Cette aquarelle de Joseph Water West (1860-1933) représente des chevaux de race d’Hanovre qui tiraient le Golden State coach lors du couronnement du roi Edward VII en 1902. (Copyright photo : Royal Collection Trust)
Cette aquarelle de Joseph Water West (1860-1933) représente des chevaux de race d’Hanovre qui tiraient le Golden State coach lors du couronnement du roi Edward VII en 1902. (Copyright photo : Royal Collection Trust)
ciboulette
3 novembre 2020 @ 16:20
Ce devait être très fastueux !
Gérard
4 novembre 2020 @ 17:00
Cette œuvre, une aquarelle de Joseph Walter West (1860-1933), date de 1902. Elle représente la paire principale des chevaux qui étaient attelés au Golden State Coach pour le couronnement d’Édouard VII en 1902.
Ces chevaux étaient appelés les crèmes hanovriennes.
Les chevaux portent un harnachement de cuir rouge inhabituel et luxueux, avec le harnais de maroquin rouge aux ornements de bronze doré, et des rubans violets sur la crinière et le haut de la tête.
C’était la première fois aussi que le Gold State Coach était conduit par un postillon vêtu de la livrée d’État. Habituellement l’équipage était conduit par un cocher. À côté du cheval on voit un des nombreux palefreniers qui marchaient pour escorter les chevaux et le carrosse. C’était l’une des dernières fois que l’on pu admirer des crèmes hanovriennes ainsi nommées à cause de la couleur crème de leur robe.
Ces étalons étaient des chevaux de transport dans le Hanovre et les premiers furent emmenés par George Ier en Grande-Bretagne au début du XVIIIe siècle.
Mais au début du XXe siècle il y avait de moins en moins de naissances et les crèmes hanovriennes furent remplacés par les Windsor Greys.
On avait craint déjà pour cette race de chevaux quand Napoléon était en Allemagne et le prince régent était venu pour les sauver.
Ces chevaux étaient assez particuliers avec une peau rosâtre et des yeux en principe d’un bleu turquoise très pâle et une tête avec un profil de nez romain courant chez les chevaux élevés dans les pays froids. C’étaient de gros chevaux mais d’une conformation semblable à celle d’un cheval de trait léger et ils étaient très élégants, ils avaient été élevés pour être calmes et obéissants car les cérémonies d’État étaient éprouvantes pour les hommes et pour les chevaux surtout lorsqu’il y avait une foule bruyante.
Selon la tradition c’est la reine Isabelle de Castille qui fit cadeau de chevaux crèmes à des chevaliers allemands qui avaient servi dans l’armée espagnole et c’est pourquoi au départ on les appelait les Isabellas. On pense qu’ils étaient d’origine andalouse.
En Allemagne les chevaliers les donnèrent aux souverains de Hanovre et leurs descendants vivaient au haras de Memsen, à un peu moins de 100 km de Hanovre, depuis 1653. L’électrice Sophie a élevé ces chevaux qu’on appela à partir d’elle les crèmes hanovriennes et son fils le roi George Ier hérita du trône d’Angleterre en 1714 et emmena des crèmes hanovriennes dont la race fut pendant 200 ans très admirée en Angleterre
Toutefois des étalons furent choisis parmi des purs-sang anglais pour couvrir des juments hanovriennes. Lorsque le roi en avait besoin en Angleterre de nouveau il les faisait venir du Hanovre et spécialement du haras de Celle.
Ils servirent aux couronnements de George Ier et de George II, et de Georges III pour lequel on construisit le Gold State Coach qui faisait 12 pieds de haut et pesait 4 tonnes vides et qui était conduit par huit chevaux étalons crèmes. George III aimait beaucoup ces chevaux même s’il n’est jamais allé à Hanovre, il aimait surtout son étalon Adonis sur lequel il passait les troupes en revue.
