries royales qui ont été portées jusqu’au comte de Barcelone.
Le dernier roi d’armes Cronista de Armas à avoir été nommé par le ministère de la justice était Don Vicente de Cadenas y Vicent, mort en 2005.
Depuis, le gouvernement de la communauté autonome de Castille-et-León a nommé Don Alfonso Ceballos-Escalera y Gil, marquis de la Floresta comme Cronista de Armas pour Castille-et-León. Don Alfonso était aussi l’officier héraldique du roi Juan Carlos. Il a notamment dessiné les armoiries des lettres patentes que le roi remettait à ceux qu’il titrait.
Merci, Gérard pour ces précieuses informations. A vous demander : qu’en est-il de l’origine des fameuses « colonnes » ? On dit également qu’elles seraient à l’origine du signe du dollar qui aurait été mexicain avant d’être américain. D’autres avancent qu’il s’agit d’une espèce de contraction du U (pour United) et S (pour States) et que l’on aurait limé le bas du U pour former le sigle final où les deux éléments se fondent en une seule pièce. Votre avis ?
Dans les armoiries du royaume et autrefois dans les grandes armes du roi on trouve en effet les colonnes d’Hercule tirées de la devise de Charles Quint, reprise de Ferdinand d’Aragon, avec les mots Plus Ultra. Elles reposent sur des flots et sont surmontées à dextre d’une couronne impériale et à senestre d’une royale. Elles symbolisent l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, l’extension espagnole au-delà du détroit de Gibraltar.
L’une est le rocher de Gibraltar et l’autre au Maroc le mont Abyle ((Jbel Musa).
La source est dans les travaux d’Hercule ou disons Héraclès et précisément dans le 10e : Eurysthée son commanditaire lui demande de lui ramener le troupeaux de bœufs du géant Géryon, au triple corps, qui vit qui à l’extrémité occidentale du Monde. Il y parvient et ramène les bœufs à Eurysthée pour qu’il les offre en sacrifice à Héra.
Je n’ai de grandes connaissances sur l’origine du sigle du dollar mais la théorie la plus répandue selon laquelle il serait venu de la pièce d’argent de 8 réals avec les colonnes d’Hercule et le listel portant la devise qui pouvait rappeler un S, me semble plausible d’autant que les premières pièces frappées dans les futurs États Unis furent désignées comme les Pillar dollars, allusion aux Pillars of Hercules.
Gerard, je suis impressionné par votre post et je vous en félicite. Votre analyse héraldique est magistrale et relie ce roi Bourbon à l’ancienne Lotharingie des grands ducs d’Occident.
Très sincèrement merci beaucoup vous m’avez fait rêver !
Excellent, Gustave. Signalons aussi qu’il a conservé ses armes de prince héritier, comme tu l’as dit, et que le lambel dédié à sa précédente position a naturellement disparu. Le choix avait été fait, lors de la création de ces armoiries, de ne pas y inclure la croix de Bourgogne, le joug de Ferdinand II d’Aragon ni le faisceau de flèches d’Isabelle Ire de Castille, éléments qui faisaient également référence aux opinions de la Phalange et de Franco. Ces armoiries sont donc d’une grande simplicité puisqu’il n’y a pas de manteau, de devise ni de supports.
Armoiries du roi Felipe VI
La différence la plus importante, le roi renonce au joug et aux faisceau de flèches, symboles héraldiques des « rois catholiques », le lion du León a retrouvé sa couleur pourpre , disparition de la croix de saint-André de Bourgogne qu´affectionnait le Roi Juan Carlos.
une autre différence frappante de la nouvelle armoirie du roi Felipe VI est la couleur : bleu avant et maintenant rouge cramoisi.
Description héraldique du blason
Surmonté de la couronne royale et entouré du collier de la toison d´or
chaque quartier du blason représente un royaume.
1 Le Royaume de Castille, de gueules au chateau d´or, donjonné de 3 tours, ouvert et ajouré d´azur
2 Le royaume de León, d’argent au lion de pourpre couronné d´or, lampassé de gueules armés.
3 Le royaume d´Aragon d’or aux quatre pals de gueules
4 Le royaume de Navarre, de gueules aux chaînes d’or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d’une pierre de sinople
5 Le royaume de Grenade, enté en pointe d´argent à la grenade de gueules, tigée et feuilletée de sinople
Au centre de l´écu d’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules symbolisant la dynastie des Bourbons dont est issue la famille royale.
