Le roi Constantin Ier de Grèce (1868-1923) est le fils du roi Georges Ier et de la reine Olga de Grèce, née grande-duchesse de Russie. Il a pour frères et soeurs le prince Georges (marié à la princesse Marie Bonaparte), la princesse Alexandra (mariée au grand-duc Paul de Russie), le prince Nicolas (marié à la grande-duchesse Helena de Russie et père des princesses Olga, Elisabeta et Marina), la princesse Maria (mariée au grand-duc Georges de Russie), le prince André (marié à la princesse Alice de Battenberg et père du futur duc d’Edimbourg) et le prince Christophe (marié à la princesse Françoise d’Orléans et père du prince Michel de Grèce).
Il a épousé en 1889 la princesse Sophie de Prusse avec qui il a eu 6 enfants : Georges (futur roi Georges II), Alexandre (qui régna de 1917 à 1920 et qui avait contracté un mariage morganatique avec Aspasie Manos, leur fille unique Alexandra épousa le roi Pierre de Yougoslavie), Hélène (mariée au roi Carol II de Roumanie et mère du roi Michel), Paul (qui devint roi en 1947, marié à la princesse Frederika de Hanovre et père de la reine Sophie d’Espagne et du roi Constantin), Irène (mariée au duc d’Aoste) et Katherine (mariée à Richard Brandram).
Au fil de l’histoire mouvementée de la monarchie grecque, le roi Constantin Ier connut l’exil puis les retours en Grèce. Constantin de Grèce alors duc de Sparte rencontra en 1912 lors d’un dîner organisé à Athènes par la comtesse Christine de Lannoy la princesse Paola d’Ostheim. Paola Lottero est née à Gênes, fille du commandant Giovanni Baptista Lottero et d’Emilia di Montarana des barons Sarchi, elle a été fiancée à un neveu de la duchesse de Galliera mais la famille de celui-ci provoqua la rupture. Quelques temps plus tard, elle rencontra le prince Hermann de Saxe-Weimar-Eisenach. Il renonça à ses titres et devint comte d’Ostheim. Malgré un mariage à Londres en 1909, les pressions de la famille de Saxe conduisirent au divorce.
Depuis cette rencontre, Constantin de Grèce et Paola d’Ostheim devinrent très proches et se retrouvèrent quelques mois plus tard lors d’un dîner au Palais de Tatoi. De 1912 à 1923, date du décès du roi Constantin à Palerme, une importante correspondance écrite en français s’échangea entre eux.
Le roi lui écrivait à raison de 2 voire 3 fois par semaine des lettres de plus de 20 pages, narrant son quotidien familial, ses décisions politiques, le contexte local et international ainsi que ses voyages. Dans une lettre datée du 6 janvier 1923 et rédigée à la villa Igiea de Palerme en Sicile, le roi Constantin écrit à Paola d’Ostheim ces lignes « Je ne veux pas t’importuner en te demandant toujours la même chose, mais je dois te dire combien je pense à toi et si tu vas m’envoyer la photo promise dernièrement, ça me ferait un si grand plaisir. Mets-la dans ton sac pendant quelques jours pour qu’elle garde un peu de ton parfum. Je t’aime pour la vie« . Le roi est décédé des suites d’une embolie 5 jours plus tard. (Un énorme merci à Tepi – Source : La Petite Illustration n°731 – archives du 13 juillet 1935)
jul
29 mars 2011 @ 05:59
Pourquoi « Princesse » d’Ostheim et pas plutôt « Comtesse »? conformément au titre accordé au Prince Hermann de S-W-E ?
Régine
29 mars 2011 @ 07:03
Réponse à Jul. En effet, son premier époux fit titré comte d’Ostheim mais Paola d’Ostheim se faisait appeler « princesse d’Ostheim »
pierre-yves
29 mars 2011 @ 07:41
« Je t’aime pour la ville » est une curieuse formule pour conclure une lettre d’amour. Je suppose qu’il fallait lire « pour la vie ».
Leur relation est-elle restée platonique ?
En tout cas, cette correspondance doit constituer une source d’informations précieuse pour les historiens. Et apparemment, elle a été rendue publique.
Colette C.
29 mars 2011 @ 09:56
Ces lettres, sans doute très attachantes, ont-elles été publiées sous la forme d’un livre? Merci à Tepi.
