L’hôtel d’Avaray est situé Rue de Grenelle. Il abrite l’ambassade des Pays-Bas à Paris. Cet hôtel particulier fut la propriété des ducs d’Avaray jusqu’en 1920. Le gouvernement néerlandais le racheta à cette date pour en faire son ambassade en France.
Il sert bien entendu pour les réceptions diplomatiques et comme lieu d’échanges franco-néerlandais mais est aussi parfois loué pour des tournages (comme pour le film Intouchables par exemple) ou des évènements (lors de la fashion week ) pour financer des projets culturels. (merci à Caroline VM – Copyright photos : DR)
marielouise
14 mars 2016 @ 07:59
Que de beaux jardins…derrière ces magnifiques façades!
Mon quartier parisien est une merveille!
ml
amaia
14 mars 2016 @ 08:38
Toute mon enfance et mon adolescence , je suis passée devant cette porte et de ma fenêtre, admirée les invités au réception !!!!
Neoclassique
14 mars 2016 @ 10:40
Il s agit de l hôtel des ducs d’Avaray et non pas d’Avray
Louis.
14 mars 2016 @ 14:07
Avant que le clavier ne vous chatouille,lisez attentivement l’article et surtout le titre.
JAY
14 mars 2016 @ 12:39
https://fr.wikipedia.org/wiki/Duc_d%27Avaray
Maison éteinte. Il n y a plus de Duc d’Avaray
ciboulette
14 mars 2016 @ 12:43
Cadre magnifique et somptueux !
Jean Pierre
14 mars 2016 @ 14:26
Il y a donc à Paris l’ambassade des Pays-Bas et l’Hôtel dit « des Ambassadeurs de Hollande ».
Francine du Canada
14 mars 2016 @ 14:36
Wow quel palace? La cour intérieure, le décor, les parquets, la décoration de la table et le bouquets de roses, c’est chic! Merci Régine et Caroline VM pour ce reportage et ces belles photos. FdC
amaia
14 mars 2016 @ 20:36
Cette porte c’est toute mon enfance et mon adolescence, je suis passée tant de fois devant elle. Et combien de réception, j’ai pu admirer de ma fenêtre !!!!!
Caroline
14 mars 2016 @ 22:52
Un grand merci à Caroline Viva Maxima pour cet article et aussi pour toutes ses photos sur la visite officielle des souverains néerlandais à Paris!
Gérard
15 mars 2016 @ 03:48
On a pu voir le somptueux hôtel des ducs d’Avaray, aujourd’hui éteints depuis 1941, dans Intouchables, transformé en quelque sorte en hôtel Pozzo di Borgo. Les Pays-Bas le louent souvent.
Leonor
15 mars 2016 @ 09:26
Le louent, dites-vous, Gérard ?
Intéressant. Les Néerlandais sont donc d’excellents gestionnaires.
Mais on le savait déjà.
Peuple de marchands internationaux, peuple d’entrepreneurs, philosophie protestante.
Gérard
15 mars 2016 @ 15:17
En effet Leonor.
JAusten
15 mars 2016 @ 19:00
… faire de l’argent n’est pas tabou et le travail est une vraie valeur … les prémices d’un rêve quoi :)
Gérard
15 mars 2016 @ 19:13
Le tournage a eu lieu pendant une période creuse d’un point de vue diplomatique. À la demande de l’ambassadeur, l’intégralité du cachet fut versée à la Cité internationale universitaire de Paris pour la restauration du Collège néerlandais.
CAROLINE VM
15 mars 2016 @ 19:13
oui Gérard , c’est cela en effet !… La location du lieu permet de financer des actions culturelles ! On ferait bien de s’en inspirer …
Baboula
16 mars 2016 @ 00:19
Mais Caroline le Chateau de Versailles a une longue liste de tournages réalisés ou en attente .
Gérard
18 mars 2016 @ 18:02
C’est le 23 août 1718 que l’architecte Jean-Baptiste Le Roux acquit 660 toises et quatre pieds de terre provenant de l’héritage du maître jardinier Michel Lemire pour 31 200 livres afin d’y construire une résidence pour Claude Théophile de Bésiade, fils du chevalier seigneur puis premier marquis d’Avaray, grand bailli d’épée héréditaire d’Orléans, d’une famille béarnaise de noblesse d’épée, et son épouse Catherine Angélique Foucault. L’hôtel fut construit par le maître maçon Bossery pour 75 000 livres et l’on peut estimer le coût total des travaux à 137 500 livres sur deux années.
