Les oeuvres « Le Portrait de Marten Soolmans et le Portrait d’Oopjen Coppit » de la jeunesse de Rembrandt, sont à nouveau présentés au musée du Louvre jusqu’en 2029.
« Après un séjour de cinq ans au Rijksmuseum, à Amsterdam, les deux toiles sont visibles pour la même durée au deuxième étage de l’aile Richelieu, salle Rembrandt (salle 844). Leur dernier séjour parisien remontait à l’automne-hiver 2018-2019 (19 septembre 2018-30 janvier 2019).
C’est la première fois qu’ils seront exposés pendant plusieurs années à Paris. Pour rappel, ces tableaux ont été acquis conjointement par la République française et le Royaume des Pays-Bas grâce à un accord intergouvernemental inédit.
Signé à Paris le 1er février 2016, il impliquait que la France et les Pays-Bas fassent chacun l’acquisition d’un des deux tableaux de Rembrandt, témoignant ainsi de leur ambition partagée pour un patrimoine commun : si les Pays-Bas ont acquis le portrait de Marten Soolmans et la France celui de son épouse, les deux tableaux ne peuvent jamais être séparés. Les tableaux doivent donc être exposés toujours ensemble, alternativement au Louvre et au Rijksmuseum, avec interdiction de prêt en dehors des deux musées.
Ces peintures forment les seuls portraits en pied, grandeur nature, de deux modèles figurés debout, que nous ait laissés le maître hollandais. Ce format splendide, réservé à l’aristocratie, éclaire l’importance de cette commande de 1634 pour le jeune couple et témoigne de la perfection du maître à représenter la subtilité des matières autour d’une symphonie de noirs et de blancs, exaltée par la restauration menée en 2017 au Rijksmuseum.
Le résultat est une paire d’effigies exécutées avec une palette des plus restreinte, une touche légère et, en définitive, très peu de matière. Les deux personnages dialoguent : le jeune homme, sûr de lui et de sa place dans l’édifice social, accueille en même temps qu’il désigne son épouse, héritière de l’une des riches familles de la capitale économique des Provinces-Unies.
Le tableau s’insère sans effort dans la recherche sur l’illusionnisme et la restitution d’un instant, au coeur de l’art du jeune Rembrandt. Ce serait un contresens de croire ces oeuvres sobres. Tout y parle le langage de l’opulence. La couleur noire est la plus chère à obtenir en teinture, Oopjen porte des bagues serties de diamants, Marten arbore des rosettes aux chaussures, ses bas sont gaufrés…
La recherche psychologique n’est pas pour autant délaissée : les deux jeunes gens surgissent parmi nous, près de quatre cents ans après avoir posé pour Rembrandt ». (Merci à Pistounette)
Régine ⋅ Actualité 2024, Expositions, France, Pays-Bas 27 Comments
Denis
25 février 2024 @ 03:49
Un retour fort bienvenu mais dommage que la France n’ait pas su ou voulu acheter les deux tableaux ensemble!
Pascal Hervé
25 février 2024 @ 07:07
Ce sont les deux fameux Rembrandt Rothschild, cet accord ne m’a jamais enthousiasmé , la France aurait du mettre le paquet à moins que l’on estime que ces tableaux sont davantage à leur place aux Pays-Bas, ce qui se défend.
Je ne sais pas comment ils ont été protégés pendant l’occupation ?
A moins que volés par les Allemands ils n’aient été restitués après leur défaite ?
Cosmo
25 février 2024 @ 09:10
Contrairement à vous, je trouve l’idée bonne. Ils étaient en France tout en étant des chefs d’œuvre de l’art flamand. L’idée de la restitution eût été absurde, celle du partage satisfait les deux pays.
Leonor
26 février 2024 @ 17:16
Comme souvent, d’accord avec vous, Cosmo.
Pierre-Yves
27 février 2024 @ 18:51
Moi également. D’ailleurs, au bout du compte, ce qui importe est moins la possession que le fait que les tableaux puissent être vus, alors pourquoi pas dans des lieux différents ?
