Derrière ces murs, une vaste maison de maître actuellement en travaux située au n°17 quai Malaquais à paris face au musée du Louvre et aux Tuileries, vécut Emilie Pellapra, princesse de Chimay. Il s’agit de l’ancien hôtel de La Tour d’Auvergne hérité par Emilie Pellapra et qui devint alors l’hôtel de Chimay. Il fut vendu en 1883 à l’Etat et abrita ensuite l’école nationale des Beaux-Arts. Pour en savoir plus, les mémoires d’Emilie Pellapra, princesse de Chimay « Un destin singulier. souvenirs 1806-1859 » parues aux éditions Lacurne.
Robespierre
8 juillet 2015 @ 07:48
C’était la belle-fille de l’ancienne madame Tallien. J’ai lu ce livre il y a longtemps, c’est assez superficiel comme récit . On apprend cependant que la belle Teresia n’était pas heureuse dans la derniere partie de sa vie, ostracisée par toute la noblesse belge.
Pierre-Yves
8 juillet 2015 @ 13:37
Et ce fut aussi, je crois, la grand-mère de la célèbre comtesse Greffulhe, dont les parents (son père était le fils d’Emilie et sa mère une Montesquiou) étaient très aimants, mais dont le mari était noceur et indélicat.
Francine du Canada
8 juillet 2015 @ 17:50
Merci Robespierre; un de moins à lire puisque la liste des incontournables s’allonge sans cesse ;-). FdC
Caroline
8 juillet 2015 @ 11:22
C’est intéressant de lire la définition exacte de toute ‘maison de maitre’ chez Tonton Google!
Après les rénovations,cette belle demeure servira-t-elle de résidence ou d’établissement culturel?
Gérard
9 juillet 2015 @ 17:41
L’hôtel du 17 quai Malaquais a été construit en 1640 par Simon Delespine, Martial Baret et Jean Péronne pour Macé Ier Bertrand, seigneur de la Bazinière, trésorier de l’Épargne, qui avait acheté le terrain en 1638, et il fut donc connu comme hôtel de la Bazinière ; il a été modifié par François Mansart entre 1653 et 1658 pour le fils du constructeur, Macé II Bertrand, qui souhaita transformer un hôtel plutôt simple en une des maisons privées les plus raffinées de Paris. Et une partie du décor fut peint par Charles Le Brun. Henriette de France, reine d’Angleterre, tante de Louis XIV, y passa un certain temps pendant son exil à partir de l’hiver 1665, grâce au roi, et cela lui permit de se rendre très souvent auprès de sa fille Madame, duchesse d’Orléans.
En 1681 l’hôtel fut acheté par Godefroy Maurice de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, et il fut alors habité, jusqu’à sa mort en 1714, par Marie Anne Mancini, son épouse, nièce du cardinal de Mazarin. C’est à cette époque qu’il fut embelli par Charles Le Brun et que ses jardins furent dessinés par Le Nôtre. L’hôtel fut profondément modifié entre 1741 et 1744, la structure et les percements des élévations sur la cour d’honneur et en partie la façade sur le quai Malaquais ont été conservés mais tous les détails de forme et de décoration ont été modifiés par François Debias-Aubry pour Charles-Godefroy de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon, et agrémenté de sculptures de Jacques-François Martin et Jean-Martin Pelletier.
L’hôtel fut alors appelé Grand hôtel de Bouillon car en 1745 François Debias-Aubry construisit à côté (au 15) le Petit hôtel de Bouillon qui fut ensuite appelé le Petit Chimay et qui avait pris la suite de l’hôtel communicant que La Bazinière avait fait édifier pour le logement des domestiques.
L’hôtel devint grâce à Napoléon la propriété de Stéphanie Tascher de La Pagerie (1788-1832), cousine de Joséphine, qui fut créée princesse française et avait épousé en 1808 Prosper-Louis d’Arenberg, septième duc régnant d’Arenberg, et qui après une sentence de nullité se remaria en 1819 avec le marquis de Chaumont-Quitry. C’est de cette époque que date le décor Empire de salons sur le jardin. En 1823, les n°15 et 17 sont achetés par Leu Henri de Pellapra, riche financier devenu sous l’Empire receveur des Finances du Calvados avant de l’être de l’Allier puis de la Meurthe. En 1852 à la mort de celui-ci l’hôtel de La Pagerie passe à sa fille. Or Joseph de Riquet de Caraman, prince de Caraman puis, en 1843, 17e prince de Chimay (1808-1886), le fils aîné de Madame Tallien (Thérésia de Cabarrus), était l’époux de cette Émilie de Pellapra, veuve du comte de Brigode, et qu’on prétendait fille de Napoléon Ier. L’un de leurs enfants fut effectivement Joseph de Riquet de Caraman, 18e prince de Chimay, époux en premières noces de Marie Joséphine Anatole de Montesquiou-Fezensac et parmi leurs enfants on trouve donc la comtesse Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay, comtesse Henry Greffulhe dont la fille Élaine, épouse d’Armand, 12e duc de Gramont, fut l’arrière-grand-mère du jeune Antoine, 15e duc.
