C’est au Tuileries que voit le jour le 16 mars 1856 Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, prince impérial, fils unique de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie.
L’héritier est baptisé à Notre-Dame de Paris en grande pompe le 14 juin 1856. Il reçoit pour parrain le pape Pie IX et pour marraine la reine Victoria, devenue amie de l’impératrice mais qui étant anglicane, est représentée à la cérémonie par la reine Joséphine de Suède (fille du prince Eugène de Beauharnais, fils adopté de l’empereur Napoléon I et fils de l’impératrice Joséphine).
Le prince impérial est initié très tôt aux obligations officielles et entretient une relation très proche avec ses parents, pouvant accéder à sa guise au bureau de son père. En 1870, lors de la guerre franco-prussienne, il accompagne son père sur le front.
A la chute du Second Empire en 1870, il part en exil en Angleterre. A la mort de son père, il devient pour les Bonapartistes Napoléon IV.
Il intègre l’académie militaire royale de Woolwich. Le prince est doué et est premier aux exercices d’escrime et d’équitation. Sur son insistance, sa marraine la reine Victoria consent à ce qu’il parte en expédition militaire en Afrique du Sud.
Le 1er juin 1879, le prince impérial âgé de 23 ans est en mission de reconnaissance au lieu dit de Itelezi. Une fusillade éclate avec des guerriers zoulous. Deux soldats sont tués. Le prince tente de monter sur son cheval mais sa selle (qui avait appartenu à son père et qui servit à Sedan) se brise. Le prince est piétiné au bras droit par le cheval et à terre. Il meurt après une résistance héroïque désespérée (il a essayé d’utiliser son pistolet de la main gauche) par 17 coups de flèches.
Sa dépouille ne sera pas mutilée et éviscérée comme celles de ses compagnons, les Zoulous respectant sa bravoure. Ils ne touchent pas non plus à ses amulettes autour du cou dont l’une est un souvenir de sa grand-mère paternelle la reine Hortense.
Lorsqu’elle apprend la mort de son fils des jours plus tard (elle a continué à lui écrire), l’impératrice perd connaissance pendant de longues heures. C’est la perte familiale de trop pour Eugénie. La dépouille du prince impérial fut rapatriée en Angleterre.
L’impératrice Eugénie tenait absolument à se rendre en Afrique du Sud sur le lieu des derniers instants de vie de son fils unique.
« En 1880, Eugénie accomplit un périple fondamental sur les traces des ultimes pas de son fils en Afrique du Sud. Un an, jour pour jour, après la disparition de ce dernier, voici l’ancienne souveraine des Français au lieu même où le prince impérial est tombé, passant toute la nuit du 1er au 2 juin 1880 en prière au milieu des terres sauvages du Zoulouland.
Cette femme qui, dix ans auparavant, régnait encore sur la France depuis les salons resplendissants des Tuileries, se trouve là, dans les ténèbres, vêtue de noir, au milieu d’une terre lointaine où, toute la nuit durant, les soldats zoulous tourneront autour d’elle pour admirer cette souveraine d’un autre continent.
Au matin du 2 juin, selon l’impératrice, une légère brise vient courber les bougies qui l’entourent et les effluves du parfum de son fils envahissent subrepticement l’air : Eugénie est désormais convaincue que tout est accompli.
Rentrée en Europe, elle lance dès 1881 le chantier de l’abbaye Saint-Michel où elle désire que ses chers disparus reposent. Elle quitte Camden Place pour une nouvelle propriété depuis laquelle elle peut voir le dôme de l’église abbatiale, dôme qu’elle souhaite édifier comme un miroir de celui des Invalides où reposent Napoléon Ier. »
« L’impératrice Eugénie. Une vie politique », Maxime Michelet, Editions du Cerf, 2020, p. 295
Galetoun
6 mai 2020 @ 08:01
La reine Victoria fut désespérée de la mort du jeune homme. Elle entretenait avec lui des relations presque filiales, de marraine à son égard et pensait le voir un jour restaurer l’empire en France.
Que serait il devenu sans cette mort absurde!? De la même génération que Guillaume, Nicolas, Georges etc
Galaxie20
6 mai 2020 @ 08:31
Je me souviens d’un reportage sur lui. Ils disaient que la sangle de sa selle avait lâché. C’est étonnant qu’un jeune homme qui était si doué en équitation n’ait pas pensé à vérifier son matériel. Cette négligence lui a coûté la vie et c’est bien triste de finir si jeune ainsi.
