La famille Uston de Villeréglan occupa ce bel hôtel particulier au XXe siècle et lui a laissé son nom. En réalité, c’est à une autre famille beaucoup plus prestigieuse que cette demeure doit son existence.
Il confie pour cela les travaux à l’architecte le plus connu de ce début du XVIIIe : Jean Giral. Antoine Bonnier, en épousant en secondes noces Anne Charlotte de Comte, prend le titre « d’Alco » et les terres qui vont avec.
En qualité d’aîné, Antoine Bonnier d’Alco hérite de la charge de Président de la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier détenue par son grand-père.
Le fils de ce dernier, Ange Elisabeth Louis Antoine Bonnier d’Alco (1750-1799) est brillant: il se lie avec des révolutionnaires, est élu député de l’Hérault en 1791, entre dans la diplomatie lors du Directoire.
On entre dans cette riche demeure par un portail monumental, dont l’ornementation toute en finesse n’en signale pas moins l’opulence de ses propriétaires.
Toute l’attention est attirée par la présence de deux amours jouant autour d’un vase débordant de fleurs.
En lieu et place de la clé de voûte, une belle agrafe à volutes sert de support à un gracieux mascaron féminin. Bien qu’abîmé par le temps, on admire encore le soin apporté à la coiffure et à la parure de cette jeune femme.
De part et d’autre de cette composition, des guirlandes de fleurs retenues par des coquilles achèvent cette allégorie du Printemps. On y reconnaîtra les fleurs de cette saison : roses, pivoines, lilas, narcisses, lys et marguerites y composent un délicat méli-mélo floral.
Le porche franchit, on découvre sa façade concave tournée vers la cour. Outre le jeu des volumes, une telle disposition est destinée, comme on l’a vu à l’hôtel Deydé, à faciliter la manœuvre des carrosses.
L’entrée est ici traitée sous la forme d’une baie à l’italienne, légèrement arquée. A la clé, tout comme du côté rue, on retrouve un gracieux visage féminin souhaitant la bienvenue au visiteur.
La cour d’honneur est fermée par les ailes de l’hôtel dont le plan en U est assez traditionnel des demeures de cette époque. Mais la façade principale a été aménagée sur un plan concave, répondant ainsi à la forme du porche qui lui fait face.
Cet ensemble donne à la cour un plan rectangulaire aux angles arrondis du plus bel effet.
Le corps principal a néanmoins été considérablement remanié au XIXe siècle, lui adjoignant un étage supplémentaire par exemple. De la demeure voulue par Antoine Bonnier, ne subsistent, dans son état d’origine, que le portail monumental.
Autre élément d’origine que le XIXe siècle a conservé : la corniche ornée de têtes féminines. Toutes différentes, elles sont caractéristiques de la première moitié du XVIIIe siècle.
Après le décès tragique d’Ange Elisabeth Bonnier, ses filles louent l’hôtel à la commune qui y installe temporairement l’hôtel-de-ville après l’abandon de l’hôtel de la comtesse de Ganges, et avant de l’installer place de la Canourgue.
La branche Bonnier d’Alco évolue dans le milieu de la magistrature locale loin des fastes et de la splendeur de la branche cousine : les Bonnier de la Mosson.
C’est cette branche qui fit ériger l’une des plus belles et des plus somptueuses folies aux abords de Montpellier. Plus discrète, la famille
Bonnier d’Alco subsiste encore de nos jours avec des descendants directs.
L’hôtel Bonnier d’Alco, comme on l’appelle aussi, est aujourd’hui loti entre plusieurs propriétaires. Un restaurant a ouvert ses portes dans son aile principale, permettant d’y savourer des mets délicieux tout en admirant sa cour d’honneur.(Merci à Francky pour ce reportage et ses photos)
JE
25 décembre 2023 @ 04:22
Merci Franky pour ce cadeau de Noël. Un belle suite aux autres reportages.
JE
25 décembre 2023 @ 04:26
Joyeux Noël à l’équipe qui nous nourrit de ses reportages mais aussi à vous, lecteurs et lectrices. Et surtout une Bonne et Heureuse Année 2024, toute en santé, richesse comme jeunesse de coeur. Bisous.
milou
25 décembre 2023 @ 06:22
On ne s’en lasse pas, Francky! Merci!✨
Liam
25 décembre 2023 @ 06:37
Au matin de Noël cet article me comble de joie.
J’ai déjeuner avec mon fils sur la place de la Canourge et nous étions juste en face de ce beau bâtiment.
Par curiosité pour sommes entrés dans la cour……l’hotel restaurant ayant attiré notre attention.
Grand merci Francky et très joyeux Noël à vous!
Francky
25 décembre 2023 @ 21:23
Merci Liam,
Profitez de votre séjour pour aller déjeuner ou prendre un verre dans le restaurant de cet autre hôtel: vous pourrez également en admirer la cour… ;)
Jean Pierre
25 décembre 2023 @ 12:57
On ne sait pas trop qui a assassiné Bonnier d’Alco. Des autrichiens? Des hongrois ? Des moraves ?
Des militaires ou des espions ?
Sur ordre ?
Toujours est-il qu’il repose pas très loin d’ici bien loin de son hôtel montpelliérain.
Esquiline
25 décembre 2023 @ 13:27
Je suis tombée récemment sur une classification de l’indice de sécurité des villes d’Europe.
La place de Montpellier m’a surprise.
https://fr.numbeo.com/criminalité/classements-actuels-pour-la-région?region=150
Francky
25 décembre 2023 @ 18:16
Très joyeux Noël, amis lectrices et lecteurs, et un grand merci pour votre intérêt et vos sympathiques messages.
Caroline
25 décembre 2023 @ 22:50
Bon Noël à Francky !
Un grand merci à Francky pour ce reportage intéressant !
Charlotte (de Brie)
25 décembre 2023 @ 23:21
Joli cadeau de Noël, Francky, merci !
Je crois qu’il y a une rue Bonnier d’Alco à Montpellier.
Francky
26 décembre 2023 @ 16:56
oui, Charlotte, tout à fait !
Une des entrées de cet hôtel (celle du restaurant en fait) donne sur cette rue…
Hervé J. VOLTO
26 décembre 2023 @ 19:02
Daccordissime evec JE. Merci pour cette belle suite aux autres reportages !
Bonne Année, cher Franky, et cordiales salutions.
Danielle
27 décembre 2023 @ 14:32
Le fronton de la porte d’entrée est magnifique, quelle richesse que ces sculptures.
La façade concave de la cour me plait beaucoup.