L’Hôtel de Salm abrite la grande chancellerie de la Légion d’Honneur depuis 1804, date à laquelle le comte de Lacépède, premier grand chancelier, l’acquiert pour y installer l’administration de l’ordre créé deux ans plus tôt par Napoléon Bonaparte, Premier Consul;
D’un côté on trouve une belle façade raffinée en rotonde longée de jardins donnant sur la Seine et de l’autre côté une cour d’honneur ceinte d’un portique à colonnes ouvrant sur la rue de Lille. Au-dessus de la colonnade on lit « Honneur et Patrie« .
Egalement résidence officielle du grand chancelier, l’hôtel s’insère dans un ensemble architectural qui comprend, outre le bâtiment historique, une aile de bureaux construite en 1868 (architecte Amédée-Alphonse Lejeune) ainsi que le Musée de la Légion d’honneur
Erigé par l’architecte Pierre Rousseau pour le prince allemand Frédédic III de Salm-Kyrbourg, l’Hôtel est achevé en 1787. A la mort du prince, guillotiné en 1794, il est rayé de la liste des biens nationaux sous la pression des créanciers.
Après divers locataires, il devient donc en 1804 le siège de la grande chancellerie et prend le nom de Palais de la Légion d’honneur. Il est restauré par Antoine-François Peyre.
Incendié lors de la Commune en 1871 comme le Palais des Tuileries, le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes alors voisins, il est restauré grâce à la volonté du général Vinoy, 18è grand chancelier qui lance une souscription auprès des membres de la Légion d’Honneur et des médaillés militaires.
Après l’incendie de la Commune – Paris Musées Collections
L’initiative est un succès : en un an la somme nécessaire est réunie et les travaux peuvent commencer. La reconstruction et l’aménagement sont confiés à l’architecte Anastase Mortier. La décoration intérieure est entièrement repensée et conçue à la gloire de la Légion d’honneur. Les élégantes façades, restées debout malgré l’incendie, sont conservées.
La dernière grande évolution du bâtiment (à l’initiative du général Dubail alors grand chancelier) est la création du musée de la Légion d’honneur (architecte Jean de la Morinerie) qui ouvre ses portes en 1925 à l’emplacement des anciennes écuries du palais. Le palais est classé Monument historique depuis 1985.
Quelques-unes des salles les plus remarquables…
Salon de la Rotonde
Cette pièce sert de cadre aux cérémonies officielles de l’institution, aux concerts donnés par les élèves des maisons d’éducation de le Légion d’honneur…
Aux murs douze profils et trophées illustrent les grandes activités de la nation : Richard-Lenoir, le commerce; Larrey, la médecine et la chirurgie; Houdon, la sculpture; Percier, l’architecture; Malesherbes, la justice; Masséna, la guerre; La Pérouse, la marine; Parmentier, l’agriculture; Boieldieu, la musique; Gros, la peinture; Delavigne, la poésie et Girard, l’industrie.
Le tapis des Cohortes, copie de la manufacture de Cogolin, est réalisé d’après le tapis original exécuté par la manufacture de Tournai vers 1810. Le mobilier est celui de la princesse Elisa Bocciocchi, soeur de Napoléon. Les commodes de Jacob-Desmalter ont été commandées en 1809 pour la chambre de l’impératrice à Compiègne.
Bureau du Grand Chancelier – Napoléon en costume de sacre par Robert Lefebvre
Il affiche un décor Napoléon III. La décoration au pochoir effectuée à la main selon les techniques du 19è siècle, recouvre les murs bleus d’un motif or en forme de couronne de laurier.
Salon des Tapisseries – La Renommée et La Victoire
Retissées dans les années 1930 d’après un carton Premier Empire, manufacture des Gobelins.
La salle à manger
Le grand chancelier reçoit ses invités de marque autour du grand guéridon provenant du salon de Diane à Saint-Cloud et sur lequel Napoléon III prit son dernier dner avant son départ pour le front en 1870.
Le tableau représente « Napoléon distribue les croix de la Légion d’honneur au camp de Boulogne – 16 août 1804″, copie d’Albert Fournier d’après Philippe Hennequin.
Le salon des grands chanceliers
Il accueille traditionnellement les cérémonies de remise d’insignes.
Les deux bustes sont ceux de Louis-Napoléon Bonaparte, fondateur de la Médaille militaire en 1852, et celui du Général de Gaulle, fondateur de l’ordre national du Mérite en 1963.
Le tapis des grandes armes de France était disposé à la cathédrale de Reims pour le sacre de Charles X.
Tout autour de la salle se trouvent les portraits des grands chanceliers de 1803 à 1934.
Le salon de l’Aurore
Il doit son nom à la peinture du plafond « L’Aurore chassant la nuit » de Joseph Ranvier, et il accueille certains diners officiels.
La grande chancellerie gère l’attribution des quatre plus hautes décorations nationales, celles remises au nom du Président de la République : la Légion d’honneur, la Médaille militaire, l’ordre national du Mérite et la Médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme
Les maisons d’éducation de la Légion d’honneur. Créés par Napoléon en 1805, ces établissements d’enseignement public sont des internats destinés aux filles, petites-filles et arrière-petites-filles des décorés de la Légion d’honneur, la Médaille militaire et l’ordre national du Mérite
Le musée de la Légion d’honneur et des Ordres de la Chevalerie. Ouvert en 1925, il est l’un des rares musées au monde spécialisé dans le domaine des décorations françaises et étrangères, du Moyen-Âge à nos jours.(Merci à Pistounette – Source : Livret de l’Hôtel de Salm et notices dans les salles)
Régine ⋅ Actualité 2021, Châteaux, France, Napoléon 13 Comments
Pascal
7 octobre 2021 @ 05:31
Excellente idée de nous faire découvrir l’intérieur de cette institution et d’une façon très plaisante .
