L’icône de la Vierge de Vladimir, la Vladimirskaya pour les russes, est l’une des icônes les plus vénérées de Russie et l’une des plus anciennes. Son histoire est intrinsèquement liée à celle de la Russie depuis plus de 850 ans. Cette icône provient de Constantinople. Elle avait été offerte par le patriarche de Constantinople au Grand Duc de Kiev, Youri Dolgorouki (1090-1157), le fondateur de Moscou. Selon la légende, elle a été peinte à Jérusalem par Saint-Luc, au 1er siècle.
Le fils du Grand Duc Youri, Andrei Yourievich, convoitait cette icône placée dans couvent à Viochgorod. Il s’en empara et l’amena jusqu’à Vladimir où il fit bâtir pour elle la cathédrale de la Dormition, entre 1158 et 1161. La cathédrale consacrée, il y déposa l’icône sacrée.
Après la grande victoire de l’armée du Grand Duc Andrei sur les bulgares en 1164, l’icône miraculeuse devint la protectrice de la principauté de Vladimir Souzdal.
En 1395, l’icône fut amenée à Moscou en lutte contre une invasion mongole. Le 8 septembre, l’icône fut remise au patriarche de Moscou, le patriarche Cyprien, et le même jour, le grand Duc de Moscou, Vassili (1371-1725), parvint à faire fuir ses adversaires.
On attribue de nombreux autres miracles à l‘icône de la Vierge de Vladimir, notamment le sauvetage de Moscou le 6 juillet 1480 et le 3 juin 1521. Grâce à l’icône miraculeuse, Moscou aurait été sauvé de destructions et d’invasions.
Déposée dans la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou depuis sa construction en 1480 jusqu’à la révolution de 1917, l’icône de la Vierge de Vladimir a été vénérée par les tsars au cours des siècles, spécialement le jour de leur couronnement. Les tsars ne voyaient que les visages et les mains puisque l’icône était recouverte de son oklad, un ornement somptueux incrusté de nombreuses perles et pierres précieuses, qui fait maintenant partie de la collection du Musée des Armures du Kremlin.
L’icône est de type Vierge de Tendresse, l’enfant Jésus se blottissant contre la joue maternelle. Cette position a ensuite été copiée maintes fois. Autres particularités, le bras de l’enfant est autour du cou maternel, et la Vierge nous regarde avec douceur et tristesse.
L’Eglise Orthodoxe a établi la célébration de la Vierge de Vladimir trois fois par an, chacune des dates étant liée à la délivrance de la Russie des envahisseurs .
L’icône a été une source d’inspiration oecuménique puisque le pape Jean XXIII avait proposé au patriarche orthodoxe l’icône de la Vierge de Vladimir comme l’image de l’unité des chrétiens.
En 1930, l’icône a été installée dans la Galerie Tretiakov de Moscou mais, depuis 1999 elle est placée dans l’église Saint Nicolas à Tolmatchakhi. Cette église du 17ème siècle est l’ancienne église de la famille Tretiakov. Elle est dépendante du Musée mais est accessible à tous, ce qui permet aux fidèles de retrouver dans une église et vénérer l‘icône de la Vierge de Vladimir. (Merci à Agnès pour ce reportage à Moscou)
Claudia
22 décembre 2014 @ 08:07
merci Agnès pour ce reportage ; juste pour faire un lien avec la serie « Baccarat » présentée par Régine, je précise qu’au Petit Palais, il y a aussi une exposition d’icônes russes et byzantines. Double raison pour ceux qui le peuvent, d’y aller !
bianca
22 décembre 2014 @ 14:22
Merci Claudia, j’espère pouvoir aller admirer ces merveilles. Joyeuses fêtes à vous.
neoclassique
22 décembre 2014 @ 08:53
chère Agnès,
une fois encore, je vous salue chapeau bas pour la remarquable qualité et la brillante érudition de votre article sur cette icône si vénérable.
La Très Sainte Russie recèle d’innombrables trésors qui puisent leur origine dans la nuit des temps de cet empire envoutant et, grâce à vous, nous les découvrons chaque fois avec bonheur.
Et quelle heureuse idée de nous présenter cette Vierge à l’Enfant à quelques jours de la Nativité du Seigneur.
Alors, un immense merci et surtout un très Joyeux et Saint Noël à vous
JAusten
22 décembre 2014 @ 10:15
superbe Agnès ! Vous devez vous régaler devant toutes les richesses qu’offre Moscou.
Cette icône a traversé presque un millénaire et est dans un très bel état de conservation.
agnes
22 décembre 2014 @ 13:02
Au cours des siècles, elle a été restaurée au moins 4 fois depuis le 12eme siècle, la dernière fois en 1895, juste avant le couronnement de Nicolas II.
J’ai lu que la partie la mieux conservée est justement la partie non protegée par l’oklad, les visages et les mains.
De la peinture originale byzantine de Constantinople, il ne reste que quelques fragments sur l’icône. Quelques parties du visage de la Sainte Vierge et de l’Enfant, le bras et une partie de la main gauche du Christ et enfin quelques bribes de fond d’or.
JAusten
23 décembre 2014 @ 11:42
et bien ! que 4 fois et sans les techniques d’aujourd’hui : très belle performance !