Catherine
26 février 2024 @ 07:52
Totalement d’accord.
Guizmo
25 février 2024 @ 08:01
Lla restauration des époux Soolmans a débuté à l’été 2017 et visait principalement à « rajeunir » les deux tableaux. Les vieux vernis des années 1950 ont été entièrement retirés et remplacés par des vernis de meilleure qualité, totalement réversibles. Les lacunes ont également été corrigées.
En parallèle de cette campagne de restauration, un long travail d’enquête a été mené par les spécialistes, menant à de belles découvertes. Les études scientifiques ont permis de révéler que, contrairement à ce que l’on pensait, les deux tableaux ont été peints en même temps, en 1634, alors que Rembrandt est âgé de 28 ans. Une prouesse !! Je ne manquerai pas d’aller les admirer dès que possible.
Laborde
25 février 2024 @ 08:33
Tableaux magnifiques vus en 2019. Pourtant , la salle où ils étaient exposés était vide ! Alors maintenant précipitez-vous . Le noir des costumes est une merveille et le travail sur les dentelles des parures d’une délicatesse ! On est subjugués. Deux grands bourgeois qui étalent leur richesse (Rembrandt peint les visages sans aucune complaisance) de manière toute protestante mais c’est un génie qui les représente. Et cela change tout.
MB
25 février 2024 @ 09:02
Quelles merveilles ! Moi aussi, je vais aller les admirer dès que possible.
Au sujet de l’accord franco-néerlandais, je suis de ceux qui pensent qu’il était judicieux de mutualiser les ressources pour éviter une dispersion en Asie, en Amérique ou aux Emirats. Et puis il s’agit tout de même d’un peintre « hollandais » (comme on disait à l’époque) au sujet duquel le Louvre n’avait de toutes façons pas plus de droits qu’un autre musée.
P.S. aux amoureux de Rembrandt qui l’ignorent, je conseille la visite du Musée Jacquemart-André qui en possède deux
Lili3
26 février 2024 @ 21:49
Les émirats sont précisément en Asie
Elisabeth-Louise
25 février 2024 @ 09:15
Merci à Pistounette pour cet article détaillé, c’est passionnant ! ces tableaux sont merveilleux ! 💖
Eratodeux
25 février 2024 @ 10:36
Avec Rembrandt le sombre devient couleur. Très beaux.
is
25 février 2024 @ 10:51
Non c’est très bien ainsi car Rembrandt est quand même un des plus grand peintre hollandais. Est les tableaux sont à la maison en Hollande.
IRis
25 février 2024 @ 11:00
Belle collaboration entre musées!
marie. françois
25 février 2024 @ 11:01
Les deux tableaux, acquis par Gustave de Rothschild en 1877, ont été conservés par ses descendants dans leur hotel particulier ( le grand jusqu’en 1975 puis le petit) de l’avenue de Marigny sauf durant la seconde guerre mondiale ou ils ont fait un voyage en Allemagne.
C’est en 2013, aprés le décés de leur mère, qu’Eric de Rothschildet ses frere et soeur ont décidé de s’en défaire. Le Louvre a indiqué , alors, n’etre pas interessé, possédant déjà un certain nombre de Rembrandt. Le Riskmuseum a, quant à lui, marqué son interet. C’est alors que le Louvre est rentré à nouveau dans le jeu. Pierre Rosenberg, l’ancien directeur du Louvre est le beau frere d’Eric de Rothschild.. Finalement un accord a été conclus en 2015 entre les deux institutions Louvre et Riskmuseum, pour un achat commun. Le prix d’achat a été évalué, alors à 150 millions d’euros.
C’est ainsi que les deux tableaux qui ne sont pas séparés alternent tous les 5 ans entres les deux musées.