Héraldique Espagne
La Maison de Bourbon-Anjou, qui règne sur l’Espagne depuis Philippe V : et sur le tout, d’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules, bordure typique de la dynastie régnante,
Bourbon-Anjou, de se différencier des Bourbons français utilisent la bordure de gueules.
Si cela vous intéresse voici
Journal officiel de l´Etat samedi 21 juin 2014
Real Decreto 527/2014, de 20 de junio, por el que se crea el Guión y el Estandarte de Su Majestad el Rey Felipe VI y se modifica el Reglamento de Banderas y Estandartes, Guiones, Insignias y Distintivos, aprobado por Real Decreto 1511/1977, de 21 de enero.
Oui tout à fait Michèle et merci; C’est la bordure que l’on appelle de Bourbon en Espagne, et en réalité c’est l’écu du d’Anjou que Louis XIV avait expressément concédé à son petit-fils et à ses descendants (l’écu, mais pas le titre naturellement).
Les héraldistes diront bien entendu comme toujours qu’il n’y a aucune raison que cet écusson soit ovale cet écusson alors qu’il est posé sur un écu qui ne l’est pas et ils ont raison mais puisque cette représentation est ainsi depuis des siècles on aura voulu la maintenir par tradition.
En 1360 le duché d´Anjou est érigé et possède ces armes
C´est l´écu de René 1er d´Anjou (1409-1480), duc d´Anjou 1434-1480, dernier prince régnant, il simplifia ses armes en 1470, et au lieu d´un semé de lis, il prit trois lys.
Dans ses armoiries :sur le tout d´azur aux trois fleurs de lys d´or et à la bordure de gueules.
Le duché d´Anjou est saisi par son neveu Louis XI en 1474 et rattaché au domaine royal.
Philipe de France (1683-1746) petit-fils de Louis XI est titré duc d´Anjou, roi d´Espagne il met sur-le-tout les armes d´Anjou.
L´écu des dames est oval ex : Reine Maxima des Pays-
Bas, Reine Sofia d´Espagne , Reine Letizia d´Espagne.
ceux des demoiselles est un losange : infantes
Ah j’ai beaucoup aimé les fleurs de lys qui venaient se poser sur l’écusson en abyme
dans l’animation de la télévision espagnole :)
Le nouveau Roi est un prince de la Maison de France, dite de Bourbon, de la seconde branche brisant ses armes avec la bordure de gueules.
Je me réjouis que la télévision espagnole ait insisté sur ce point :)
4 – Royaume de Navarre de gueules aux chaînes d’or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d’une ÉMERAUDE au naturel
Sinople : émail vert
Michèle
Pas sûr regardez en Suède les armes Vasa et Bernadotte sont et seront maintenues sous le règne de Victoria et d’Estelle et le prince Daniel a ajouté Bernadotte à son patronyme. Aux Pas-Bas toujours les armes Orange-Nassau pour le souverain, etc.
Sur le tout se trouvent les armes de France à la bordure dite d’Anjou, non celles de Bourbon, car les armes Bourbon sont celles marquées d’une bande ;) porté par les ancêtres d’Henri IV puis les Condé.
Un symbole bourguignon subsiste en la présence du collier de l’ordre de la Toison d’or, dont le collier se compose d’étincelles et de fusils (briquets) qui rappellent la devise de Jean sans Peur ; Ante Ferit Quam Flamma Micet ; Il frappe avant que la flamme ne brille
Et vous, cher Philippe Delorme, avec qui je partage beaucoup d’opinions, êtes-vous Felipe Delolmo de l’autre côté des Pyrénées ? Je suis sûr que vous avez consulté la page de discussion de Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Felipe_VI_d%27Espagne), tout est dit ou presque !
Zeugma
20 juin 2014 @ 08:05
Un spécialiste de héraldique pourrait-il nous en dire davantage.
Y-a-t-il un ou plusieurs hérauts d’armes à la cour d’Espagne, comme il y en a à la cour de saint James ?
(A la cour de saint James, ils escortent la reine dans certaines occasions, par exemple pour l’ouverture de la session du parlement.)