Merci pour toutes ces beautés Agnès
Kayleen
22 décembre 2014 @ 10:20
Merci Agnès, quelles richesses et quelle beauté et j’imagine que cela doit encore être plus beau en réalité, continuez à nous faire rêver. Je vous souhaite des très bonnes fêtes et une année 2015 pleine de découvertes.
Excellentes fêtes à Madame Salens et à son équipe.
Danielle
22 décembre 2014 @ 10:42
Très belle icône.
Agnès, merci pour toutes ces précisions.
Zeugma
22 décembre 2014 @ 11:20
Un grand merci pour ce reportage qui me fait découvrir cette icône extraordinaire et ce qu’est l’ oklad.
Si j’ai bien compris, il s’agit de la couverture (ici en or et pierres précieuses) qui protège une partie de l’icône.
En l’occurrence, l’icône – peinte par Saint Luc au premier siècle – a été séparée de son oklad postérieurement à la révolution Russe, pour être exposée maintenant à l’adoration des fidèles dans une église de Moscou ; l’oklad pouvat être admirée dans un autre endroit (le musée des armures du Kremlin).
Ce reportage met en lumière les relations étroites qui existaient jadis au sein du monde orthodoxe.
L’icône fut offerte par le patriarche de Constantinople au moment du schisme qui sépara les églises catholique et orthodoxe en 1054.
Le patriarche Grec a peut-être voulu montrer ainsi implicitement que Constantinople devenait la capitale du monde orthodoxe.
L’église Russe est devenue autocéphale – j’ignore depuis quand – et avoue ne pas connaître la nature des relations actuelles entre les patriarcats de Moscou et celui du Phanar à Constantinople.
agnes
22 décembre 2014 @ 13:06
Elle a eu plusieurs oklad. 2 sont exposées dans le Palais des Armures, dont la derniere en photo ci dessus. Ce n’est que la photo d’une photo d’un petit livre (car photos interdites dans le Musé). En réalité, c’est un objet absolument magnifique.
Palatine
22 décembre 2014 @ 13:43
Merci pour ce reportage, Agnès. L’icône est vraiment ancienne, même si je doute que Saint Luc l’ait réalisée, mais ce n’es pas important. Elle est fascinante.
Je cueille l’occasion de vous souhaiter un Joyeux Noel et de belles fêtes de fin d’année en famille. Probablement en France.
bianca
22 décembre 2014 @ 14:28
AGNES, Je rejoins tous les internautes captivés par ces merveilles, leur histoire fort intéressante en ces temps de fête de la Nativité. Soyez chaleureusement remerciée pour la qualité de ce reportages et pour tous ceux qui ont émaillés notre quotidien
grâce à vous. Passez d’excellentes fêtes de Noël, Bianca.
agnes
22 décembre 2014 @ 15:29
J’ai lu aussi, mais on ne sait pas si c’est vrai : les soviets auraient mis l’icone dans un avion qui a survolé Moscou, dans le but de repousser les nazis (comme elle a repoussé les tartars).
Une chose est certaine, elle a été mise à l’abri durant la 2de guerre mondiale.
Lucie B.
22 décembre 2014 @ 16:18
Agnès,
Je ne manque jamais de lire vos articles concernant la Russie et c’est un réel plaisir pour moi ; vos articles concis et très documentés, assortis de photos qui me donnent un peu l’illusion d’y être, sont de petits bijoux. Un grand merci à vous et surtout continuez, continuez !
J’en profite pour vous souhaiter un très joyeux Noël avec la neige qui va avec et une bonne année.
Mes vœux, avec ou sans neige, s’adressent aussi à Régine et son équipe ainsi qu’aux participants du site.
beji
22 décembre 2014 @ 17:01
Cette icône est en effet une des plus connues.Je suis en train de lire une biographie
de la grande-duchesse Elisabeth,soeur de la tsarine.
Stella
22 décembre 2014 @ 18:56
Bonjour Agnès,
Je possède une copie de cette icône et la rizza qui entoure les visages est ornée de véritables émeraudes.C’est un vrai trésor dont j’ignorais certains points des origines historiques.
Merci de m’avoir, ici, permis de combler ces lacunes!
Je salue votre érudition.
Zeugma
23 décembre 2014 @ 12:46
Qu’est ce que la « rizza » ?
Stella
24 décembre 2014 @ 09:31
La rizza est la feuille d’or, d’argent ou de vermeil qui entoure les visages de l’icône et parfois(comme c’est le cas pour celle qui m’appartient) l’enveloppe totalement.
Ces feuilles travaillées sont de véritables oeuvres d’orfèvrerie.
agnes
24 décembre 2014 @ 07:11
Un bel ensemble qui doit se transmettre dans votre famille je suppose.
Shandila
22 décembre 2014 @ 21:10
Un reportage des plus intéressants comme toujours Agnès. Un très grand merci pour l’excellence de votre travail, avec des photos superbes. Je vous souhaite le meilleur pour la fin de l’année et naturellement pour 2015. En espérant avoir le plaisir de découvrir de prochains articles.
Caroline
22 décembre 2014 @ 23:16
Agnès,merci pour votre reportage avec de belles photos!
Joyeux Noel!
flabemont8
23 décembre 2014 @ 10:36
Merci, Agnès , pour l’histoire et la photo de cette icône …Je vous souhaite de très heureuses fêtes de Noël et de Nouvel An , et une bonne année 2015 !