Anais
29 mars 2011 @ 10:15
Merci à nouveau à Tépi pour ce nouvel éclairage fort intéressant sur la famille royale grecque qui m’était assez peu connue
Marie louise
29 mars 2011 @ 11:58
Certainement une belle romance épistolaire!Romantique à souhait!
Jef
29 mars 2011 @ 13:23
Toujours amusant de se rendre compte que le Duc de Kent, le Prince Michael de Kent et la Princesse Alexandra de Kent sont cousins avec le Prince de Galles, la Princesse Royale, le Duc d’York et le Comte de Wessex des deux côtés mais à une génération d’écart…
En effet, ils sont les cousins germains de la Reine Elizabeth par leurs pères respectifs, alors que c’est leur mère, la Princesse Marina, qui était la cousine germaine du Duc d’Edimbourgh.
attique
29 mars 2011 @ 14:02
la meme question (comme Colette C.):Ces lettres ont-elles ete publiees sous la forme d’un livre?
Charlanges
29 mars 2011 @ 14:32
Paola Lottero était née à Sportono (Italie) le 14-7-1881 et elle est morte à Gênes le 8-7-1963. Fut-elle la maîtresse de Constantin I (de 13 ans son aîné) ou seulement une amie de coeur dont il appréciait l’intelligence et avec laquelle il aimait correspondre ? Je n’ai pas la réponse.
L’éphémère mari de Paola (leur union ne dura que 22 mois), le prince Hermann de Saxe-Weimar-Eisenach devenu comte von Ostheim (° Dusseldorf 14-2-1886 + Londres 6-6-1964) se remaria en 1918 à Suzanne Aagot Midling (1886-1931) puis en 1932 à Isabelle Neilson (1895 + ?). Il n’eut qu’un fils de son second mariage, le comte Alexandre-Cyrille von Ostheim (1922-1943), mort à Stockholm dans sa 21ème année.
*GUSTAVE
29 mars 2011 @ 16:52
C’est l’Alsace, mais est-ce Ostheim était vraiment une principauté médiatisée de l’Empire ? Je ne trouve rien de précis sur Ostheim. On parle surtout de seigneurs et comtes.
Caroline
29 mars 2011 @ 17:07
La femme du roi Constantin Ier de Grece n’etait-elle pas au courant de l’etrange correspondance de son mari a une autre femme?Leurs relations n’etaient pas bonnes,il parait que leur derniere fille Katherine n’etait pas celle du roi de Grece!
Palatine
29 mars 2011 @ 17:39
Pierre-Yves,3
vous posez une question très pertinente. A mon avis, mais il n’engage que moi, la dame couronna la flamme du roi . Mais l’éloignement exacerba sans doute les sentiments de l’amant. Comme le dit si bien La Rochefoucauld, l’absence éteint les médiocres passions et allume les grandes, comme le vent, qui éteint un petit feu et allume un grand incendie.
De toute façon, c’est une jolie histoire et Tépi a bien fait de nous en parler.
Anne-Cécile
29 mars 2011 @ 17:46
Un éclairage plus sympathique que de coutume sur le prince et roi Constantin. Quelques éclairages sur les rares bonheurs de cet homme.
Après ce Roi et le Prince Nicholas, peut-être que Régine et les amoureux de cette dynastie grecque nous feront partager le portrait d’un membre de la fratrie, le Prince Christophe et celui de l’amour de sa vie sa première épouse Nancy Leeds.
tepi
29 mars 2011 @ 19:15
Ils ont existaient deux livres au sujet de cette correspondance:1 :A king private letters, en aglais.Editions Eveleigh Nashaud Grayson, London 1925.
Une editions tres censuree.
2)Lettere di Constantino Re di Grecia, A. Mondadori, Milano, 1928.
Mais la meuilleure edition est celle qui apparaisse ici.
Quand j’ai vu pour la premiere fois la photos du Roi avec sa bien-aimee, j’ai constate que le Roi est souriant… car sur toutes les autres photos il est avec un regard triste et lointain….
Le Roi l’a trop aimee.Elle? Je pense que non. Aucune femme vraiment amoureuse ne voudra publier des lettres si intimes de son amoureux… Triste destin pour un Roi.
