Au long de ses 22 années de règne, le roi Louis II de Bavière se lança dans des chantiers de châteaux qui conduisirent au final à ses pertes, tellement ils avaient creusé les caisses du royaume. Palais d’hiver sur le toit du Palais de la Residenz à Munich est le premier chantier.
« Dans les années 1869 et 1869, trois projets monumentaux d’inégale importance furent lancés dont les plus connus sont les châteaux de Neuchwanschein et de Linderhof. Ils font oublier que Louis commença par faire édifier sur le toit de la Residenz à Munich le Jardin d’Hiver qui devait être démantelé après la mort du roi.
Imaginée dès 1867, mais construite pour l’essentiel durant l’été 1869 au-dessus de l’aile nord-ouest du palais, cette immense serre, tout eb verre ét métal, était la préfiguration de ce que sera -dans une tout autre dimension- le Grand Palais de Paris à la fin du siècle.
Le coeur en était un lac artificiel de plus de 20 mètres de long; la reine mère qui avait bon caractère, s’amusait parfois de ce que des infiltrations aspergeaient régulièrement ses appartements situés en dessous.
Le Jardin fut le refuge du roi quand il venait dans le détesté Munich. Les rares visiteurs qui y furent admis dirent avoir eu l’impression de traverser à la fois les jardins de l’Alhambra et la Nouvelle-Guinée. Ils parlèrent d’un kiosque arabe, d’un lac, d’un pont japonais, de grandes peintures représentant l’Himalaya, d’un perroquet savant et des paons circulant au milieu de palmiers »
Le roi Louis II ne donnait l’accès qu’à de rares priviégiés comme son cousin le prince Louis Ferdinand de Bavière (fils du prince Adalbert frère du roi Maximilien II) et son épouse l’infante Maria de la Paz, fille de la reine Isabelle d’Espagne.
L’infante relate sa visite à sa mère en ces termes : « Devant moi s’étendait un immense jardin illuminé à la mode vénitienne, avec des palmiers, un lac, des ponts, des pavillons et des bâtiments crenelés.
« Entrez » dit le roi. Et je le suivis fascinée comme Dante suivant Virgile au paradis.
Un perroquet qui se balançait sur un anneau d’or me cria : « Guten Abend », tandis qu’un paon passait à côté de moi de sa démarche grave et fière.
Nous traversâmes sur un pont de bois rustique un petit bassin brillamment éclairé et nous aperçûmes devant nous, sous un marronnier, un village hindou. A ce moment, une musique militaire invisible attaqua la marcha des infantas.
Nous arrivâmes alors à une tente de soie bleue décorée de roses dans laquelle un siège supporté par deux éléphants sculptés, reposait sur une peau de lion. Le roi, nous entrâinant plus loin, nous fit descendre par un étroit sentier jusqu’au bassin dans lequel se reflétait une lune artificielle, éclairant d’une lumière douce des nénuphars et des plantes aquatiques.
Un bateau comme ceux dont se servaient les troubadours dans l’ancien temps, était attaché à un arbre. Nous arrivâmes à une cabane hindoue : des éventails et des armes du pays pendaient au plafond.
Je m’arrêtai machinalement mais le roi se remit en marche, et brusquement je crus avoir été transportée par magie à l’Alhambra.
La petite pièce mauresque où nous étions entrés et au centre de laquelle jaillissait un jet d’eau entouré de fleurs, m’avait un instant ramené dans ma patrie.
Contre le mur s’allongeaint deux magnifiques divans. Dans un petit pavillon attenant, et séparé de nous par une arche mauresque, le souper était servi. »
Neuschwanstein dont Disney s’est inspiré est probablement le château le plus emblématique construit sous le règne du roi Louis II de Bavière.
Linderhof est quant à lui bâti sur l’idée du Trianon de Versailles. Il compte la célèbre grotte bleue.
Herrenchiemsee est le Versailles bavarois. A Herrenchiemsee, tout est Versailles et tout est plus que Versailles, disait-on. « Tout est tellement Versailles que le roi fit retirer en 1882 tous les symboles qui pouvaient rappeler la Bavière y compris les lions des balustrades. Fleurs de lys et soleils évinceront donc les lions.
Salon de la Paix et salon de la Guerre, toutes les salles de Versailles sont reproduites, avec plus de dorures, de boiseries, de trophées, de candélabres, de bougies, de bronze ainsi que la salle des Gardes où Turenne, Conté, Villars et Vauban semblent un peu surpris par cette débauche d’or.
