Ce diamant bleu taille poire de 6,16 carats fut offert par le gouverneur des Philippines à Elisabeth Farnèse descendante du pape Paul III, à l’occasion de son mariage en 1714 avec Philippe V, Roi d’Espagne (et petit-fils de Louis XIV), dont descendent les Bourbons d’Espagne et le roi actuel.
Pendant trois siècles, le diamant, aussi bien porté par les hommes que les femmes de la famille, voyage à travers toute l’Europe, au gré des unions des descendants d’Elisabeth et de Philippe d’Espagne avec les plus grandes dynasties du continent.
Elisabeth Farnèse transmet le diamant à son fils préféré Philippe (1720-1765), duc de Parme et fondateur de la Maison de Bourbon-Parme. De succession en succession c’est à Robert Ier (1848-1907), dernier duc de Parme régnant que revient le diamant.
Celui-ci fait sertir le diamant sur un diadème de diamants ayant appartenu à sa mère, Louise Marie Thérèse d’Artois (1819-1864), qui l’avait elle-même reçu en héritage de sa tante et mère adoptive, Marie-Thérèse de France (1778-1851) «Madame Royale», la fille de Louis XVI (1754-1793) et de Marie-Antoinette (1755-1793). Il semble que les diamants ornant ce bijou aient appartenu à la reine Marie-Antoinette.
À la mort de Robert Ier en 1907, son fils Elie de Bourbon, duc de Parme (1880-1959), hérite du diadème et du diamant bleu. Son épouse, Maria Anna de Habsbourg (1882-1940), archiduchesse d’Autriche, avait rédigé un inventaire précis dans lequel elle décrivait l’histoire fascinante de ces deux bijoux.
Elie et Marie-Anne de Bourbon-Parme ont eu 8 enfants :
- Élisabeth de Bourbon (1904-1983), qui meurt célibataire
- Charles Louis de Bourbon (1905-1912), qui meurt de poliomyélite
- Marie-Françoise de Bourbon (1906-1994), qui meurt célibataire
- Robert de Bourbon (1909-1974), «duc de Parme et de Plaisance» qui meurt célibataire
- François Alphonse de Bourbon (1913-1939), qui meurt célibataire
- Jeanne Isabelle de Bourbon (1916-1949), qui meurt célibataire après avoir été tuée d’un coup de feu tiré accidentellement
- Alice Marie de Bourbon (1917-2017), qui épouse en 1936 le prince Alphonse de Bourbon-Siciles (1901-1964), duc de Calabre
- Marie-Christine de Bourbon (1925-2009), qui meurt célibataire
On peut donc logiquement supposer selon toute vraisemblance que la dernière héritière «dépositaire» dudit diamant a été la duchesse douairière de Calabre, l’infante Alice décédée l’année dernière dans sa centième année puisque tous ses frères et sœurs étaient décédés sans descendant avant elle : le diamant fait partie de sa succession.
C’est la première fois qu’il se retrouve «sur le marché» et les enchères ont tenu leurs promesses puisqu’estimé entre 3 et 4,2 millions d’euros , le diamant a été adjugé cette semaine par Sotheby’s Genève à plus de 5,6 millions d’euros. (Merci à Caroline VM – Sources : revue genevoise klvinmag.com et Sotheby’s)
Juliette d
24 mai 2018 @ 03:34
On sait qui est l’acheteur de ce magnifique diamant? Pas ã une descendante d’un pape j’espère!
Cosmo
24 mai 2018 @ 07:31
Il appartenait à la descendance de deux papes…
Gérard
24 mai 2018 @ 11:27
Le nom n’a pas été révélé.
Karabakh
25 mai 2018 @ 22:13
Pourquoi pas à la descendance d’un pape (d’où elle vient d’ailleurs), ou d’un ecclésiastique au sens large ?
Pticonseil
8 juillet 2019 @ 12:41
Oui c’est la Maison italienne Bulgari qui l’a acheté pour créer une pièce joallière.
Neoclassique
24 mai 2018 @ 06:07
Cet article est passionnant.
Complet, rigoureux au plan historique et servi par une iconographie riche et documentée qui permet de retracer le pedigree complet du bijou.