Gilan
6 mai 2020 @ 15:53
Je vous le livre pour ce que je sais, la selle était celle de son père l’Empereur Napoléon III à Sedan 19 ans plus tôt, on comprend la fragilité des sangles. C’est une mort stupide, tout comme d’autres …
Gérard
6 mai 2020 @ 17:55
C’était la sangle de la selle de son père, celle qu’il avait à Sedan et le prince avait tenu à s’en servir.
Au petit matin du 1er juin il écrivait à sa
mère : « Chère Maman, je vous écris à la hâte sur une feuille de mon calepin ; je pars dans quelques minutes pour choisir le lieu où la deuxième division doit camper sur la rive gauche du Blood River. L’ennemi se concentre en force et un engagement est imminent d’ici huit jours. Je ne sais pas quand je pourrai vous donner de mes nouvelles, car les arrangements postaux laissent à désirer. Je n’ai pas voulu perdre cette occasion pour vous embrasser de tout mon cœur.
Votre dévoué et respectueux fils. »
Il donne cette lettre au correspondant de guerre du Daily News Archibald Forbes qui doit retourner au camp de Landman’s Drift.
Vers 15h30 le cafre qui était parti chercher de l’eau revient, il alerte le lieutenant Carey pour lui dire qu’il y a des indigènes à la rivière. Le capitaine ordonne de seller les chevaux. Mais pour l’instant tout paraît calme. Le prince achève un dessin.
Tout d’un coup on entend des coups de feu. Carey hurle de monter en selle. La plupart des soldats partent. Mais le soldat Rogers a été blessé par une balle et il s’effondre et le Prince n’est pas en selle. En effet son cheval gris, Percy, a suivi le mouvement et galope avec les autres chevaux. Le prince court pour l’attraper. Il tente de sauter en selle en voltige, et y parvient plus ou moins car c’est un excellent cavalier qui a su monter avant de marcher.
Le soldat Le Tocq est à côté de lui et lui dit en français, c’est un marin de Guernesey :
« Dépêchez-vous Monseigneur, s’il vous plaît ». Le soldat Abel tombe de cheval et les Zoulous se ruent sur lui et l’achèvent. Le prince a réussi à s’accrocher à la fonte gauche et à la selle mais il est entraîné par Percy vers une donga voisine, c’est-à-dire le lit asséché d’une rivière.
La sangle est un peu usée et les coutures entre les deux fontes craquent quand la main gauche du prince agrippe la courroie et le prince tombe. Percy affolé dans la donga lui écrase le poignet droit et s’enfuit.
Un premier Zoulou, Longalabalele, lui donne un coup de sagaie, puis un deuxième Zabanga, puis cinq autres avant qu’il ne meure. De nombreuses blessures étaient mortelles dont celle reçue à l’œil.
Les Zoulous respecteront ce corps parce que c’était le seul des soldats qui se soit battu. D’habitude ils profanent le corps de ceux qu’ils ont vaincus. Ici ils prennent ses armes, le déshabillent et leur chef dit de lui laisser sa chaîne en or au bout de laquelle pendent deux médailles dont une contient un portrait de sa mère, et un cachet de cornaline souvenir de la reine Hortense sa grand-mère et dont il avait hérité à la mort de son père. Napoléon III gardait se cachet pendu à sa montre.
Au camp le lieutenant Carey rend compte de la mort probable du prince au colonel Henry Buller qui est furieux et qui lui dit semble-t-il : « Vous auriez dû être tué, je souhaiterais que vous l’ayez été ; je devrais vous tuer moi-même. »
Le lendemain les officiers et des soldats se rendent sur place conduits par Carey, on enterre deux soldats anglais sur place et on ramène le prince au camp britannique.
Son corps présente 17 blessures reçues au visage, aux bras et à la poitrine.
Le correspondant du Figaro qui assista au retour du prince mort, Paul Deléage (1850-1888) avec lequel le prince avait lié amitié, écrivit notamment :
« Pour moi, qui, seul dans ce triste cortège, avait le privilège civil de marcher tête nue, en voyant à notre passage le drapeau de l’Angleterre se courber lentement jusqu’au sol en signe de salut royal, devant ce cadavre qu’enveloppait le drapeau tricolore, je songeai combien auront à se repentir ceux dont les outrages poussèrent ce malheureux prince à faire preuve de virilité et de force, même au prix de son sang, alors que l’Histoire saura dire que, sur cette terre lointaine, le dernier des Napoléon sut encore faire honorer, par sa mort même, le drapeau français. »
Une partie de la presse républicaine française avait en effet moqué souvent le prince impérial et il en avait ressenti beaucoup de tristesse.