Trahis comme Roi , trahis comme homme amoureux…
Anne- Cecile j’en doute si Nancy Leeds fut l’amour da sa vie pour le Prince Christophe.. son argent ont bien joue un role important …
Anne-Cécile
29 mars 2011 @ 21:59
Tepi, je crois que l’argent de Melle Leeds a joué un rôle déterminant pour…la famille royale d’abord hostile à la mésalliance! Mais elle reçut non seulement le titre de princesse de Grèce mais aussi le prédicat d’Altesse royale. Comme Marie-Chantal Miller dont le père assez voyant avait clamé publiquement dans la société de Manhattan et à Londres le montant des dots de ses filles. Prédicat que n’a pas reçu la sympathique épouse du Prince Michel de Grèce, moins fortunée certes mais dont la famille dispose d’une fortune à l’origine moins sulfureuse que les Leeds.
Pour le Prince Christophe, est-ce la fortune de Melle Leeds qui l’a fait la remarquer en premier? toujours est-il qu’il en ait tombé sincèrement et totalement amoureux, adorait le fils de son épouse et a chéri tous les souvenirs de sa première femme après son décès même après son remariage.
Charlanges
29 mars 2011 @ 22:19
En complément à la communication de Tepi (14), je puis ajouter que l’ouvrage « A king’s private letters » a été republié en tirage limité en 1996 par Piccadilly Rare Books, Church Street, Ticehurst, East Sussex TN5 7AA (G.B.)dont l’adresse e-mail est » « Minet.Royalty@btinternet.com « . Il n’est pas impossible que cet éditeur ait encore des exemplaires disponibles à la vente.
Sans en être certain, j’ai l’impression que le roi et son amie s’écrivaient en anglais, langue qui ne connait pas le tutoiement. Si l’on récrit en utilisant le vouvoiement la phrase citée dans l’article, celui-ci, à mon avis, paraît nettement moins compromettant.
En ce qui concerne la publication de la correspondance du roi par Paola, je serai moins sévère que Tepi : il ne s’agit pas de lettres d’amour mais de lettres politiques qui permettent de mieux comprendre l’attitude d’un souverain qui fut très attaqué notamment en France et en Grande-Bretagne. Les porter à la connaissance du public aidait à le justifier.
Palatine
29 mars 2011 @ 22:38
Cher Tépi,
j’ai réfléchi à votre post 14.
Cette Paola avait été sérieusement humiliée. Un mariage avantageux ne se concrétise pas. Elle se marie ensuite avec un prince de Saxe que sa famille parvient à faire divorcer au bout de 22 mois de mariage. Là-dessus elle rencontre un prince de famille royale qui deviendra roi et se lance avec elle dans une liaison passionnée.
Elle a probablement publié cette correspondance pour prouver qu’elle avait été aimée par un homme important. Elle a peut-être aimé le roi, ou peut-être pas. Mais elle s’est certainement sentie valorisée par la publication des lettres et a pu prouver l’attachement qu’on lui portait. Je n’irai pas jusqu’à prétendre que c’était très élégant .
Toutefois, comme elle n’a jamais eu d’enfant, personne n’a vraiment été blessé par ces revelations.
A travers les dates et les faits (rupture des fiançailles, renonciation à un titre de prince, divorce imposé par une famille puissante) nous voyons se dessiner le destin d’une femme qui dut certainement être belle et pas si heureuse.
Un fiancé qui s’en va, un mari qui divorce et un homme marié qui ne peut l’épouser.
Vous ne parlez pas d’un second mariage pour Paola. Refit-elle sa vie, eut-elle un « protecteur » ?
tepi
30 mars 2011 @ 12:41
reponse a Charlanges (15)
Merci pour les informations supplementaires sur l’ edition anglaise. Une edition qui a effacee le contexte amoureux des lettres ecrites en francais.En lisant les lettres du Roi a l’edition francaise, elles ont une contexte tres amoureux… Ses opignons politiques sont precieuses biensur.Ce Roi a recu plusieures attaques pas seuleument en France et en Grande-Bretagne mais par ses propres callaborateurs en Grece.
reponse a Palatine (16)
Votre analyse est tres correcte au sujet de la Princesse Paola et je trouve tres noble de votre part de montrer une certaine comrehension a ses actes…
Ils ont pas mis au monde des enfants ensemble mais en 1928 date de l’edition Italienne et encore en 1935 (date de l’ edition francaise) les enfants du Roi etaient vivants.La P. Paola n’a pas pense a eux .. Quand nous aimons um homme nous ne respectons pas ses enfants? Je dis pas les aimer mais les respecter au moins…
tepi
30 mars 2011 @ 13:09
correction : les enfants du roi Constantin en 1935 etaient vivants sauf son fils le roi Alexandre, mort depuis 1920.