Le deuxième marquis fut lieutenant général, chevalier des ordres du roi, et joua un rôle décisif en 1707 à l’aile gauche de l’armée du maréchal de Berwick à la bataille d’Almansa qui assura le trône de Philippe V. Il fut gouverneur de Flandre et de Hainaut et ramena pour son hôtel parisien des tapisseries de Bruxelles représentant les saisons, les mois de l’année et des sujets mythologiques. Il loua l’hôtel à Horace Walpole, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire d’Angleterre, futur premier baron Walpole, et frère du premier ministre. C’est en 1727 que le marquis, la marquise et trois de leurs quatre enfants s’installèrent vraiment dans l’hôtel où la marquise mourut l’année suivante à 55 ans. Son fils aîné Jean Théophile mourut à 39 ans des suites de blessures reçues à la bataille de Guastalla alors qu’il était brigadier d’infanterie en 1735. Vers la fin de 1742 l’épouse du fils cadet, Charles Théophile, mourut au camp devant Cambrai où elle était allée rendre visite à son mari et elle avait 30 ans. Le marquis lui mourut à 90 ans en 1745. L’hôtel demeura indivis entre Charles devenu marquis d’Avaray et sa sœur aînée Olympe, Mme d’Aubercourt. Charles mourut le 30 mai 1746 à l’armée des Flandres, il était maréchal des camps et armées du roi et il succomba à la petite vérole. L’indivision se poursuivit entre la tante et le cadet de ses deux fils Claude Antoine dont le frère aîné, Charles Théophile, colonel des grenadiers, était mort à 21 ans. La tante mourant sans enfant, le marquis fut seul propriétaire en 1776. Ce quatrième marquis d’Avaray, Claude Antoine (1740-1829), fut militaire comme ses ancêtres, maréchal de camp, député de la noblesse orléanaise à la Constituante, il présenta à l’Assemblée après la Déclaration des droits de l’homme une Déclaration des devoirs de l’homme et du citoyen. L’ensemble de la famille était très opposé aux idées nouvelles et fin 1791 ses trois fils et ses deux gendres émigrèrent, le marquis ne fut arrêté avec sa femme née Mailly-Nesle que peu avant la fin de la Terreur et fut sauvé par le 9 thermidor. Son hôtel était devenu propriété nationale parce qu’il était père d’émigrés. Sous l’Empire il resta dans son château d’Avaray (Loir-et-Cher) et l’hôtel de la rue de Grenelle fut à peu près inhabité. Dans les années qui suivirent 1814 il subit des restaurations qui le transformèrent considérablement et le privèrent des tapisseries de Bruxelles. Le marquis devint duc en 1817. L’aîné de ses fils, Antoine Louis (1759-1811) avait été maître de la garde-robe de Monsieur, futur Louis XVIII, et lui avait permis de quitter sans encombre son palais du Petit Luxembourg. Roi en exil, Louis XVIII le nomma capitaine de ses gardes et lui accorda par ordonnance du 16 décembre 1815 l’autorisation de placer en cœur des armoiries familiales les armes pleines de France avec la devise Vicit iter durum Pietas.
La phrase qui fut sans doute choisie par le roi érudit qu’était Louis XVIII est tirée du chant VI de l’Énéide de Virgile. Elle signifie que la piété a vaincu le chemin difficile.
Après la descente aux Enfers Énée retrouve son père le vieil Anchise. « Dès qu’il vit Énée tout joyeux s’avancer devant lui, à travers le gazon, les larmes inondèrent ses joues et il lui tendit les mains, et un cri sortit de sa bouche : « Venisti tandem, tuaque exspectata parenti vicit iter durum pietas ! … », « Tu es venu enfin, et la piété que ton père attendait de toi, a triomphé des difficultés du voyage !… ».
Les armoiries sont donc « d’azur à une fasce d’or chargée de deux étoiles de gueules et accompagnée en pointe d’une coquille d’or, à l’écusson de France brochant sur la fasce ». Le « cher d’Avaray » joua un rôle considérable pendant l’immigration pour rattacher aux princes l’armée de Condé, pour négocier la libération de Madame Royale et obtenir son mariage avec son cousin. L’ambassade néerlandaise rappelle sous la plume de Sadi de Gorter que Louis XVIII érigea en faveur du jeune d’Avaray le comté de L’Isle-Jourdain en duché en 1798 par lettres patentes qui ne furent pas enregistrées, et il fut donc le premier duc avant même son père. Il mourut à Madère le 4 juin 1811 où il était allé se soigner après avoir été victime du climat londonien. Louis XVIII transmit par réversion au père le duché du fils en renouvelant les lettres patentes le 16 août 1814. Il érigea le duché en duché-pairie héréditaire les 31 août et 6 décembre 1817 pour Claude Antoine (1740-1829). Les lettres furent confirmées le 7 décembre 1822. Le frère cadet Armand Louis Théophile qui était à l’armée des princes avait été fusillé en 1795 après l’affaire de Quiberon et l’hôtel resta la propriété du troisième frère Joseph Théophile Parfait (1770-1859), lieutenant général sous la Restauration, 3e duc, qui y vécut jusqu’à sa mort et fut père d’Ange Édouard Théophile (1802-1887), quatrième duc.
