Un de plus prestigieux hôtels particuliers de Montpellier se cache derrière une façade élégante de la rue de l’Aiguillerie. On trouve mention d’un Griffy propriétaire d’un hostal à cet emplacement sur des documents deIl a été construit en fusionnant trois anciennes maisons.
Au XVᵉ siècle, un porche appelé « porche à Griffy » marquait l’entrée de cet édifice. Malheureusement, peu de vestiges subsistent aujourd’hui de ce bâtiment primitif.
Les Griffy étaient une famille de commerçants italiens et l’ont possédé pendant environ un siècle.
Un de ses membres avait été attiré par les consuls de Montpellier afin de favoriser les relations commerciales entre les villes républiques de la péninsule italienne et notre bonne ville.
Suite au mariage de Garsinde de Griffy, la propriété a été transmise à la famille Roquefeuil, qui l’a conservée pendant plus d’un siècle. Cette famille était déjà connue dans la région du Languedoc depuis la croisade des Albigeois.
L’hôtel passa ensuite dans le patrimoine de Joseph François Pavée de Villevieille qui procéda à partir de 1744 à d’importantes rénovations de deux anciens logis, qui avaient déjà été remaniés au milieu du siècle précédent par Gilbert de Griffy.
De ce premier réaménagement effectué en 1648 subsistent la porte cochère avec son exceptionnelle menuiserie, le majestueux poche d’entrée et l’impressionnante gargouille en forme de licorne sur l’entablement de la façade.
Il est à noter que la porte principale se trouve dans l’axe du vestibule, tandis que des colonnes séparent la cour de l’escalier, qui n’est pas visible depuis l’extérieur.
Du deuxième réaménagement on peut souligner la réorganisation de la cour avec son péristyle aux colonnes renflées d’ordre dorique. Fermant la cour centrale sur deux côtés, elles délimitent l’espace du vestibule et celui de l’escalier.
Les deux autres côtés sont fermés par deux ailes du bâtiment. Dans l’axe central, on admire un très élégant bas relief qui représente un enfant chevauchant un dauphin dans un décor aquatique, le tout placé sous le portrait de Neptune.
La tradition rattache cette seconde phase de travaux à Jean-Antoine Giral, petit-fils d’Antoine Giral qui travailla à l’hôtel de Montcalm.
Les façades sur la cour sont ornées, comme dans beaucoup de demeures, de mascarons auxquels Jean Antoine Giral a voulu donner les attributs des saisons comme ici avec le printemps et l’automne.
Jean Antoine est le mieux connu et le plus fréquemment cité de cette famille d’architectes. Les États du Languedoc le nomment architecte de la Province et lui confient la construction de la promenade royale du Peyrou qui s’étend face à la porte dédiée à Louis XIV.
Pour le récompenser de son travail, les États décident de lui servir une pension qui, à sa mort, passera en partie à sa veuve.
Les autres baies sont surmontées de belles agrafes délicatement sculptées d’où parfois, émergent une colombe prête à prendre son envol ou une tête animale engloutissant des fleurs.
On admire également les garde-corps en ferronneries dont les rinceaux et les coquilles font écho au programme sculpté de l’édifice.
Mais c’est le grand escalier qui attire tous les regards. Cette élégante structure suspendue dessert les trois niveaux de la demeure.
Sa balustrade de fer forgé de belle facture court le long des degrés et témoigne du savoir faire des ferronniers languedociens du XVIIIe siècle qui n’ont rien à envier à leurs collègues sculpteurs.
Comme beaucoup de demeures du centre historique, l’hôtel de Griffy est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1944. Les éléments protégés comprennent le porche, le vestibule, l’escalier et l’élévation, autant de chefs d’oeuvres du patrimoine languedocien. (Merci à Francky pour ce reportage – Photos : Francky et DR)
DEB
2 octobre 2023 @ 07:15
Merci.
J’ai lu attentivement.
Il me semble qu’il faudrait traiter très vite les problèmes d’humidité et ensuite peindre, avant que le bâtiment, le balcon et les volets, avant qu’ils ne se dégradent plus.
Leonor
2 octobre 2023 @ 08:58
Merci Francky.
J’aime beaucoup ces reportages, des uns et des autres. Pour mieux les savourer, j’en réserve la lecture pour mes soirées tardives, quand tout est tranquille dans la maison.
Camille
2 octobre 2023 @ 10:28
Merci pour ce reportage. C’est passionnant pour les amateurs d’architecture. Le travail de ferronnerie des escaliers et balcons et les mascarons sont somptueux .
Denis
2 octobre 2023 @ 12:30
Splendide bâtiment , dommage qu’on y ait entreposé des sphères ou demi-sphères ( sans doute de l’art comptant pour rien , encore une fois ) parfaitement incongrues et inappropriées dans un lie aussi prestigieux..
Danielle
2 octobre 2023 @ 19:33
Denis, je partage vos impressions car pour moi ces sphères dénaturent le lieu qui est par ailleurs fort joli.
Francky
2 octobre 2023 @ 21:28
Denis,
Ces installations « d’art comptant pour rien » pour reprendre votre expression, sont temporaires, l’espace de quelques jours, à l’occasion du Festival des Architectures Vives.
Cette manifestation permet d’ouvrir et d’admirer les cours et escaliers des hôtels particuliers.
Il faut donc admirer ce qui est admirable… ;)
Denis
2 octobre 2023 @ 12:30
Dans un lieU…
Perlaine
2 octobre 2023 @ 13:31
Grand merci Franky !
Opaline
2 octobre 2023 @ 20:52
Magnifique reportage où l’on peut voir les beautés architecturales d’antan qui sortent leur jeu à côté du soi-disant art moderne.
Pastelin
3 octobre 2023 @ 12:03
Les coussins font sacs de couchage pour SDF. C’est peut être le cas ….lieu bien froid