Gérard
20 juin 2014 @ 16:37
La reine a aussi ses hérauts en Écosse et aussi au Canada et il y a un héraut Nouvelle-Zélande. Il existe aussi des hérauts des Pays-Bas, au Danemark, en Suède mais aussi des hérauts dans des républiques comme par exemple l’Afrique du Sud, la Slovaquie, l’Irlande, et en Espagne donc un particulier comme nous venons de le voir ici en Castille et Léon et aussi en Flandre belge outre quelques héros privés en Écosse ou ailleurs.
Caroline
20 juin 2014 @ 11:47
Qui pourrait nous expliquer les dessins des armoiries du roi Felipe VI d’Espagne?On reconnait évidemment la ‘Toison d’or’ en bas des armoiries!
Merci d’avance!
Bon week-end!
gustave de montréal
20 juin 2014 @ 15:59
cf. Gustave Caro.
Je suppose que la reine Letizia porte le même blason de dame en oval à moins qu’elle ait des armes personnelles. Je voudrais bien le savoir.
Gérard
20 juin 2014 @ 17:27
Voir : Armas de Doña Leticia, Revista Internacional de Protocolo, ISSN 1135-9692, Number 33, 2004, pp. 64–65.
Vous trouverez ceci joliment illustré dans l’article de Wikipédia version anglaise consacrée à la nouvelle reine et dans le site http://commons.wikimedia.org/wiki/User:Heralder#Other_Members où nous avons les armoiries de Don Juan Carlos et de la reine Sophie, du roi et de la reine, de la princesse des Asturies, des infantes sœurs du roi et de leurs conjoints (ou ex-conjoint), des infantes tantes du roi et de leurs conjoints, du duc de Calabre, de la princesse Anne de France duchesse de Calabre, de l’infante Alice duchesse douairière de Calabre, sachant que pour les reines les armoiries ne sont pas officielles mais sont communément admises.
Pour la reine donc un écartelé, que l’on doit à l’Académie d’héraldique asturienne, selon le fréquent usage espagnol, des armes paternelles et des armes maternelles : écartelé aux premier et troisième d’azur chargé d’une étoile à huit rais d’or à la bordure échiquetée de gueule et d’argent (Ortiz) ; aux deuxième et troisième d’or à la rose de gueules barbée et boutonnée de sinople (Rocasolano). Pour les Ortiz ce sont les armes les plus communes d’une famille sévillane de ce nom mais avec cette bordure distinctive.
Pour la famille maternelle elle serait d’origine française et spécialement auvergnate, du nom de Roquessoulane, venue au XVIIIe siècle de Calvinet (Cantal), ancienne baronnie des Grimaldi de Monaco, comtes de Carladès.
Autrement dit le premier et le troisième quartier de cet écu sont bordés d’un damier rouge et blanc et le deuxième et le troisième portent une rose rouge dont le bouton est vert ainsi que les pointes.
Cette famille Rocasolano a donné des scientifiques et notamment son excellence Antonio de Gregorio Rocasolano (1873-1941), président de l’Académie royale des sciences de Saragosse, grand chimiste, grand croix de l’ Ordre civil d’Alphonse X le Sage, qui aurait donc été un parent de la reine actuelle.
Gérard
21 juin 2014 @ 00:47
Voir : http://cantal.liens.free.fr/Word/Genealogie-de-cousinage.doc pour l’ascendance maternelle auvergnate de la reine. Et une ascendance remontée jusqu’à Astorg Roquesoulane mort vers 1564, qui vécut à Cassianouze, Auvergne, à l’extrême sud du Cantal, près de l’Aveyron et au sud de Calvinet.
http://www.wargs.com/royal/letizia.html, site de William Addams Reitwiesner.
Lisa L.
22 juin 2014 @ 13:02
Merci ! Passionnant.
gustave de montréal
20 juin 2014 @ 11:49
Le lambel est disparu sinon toujours les mêmes: Castille, Leon, Aragon, Navarre en pointe Grenade, sur le tout Bourbon-Anjou ou je me trompe?
Gérard
20 juin 2014 @ 13:57
Le roi don Juan Carlos conservera ses armoiries qui sont les mêmes mais avec le jougs et les flèches symboles des Rois catholiques et la Croix de Bourgogne, et qui viennent des petites armes royales. Le joug de Ferdinand d’Aragon et les flèches d’Isabelle de Castille évoquaient leur propre règne mais aussi la période franquiste, celle de l’État espagnol, où il furent repris (réunis ils formaient l’emblème de la Phalange).
