C’est rue de l’Argenterie (cela de s’invente pas…) que le banquier protestant Jean Pomier établit sa résidence en 1742, peu après son mariage.
Il fait l’acquisition de deux maisons de hauteurs inégales
mais se contente d’en moderniser les façades par une réfection de toutes les ouvertures dans le style Louis XV.
Les fenêtres sont toutes semblables sur les trois étages de l’hôtel. Elles sont légèrement cintrées et décorées de clef de style Louis XV. Cette réalisation donne naissance à un gracieux hôtel représentatif de la fin du XVIIIe siècle languedocien.
La décoration est réalisée après 1765 et l’on y admire une profusion d’agrafes ornées de coquilles toutes différentes.
Sur les trois niveaux, se devine l’influence du style Rocaille qui commence à atteindre la province du Languedoc. Aux mascarons caractéristiques du début du XVIIIe siècle, succèdent des enroulements et des motifs Rocaille asymétriques voulus par Jean Pomier pour orner sa demeure.
On pénètre dans l’hôtel par un très beau portail en anse de panier, qui s’ouvre au centre d’une niche à refends. Il est surmonté d’une imposte en fer forgé remarquablement façonnée, laissant entrer la
lumière dans le vestibule.
La clef fermant l’arc est particulièrement bien traitée. Une profusion de fleurs et de feuillages déborde de la coquille si finement sculptée que l’on dirait de la dentelle.
De part et d’autre du portail, deux pilastres soutiennent le balcon principal. Ils sont ornés de consoles sculptées avec autant de soin afin de créer une composition à la fois délicate et opulente. Elles portent une coquille posée de biais et une longue feuille découpée, enroulée obliquement.
Les ferronneries galbées qui servent de garde-corps au balcon et aux fenêtres, sont remarquables.
Les frères Bongue ont montré ici tout leur savoir-faire pour créer un méli-mélo de courbes et de contre-courbes où apparaissent au centre, les initiales du propriétaires.
On note également la particularité des porte-fenêtres placées en biais qui révèlent la présence, à l’étage noble, d’un salon ovale ouvrant sur le balcon principal.
Le portail franchi, on pénètre dans un vestibule ovale correspondant à la surface du grand salon, situé juste au-dessus. Il est bordé par huit pilastres doriques et s’ouvre sur le grand escalier.
Le passage vers l’escalier est couvert par une poutre qui repose sur deux longues consoles en style rocaille représentant l’une la tête d’Hercule, l’autre une tête à cheveux bouclés rappelant un faune.
Hercule coiffé de la peau de lion aux pattes nouées sous le menton, prend ici appui sur une console aux beaux enroulements, se prolongeant par des coquilles.
L’escalier se développe sur trois volées droites par étage. La rampe est en fer forgé, avec alternance de tiges droites et de tiges ondulées et ramifiées, attachées à la base par des volutes en C opposées.
La barre rampante supérieure est liée à la main courante par une série de C espacés, liés deux à deux par de courtes tiges droites, chaque paire ainsi assemblée séparée de la suivante par une tige ondulée en S.
Le plafond de la cage d’escalier voit le triomphe du style rocaille avec, dans une rosace elliptique, un ensemble de coquilles et de guirlandes de fleurs.
En 1760, Jean Pomier fait l’acquisition du domaine de Layrargues, connu aussi sous le nom de Massane. C’est à partir de ce moment que la famille et l’hôtel prirent ce double patronyme. (Merci à Francky pour ce reportage – Photos de Francky)
Opaline
16 novembre 2023 @ 06:20
Un régal. Merci.
milou
16 novembre 2023 @ 08:33
Charmant, tellement!
Jean Pierre
16 novembre 2023 @ 09:36
Aujourd’hui, propriété privée ou publique ?
J’ai ma petite idée car lorsque l’État ou les collectivités locales rachètent, Francky nous le dit.
Francky
16 novembre 2023 @ 12:59
Vous avez raison Jean-Pierre,
C’est aujourd’hui une copropriété. ;)
Liam
16 novembre 2023 @ 09:36
Encore un beau reportage sur les ‘HP’ de Montpellier………un grand merci à vous Francky pour ces belles photos.
Menthe
16 novembre 2023 @ 09:53
Merci Franky.
Je crois que ce qui me plaît le mieux dans ces hôtels particuliers sont ces ferronnerie, magnifique travail d’art et d’artisans amoureux de leur métier.
Esquiline
16 novembre 2023 @ 12:37
Où sont donc passés les deux articles qui se promettaient passionnants sur le Palazzo Vecchio et le Palazzo Pitti qui je me réjouissais de lire en dégustant il mio caffè?
Régine
16 novembre 2023 @ 12:40
mauvaise mise en ligne, les articles ne sont pas terminés
Esquiline
16 novembre 2023 @ 12:56
A voir le texte je m’en doutais 😉
Ce n’est donc que partie remise, mon quart florentin si déterminant dans ma vie vous remercie d’avance.
JE
16 novembre 2023 @ 15:34
Mercis, Francky. Un hôtel avec la façade qui forme un angle large sur la rue. Spécial. J’aime toujours vos reportages.
Danielle
16 novembre 2023 @ 15:43
Les sculptures sont belles et ce doit être charmant de vivre dans une telle copropriété mais attention aux diverses dépenses.
Merci Francky.
Menthe allo
16 novembre 2023 @ 20:08
De nos jours on pourrait bâtir d’aussi beaux bâtiments, mais, à quel prix !!!
Catherine
16 novembre 2023 @ 21:56
Merci! Ces palaissi agréables étaient les résidences principales ou des maisons au petit pays tandis que leurs propriétaires habitaient plutôt à Paris?
Francky
18 novembre 2023 @ 11:16
Catherine,
Ces demeures étaient habitées à l’année par les riches familles de la ville dont la plupart d’entre-elles occupaient des charges dans les diverses cours administratives et juridiques de la capitale du Languedoc sous l’ancien régime.