« Paris est une fête » comme le titrait Ernest Hemingway ! Et c’est encore le cas en 2020 malgré les conditions particulières dues à la crise sanitaire : il est cette année aussi possible d’admirer l’avenue des Champs-Élysées ou la place Vendôme se parer de leurs plus belles lumières.
Mais depuis quand la ville de Paris brille-t-elle à Noël ? L’avenue des Champs-Élysées en 2016 c’était 800 000 LED et 400 projecteurs mis en place pour le mois traditionnel des illuminations de Noël. L’éclairage public ne nous surprend plus aujourd’hui, mais il faut savoir qu’il a pris place très progressivement dans l’espace urbain !
En 1318, Philippe V Le Long fait placer une chandelle dans une lanterne de bois garnie de vessie de porc à la porte du tribunal du Chatelet « afin de déjouer les entreprises des malfaiteurs ».
A la fin du XIVe siècle un fanal à la Tour de Nesle indique aux mariniers l’entrée de Paris.
En 1524 et 1558, des arrêtés du Parlement demandent aux bourgeois d’installer à leurs frais des « flambeaux ardents » à leurs fenêtres. Mais cela n’est que très peu suivi d’effet.
Louis XIV confie au Sieur Abbé Laudati Caraffa la « concession » de proposer des porte-flambeaux et porte-lanternes à louage, en complément de l’éclairage insuffisant. La police faisant respecter la réglementation plus rigoureuse instituée par le Lieutenant Général de Police, Monsieur de la Reynie, le nombre de lanternes atteint 2736 pour éclairer 912 rues de Paris commence à être perçue comme un service universel. En 1697, l’éclairage public passe à la charge de l’Etat moyennant redevance, et en 1729 il ya 5772 lanternes. Celles ci sont constituées de petits carreaux assemblés au plomb protégeant une chandelle dont il faut couper toutes les heures la mèche charbonnée.
Depuis l’invention du réverbère en 1763 (lampe à huile et réflecteur argenté), les innovations ne cessent de voir le jour. Mais il faut attendre 1766 pour que la lanterne de Monsieur Bourgeois de Chateaublanc soit retenue pour équiper les rues de Paris. Faute de trottoir, elles sont suspendues au dessus des rues ou accrochées à des potences tous les 50 mètres. En 1766, environ 7000 lanternes à bougies éclairent Paris.
Comme l’explique Simone Delattre, dans son ouvrage Les Douze Heures noires : La nuit à Paris au XIXème siècle, l’éclairage des rues va aller de pair avec l’idée « de civilisation, de souveraineté, de démocratie, de réjouissance, de luxe, de sécurité, de salubrité, de modernité » : les petites rues étroites et sombres sont petit à petit éclairées, les personnes malintentionnées ne peuvent plus agir dans l’obscurité ! Ainsi on observe une nette réduction des homicides et des histoires mystérieuses dans Paris… de là à éclairer les rues juste pour faire joli, il n’y a qu’un pas !
En 1788, l’huile de tripes est remplacé par de l’huile de colza, et ainsi la flamme est plus blanche … et moins nauséabonde. La lampe à réverbère est perfectionnée par l’adoption d’une cheminée en verre avec double courant d’air (lampe « Quinquet » du nom du pharmacien inventeur – ou plutôt plagieur du suisse Ami Argand), puis à partir de 1821, apparaissent les lampes « Vivien ». Il y a alors 12 761 « becs de lumière » qui éclairent la ville. En 1830, 6000 lampadaires au gaz sont installés.
Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’éclairage électrique est installé, mais uniquement dans les lieux très fréquentés tels que les sorties de théâtre ou les promenades publiques. Il faudra attendre l’exposition internationale d’électricité de 1881 pour que “la fée électricité” commence à être perçue comme un service universel, soit deux ans après que Thomas Edison a déposé le brevet de l’ampoule électrique. Lors de l’exposition et la mise en lumière du Palais de l’électricité, plus de 800 000 personnes se pressent pour venir admirer le spectacle, pendant que près de 1000 lampes sont installées par Edison en plein Paris.
L’avenue de l’Opéra fut donc la première voie publique éclairée par l’électricité, mais elle ne resta pas longtemps la seule. Des candélabres se dressèrent successivement sur la place du Théâtre-Français, au Carrousel, à la Bastille, aux Halles centrales, etc.
Inventeur de l’ampoule, en 1880 Thomas Edison mettait au point la guirlande électrique de Noël en 1882. La première guirlande de Noël est commercialisée en 1884, et les illuminations de Noël entrent dans l’histoire pour devenir une tradition Les lumières deviennent également symbole de fête, de réjouissances.: les décorations lumineuses sont nées et deviennent très rapidement une tradition à Noël.
Pour les boutiques, la lumière devient pourtant assez vite un outil de publicité redoutable : elle permet d’attirer le regard des passants et les invite à venir admirer l’intérieur.
Les vitrines des célèbres magasins Macy’s à New York s’illuminent en 1884, et les décorations sont encore aujourd’hui une attraction attendue dans la ville. Les Grands Magasins français suivent : c’est Le Printemps qui est le premier à être uniquement éclairé à l’électricité. Léon Gimpel immortalisera les illuminations de Noël de Paris des années 1925-1930 par une série de clichés des Magasins : le BHV Marais, les Galeries Lafayette, la Samaritaine ou encore le Bon Marché sont pris en photo et illuminent encore aujourd’hui les yeux des passants.
