Première des places royales dédiées à Louis XIV, elle fut dessinée en 1685 par Jules Hardouin-Mansart pour accueillir la statue du roi que le maréchal de la Feuillade avait commandée en 1679 après la victoire de Nimègue, dans le but de manifester, aux yeux de tous, son admiration et sa gratitude pour son souverain.
Cette place est l’archétype des places royales : elles servaient d’écrin à la statue du roi régnant. Fermées à l’origine, comme c’est le cas ici, elles étaient bordées de maisons au début du XVIIe siècle. La place Dauphine et la place des Vosges, aménagées auparavant, en sont l’exemple parfait.
La place des Victoire a donc été conçue comme une salle en plein air destinée à mettre en valeur la statue de Louis XIV dont les proportions ont déterminé le rayon de la place. Dans ce but, les rues y aboutissant ne devaient jamais se trouver dans le prolongement d’une autre afin que l’effigie du roi se détachât sur les façades. Les façades uniformes des bâtiments qui l’entouraient étaient revêtus de pilastres
Cette place a été transformée au fil de l’histoire. La conception de Mansart, faite de régularité et d’harmonie, devenue un modèle pour de nombreuses places de France, fut mutilée lors de la reconstruction et la surélévation de la plupart des bâtiments qui l’entourent. Le percement de l’avenue Étienne Marcel en 1883 a éventré cette place qui avait pour originalité d’être fermée, du moins en apparence.
La statue de Louis XIV commandée par le duc de la Feuillade, ne ressemblait en rien à celle d’aujourd’hui. Sculptée par Desjardin, elle représentait le roi en pied, vêtu d’un manteau de sacre, couronné par la Victoire. Aux angles de la place, quatre fanaux brûlaient jour et nuit, comme pour accentuer le caractère sacré de ce lieu triomphal.
La statue reposait sur un piédestal orné de bas-reliefs et flanqué de quatre captifs. La Révolution envoya à la fonte la statue royale, mais celles du socle sont toujours conservées dans la cour Puget du musée du Louvre.
Les captifs représentent les quatre nations vaincues à la paix de Nimègue : l’Espagne, l’Empire, le Brandebourg et la Hollande. Chacun exprime un sentiment différent dans l’épreuve de la captivité : la révolte, l’espérance, la résignation ou l’abattement.
C’est en 1822 que fut érigée la statue actuelle. Œuvre de Bosio, elle représente le roi à cheval, à la manière d’un empereur romain triomphant. Louis XIV y est vêtu à la manière antique, couronné de lauriers, et tient le sceptre dans la main droite.
Cette place servit de modèle à nombre de places royales dont la place Vendôme qui a conservé son aspect d’origine mais où la statue du roi a disparu. Les places royales aménagées au XVIIIe siècle reprennent les mêmes critères mais s’ouvrent sur des perspectives et sur les quartiers avoisinants pour devenir des carrefours aérés. (Merci à Francky pour ce reportage)
Vassili
25 septembre 2015 @ 05:16
Merci Regine et Francky. Je trouve que c’est la plus belle place de Paris.
Bonne journee a tous. V
adriana
25 septembre 2015 @ 11:09
je fais mien votre commentaire !!! bonne journée sous le soleil
Pierre-Yves
25 septembre 2015 @ 08:06
Francky nous apprend toujours des choses très intéressantes.
J’ignorais pour ma part que sur le plan d’origine de la place, les rues ne devaient pas aboutir dans l’alignement des unes et des autres, cela pour préserver la vision de la statue. Aujourd’hui, en effet, ce n’est plus le cas, la rue Etienne Marcel étant alignée sur la rue des Petits Champs (ou l’inverse).
Francine du Canada
25 septembre 2015 @ 22:17
En effet et je trouve ça dommage; il eut été facile de respecter ce concept original, non? FdC
Francky
26 septembre 2015 @ 09:03
Francine,
Au vu de toutes les transformations dans la capitale depuis le XVIIe siècle, on peut se réjouir que la place soit en partie conservée. Même s’il est vrai que je regrette aussi que le concept d’origine ne soit pas conservée…
Mais à l’heure de l’automobile, ce ne sont plus nos anciens rois qui sont au centre de nos places et de nos préoccupations, mais bien nos véhicules et leur circulation….