La lecture d articles de fond de ce type honoré le site Noblesse et Royautes.
Sait on quel est l acquéreur de cette pièce historique?
Sait on si le musée du Louvre qui s efforce de retrouver quelqu uns des diamants de la couronne honteusement vendus par la République a la fin du XIXe par haine le la monarchie était sur les rangs ?
Laurent F
24 mai 2018 @ 14:37
Ce diamant n’a jamais fait partie de la collection des diamants de la Couronne, il n’y avait aucune raison que le Louvre s’en porte acquéreur
Leonor
25 mai 2018 @ 10:00
On espère vraiment que le Louvre consacre ses maigres ressources à d’autres achats qu’un diamant.
Ceci dit, on est d’accord avec vous, Néoclassique , pour ce qui est » des diamants de la couronne honteusement vendus par la République a la fin du XIXe par haine le la monarchie ».
Mais à l’heure actuelle, on a autre chose à faire de nos pauvres petits sous .
Claudia
24 mai 2018 @ 08:26
Sur les huit enfants du couple de Bourbon Parme, sept sont restés célibataires, ça parait incroyable, surtout à cette époque…
Caroline
24 mai 2018 @ 20:55
Claudia,
Pas toujours incroyable à cette époque d’après les histoires de famille en Alsace !
Il fallait se marier par ordre, certains enfants ne s’étaient jamais mariés à cause de leurs ainés restés célibataires. Les autres avaient finalement convolé en justes noces avec des veufs déjà pères de plusieurs enfants.
Nathetvoila
24 mai 2018 @ 08:57
La duchesse de Calabre a une descendance ? C’est triste de voir cette famille de 8 enfants dont la postérité est si petite… C’est rare.
Antoine
24 mai 2018 @ 09:31
Ces grandes fratries célibataires me laissent dubitatif. Il est vrai qu’on en rencontrait souvent au XIXe dans la bourgeoisie et l’aristocratie. Je connais une famille où seuls le fils aîné et une fille étaient mariés. Quatre autres filles étaient religieuses, deux célibataires, et le fils cadet missionnaire en Chine où il ne fit pas de vieux os. Le patrimoine ne se dispersait pas mais il devait y avoir bien des sacrifiés.
Esquiline
24 mai 2018 @ 11:58
Ma curiosité est satisfaite, c’est donc le gouverneur des Philippines qui a offert ce diamant à Elisabetta Farnese, cette prestigieuse famille dont descendent les Bourbon d’Espagne.
Mary
24 mai 2018 @ 12:54
Dommage qu’il ne soit pas resté dans la famille, mais non, on fait comme on peut.
Mayg
24 mai 2018 @ 13:11
C’est quand même curieux que presque tous les enfants d’Elie et Marie-Anne de Bourbon-Parme, soient morts célibataires.
Anna Claudia
24 mai 2018 @ 13:40
Étrange destinée de ces enfants d’Élie et de Marie-Anne de Bourbon Parme, tous morts célibataires, à l’exception de la duchesse de Calabre.
Ghislaine-Perrynn
24 mai 2018 @ 15:52
Article vraiment très intéressant
Caroline
24 mai 2018 @ 20:58
D’ où venait exactement ce Farnèse bleu ? Des mines des Philippines?
Merci d’avance!
Gérard
25 mai 2018 @ 21:42
À cet égard voyez http://www.noblesseetroyautes.com/mise-en-vente-du-diamant-bleu-farnese/
où l’origine est évoquée.
Kylian de RENNES
24 mai 2018 @ 23:35
Demeuré 300 années dans la famille royale, c’est bien dommage qu’elle s’en sépare. Ce diamant viendrait des mines indiennes ai-je entendu.
Yannick
25 mai 2018 @ 03:33
Quel dommage qu’après une histoire si riche faite de mariages, de souvenirs familiaux et de successions, son nouveau propriétaire ne l’ait acquis que par l’argent.
Gérard
25 mai 2018 @ 21:46
L’argent jouait déjà un rôle dans les mariages y compris lors du mariage Farnèse.
Carolus
27 mai 2018 @ 18:21
Merci à Caroline VM pour ce reportage intéressant.