L’escalier des Ambassadeurs qui n’existe plus à Versailles (Louis XV le fit détruire pour installer les appartements de ses filles)se trouve à Herrenchiemsee.
La galerie des glaces qui est l’orgueil de Versailles (77 m) mesure à Chiemsee 5 m de plus. 36 lustres de cristal et presque autant de candélabres font rutier les ors et étinceler les glaces.
Quant à la chambre du roi, elle aurait certainement fait froncer le sourcil de Louis XIV qui avait désiré que la sienne inspirât un sentiment de grandeur et non la stupéfaction. Rouge et or, brodée, brochée, rebrodée, elle porte, par ordre de Louis II le bord du baldaquin royal à 6 m du sol, lequel supporte lui-même une immense couronne dorée.
Il est cependant une partie du château que l’on ne saurait trouver en France. Les petits appartements furent ordonnés selon le goût de Louis II qui ne les commanda qu’en 1883 quand la partie Louis XIV fut achevée. »
Falkenstein qui ne vit jamais le jour en raison des abysses des finances du royaume et qui aurait dû être pavé de pierres précieuses.
« Le 7 décembre 1885, Louis II acheta dans le sud de la Bavière, près de Pfronten, les ruines du vieux Burg de Falkenstein, le rocher des faucons. Le site ne fut pas choisi par hasard, le château situé sur un pic à près de 1268 m serait inexpugnable. Georg von Dollmann, chargé des plans, fit l’admirable dessin d’un château de conte de fées, fortifié et pourtant gracieux.
L’aménagement intérieur devait être féérique. Des mosaïques de pierres précieuses couvriraient les sols et on utiliserait que les bois de rose et de violette. » (Sources : « Louis II de Bavière. Le trône et la folie », Catherine Decors, Fayard, 2019, pp.150-151, 269 et 320)
Antoine
20 janvier 2020 @ 01:46
Merci ! Merci pour ce beau reportage et les superbes photographies qui l’accompagnent. C’est le N&R que j’aime et ne suscite pas de polémiques.
Manon M.
20 janvier 2020 @ 02:17
Ses châteaux sont magnifiques et des lieux touristiques aujourd’hui mais cet homme souffrait malheureusement de maladie mentale. $$$$$ Son peuple en a payé le prix…
Karabakh
20 janvier 2020 @ 11:54
Merci de vous référer à mon message, sous l’article consacré au livre.
Jean Pierre
20 janvier 2020 @ 07:55
Le château de Residenz au cœur de Munich fut largement bombardé. Cette résidence royale est entièrement reconstruite.
GUY
20 janvier 2020 @ 08:00
Un régal de revoir tous ces châteaux, , on ne s’en lasse pas
Le roi n’en a pas profité longtemps, c’est nous aujourd’hui qui pouvons le faire
J’ai eu l’occasion d’y aller trois fois a diverses saisons
La dernière fois c’est sous la neige, ma chambre d’hôtel donnait sur le château de Neuswanstein, éclairé dans la brume avec des biches dans les sous bois, c’était féérique Sans oublier le concert aux chandelles dans la galerie des glaces a Herrenchiensée , copie de Versailles, et la visite de la grotte a Linderhof ou Romy Schneider et Helmut Berger ont tourné des séquences du film le crépuscule des dieux, évoqué il y a peu de temps dans NR
Une belle visite conseillée aux touristes se rendant en Bavière, sans oublier le lac de Starnberg ou le roi s’est noyé, il repose a Munich.
Caroline
20 janvier 2020 @ 11:08
Merci pour ces très belles photos ‘ féeriques ‘ à nous faire rêver !
Manon M.
21 janvier 2020 @ 03:17
noyé ou où il s’est ¨fait¨ noyer… Ça mort reste mystérieuse.
neoclassique
20 janvier 2020 @ 08:35
bravo pour votre commentaire détaillé et vivant sur cet incroyable jardin d’hiver.
Merci pour toutes ces précieuses informations culturelles et patrimoniales si enrichissantes.
voilà qui nous change, ô combien, de ces polémiques incessantes sur ces Sussex!
qu’ils aillent au Canada se faire de l’argent puisque tel est leur objectif et qu’on les oublie et vite!
Robespierre
20 janvier 2020 @ 09:00
Comme quoi les timbrés sont parfois des précurseurs ou des visionnaires. Louis II est le grand Architecte du Tourisme Bavarois. Ses élucubrations architectoniques ont rempli les poches de ce pays avec tous les visiteurs des châteaux.
Cosmo
20 janvier 2020 @ 09:01
Il me semble avoir lu que Louis II ne passa que deux nuits à Herrenchiemse et une centaine à Neuschwanstein.