Le général Butler signa un ordre de mission pour le retour à Londres qui fut lu aux troupes :
« […] En suivant le cercueil qui contient le corps du dernier prince impérial de France et en donnant à ses cendres le dernier tribut de tristesse et d’honneur, les troupes de la garnison se souviendront :
premièrement qu’il était le dernier héritier d’un nom puissant et d’une grande renommée militaire ;
deuxièmement qu’il était le fils du plus ferme allié de l’Angleterre aux jours de danger ; troisièmement qu’il était l’unique enfant d’une impératrice, qui reste sans trône et sans postérité, en exil, sur les côtes de l’Angleterre.
Pour se pénétrer plus profondément dans le corps de la douleur et du respect que l’on doit à cette mémoire, les troupes se rappelleront aussi que le prince impérial de France est tombé en combattant comme soldat anglais […] »
La reine Victoria dès qu’elle sut la nouvelle envoya son grand chambellan à l’impératrice pour la lui annoncer avant de se déplacer elle-même.
Paul Verlaine écrira un poème qui se termine ainsi dans le recueil Sagesse (XIII) de 1881 :
« J’admire ton destin,
j’adore tout en larmes
Pour les pleurs de ta mère
Dieu qui te fit mourir, beau Prince,
sous les armes
Comme un héros d’Homère.
Et je dis, réservant d’ailleurs mon vœu suprême
Au lys de Louis Seize :
Napoléon qui fut digne du diadème,
Gloire à ta mort française !
Et priez bien pour nous, pour cette France ancienne,
Aujourd’hui vraiment
« Sire »,
Dieu qui vous couronna, sur la terre païenne,
Bon chrétien, du martyre ! »
Plus tard l’impératrice reçut sur l’ordre du roi des Zoulous Cettiwayo ce qui restait de son fils : le médaillon d’or, la selle fatale, l’épée, les vêtements restitués par les Zoulous. Elle reçut aussi le missel qu’elle avait donné à son fils et qui contenait une prière de sa main, une prière qui révèle la sainteté de son âme.
L’uniforme du prince est au palais de Compiègne.

L’impératrice demanda que Carey ne soit pas condamné et il ne le fut pas.
Par la suite l’impératrice fit découper en plusieurs morceaux la courroie de la selle où l’on voyait nettement la trace d’une coupure, et les fit encadrer et en donna quelques uns aux amis du prince dont Paul de Castagnac. En 1930 le fils de celui-ci sollicité par la princesse de La Moskova de prêter des objets en vue d’une exposition de souvenirs napoléoniens, envoya ce cadre et le canif en or du prince impérial mais les deux objets furent volés au cours de l’exposition et l’assurance paya l’indemnité.


kalistéa
8 mai 2020 @ 10:06
Merci cher Gérard pour ce superbe compte rendu d’un événement tellement poignant qu’il en arrache des larmes.
Tel fut en effet le tragique destin du deuxième aiglon. Sa courte vie peu connue des Français commence à intéresser le grand public.
Gérard
8 mai 2020 @ 16:07
Oui chère Kalistéa et l’on songe aussi au destin de ces princes qui étaient destinés au trône et qui ont vécu au palais des Tuileries : Louis XVII, Napoléon II, le duc de Bordeaux, le comte de Paris et le prince impérial.
aubepine
6 mai 2020 @ 08:46
Voilà une femme qui a connu le meilleur et le pire qu’une vie puisse offrir ! les honneurs, le faste, mais aussi la déchéance, la perte de son mari et de son fils en très peu de temps et enfin une longue solitude …..
Résilience
6 mai 2020 @ 13:12
Mais femme qui a su rester digne malgré tous ses malheurs, comme aujourd’hui Farah Pahlavi
Jean Pierre
6 mai 2020 @ 08:52
Avant de rejoindre le site du champ de bataille elle fût reçu et logea chez le gouverneur du Natal à Pietermaritzburg. Puis elle partit dans le zoulouland et ses paysages désolés. La ville de Pietermaritzburg s’en souvient encore puisque quand on la traverse on voit que c’est le point de départ de la « route du prince impérial ».