À partir de cette époque les d’Avaray se partagèrent les appartements de l’hôtel qui fut donc encore retouché. Dès 1825 le premier étage au fond de l’hôtel fut loué à de nombreux locataires parmi lesquels les ducs de Caraman et de Vallombrosa. Parmi les locataires d’autres appartements on note au XIXe siècle la marquise de Courtomer, le marquis Durazzo, le comte Albéric de Moustiers époux d’Antonie d’Avaray fille d’Édouard duc d’Avaray (1802-1859), puis le rez-de-chaussée de l’hôtel fut loué à la comtesse de Choiseul d’Aillecourt puis à M. Edmond Foucher-Lepelletier, député de la Seine. Le 31 octobre 1894 mourut en son château de Mareil-le-Guyon, au nord de Rambouillet, Jules Victor Camille de Bésiade d’Avaray, 5e duc, dont les deux fils vendirent l’immeuble au gouvernement néerlandais le 1er avril 1920. Les travaux de restauration furent complexes car l’hôtel avait perdu sa grâce intérieure et il fallut essayer de le reconstituer tel qu’il était au XVIIIe siècle autour d’un escalier monumental, et ce fut la tâche du jonkheer John Loudon, ambassadeur des Pays-Bas en France de 1919 à 1940, entre les deux guerres mondiales. Les tapisseries anciennes proviennent de la famille de celui-ci. Naturellement le jardin est planté de tulipes, le fronton triangulaire de l’hôtel porte le chiffre BA de la famille de Bésiade d’Avaray tandis que le porche donnant sur la rue est aux armes royale des Pays-Bas.
Le dernier duc d’Avaray, le septième, fut Marie Bernard Édouard de Bésiade qui ne se maria pas. Édouard était né à Paris 7e le 26 octobre 1884 et mourut à Paris 8e le 27 février 1941, il était fils d’Élie Marie Victor de Bésiade, comte d’Avaray, et de la comtesse Marie Gabrielle Constance Antoinette Mélanie d’Hinnisdaël et du Saint- Empire. Il devint duc le 23 janvier 1930 à la mort de son oncle le 6e duc Édouard Joseph Hubert Marie de Bésiade (1856-1930), fils du cinquième duc Jules Victor Camille (1827-1894), lequel était fils du quatrième.
Gérard
19 mars 2016 @ 11:12
On se souvient que Louis XVIII était comte de L’Isle-Jourdain en Armagnac. Et ce à la suite d’un échange avec le comté et la forêt de Senonches qui figurait dans son apanage depuis 1771, soit plus de 4000 ha dans le Perche, échange conclu avec Jean, comte du Barry, le 29 août 1775. C’est en récompense de sa complaisance, et à la suite de tractations compliquées faites d’échanges fictifs, que ce dernier avait reçu le comté de L’Isle-Jourdain, et c’est donc précisément ce comté plus tard que Louis XVIII donna à son ami le jeune d’Avaray en l’érigeant en duché sous le nom d’Avaray, et après la mort de celui-ci il fut transmis à son père qui devait devenir premier chambellan du roi en 1820. Le titre avait été donné secrètement à l’occasion du mariage de la fille de Louis XVI avec le duc d’Angoulême, à Mitau, le 9 juin 1799. En 1774, Monsieur, alors qu’il souhaitait devenir gouverneur du Languedoc, avait acquis ce comté de L’Isle-Jourdain qui lui assurait par la forêt de Bouconne, accès et influence jusque dans Toulouse, et c’est cette forêt qui avait tant angoissé Charles VI.
Le comte de Bésiade d’Avaray, le fils, avait 18 ans quand il fut présenté au comte de Provence et c’était un jeune provincial sans fortune mais joli et intelligent. Il fut, ainsi que le rappelle le duc de Castries, pour Louis XVIII pendant plus de 30 ans le fidus Achates, le fidèle Achate, l’ami d’Énée.
Il fut aussi le premier des trois amis qui furent pour lui des frères ou des fils, d’Avaray, Decazes et Blacas.