Laurent F
25 septembre 2015 @ 08:43
Même dénaturée par les surélévations des bâtiments et le percement de la rue Etienne Marcel, cette place a beaucoup d’allure et c’était la seule de Paris à comporter une statue de Louis XIV avant l’installation de celle de Versailles devant la pyramide du Louvre.
1315jeann
25 septembre 2015 @ 09:05
Il est vrai que c’est l’une des places de Paris les plus réussies et émouvantes.
goga06
25 septembre 2015 @ 09:52
comme d’habitude, merciiiiiiiiiiiiiiiiiii
Tatami
25 septembre 2015 @ 10:25
Surtout connue maintenant grâce aux « Reines du Shopping » ;-)
framboiz07
25 septembre 2015 @ 12:57
Aurons -nous une suite avec les places royales de France ? A Reims , nous avons une place Royale , à Charleville? une Place Ducale due à Charles de Gonzague , qui aurait inspiré la Place des Vosges…Merci pour cette série !
Francky
26 septembre 2015 @ 09:08
Bonjour framboiz07,
J’ai limité la série sur les places royales à celles consacrées à Louis XIV et surtout, à celles que je connais et dont je possède les photos. Il y en a beaucoup en France qui ont été réalisées sous différents règnes: les plus nombreuses l’ont été au XVIIIe siècle, sous Louis XV.
Il y a un autre article de prévu, consacré à la place royale du Peyrou à Montpellier et que Régine va bientôt publier je pense.
bianca
25 septembre 2015 @ 14:25
Je connais cette place des Victoires pour l’avoir empruntée bien souvent mais la vie trépidante de Paris ne m’a jamais permis de la contempler en détail, merci beaucoup
pour ces magnifiques photos !
Marie1
25 septembre 2015 @ 14:32
Très intéressant, merci Francky.
nicolette
25 septembre 2015 @ 14:35
Le groupe »les nations vaincues » était installé dans le parc de Sceaux (Hauts de Seine) jusque dans les années 1970, puis mis à l’abri au Louvre.
Francky
26 septembre 2015 @ 09:10
nicolette,
Vous avez tout à fait raison !
Mais je trouve que ce groupe de statues est mieux mis en valeur dans la cour Puget du Louvre et surtout mieux protégé…
Nania
25 septembre 2015 @ 16:38
Merci Francky!!! J’apprends beaucoup avec vos articles…….
Danielle
25 septembre 2015 @ 20:25
Merci Francky.
Des couturiers ont maintenant pignons sur rues et alentours.
Francky
26 septembre 2015 @ 09:12
Danielle,
C’est un sacré « clin d’œil » à celui qui a lancé bien des modes et qui aimait beaucoup les tissus !
DEB
26 septembre 2015 @ 08:13
Merci à Francky et Regine.
J’apprends beaucoup grâce à vous.
Corsica
27 septembre 2015 @ 20:03
Merci Francky pour ce reportage très intéressant sur la place des Victoires qui a des points communs avec la place Bellecour de Lyon, quatrième place de France en superficie.
Elle n’était qu’un terrain vague situé entre Rhône et Saône quand, en 1658, Louis XIV l’acheta pour servir d’écrin à sa statue équestre. Le projet (statues et façades bordant la place alors nommée Louis-le -Grand), fut conçu par Robert de Cotte, architecte du roi. Le cahier des charges était très précis puisque la statue posée sur un piédestal devait regarder au Nord, passage le plus fréquenté, et se trouver au centre d’un rectangle délimité sur trois côtés par des arbres. La statue du roi, tout comme celle de la place des Victoires, fut sculptée par Martin Desjardin. Elle reposait sur un piédestal dessiné par Jules Hardoin-Mansard, alors que les deux sculptures allégoriques en bronze représentant le Rhône et la Saône (les deux fleuves de la ville) étaient positionnées au pied du piédestal.
Durant la révolution, la statue du roi fut fondue mais les allégories échappèrent à ce funeste sort. Au XIXe siècle, elles rejoignirent un nouveau socle et une nouvelle statue qui, comme celle de la place des Victoires, représente Louis XIV esn empereur romain triomphant.
Durant la Convention, les maisons initiales de Robert de Cotte furent démolies et il fallut attendre le Consulat de Bonaparte pour qu’elles soient reconstruites. Elles sont toujours là.
Francky
28 septembre 2015 @ 18:06
Merci beaucoup Corsica, pour ces renseignements.
Je ne connais pas la place Bellecour mais elle mériterait un article.