L’hôtel de Chimay devait donc conserver ce nom. L’hôtel fut vendu à l’État en 1883 pour l’École des Beaux-Arts et il fut en grande partie transformé à l’exception de quelques salons et bureaux qui sont aujourd’hui ceux qui peuvent être loués pour des manifestations diverses, tandis qu’une grande partie de l’hôtel fut évidée pour l’installation d’ateliers. L’hôtel est entièrement classé. L’École des Beaux-Arts cependant s’étend sur un espace beaucoup plus vaste tout autour et qui était déjà occupé, après la sécularisation du couvent des Petits-Augustins que la reine Margot avait fondé, et son utilisation comme Musée des Monuments français, le musée d’Alexandre Lenoir, jusqu’à ce que le lieu soit affecté par Louis XVIII en 1816 à l’École des Beaux-Arts et que les bâtiments soient remodelés en style florentin ou reconstruits par François Debret puis son beau-frère Félix Duban.
La restauration est due en grande partie au mécénat de Philippe et Karine Journo et de leur société la Compagnie de Phalsbourg.
Gérard
10 juillet 2015 @ 18:40
Quelques précisions sur cet hôtel de Chimay : des verrières ont été ajoutées lors de l’achat par l’État pour éclairer les ateliers.
Anatole France a habité le Petit hôtel de Chimay, 15 quai Malaquais, de sa naissance en 1844 à 1853. Au 19 son père François Noël Thibault, dit Noël France, était libraire à l’enseigne Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française et que fréquentaient de nombreux écrivains comme les frères Goncourt. C’est là bien sûr que se développa sa vocation.
Autre référence littéraire, dans l’hôtel du 17, l’hôtel de Chimay, habita le baron de Charlus dans La Recherche et Proust évoque le salon vert, « grand salon verdâtre », de cet hôtel.
Il ne faut pas confondre notre hôtel de Chimay avec l’hôtel de Chimay aujourd’hui appelé hôtel de Chanaleilles au numéro 2 de la rue du même nom à l’angle de la rue Vaneau dans le septième arrondissement ; cet hôtel de la fin du XVIIIe siècle très remanié par la suite et qui comprend maintenant une aile moderne sur les jardins édifiée dans les années 1960 pour Stavros Niarchos, conserve une rare salle de bains circulaire en sous-sol aménagée pour Madame Tallien, princesse de Chimay.
L’hôtel porta successivement le nom des marquis de Barbençon, puis des princes de Chimay, puis des comtes de Nalèche avant d’être celui de la famille de Chanaleilles.
Il y a aussi à Paris l’hôtel Delpech de Chaumot ou de Chimay, au 8 de la place Vendôme, construit en 1714 par Pierre Le Maître pour le fermier général et receveur général des finances d’Auvergne Paul Delpech, seigneur de Chaumot, sur un lot qui avait été attribué en 1705 à Pierre Elizabeth de Fontanieu, intendant et contrôleur général des meubles de la Couronne, lequel le lui avait vendu. L’hôtel fut loué de 1754 à 1766 à Marc d’Alsace Hénin-Liétard, prince de Chimay, et fut ensuite, alors qu’il était devenu en 1771 la propriété des Lepeletier de Saint-Fargeau, loué en partie en 1781 au marquis et à la marquise de Marigny, frère et belle-sœur de Madame de Pompadour. Le père de la marquise de Marigny, née Julie Filleul, Charles François Filleul, conseiller et secrétaire du roi, se suicida devant l’entrée de cet hôtel parce que son gendre lui refusait un prêt d’argent.
On prétendait que Madame Filleul, née Marie Irène Catherine du Buisson de Longpré avait eu sa fille Julie du roi Louis XV. Julie Filleul avait une sœur, Adélaïde, qui épousa Charles-François de Flahaut de la Billarderie et qui eut de Talleyrand un fils Charles, le père du duc de Morny. L’hôtel fut ensuite habité par le banquier Delarue en 1803 et par le duc de La Force sous l’Empire (Louis-Joseph Nompar de Caumont, 9e duc de La Force, grand d’Espagne, chevalier de Caumont-La Force et de l’Empire, puis pair de France) alors qu’il appartenait au banquier Louis Lege.
C’est dans cet hôtel que fut ramené mourant Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, député de la noblesse et régicide, assassiné le 20 janvier 1793 par l’ancien garde du corps royal Pâris. Philippe Nicolas Marie de Pâris, cachant un sabre sous sa houppelande, avait vu le ci-devant marquis dans un restaurant du Palais-Royal – le café du sieur Février au sous-sol du 114 de la galerie de Valois – où il s’était rendu dans l’espoir de tuer le duc d’Orléans qu’il ne put approcher ; il s’adressa au conventionnel : « C’est toi, scélérat de Lepeletier, qui as voté la mort du roi ? ». L’autre répondit : « J’ai voté selon ma conscience ; et que t’importe ? ». Pâris lui enfonça alors son arme dans le côté en lançant : « Tiens, voilà pour ta récompense ». Lepeletier mourut vers une heure et demie du matin du 21 janvier, quelques heures avant le roi. Pâris se cacha chez sa maîtresse au Palais-Royal puis tenta de gagner l’Angleterre et se suicida quand il fut reconnu le 31.