Une cour ouverte sur le ciel bleu du Languedoc… C’est ainsi que se présente aujourd’hui, l’un des plus délicats hôtels de Montpellier.
Si la demeure actuelle date de sa reconstruction au milieu du XVIIIe siècle, ce fut un riche hostal au Moyen-Âge. Il aurait appartenu à un certain Jean Nicolas qui faisait des affaires avec Jacques Coeur au XVe siècle.
La demeure devient la propriété, durant la première moitié du XVIe siècle, de la famille Bossavin, seigneurs de Pignan. Elle aurait alors, en 1503, hébergé en grandes pompes l’archiduc Philippe le
Beau (fils de l’empereur Maximilien et père de Charles Quint). En 1556, elle est vendue à François Chefdebien, receveur général des finances en Languedoc.
Par son mariage avec Charlotte de Chefbebien, Jacques Philippe de Maussac, conseiller au Parlement de Toulouse, en devient propriétaire en 1623.
Ne subsiste d’apparent du XVIIe siècle qu’un corps étroit, surmonté de merlons, et donnant sur la rue de la Monnaie.
La parcelle devient en 1755 propriété de François Bachy, comte du Cayla, lieutenant général des armées du roi. Le gros-oeuvre de la demeure est alors presque entièrement repris. Malgré l’étroitesse de la rue qui gêne sa visibilité, la façade offre une grande composition de baies à
arcs surbaissés, ornés de clefs sculptées.
La façade sur rue, d’une grande pureté, s’ouvre par un portail en plein cintre au traitement particulièrement monumental. Il est encadré de refends et surmontée d’une porte-fenêtre en plein cintre ornée, comme toutes les ouvertures de la façade, d’une belle agrafe typique du style Louis
XV.
De belles consoles rocaille jumelées soutiennent le balcon aménagé sur l’entablement de la porte et apportent beaucoup d’élégance à la composition.
Surplombant le portail d’entrée, une belle tête d’Hercule, particulièrement bien travaillée, annonce l’opulence et la puissance des propriétaires. Le héros est coiffé de la peau du lion de Némée dont les pattes sont nouées sur la clé de voûte.
Le porche comporte une galerie à l’entresol et ouvre sur la cour d’honneur.
Le plan classique, dépassé en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, est plus libre et permet une composition plus recherchée sur la cour.
Celle-ci est d’une ostentation et d’une richesse décorative inégalée à cette époque à Montpellier. Sur les quatre côtés se développe une composition à ordres superposés : colonnes au rez-de-chaussée, pilastres aux étages (de bas en haut dorique, ionique et corinthien), avec fronton sur le
corps faisant face à l’entrée.
Les deux façades, parallèles à la rue, comportent un entablement en saillie sur le parement du mur à rez-de-chaussée, avec colonnes doriques engagées. Par contre, les étages présentent une légère différence.
La façade du fond est ornée de pilastres ioniques au premier et corinthiens au second, couronnée par un fronton. En face, il n’existe aucun pilastre ni fronton.
A l’étage noble les fenêtres du corps d’entrée et celles du corps opposé sont couvertes en arc en anse de panier formant contraste avec les fenêtres italiennes régnant par ailleurs.
On admirera les splendides ferronneries des garde-corps qui annoncent l’arrivée du style rocaille dans le Midi et qui contribuent à l’opulence de la cour d’honneur.
Les baies en anse de panier de l’étage noble sont ornées de mascarons déclinés sur le thème des quatre éléments. C’est ainsi que l’on reconnaîtra l’Eau sous les traits d’une gracieuse jeune fille coiffée de roseaux.
L’allégorie de l’Air apparaît sous les traits d’un homme gonflant ses joues pour souffler tout l’air de ses poumons.
Sur la façade opposée, un vieillard d’où émergent les flammes d’un brasier symbolise le Feu.
La Terre enfin, apparaît sous les traits d’une jeune fille avec un arbuste pour coiffure.
Les baies à l’italienne, si elles ont des ornements moins riches, n’en sont pas moins belles avec leurs agrafes de style rocaille toutes différentes. Elles offrent une belle déclinaison de coquilles délicatement ciselées.
Relégué à l’arrière, le vaste escalier suspendu, au simple garde-corps de ferronnerie à barreaux, distribue les deux étages à trois volées par niveau.
Contrairement à nombre de ses semblables, il est enclavé au milieu des bâtiments et sans jour direct. Mais il prend la lumière par de grandes fenêtres hautes sur les jardins de la parcelle mitoyenne au nord.
Le corps d’habitation principal conserve encore de beaux témoignages de la splendeur passée de la demeure : au rez-de-chaussée les salles sont décorées de menuiseries sculptées et de gypseries raffinées de style Louis XV et rocaille : salle à manger (trophées de chasses, moissons ou vendanges avec une niche de fontaine à motifs de plantes aquatiques), salons, boudoir.
Aujourd’hui, l’ensemble de la demeure appartient à la ville de Montpellier qui y a installé la Maison des Enfants et une Halte Garderie. (Un grand merci à Francky pour ce reportage – Photos : Francky et Structurae (dernière photo))
Baboula.
13 novembre 2023 @ 08:14
De mieux en mieux, Franky vous vous perfectionnez pour notre grand plaisir. Merci.
Jean Pierre
13 novembre 2023 @ 09:40
Ouvrir sur un Magritte !
Merci Francky.
Iris Iris
13 novembre 2023 @ 10:13
Jean Pierre,
Bien vu!
Baboula
13 novembre 2023 @ 10:16
👏
Francky
13 novembre 2023 @ 12:13
C’est vrai Jean-Pierre… Je n’y avais pas pensé. Merci !
Perlaine
13 novembre 2023 @ 09:47
Vous me faites regretter de ne plus pouvoir retourner à Montpellier Franky . Merci
Francky
13 novembre 2023 @ 12:16
Peut-être un jour Perlaine…?
D’autant que cet hôtel, de part sa fonction, est très souvent ouvert et on peut le traverser de part en part… Il jouxte l’hôtel de Varennes dont il partage les mêmes caves voûtées (cf salle Pétrarque).
JAusten
13 novembre 2023 @ 10:35
Merci Francky. Bel hôtel vraiment. L’étroitesse des rues confèrent toujours à ces hôtels l’idée qu’on est restée « coincée » à l’époque de leur grandeur. Meme le nom de cette rue aide à cette magie : Embouque d’Or.
JE
13 novembre 2023 @ 15:31
Mille mercis Franky, j’aime voyager avec vous. Merveilleux guide.
JE
13 novembre 2023 @ 15:35
Les hôtels que vous nous présentez ont peut-être été vu par un ami luxembourgeois qui m’était cher et qui est décédé il y a 5 ans le 1er novembre. Il aimait beaucoup Montpellier et sa région. Mercis encore.
Danielle
13 novembre 2023 @ 20:33
De belles sculptures, merci Francky.
Passiflore
13 novembre 2023 @ 21:52
François de Baschi du Cayla était le grand’oncle d’Achille-Pierre de Baschi du Cayla, époux de Zoe Talon.