Merci.
Benoite
7 octobre 2021 @ 05:32
Une très belle découverte, ici, magnifique. L’histoire de ce palais est vraiment à porter à connaissance. Les photos sont superbes, les jardins également. Nos plus belles valeurs de reconnaissance, (militaires, mérites, reconnaissances civiles) sont ici dans un bel écrin d’architecture. Merci pour ce beau cliché d’Histoire.
HRC
7 octobre 2021 @ 06:19
En annexe du sujet, j’apprécie toujours qu’on rappelle que la noblesse parfois très haute comme dans le cas, a pu apprécier le passage à la monarchie constitutionnelle.
Pascal M
7 octobre 2021 @ 08:15
Magnifique hôtel particulier! A visiter bien sûr, tant l’intérieur est beau aussi, et riche de toutes les collections.
Malheureusement lorsque je l’ai fait, les pièces si bien décrites par Pistounette n’étaient pas permises à la visite à ce moment là.
Sinon, on y ressent la grandeur et le prestige de la France.
La partie musée proprement dite possède une impressionnante collection de décorations et médailles de beaucoup de pays du monde.
Prévoir du temps si on s’y intéresse…
Beque
7 octobre 2021 @ 08:40
Merci, Pistounette. J’ai pu visiter l’Hôtel de Salm avec le Grand Chancelier.
Le prince Frédéric de Salm-Kyrbourg avait dessiné et fait construire, en 1787, l’hôtel de Salm pour pouvoir admirer le palais des Tuileries. Cet hôtel alliait à un aspect majestueux le charme d’une résidence de campagne dont les jardins descendaient jusqu’aux berges de la Seine. Sa sœur, Amélie de Hohenzollern-Sigmaringen, achèta, en 1796, les fosses communes de Picpus dans lesquelles il avait été jeté, ce qui évitera, lors de la guerre, toute velléité d’invasion par l’Allemagne qui savait qu’y reposaient des princes allemands.
Après son incendie par la Commune, le palais est reconstruit grâce à une souscription et meublé par le Mobilier National. 80% du mécénat est belge. Richard Wallace (1818-1890) fait partie également des mécènes. Il était le fils illégitime du 4e marquis de Hertford et de Mrs Agnes Jackson. Il s’appela Jackson jusqu’en 1842 et prit, ensuite, le nom de jeune fille de sa mère, Wallace. On peut voir à la Wallace Collection de Londres de nombreuses et délicates miniatures de la famille impériale française et de ses proches, soigneusement protégées de la lumière, acquises par son père, fervent admirateur de Napoléon.
L’entrée au Musée de la Légion d’Honneur est gratuite. Les décorations en tous genres et de tous pays, de toute beauté ,sont disposées dans des tiroirs.
Benoît-Henri
7 octobre 2021 @ 09:36
Merci beaucoup Pistounette pour ce beau reportage. Il fut un temps où la Chancellerie organisait, dans ce décor fastueux, ses ventes de charité. Tout un poème, vous pouvez l’imaginer. Par ailleurs, merci d’avoir cité vos sources. Je sais que vous êtes très légitimement attachée à cet usage.
Alain
7 octobre 2021 @ 12:34
Plus exactement Élisa Napoléone Baciocchi !
Bambou
8 octobre 2021 @ 05:43
Magnifique. A gloire de la France…!
Quant on voit où en est rendu l’honneur de la France…….à pleurer !
Guizmo
8 octobre 2021 @ 06:32
Merci beaucoup pour cette belle visite
Ludovina
8 octobre 2021 @ 07:17
En effectuant des recherches sur Friedrich III, fürst (prince) zu Salm-Kyrburg, j’ai découvert que son petit-fils, futur Friedrich V (1823-1887) s’était marié avec la princesse Eléonore de la Trémoille (1827-1846).
Son demi-frère Louis-Charles (1838-1911), prince de La Trémoille, duc de Thouars, est l’ancêtre du prince Edouard de Ligne La Trémoille né le 27/09/1976, époux d’Isabella Orsini.
Louis Charles était le grand-père de Louis Jean (1910/1933) décédé sans alliance.
La sœur aînée de Louis Jean, la princesse Charlotte de la Trémoille (1892-1971) a épousé le prince Henri de Ligne (1881-1967) : leur fils Jean-Charles (1911-2005) a pris le patronyme de Ligne La Trémoille, il était père de Charles Antoine né le 30/09/1946 et le grand-père d’Edouard cité plus haut.
Benoît-Henri
8 octobre 2021 @ 10:02
Merci, Ludovina, d’avoir rappelé les liens entre les Salm et les La Trémoïlle. La propre sœur de Friedrich III, Marie-Maximiliane (1744-1790) avait épousé Jean-Bretagne, duc de La Trémoïlle (1737-1792). Eléonore de La Trémoïlle est leur petite-fille.
Danielle
8 octobre 2021 @ 14:37
Merci Pistounette pour cet article et les belles photos car l’Hotel de Salm ne peut malheureusement se visiter que durant les journées du patrimoine, quel dommage !
Cosmo
8 octobre 2021 @ 21:36
Beau reportage. Merci Pistounette.