Au début de 1803 Hanovre allait tomber entre les mains de Napoléon. Par précaution les meilleures juments et les meilleurs étalons de Hanovre, des crèmes, ont été envoyés discrètement en Angleterre, à Cumberland Lodge dans le parc de Windsor. En juillet 1803 Napoléon qui détestait Georges III s’empara de Hanovre et confisqua les chevaux et l’année suivante il utilisa huit étalons hanovriens pour tirer le carrosse d’État qui l’emmènerait se faire sacrer. Georges III fut tellement enragé de cet affront qu’il ordonna que les chevaux crèmes de Hanovre soient retirés des écuries royales de Londres pour être envoyés à Charing Cross et à la suite de cela les souverains britanniques utiliseront des chevaux noirs de Hanovre jusqu’à la défaite de Napoléon, dont le pauvre roi n’a pu vraiment pas prendre conscience compte-tenu de sa santé mentale en 1814.
Le prince régent aimait beaucoup également les crèmes qu’il a fait envoyer au haras de Hampton Court qui avait été créé par Guillaume III pour l’élevage de chevaux de course. Mais le prince régent surtout s’occupa beaucoup du choix du haras pour toutes sortes de chevaux et il s’en occupa bien sûr pendant son propre règne comme Georges IV, ainsi que son frère le roi Guillaume IV.
Ils vendaient cependant chaque année un certain nombre des yearlings à Tattersall’s le lundi de la semaine d’Epsom mais jamais ils ne vendirent une crème royale hanovrienne.
Mercredi 20 avril 1814 le roi Louis XVIII devait arriver à Londres en vue de gagner la France et le prince régent vint à sa rencontre par la route afin de le conduire à la capitale et le rendez-vous avait lieu vers Londres, le dernier carrosse étant celui du prince régent tiré par huit chevaux de crème hanovriens. Dans ce carrosse avaient pris place le roi Louis XVIII et la duchesse d’Angoulême, le prince de Condé et le prince régent, et c’est cette procession qui est entrée dans Londres dans le carrosse du régent.
Le régent envoya également des crèmes hanovriennes pour participer au Congrès de Vienne, dans un carrosse tiré par ses chevaux préférés qu’il utilisa bien sûr aussi pour son propre couronnement.
Le prince régent demanda ensuite au gouvernement français le retour de tous les chevaux que Napoléon avait emmenés du haras de Hanovre et avec beaucoup de retard les autorités françaises lui faire savoir que l’on ne trouvait plus de crèmes de Hanovre en France et qu’on ignorait ce qu’elles étaient devenues.
Le prince régent demanda également que les juments et les étalons qui étaient sortis clandestinement du Hanovre avant l’arrivée de Napoléon soient restitués. Mais régulièrement sous les règnes de George IV et de Guillaume IV des chevaux du haras de Hanovre étaient envoyés en Angleterre pour améliorer la race et ceci jusqu’au règne de Victoria, car Victoria ne pouvait pas en tant que femme accéder au trône de Hanovre et à partir de là toutes les crèmes royales étaient élevées à Hampton Court.
Les rubans des crèmes étaient violets tandis qu’ils étaient pourpres pour les chevaux noirs.
Au début du XXe siècle il y avait trop de consanguinité chez ces crèmes. Ensuite il y eut la Première Guerre mondiale et le sentiment antiallemand des Britanniques et l’on n’a plus utilisé des chevaux de Hanovre à partir de 1921. À la fin des années 40 il ne restait plus qu’une poignée de chevaux crèmes de race pure et la race des crèmes royaux hanovriens s’éteignit en 1960. Il existe des crèmes royales hanovriennes dans le sud des États-Unis qui sont en réalité des chevaux de trait American Creamou mais qui ne sont pas de purs hanovriens.
On trouvera plus de renseignements dans royal-hanoverian-creams sur Internet :
https://regencyredingote.wordpress.com/2010/04/30/royal-hanoverian-creams/
ciboulette
5 novembre 2020 @ 18:21
Merci , Gérard , pour ces précisions sur des chevaux que je ne connaissais pas !
Pascal🍄
5 novembre 2020 @ 20:06
Merci Gérard.
Je trouve vos précisions très intéressantes.
Gérard
6 novembre 2020 @ 22:20
Merci beaucoup Ciboulette et merci beaucoup Pascal.