Pierre-Yves
6 mai 2020 @ 09:00
Eugénie et Victoria ont en commun d’avoir passé en habit de deuil une grande partie de leur vie de femme. Bien sûr, c’était courant, à cette époque, mais en recouvrant toute leur vie de deuil, elles marquaient par là leur décision de considérer que le temps s’était une fois pour toute arrêté. Et pourtant, pour l’une comme pour l’autre, ça a duré des décennies. Or, des décennies figées dans le deuil, c’est long. Mon côté pragmatique me fait penser qu’elles auraient pu en faire quelque chose d’autre, une sorte de retour à la vie, plutôt qu’une interminable survie dans les voiles noirs et la mélancolie du souvenir.
Gilan
6 mai 2020 @ 16:28
Cher Pierre-Yves,
Concernant l’impératrice Eugénie, je ne rejoins pas votre position. Thierry Lentz, qui n’est pas un inconnu rend bien compte du rôle de l’impératrice Eugénie, quant au rattachement à la France de l’Alsace-Lorraine https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/
mimi
6 mai 2020 @ 09:18
PAS DE CHANCE CES NAPOLEON QUI PERDENT TOUS DEUX UN HERITIER ILS ONT EU DES ENFANTS AVEC D4AUTRES FEMMES MAIS PLIS D HERITIERS
LPJ
6 mai 2020 @ 11:47
C’est aussi ça qui a contribué à la légende napoléonienne.
La mort a frappé très jeune les deux héritiers, Napoléon II à 21 ans et le Prince impérial à 23 ans. Ni l’un ni l’autre ne se marièrent (s’il avait vécu, la possibilité d’une descendance pour Napoléon II aurait sans nul doute mis en émoi les cours européennes !) ni eurent des enfants.
Le décès prématuré de Napoléon II, permit à son cousin d’avoir des visées politiques en France et de rétablir l’Empire.
Le décès du Prince impérial, et surtout son testament politique, entraîna la division des bonapartistes et accéléra le déclin politique de ce courant politique.
Et l’extinction des branches aînées, amenèrent les droits dynastiques dans la lignée de Jérôme Bonaparte ; le Prince Napoléon actuel étant son descendant direct.
Mary
6 mai 2020 @ 17:50
Que disait ce testament ?
LPJ
7 mai 2020 @ 11:51
Voici le texte du codicille qui excluait de facto le Prince Napoléon (Plonplon) au profit du Prince Victor :
« Je n’ai pas besoin de recommander à ma Mère de ne rien négliger pour défendre la mémoire de mon grand-oncle et de mon père. Je la prie de se souvenir que tant qu’il y aura des Bonaparte, la cause impériale aura des représentants. Les devoirs de notre maison envers notre pays ne s’éteignent pas avec ma vie ; moi mort, la tâche de continuer l’œuvre de Napoléon Ier et de Napoléon III incombe au fils aîné du Prince Napoléon, et j’espère que ma mère bien-aimée, en le secondant de tout son pouvoir, nous donnera, à nous autres qui ne seront plus, cette dernière et suprême preuve d’affection. Fait à Chislehurst, le 26 février 1879. »
Forte de cette obligation morale, l’impératrice a soutenu, notamment financièrement le Prince Victor qui né en 1862, était lors de la mort du Prince imérial un tout jeune homme dépendant entièrement de son père.
Gérard
6 mai 2020 @ 20:42
Je crois LPJ que les bonapartistes étaient majoritairement à cette époque là des gens de droite. Le prince Napoléon (Jérôme) était une tête brûlée qui ne pouvait pas avoir beaucoup de soutiens dans son propre parti et qui n’en avait pas ailleurs et il se trouve qu’il avait un fils. Et je suppose que la plupart des bonapartistes se sont ralliés à celui-ci sans trop d’états d’âme.
À ce moment-là de l’histoire les bonapartistes étaient très largement
distancés tout de même aussi par les orléanistes et dans une mesure un peu moindre par les légitimistes.
Muscate-Valeska de Lisabé
6 mai 2020 @ 10:05
Je connaissais cet épisode du vacillement des bougies…le vent,sans doute…mais je pense que tout est possible,surtout dans l’esprit désespéré d’une mère crucifiée.
Ceci dit,et hors sujet,le visage de ce jeune prince ne m’est pas sympathique du tout.