Ferdinand et Isabelle les utilisaient pour rappeler l’unité de l’Espagne qu’ils avaient forgée par leur mariage et par la conquête de Grenade, ils rappelaient leurs lettres initiales, Isabelle avec les flèches (en espagnol « flechas », avec un F comme dans Ferdinand, et Ferdinand avec le joug (en espagnol « yugo », avec un Y comme dans Ysabella).
Naturellement les flèches rassemblées symbolisent l’unité. Le joug évoque non la soumission mais le désir d’empire en souvenir d’Alexandre le Grand qui trancha, dit-on, le nœud gordien qui liait le char du roi Midas de Phrygie à un joug et à un timon et dont un oracle aurait prédit que celui qui le dénouerait serait le conquérant de l’Orient. De même Ferdinand par la prise de Grenade et par l’envoi de Christophe Colomb aux Amériques est à l’origine du plus grand développement de l’Espagne et de la foi catholique. Mais ces symboles avaient été oubliés jusqu’au nationalisme des années 30.
De même on ne trouve plus la croix de Bourgogne derrière l’écu, qui venait de Philippe le Beau, père de Charles Quint, qui avait repris cette croix des emblèmes des ducs de Bourgogne, la famille de sa mère Marie. Philippe épousa bien sûr Jeanne la Folle de Castille, la fille des rois catholiques. Cette croix écotée a évidemment un lien avec saint André, patron de la Bourgogne, crucifié sur une croix en X, et a été souvent utilisée sur les drapeaux espagnols jusqu’au XVIIIe siècle mais n’a pas souvent figuré dans l’héraldique royale. On a dit que cet emblème avait été pris depuis Jean sans Peur, duc de Bourgogne, qui avait des mercenaires écossais.
Les symboles qui ont été enlevés ne se trouvaient pas dans les grandes armoiries royales qui ont été portées jusqu’au comte de Barcelone.
Le dernier roi d’armes Cronista de Armas à avoir été nommé par le ministère de la justice était Don Vicente de Cadenas y Vicent, mort en 2005.
Depuis, le gouvernement de la communauté autonome de Castille-et-León a nommé Don Alfonso Ceballos-Escalera y Gil, marquis de la Floresta comme Cronista de Armas pour Castille-et-León. Don Alfonso était aussi l’officier héraldique du roi Juan Carlos. Il a notamment dessiné les armoiries des lettres patentes que le roi remettait à ceux qu’il titrait.
Livia
20 juin 2014 @ 18:39
@ Cher Gérard merci à vous et autres intervenants pour ces précisions qui montrent que Felipe VI n’a rien laissé au hasard.
Florestan
20 juin 2014 @ 19:31
Merci, Gérard pour ces précieuses informations. A vous demander : qu’en est-il de l’origine des fameuses « colonnes » ? On dit également qu’elles seraient à l’origine du signe du dollar qui aurait été mexicain avant d’être américain. D’autres avancent qu’il s’agit d’une espèce de contraction du U (pour United) et S (pour States) et que l’on aurait limé le bas du U pour former le sigle final où les deux éléments se fondent en une seule pièce. Votre avis ?
Gérard
21 juin 2014 @ 13:07
Cher Florestan,
Dans les armoiries du royaume et autrefois dans les grandes armes du roi on trouve en effet les colonnes d’Hercule tirées de la devise de Charles Quint, reprise de Ferdinand d’Aragon, avec les mots Plus Ultra. Elles reposent sur des flots et sont surmontées à dextre d’une couronne impériale et à senestre d’une royale. Elles symbolisent l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais, l’extension espagnole au-delà du détroit de Gibraltar.
L’une est le rocher de Gibraltar et l’autre au Maroc le mont Abyle ((Jbel Musa).
La source est dans les travaux d’Hercule ou disons Héraclès et précisément dans le 10e : Eurysthée son commanditaire lui demande de lui ramener le troupeaux de bœufs du géant Géryon, au triple corps, qui vit qui à l’extrémité occidentale du Monde. Il y parvient et ramène les bœufs à Eurysthée pour qu’il les offre en sacrifice à Héra.