Face aux Grands Magasins qui profitent des innovations pour se faire de la publicité et attirer le public, les monuments de la capitale ne sont pas en reste, on pense notamment à la Tour Eiffel. Construite en 1889 (en plein essor de l’électricité!) dès son inauguration elle est illuminée par 10 000 becs de gaz. En 1900 elle est ornée de 5000 ampoules, puis en 1978, à l’occasion de Noël, elle est décorée d’un sapin lumineux de 30 000 ampoules !
La mise en place des décorations est souvent placée au cœur de programmations d’animations de Noël. Les rues se décorent et des lieux, comme les Champs-Élysées, font l’objet d’innovations perpétuelles pour séduire les parisiens et renouveler l’écrin lumineux des fêtes de fin d’année.
Chaque année l’allumage des guirlandes de l’avenue des Champs Elysées est l’objet d’une cérémonie officielle et solennelle, durant laquelle une personnalité est invitée par le maire à appuyer sur un bouton mettant en route l’alimentation électrique et permettant l’illumination des arbres de l’avenue. (Merci à Guizmo)
Baboula
28 décembre 2020 @ 03:34
Guizmo, vous êtes » l’illumineuse « en chef de ce site .🎆 Une pluie d’étoiles pour vous .
Ciboulette
31 décembre 2020 @ 23:12
D’étoiles en diamants , nous ne pouvons faire moins !
Baboula
2 janvier 2021 @ 17:59
Je reconnais là votre générosité ,fine Ciboulette .
cerodo
28 décembre 2020 @ 05:39
superbe article Guizmo.Une fois de plus : merci !
Pierre-Yves
28 décembre 2020 @ 09:43
Guizmo aura mérité la palme 2020 pour le nombre et la qualité de ses contributions au site, dont ce sujet original sur l’éclairage parisien.
Pendant l’occupation allemande, il n’y avait plus d’éclairage public (black-out), et les gens se munissaient d’une lampe torche pour se déplacer dans la ville après la tombée de la nuit. On voit cela, par exemple, dans le film La Traversée de Paris.
Phil de Sarthe
29 décembre 2020 @ 12:27
Si la tendance des maires écolos se confirme, nous pourrons bientôt nous croire sous l’Occupation…certaines municipalités ont déjà décidé d’un couvre feu pour l’éclairage public…économies et bien être animal. Si vous vous faites attaquer ou si vous trebuchez, tant pis pour vous!
Ciboulette
29 décembre 2020 @ 20:03
Pierre-Yves , je suis absolument d’accord avec vous . Guizmo a enchanté notre année par ses magnifiques reportages , ses connaissances approfondies , de superbes photos .
Actions méritoires qui devraient lui valoir la reconnaissance et l’admiration de tous les participants de N& R .
Pastelin
28 décembre 2020 @ 09:45
Merci beaucoup pour cet article très plaisant, instructif et… de circonstance en cette période de l’année !!!
Ciboulette
28 décembre 2020 @ 10:59
Cela semble évident aujourd’hui , mais l’expression populaire » coupe-gorge » ( pour désigner un endroit obscur et peu sécurisé ) est restée .
Teresa2424
28 décembre 2020 @ 17:38
GUIZMO tu artículo EXCELENTE cómo los anteriores!!!,MUCHISIMAS GRACIAS
Jean Pierre
28 décembre 2020 @ 11:31
En ouvrant l’article je savais qu’il était de Guizmo.
Oui, Paris, ville lumière depuis l’époque de La Reynie.
bambina
28 décembre 2020 @ 11:32
Merci Guizmo !
ielle
28 décembre 2020 @ 11:46
J’adore toutes ces illuminations magnifiques!
Charlotte (de Brie)
28 décembre 2020 @ 11:48
Guizmo, vous illuminez nos journées de grisaille tant météorologique que nostalgique du temps où, nous pouvions aller admirer les lumières de Paris et d’ailleurs.
Merci
Bonne fin d’année
Teresa2424
28 décembre 2020 @ 17:40
Artículo EXCELENTE cómo los anteriores!!!,MUCHISIMAS GRACIAS GUIZMO
Danielle
28 décembre 2020 @ 20:49
Les illuminations de Paris sont toujours belles mais sur les Champs Elysées, on a vu mieux que ces lumières rouges. Quant aux grands magasins, les vitrines sont de moins en moins jolies ce qui est fort dommage, surtout pour les enfants.
Guizmo, merci pour vos lumières sur les illuminations de la capitale.
Actarus Maximus
28 décembre 2020 @ 22:14
– Madame, je vous retrouve telle qu’en vous-même vous fûtes depuis toujours.
– Desgrez, mon ami, seriez-vous devenu homme de cour ?
– Pas seulement, monsieur de La Reynie et moi-même sommes en train d’éclairer Paris. Une lanterne à chaque carrefour. Notre belle capitale devient la ville lumière.
Angélique et le Roy (1965. réalisation de Bernard Borderie), conversation entre Angélique de Plessis-Bellières et François Desgrez au début du film, dialogues de Pascal Jardin (père de l’écrivain Alexandre Jardin).
Albane
30 décembre 2020 @ 17:09
Merci Guizmo !