D’Avaray était d’une profonde honnêteté et d’une fidélité absolue. Malheureusement sa relation avec le roi en exil prit fin dans des circonstances pénibles au milieu d’intrigues. Louis XVIII et son fidèle ami crurent à la parole d’agents de Fouché. Ce fut le temps de l’affaire Perlet. Louis Fauche-Borel (1772-1829), un libraire hurluberlu, franc-maçon calviniste né à Neuchâtel, compromis dans la conjuration de Cadoudal, interné au Temple, s’en évada dans des circonstances rocambolesques et prit contact avec le comte d’Antraygues, autre agent double qui servait la légitimité. Pour abuser la police de l’Empire ils envoyaient de faux rapports et la police de Fouché se servit d’eux pour neutraliser pendant longtemps Louis XVIII par l’intermédiaire d’un sous-ordre sans scrupules du nom de Charles Frédéric Perlet (1759-1828), un libraire parisien né à Genève, qui circonvint Fauche-Borel le persuadant que la France voulait la restauration du roi et que dans l’entourage de l’empereur existait un comité royaliste clandestin avec Cambacérès, plusieurs maréchaux et des membres de la famille impériale. Fouché espérait monter une nouvelle affaire Cadoudal où le duc de Berry tiendrait le rôle du duc d’Enghien, et Louis XVIII et d’Avaray donnèrent dans le panneau après l’arrivée du roi en Angleterre. Louis essaya d’entrer en rapport avec ces fameux royalistes proches de l’empereur. Fauche-Borel envoya en France son neveu Vitel pour prendre contact et celui-ci fut arrêté par la police française, on lui promit la vie sauve s’il parlait, il parla et fut fusillé. Perlet s’était fait incarcérer en même temps que Vitel ce qui persuada le roi de la sincérité de l’homme. Les agents britanniques crurent aussi à cette sincérité. Perlet libéré arriva à Londres le 10 juin 1808 et fut reçu immédiatement par le ministre de l’intérieur lord Hawkesbury, il fit savoir que le comité royaliste envisageait une action commune avec le gouvernement britannique. Mais pour les détails il ne voulait les révéler qu’au roi. Le 22 juin le comte de La Châtre le conduisit auprès de celui-ci à Gosfield, le château que le roi habitait jusqu’à ce que le duc d’Orléans ne lui déniche Hartwell. La conversation se fit en tête à tête mais d‘Avaray qui n’avait pas été séduit par le personnage refusa une seconde audience. Cependant Perlet avait volontairement oublié à Gosfield un carnet contenant les prétendus secrets du comité royaliste. Il le réclama ensuite mais Louis XVIII en avait fait prendre une copie. Les renseignements étaient naturellement fantaisistes mais ils convainquirent le prince de la réalité de ce comité royaliste et dès lors il attendit patiemment pendant trois ans que ce comité achève sa mission.
D’Avaray était déjà malade et il termina sa carrière politique dans une lutte contre le vaincu de Quiberon le comte de Puisaye, celui-ci était un conspirateur réfugié à Londres qui commençait la publication de ses Mémoires où dans le tome sixième il formulait des accusations extravagantes contre d’Avaray, semble-t-il encouragé par le comte d’Antraygues, et il assurait que d’Avaray avait tenté de le faire assassiner. D’Avaray fut mis au courant avant la publication des Mémoires mais Puisaye proposa de supprimer les passages litigieux si d’Avaray se confessait par lettre. Il refusa, le volume parut en janvier 1808 et provoqua un grand scandale. Pour montrer alors sa confiance intacte envers d’Avaray Louis XVIII l’autorisa à rendre publique sa nomination comme duc et pair. Le gouvernement anglais protesta en soutenant que le comte de L’Isle (c’était son titre d’incognito en Angleterre, qui fut bientôt transformé par les échotiers en comte de Lille), n’avait pas le pouvoir de conférer un Angleterre des titres de noblesse.
Puisaye eut alors un mot qui fit rire la galerie avançant que si d’Avaray tentait contre lui quelque nouvel assassinat, il serait assurément élevé à la dignité de prince du sang. Louis XVIII mécontent ordonna la réunion d’une commission de 12 membres pour juger l’affaire. D’Avaray demanda réparation à Puisaye par les armes. Celui-ci refusa. La commission déclara faux les documents de Puisaye qui fut rayé de la liste des lieutenants généraux mais d’Avaray déjà malade de la tuberculose quitta l’Angleterre pour Madère. À sa mort la douleur du roi fut immense, il fit envoyer à Madère une épitaphe qu’il avait composée et fait graver sur le marbre. Le jeune duc désirait reposer en France et dès que le roi fut restauré sur son trône il envoya un navire, la Nantaise, chercher sa dépouille où après un office célébré par l’évêque en présence du gouverneur, elle fut emportée pour être inhumée au château d’Avaray.
Le roi écrivit dans une lettre du 14 septembre 1804 à propos du jour où d’Avaray lui permit de quitter sain et sauf la France : « Si mon nom me survit, le 21 juin 1791 sera le jour le plus marquant de sa carrière. […] Ce fut beaucoup sans doute d’avoir sauvé une vie en me rendant la liberté ; c’est peut-être encore plus de ne songer jamais qu’à ma gloire et de me parler sans cesse le langage austère de la vérité ».
Pour un portrait du comte d’Avaray : http://www.college-pevele.fr/spip/spip.php?article285.