Je n’ai de grandes connaissances sur l’origine du sigle du dollar mais la théorie la plus répandue selon laquelle il serait venu de la pièce d’argent de 8 réals avec les colonnes d’Hercule et le listel portant la devise qui pouvait rappeler un S, me semble plausible d’autant que les premières pièces frappées dans les futurs États Unis furent désignées comme les Pillar dollars, allusion aux Pillars of Hercules.
Jean Pierre
20 juin 2014 @ 22:04
Gerard, je suis impressionné par votre post et je vous en félicite. Votre analyse héraldique est magistrale et relie ce roi Bourbon à l’ancienne Lotharingie des grands ducs d’Occident.
Très sincèrement merci beaucoup vous m’avez fait rêver !
Gérard
21 juin 2014 @ 10:32
Merci à vous, à Livia, à Florestan.
Gérard
21 juin 2014 @ 00:05
Cronista = chroniqueur.
Cyril-83
20 juin 2014 @ 15:11
Excellent, Gustave. Signalons aussi qu’il a conservé ses armes de prince héritier, comme tu l’as dit, et que le lambel dédié à sa précédente position a naturellement disparu. Le choix avait été fait, lors de la création de ces armoiries, de ne pas y inclure la croix de Bourgogne, le joug de Ferdinand II d’Aragon ni le faisceau de flèches d’Isabelle Ire de Castille, éléments qui faisaient également référence aux opinions de la Phalange et de Franco. Ces armoiries sont donc d’une grande simplicité puisqu’il n’y a pas de manteau, de devise ni de supports.
Michèle
20 juin 2014 @ 12:24
Armoiries du roi Felipe VI
La différence la plus importante, le roi renonce au joug et aux faisceau de flèches, symboles héraldiques des « rois catholiques », le lion du León a retrouvé sa couleur pourpre , disparition de la croix de saint-André de Bourgogne qu´affectionnait le Roi Juan Carlos.
une autre différence frappante de la nouvelle armoirie du roi Felipe VI est la couleur : bleu avant et maintenant rouge cramoisi.
Description héraldique du blason
Surmonté de la couronne royale et entouré du collier de la toison d´or
chaque quartier du blason représente un royaume.
1 Le Royaume de Castille, de gueules au chateau d´or, donjonné de 3 tours, ouvert et ajouré d´azur
2 Le royaume de León, d’argent au lion de pourpre couronné d´or, lampassé de gueules armés.
3 Le royaume d´Aragon d’or aux quatre pals de gueules
4 Le royaume de Navarre, de gueules aux chaînes d’or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d’une pierre de sinople
5 Le royaume de Grenade, enté en pointe d´argent à la grenade de gueules, tigée et feuilletée de sinople
Au centre de l´écu d’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules symbolisant la dynastie des Bourbons dont est issue la famille royale.
Héraldique Espagne
Michèle
flabemont8
20 juin 2014 @ 17:16
Merci, Michèle !
gustave de montréal
20 juin 2014 @ 20:59
c’est à dire, sur le tout, « Bourbos à la bordure de gueules qui est Anjou » si je ne me trompe.
Michèle
21 juin 2014 @ 19:40
La Maison de Bourbon-Anjou, qui règne sur l’Espagne depuis Philippe V : et sur le tout, d’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules, bordure typique de la dynastie régnante,
Bourbon-Anjou, de se différencier des Bourbons français utilisent la bordure de gueules.
Si cela vous intéresse voici
Journal officiel de l´Etat samedi 21 juin 2014
Real Decreto 527/2014, de 20 de junio, por el que se crea el Guión y el Estandarte de Su Majestad el Rey Felipe VI y se modifica el Reglamento de Banderas y Estandartes, Guiones, Insignias y Distintivos, aprobado por Real Decreto 1511/1977, de 21 de enero.
https://www.boe.es/boe/dias/2014/06/21/pdfs/BOE-A-2014-6525.pdf
Michèle
Gérard
20 juin 2014 @ 16:25
Oui tout à fait Michèle et merci; C’est la bordure que l’on appelle de Bourbon en Espagne, et en réalité c’est l’écu du d’Anjou que Louis XIV avait expressément concédé à son petit-fils et à ses descendants (l’écu, mais pas le titre naturellement).
Les héraldistes diront bien entendu comme toujours qu’il n’y a aucune raison que cet écusson soit ovale cet écusson alors qu’il est posé sur un écu qui ne l’est pas et ils ont raison mais puisque cette représentation est ainsi depuis des siècles on aura voulu la maintenir par tradition.
