Cette vaste et élégante demeure fut construite en 1696-1697 sur les ruines d’un bâtiment médiéval, à la demande du conseiller de la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier, Louis de Paul
(1649-1709). Cette famille de Paul avait acquis une solide réputation dans l’exercice du droit à Montpellier depuis la première moitié du XVIIème siècle.
 
Louis de Paul voulait, par cette construction, faire un cadeau à son fils, lui aussi prénommé Louis (1678-1747), alors âgé de 18 ans.
 
En 1697, ce dernier fut pourvu de la charge de conseiller à la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier, que son père avait acquise en 1680 auprès de Jean Deydé.
 

L’hôtel de Paul fut édifié d’après les plans de l’architecte Augustin-Charles d’Aviler. Ses compétences lui permirent de concevoir une exceptionnelle demeure, dans un espace peu adapté aux aménagements qu’il préconisait toutefois dans ses traités d’architecture.
 

La parcelle de terrain est en effet petite, pentue et au carrefour de deux rues, alors dénommées rues Dauphine et Poitevine (la première ayant disparu pour créer la rue Foch et la seconde devenue rue de la Valfère).
 

L’angle de cet hôtel a bénéficié d’un traitement original qui révélait dans le paysage urbain encore médiéval, la prospérité et la modernité de la famille qui y résidait.

Le premier étage est en effet parée d’une importante fenêtre en plein-cintre ouvrant sur un balcon protégé par un garde-corps en ferronnerie et prenant appui sur une trompe en demi-berceau.
 

La clé de cette fenêtre est ornée d’un mascaron féminin duquel partent deux guirlandes de fleurs, le tout surmonté d’un fronton triangulaire, lui-même agrémenté d’une coquille qui peut apparaître comme un sujet récurrent dans l’œuvre de l’architecte.
 

Depuis cette fenêtre et depuis son balcon le propriétaire disposait d’un heureux point de vue sur l’Arc de Triomphe, également édifié quelques années auparavant par d’Aviler.
 

Sur la rue Dauphine, d’Aviler imagine une façade régulière, sobre, composée de sept travées et terminée par une corniche à petites têtes de gargouilles.
 

Le portail monumental est décalé vers l’angle, afin d’offrir une lisibilité plus importante depuis la porte du Peyrou.
 
Ce décalage lui permet également de conserver l’unité de l’appartement du rez-de-chaussée et ainsi de pouvoir créer une plus grande enfilade de pièces nobles.
 

La lourde porte en noyer est encore ornée de ses platines décoratives, finement ciselées, sur laquelle reposait un heurtoir massif.

On admire les vases d’abondances débordant de fleurs et les feuilles d’acanthes sculptées dans le bois, un travail de grande qualité.


L’entablement est orné d’une tête d’Hercule drapée de la dépouille du célèbre lion de Némée. On y reconnaît le ciseau de Philippe Bertrand qui sculpta également celui de l’hôtel Deydé.


Il s’agit en fait d’une représentation de la puissance du roi Louis XIV que l’iconographie assimilait au demi-dieu grec. L’adoption de ce thème par les Paul, longtemps membre de la Religion Prétendue Réformée, témoigne de son allégeance définitive à la monarchie absolue et au roi Louis
XIV.


Après avoir franchi la lourde porte en noyer et emprunté un vestibule voûté, on découvre une exceptionnelle cage d’escalier d’une seule volée tournante, à limon porteur.


Ce chef d’œuvre de stéréotomie, plus que tout autre, souligne la capacité technique de d’Aviler et témoigne de l’apport que Montpellier doit à cet architecte hors du commun.


La ferronnerie, imitant les balustres, avec ses jeux de transparence, complète la légèreté de l’ensemble et joue avec la lumière qui filtre au travers des baies éclairant cette superbe cage d’escalier, novatrice.


Par l’abandon de la cage d’escalier ouverte sur cour qui pouvait apparaître comme un élément fondamental du modèle traditionnel de l’hôtel montpelliérain depuis le XVIIème siècle, et par l’adoption d’un escalier qui rejette toutes ces convenances locales en prenant jour sur la rue, l’hôtel
de Paul marque une étape majeure dans l’architecture montpelliéraine.


L’hôtel particulier reste la propriété des Paul en ligne directe jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Six générations après la construction de cette demeure, la descendante des Paul épouse Charles d’Espous en 1855. Quelques années plus tard, ce dernier fera construire l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran où se poursuivra l‘histoire des d’Espous de Paul. (Merci à Francky pour cet article et ses photos)

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