La concentration à Montpellier du pouvoir provincial, au début du XVIIe siècle, accélère la mutation de manières de vivre encore médiévales. En moins de cent ans, une véritable frénésie de reconstruction va transformer les demeures médiévales pour les adapter au confort et aux goûts du
XVIIe siècle. Les modèles sont évidemment ceux de la cour de France.
Ils se diffusent tout d’abord par le biais des hauts responsables politiques installés en résidence par le souverain, avant de conquérir les élites locales immensément enrichie par les revenus des offices, de la rente foncière, de l’industrie ou du commerce.
L’impulsion vient d’architectes liés à l’administration royale, dont les maçons locaux s’efforcent d’imiter l’exemple. Il en va ainsi de cet hôtel, commandé par Jacques de Manse (1628-1699), trésorier général de
France, intendant des gabelles en Languedoc. Ami de Paul Riquet, il a lui aussi participé à la construction du Canal du Midi.
Il fait bâtir sa riche demeure sur une parcelle biscornue de Montpellier, dans la seconde moitié du 17ème siècle, et plus précisément vers 1650-1670.
La forme triangulaire de la parcelle a demandé beaucoup d’ingéniosité architecturale. On pénètre dans l’hôtel par un vestibule ouvert sur une cour intérieure dont la pièce maîtresse, l’escalier d’apparat, est déporté sur le côté.
Il constitue un tournant dans l’histoire de l’architecture montpelliéraine et servira de référence pour les réalisations d’autres riches demeures comme nous en avons déjà vu un bel exemple à l’hôtel des Trésoriers de France.
La richesse des décors des façades intérieures retient le regard.
La façade qui supporte l’escalier d’apparat se présente sous la forme d’un portique à colonnade.
Le rez-de-chaussée est composé de colonnes d’ordre ionique tandis que le premier étage d’ordre corinthien est agrémenté d’une balustrade à balustres carrés. Un important bandeau offre de belles guirlandes de fruits, indiquant la prospérité du lieu et de ses propriétaires.
De superbes pots à feu, à la panse richement ornée, viennent apporter encore plus d’élégance à cette réalisation.
Le dernier niveau est couronné d’un majestueux entablement faisant succéder enroulements de feuilles d’acanthes, scènes mythologiques, corps de balustres surmontés d’une série de bustes de grande qualité qui furent malheureusement vendus en 1934 à un antiquaire parisien.
L’escalier est en pierre et les paliers d’angle reposent sur des trompes appareillées.
Il ouvre sur une cour où les arcs gothiques, les fenêtres à meneaux disparaissent pour céder la place à de grandes baies que l’on qualifie de « baies à l’italienne ».
La cage d’escalier a été fermée au début du XXe siècle par une verrière rompant l’élégance de cet ensemble architectural de premier ordre à Montpellier.
On peut toutefois s’en faire une idée grâce à une gravure réalisée par Isidore Taylor qui montre son état vers 1834. Elle fut publiée dans « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France » dans le volume consacré au Languedoc. (merci à Francky pour ce reportage – Photos : Droits Réservés)
milou
27 décembre 2023 @ 06:29
Que de splendeurs!✨
Aldona
27 décembre 2023 @ 09:43
C’esu une découverte pour moi les reportages à Montpellier et instructif
Perlaine
27 décembre 2023 @ 10:32
Encore une fois merci Franky – Je suis complètement passée à côté de ces merveilles dans le réel , je regrette de m’être focalisée sur la modernité des lieux centraux.
Antoine1
27 décembre 2023 @ 10:42
Encore une belle découverte. Merci. J’ai d’abord cru que la ferronnerie de l’escalier était XIXe. Mais l’examen de la gravure m’a détrompé.
Trianon
27 décembre 2023 @ 11:43
Quel plaisir de lire cet article ! Merci !
Caroline
27 décembre 2023 @ 12:11
Merci pour ce reportage- photos historique !
Danielle
27 décembre 2023 @ 14:40
Le haut des gros pots me fait penser à la flamme olympique.
Quelle richesse architecturale que cet hôtel particulier, les frises de la façade sont très belles et il est dommage que l’escalier ait été fermé.
Merci Franky pour tous vos reportages.
Hervé J. VOLTO
27 décembre 2023 @ 14:45
Pour moi également, c’est une découverte.