Ayant visité ces châteaux, il y a plus de quarante ans, en hiver, avec deux ou trois touristes seulement, j’ai pu en contempler la splendeur, à défaut du goût. C’était féérique.
Aujourd’hui, cela doit être comme à Versailles, on doit se marcher sur les pieds, été comme hiver.
Vasco2
20 janvier 2020 @ 09:23
N’a-t-on jamais eu l’idée de recréer la verrière en 3 D, pour nous donner une idée de ce que cela pouvait être ?
Marine2
20 janvier 2020 @ 09:32
Merci Guy de ce témoignage. Je connais bien ces lieux et j’y retourne très prochainement. La description de la vue de votre chambre d’hôtel fait très envie: avez vous une recommandation ( si ce type de question est autorisé sur le sit bien sûr) Merci!
GUY
23 janvier 2020 @ 12:48
Marine, excusez moi de vous répondre 3 jours aprés votre message, mais je reviens rarement en arrière pour relire, cela ferait trop pour mes cervicales ! !
Pour l’hôtel situé dans la rue centrale Alpenstrasse, si vous faites Maps google vous pouvez vous retrouver dessus et le voir de la rue, c’est l’hôtel Alpenstuben, ma chambre d’une nuit était je crois dans les 3 mansardées sur le côté », on voyait trés bien le château la nuit, mais il semblerait que les sous bois a biches d’en face aient fait place a des constructions depuis
Bon prochain séjour !
Marine2
24 janvier 2020 @ 11:29
Guy, pardonnez moi à mon tour de cette réponse tardive. Un grand merci pour cette recommandation que j’intègre à la préparation de mon voyage. Je suis certaine que vous comprenez combien je me réjouis! Bien à vous
Ghislaine-Perrynn
20 janvier 2020 @ 09:34
Magnifique reportage qui me renvoie à un voyage merveilleux qui reste gravé dans ma mémoire . Merci Régine aussi pour l’information sur le livre Louis II de Bavière que je vais essayer de me procurer .
Arielle
20 janvier 2020 @ 09:59
Très beau reportage, merci.
COLETTE C.
20 janvier 2020 @ 11:02
De merveilleux souvenirs, tous ces châteaux.
Dans le Palais de Munich, de très beaux portraits.
Vitabel
20 janvier 2020 @ 11:30
Très intéressant, merci.
Danielle
20 janvier 2020 @ 12:09
Très beau reportage qui me conforte dans l’idée de visiter ces châteaux.
Marie DM
20 janvier 2020 @ 12:25
Merci beaucoup pour cette page d’histoire. J’aimerai trouver plus souvent d’articles comme celui ci, j’apprends et je vois ou revois des sites que j’ai déjà visités.
De plus, cela n’insite pas à la polémique et cela fait du bien car les commentaires méchants sur le Comte de Paris ou les Sussex, cela devient lassant.
Je pense que cela relève le niveau de ce site
milou
20 janvier 2020 @ 13:01
Somptueux et merci, suis heureuse de les revoir!
Mayg
20 janvier 2020 @ 13:12
Magnifique héritage laissé par le roi Louis II.
Laurent F
20 janvier 2020 @ 13:46
C’est la première fois que j’entends parler de cette verrière sur les toits de la Residenz, ça devait être féérique.
Claude
20 janvier 2020 @ 14:16
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la famille Wittelsbach eut à coeur d’honorer, de ses propres deniers, les dettes contractées.
Ce qui prit longtemps, mais fut fait.
Qui n’a pas admiré ces châteaux dans leurs écrins ne peut imaginer que Louis II laissait, peut-être involontairement, un patrimoine pour les générations futures.
Belle, riante et opulente Bavière!
CatherineA
20 janvier 2020 @ 22:04
Merci beaucoup Régine ,
C’est toujours un plaisir de lire ce genre de reportage et , comme le dit si bien Antoine , ça nous change des excès de langage lus ces derniers jours .
Leonor
21 janvier 2020 @ 17:05
Les délires architecturaux et musicaux de Louis II ont à époque vidé les caisses de son royaume .
Maintenant, ça les remplit.
Ainsi va la vie .
Remarque bien,si je trouve les châteaux en question hideux, Lohengrin, ça, ça, c’est autre chose…
https://www.youtube.com/watch?v=BLTQzddd4AA
Mein lieber Schwan,
Ach, diese letzte, traur’ge Fahrt,
wie gern hätt’ ich sie dir erspart!
Mon cygne tant aimé,
Ah,comme ‘j’aurais voulu t’éviter
Ce dernier si triste voyage