Gilan
6 mai 2020 @ 16:58
Je ne connaissais pas non plus le vacillement des bougies, sauf lorsque je fais tourner les guéridons … De même la bouffée du parfum de violette dont le prince impérial usait, parait-il et qu’Eugénie aurait ressentie violemment à sa mort ou plus tard dans son voyage africain pour retrouver les restes du prince n’est qu’une légende.
kalistéa
6 mai 2020 @ 17:52
Cette photo est très mauvaise chère MUSCATE , on ne le reconnait pas . reportez vous à d’autres photos du prince impérial : vous verrez un beau jeune homme , yt_s sympathique au contraire .
Muscate-Valeska de Lisabé
7 mai 2020 @ 15:14
Merci Kali😘…j’irai.
COLETTE C.
6 mai 2020 @ 10:31
Triste mort pour ce prince, cruelle également. On comprend la désespoir de l’ Impératrice..
Mary
6 mai 2020 @ 11:02
Destin trop triste…
LPJ
6 mai 2020 @ 11:24
99 ans après l’impératrice Eugénie, ce sont le Prince et la Prince Napoléon qui se rendirent en Afrique du Sud pour commémorer le centième anniversaire du décès du Prince impérial. Il y eut à l’époque un reportage dans Point de vue.
https://www.ebay.fr/itm/Point-de-vue-n-1619-du-03-08-1979-Prince-Princesse-Napoleon-pub-Woolmark-moutons-/182123917162
Même s’il a vécu ses premières années en Angleterre auprès de l’impératrice, le Prince Louis, né en 1914, était trop jeune pour que celle-ci ai pu lui évoquer son déplacement sur la terre des Zoulous !
En 1880 le voyage pour aller d’Europe en Afrique du Sud était toute une aventure. On imagine parfaitement ce que dut éprouver l’impératrice entre douleur maternelle et difficultés du voyage.
Gérard
6 mai 2020 @ 20:45
Il avait six ans à sa mort. À six ans on a des souvenirs surtout qu’on avait dû lui dire qui était l’impératrice.
PATRICIA
6 mai 2020 @ 11:38
La deuxième photo est belle. Le destin de cette femme et son Amour pour son enfant parti si jeune me serrent toujours la gorge. Elle a survécut 41 ans à la disparition de son fils, ces années ont dû être un calvaire qu’elle a consacré en partie à son fils (retour sur les lieux, construction de l’église,…). Qu’elle ait déménagé pour voir le dôme de son habitation est un signe extraordinaire de son entière dévotion à cet amour.
Grande émotion !
kalistéa
6 mai 2020 @ 17:50
La foi et la prière quotidienne aident beaucoup chère Patricia.
Claude MARON
6 mai 2020 @ 11:41
Le prince impérial était un bel homme, il a dû faire tourner la tête à plusieurs jeunes filles mais je ne sais pas si on lui connaît une liaison. Au peu de ce que j’ai lu de lui, je pense qu’il aurait été un grand souverain libéral. Si son père avait gagné la guerre de 1870, il aurait abdiqué en sa faveur.
La reine Victoria a dû se liquéfier à l’annonce de son décès, elle qui, suite à l’insistance du prince, l’a autorisé à partir en Afrique du Sud alors que l’Impératrice ne voyait pas ce départ de bonne augure…
PATRICIA
6 mai 2020 @ 16:20
D’accord avec tout ce que vous dites. Une suite de circonstances qui ont été en son désavantage jusqu’au dernier moment ! Quelle tristesse !
LPJ
7 mai 2020 @ 08:09
La rumeur publique de l’époque se fit l’écho d’une possible alliance avec la Princesse Béatrice, dernière fille de la reine Victoria. Il est certain que cette princesse, et des écrits le prouve, a eu un penchant pour le Prince et fut très attristée par sa mort.
Mais vu toute les difficultés que fit Victoria par la suite pour permettre à sa fille de convoler (Victoria voulant garder sa fille auprès d’elle), un éventuel mariage si le Prince avait vécu était fort improbable ; d’autant que la politique s’en serait mélée.
On peut noter que Béatrice nomma sa fille Victoria-Eugénie (celle-ci devint reine d’Espagne).
PATRICIA
8 mai 2020 @ 15:30
Ah oui, je n’avait jamais fait le lien. Bel hommage.