Michèle
22 juin 2014 @ 03:11
En 1360 le duché d´Anjou est érigé et possède ces armes
C´est l´écu de René 1er d´Anjou (1409-1480), duc d´Anjou 1434-1480, dernier prince régnant, il simplifia ses armes en 1470, et au lieu d´un semé de lis, il prit trois lys.
Dans ses armoiries :sur le tout d´azur aux trois fleurs de lys d´or et à la bordure de gueules.
Le duché d´Anjou est saisi par son neveu Louis XI en 1474 et rattaché au domaine royal.
Philipe de France (1683-1746) petit-fils de Louis XI est titré duc d´Anjou, roi d´Espagne il met sur-le-tout les armes d´Anjou.
L´écu des dames est oval ex : Reine Maxima des Pays-
Bas, Reine Sofia d´Espagne , Reine Letizia d´Espagne.
ceux des demoiselles est un losange : infantes
Michèle
jul
20 juin 2014 @ 17:17
Ah j’ai beaucoup aimé les fleurs de lys qui venaient se poser sur l’écusson en abyme
dans l’animation de la télévision espagnole :)
Le nouveau Roi est un prince de la Maison de France, dite de Bourbon, de la seconde branche brisant ses armes avec la bordure de gueules.
Je me réjouis que la télévision espagnole ait insisté sur ce point :)
Gérard
21 juin 2014 @ 13:10
Pour la Tv espagnole Jul et pour la plupart des gens la seconde branche est celle d’Espagne dont l’aîné est Luis Alfonso.
Marie de Cessy
20 juin 2014 @ 18:53
Il est joli
Peut on avoir plus de détails sur ce drapeau, est ce qu’un spécialiste d’héraldique peut nous en dire plus ?
Merci beaucoup
Marie de Cessy
20 juin 2014 @ 18:54
Et je mis à l’instant les infos sur les blasons
Autant pour moi :)
Michèle
20 juin 2014 @ 19:36
4 – Royaume de Navarre de gueules aux chaînes d’or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d’une ÉMERAUDE au naturel
Sinople : émail vert
Michèle
thierry Le Hete
21 juin 2014 @ 11:30
Au XXIIe siècle, si la monarchie existe encore en Espagne, les fleurs de lys n’apparaitront plus sur le drapeau espagnol
Gérard
21 juin 2014 @ 13:14
Pas sûr regardez en Suède les armes Vasa et Bernadotte sont et seront maintenues sous le règne de Victoria et d’Estelle et le prince Daniel a ajouté Bernadotte à son patronyme. Aux Pas-Bas toujours les armes Orange-Nassau pour le souverain, etc.
Livia
21 juin 2014 @ 22:44
La faucille et le marteau peut être ? :-)))
Gérard
22 juin 2014 @ 12:08
Aie !!!
Francine du Canada
21 juin 2014 @ 17:06
Merci à Régine et à Michèle pour cet article que j’ai trouvé très intéressant. Merci aussi à Gérard pour ses précieux renseignements. Amitiés, FdC
Clément
21 juin 2014 @ 19:58
Sur le tout se trouvent les armes de France à la bordure dite d’Anjou, non celles de Bourbon, car les armes Bourbon sont celles marquées d’une bande ;) porté par les ancêtres d’Henri IV puis les Condé.
Un symbole bourguignon subsiste en la présence du collier de l’ordre de la Toison d’or, dont le collier se compose d’étincelles et de fusils (briquets) qui rappellent la devise de Jean sans Peur ; Ante Ferit Quam Flamma Micet ; Il frappe avant que la flamme ne brille
Philippe Delorme
28 juin 2014 @ 08:09
En français, le roi d’Espagne se nomme PHILIPPPE VI …
http://www.facebook.com/philippevidebourbon
Gérard
28 juin 2014 @ 10:40
C’est plus facile à dire.
Cyril-83
30 juillet 2014 @ 13:14
Et vous, cher Philippe Delorme, avec qui je partage beaucoup d’opinions, êtes-vous Felipe Delolmo de l’autre côté des Pyrénées ? Je suis sûr que vous avez consulté la page de discussion de Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Felipe_VI_d%27Espagne), tout est dit ou presque !