Les Rembrandt de grand format encore dans des collections privées sont extremement rares. C’est ainsi que le tres célebre Porte Enseigne qui était dans le grand salon de l’hotel de la rue de Courcelles, chez Elie et Liliane de Rothschild a été proposé à la vente par leurs enfants, il a aussi vivement interessé, pour etre acheté finalement, aprés aussi certaines péripéties par le Riskmuseum en 2022 pour 150 millions d’euros
Passiflore
26 février 2024 @ 09:34
Marie. François, très intéressant ! Donc nous pourrons les voir grâce à Pierre Rosenberg.
Marinella
26 février 2024 @ 13:12
Merci de ces explications très intéressantes .
Pascal Hervé
27 février 2024 @ 11:49
Et bien cela montre la pingrerie des deux États, 150 millions d’euros ce n’est rien en regard de ce qui est dépensé par ailleurs. Je n’y vois pas du tout un enjeu nationaliste ou chauvin mais un enjeu patrimonial, ces tableaux sont de la vraie richesse.
Quoique, avec les progrès récents des techniques de reproduction picturale on peut se poser la question 🤔 .
Agnese
25 février 2024 @ 11:33
Ces deux tableaux sont une pure merveille.
A ne pas manquer si l’on a la possibilité d’aller à Paris.
Leonor
25 février 2024 @ 12:05
Cette science du noir et du blanc…. A béer d’admiration.
Iris Iris
25 février 2024 @ 18:07
J’ envie les Parisiens!
Passiflore
25 février 2024 @ 18:27
Merci, Pistounette !
Guizmo, après avoir admiré les Rembrandt, vous pourriez peut-être aller voir dans la salle 831 de l’Aile Richelieu, « Le Panier de fraises » de Chardin, provenant de la collection Eudoxe Marcille, qui a été acheté pour 24,2 millions par un musée américain, en mars 2022. Pour empêcher qu’il quitte le territoire français, le ministère de la Culture a signé son classement en « trésor national », ce qui a permis au Louvre de préempter le tableau et de bénéficier de 30 mois pour réunir la somme nécessaire à l’acquisition de cette œuvre. L’opération « Tous mécènes ! » a commencé le 7 novembre 2023. Près de deux-tiers de la somme ont été rassemblés grâce à la générosité de LVMH Moët Hennessy – Louis Vuitton. Compte tenu du soutien complémentaire d’autres grands donateurs et de la Société des Amis du Louvre, il manquait encore 1 million 300.000 euros indispensables à cet achat.
Pascal Hervé
27 février 2024 @ 12:02
Je suis allé voir ce fameux ”panier de fraises ” sur le net , je suis un rustre et je l’assume car franchement je n’y vois pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Que le Louvre se soit initialement déclaré ”pas intéressé” par les deux Rembrandt et déclenche le plan orsec pour le panier de fraises me plonge dans la perplexité.
Tiens…! J’ai trouvé ça :
https://www.bilan.ch/story/chardin-pulverise-les-prix-avec-ses-fraises-des-bois-494582157516
Benoite
26 février 2024 @ 07:08
Par le biais de NR, et des lecteurs (trices) bien informé(e)s, on apprend bien des choses du passé. Que ces tableaux indissociables sont de Rembrandt, qu’ils ont été achetés par deux grands musées Européens, qui se les prêtent alternativement, et qu’une restauration magnifique a été réalisée pour le bien-être de ces oeuvres d’Art. (le besoin s’en faisait sentir). Merci de ce bel article culturel.
Robespierre
26 février 2024 @ 22:31
Oui, merci. Au moins sur ce site, on ne parle pas seulement de robes, de chapeaux et d’inaugurations de chrysanthèmes.
Lobre
26 février 2024 @ 10:53
Bien d’accord avec vous Benoite. Merci pour la collaboration de vous tous. J’ai admiré ces tableaux chez eux. Mais j’admire aussi les techniques de restauration comment dissoudre le vernis sans altérer la peinture, réparer les petits accrocs etc… une grande curiosité pour la restauration
Brigitte Anne
26 février 2024 @ 15:26
Merci beaucoup. Je me promets d aller prochainement à Paris admirer ces tableaux d une grande beauté. Fabuleux.