PATRICIA
8 mai 2020 @ 15:31
avaiS
Gérard
10 mai 2020 @ 14:18
https://www.rct.uk/collection/themes/trails/spanish-state-visit-to-the-uk-2017/christening-of-princess-victoria-eugenie
La reine Victoria Eugénie portait ces prénoms du fait de sa grand-mère la reine Victoria et de sa première marraine l’impératrice Eugénie.
Elle se prénommait selon son acte de naissance Victoria, Eugenie, Julia, Ena.
On l’appela Ena dit-on parce que c’est un nom que l’on peut traduire par feu ou par noyau et qui est un prénom écossais en gaélique des Highlands et c’était la première naissance royale en Écosse depuis Charles Ier en 1600.
Lord de sa conversion au catholicisme en mars 1906 la reine ajouta les prénoms de Maria et de Cristina.
La petite princesse avait été baptisée dans le Drawing Room du château de Balmoral en Écosse le 23 novembre 1887.
Sa première marraine était donc l’impératrice Eugénie qui était représentée par la princesse Frederica de Hanovre fille du roi Georges V de Hanovre et qui avait épousé en 1880 le baron Alfons von Pawel-Rammingen.
La deuxième marraine fut sa tante maternelle l’impératrice Frederick c’est-à-dire la princesse royale, Victoria, l’épouse de l’empereur Frédéric III, roi de Prusse, elle était représentée par la duchesse de Roxburghe, Anne Innes-Ker, née Spencer-Churchill, fille du septième duc de Marlborough.
La troisième marraine était sa grand-mère maternelle, la princesse de Battenberg née comtesse Julia von Hauke, épouse du prince Alexandre de Hesse et du Rhin, qui était représentée par la marquise d’Ely. Celle-ci était Jane Loftus épouse du troisième marquis d’Ely, née Hope-Vere, elle était une très grande amie et une dame de la reine Victoria et une très grande amie également de l’impératrice Eugénie. Son père fut membre du Parlement.
La quatrième marraine était sa tante maternelle la princesse Christian de Schleswig-Holstein qui était la princesse Helena du Royaume-Uni, fille de la reine Victoria, et qui était représentée par la comtesse d’Erroll, Eliza Hay née Gore, belle-fille d’Elizabeth Hay, née FitzClarence, fille naturelle du roi Guillaume IV de Grande-Bretagne.
Le premier parrain était son oncle paternel le prince Louis de Battenberg, amiral de la Flotte, époux de la princesse Victoria de Hesse et du Rhin qui était représenté par John Hope, 7e comte de Hopetoun et futur premier marquis de Linlithgow. Il devait être aussi le premier gouverneur général d’Australie.
Le prince Louis était le futur premier marquis de Milford Haven.
Le deuxième parrain était son oncle maternel, le futur duc de Saxe-Cobourg et Gotha, Alfred, duc d’Édimbourg, qui était le deuxième fils de la reine Victoria et du prince Albert et il était représenté par Sir Henry Pondonby, major général qui était secrétaire privé de la reine Victoria.
https://static.wixstatic.com/media/22ecf9_4c8b0bb0dc1c471dbeb66a6126af6d74~mv2.jpg/v1/crop/x_7,y_4,w_466,h_632/fill/w_540,h_744,al_c,lg_1,q_85/22ecf9_4c8b0bb0dc1c471dbeb66a6126af6d74~mv2.jpg
ciboulette
6 mai 2020 @ 12:41
Le jeune homme a insisté pour aller combattre en Afrique du Sud . . L’impératrice ne voulait pas qu’il utilise la selle de son père , déjà ancienne .
C’est l’étrivière qui a lâché , bêtement , et dès lors il était perdu . Je crois qu’il a été tué à coups de sagaie .
Il était assez beau , et aurait fait sans doute un beau mariage .
Enfant , il a dû être gâté , il était tout pour ses parents .Et à l’époque , n’oublions pas qu’il fallait tenir la pose longtemps , ce qui a pu le rebuter .
On comprend le désespoir de sa mère . Elle était sous une tente , il n’y avait pas de vent , elle avait demandé à son fils de lui faire un signe .Je pense qu’elle a eu ce signe , par les bougies , et aussi par le parfum préféré de son fils : les violettes , qui l’ entourée et accompagnée plusieurs heures .
ciboulette
6 mai 2020 @ 12:43
Qui l’ont entourée .
Gérard
7 mai 2020 @ 12:59
Il a été gâté par ses parents du vivant de l’empereur mais après, sa mère qui l’aimait infiniment n’a pas voulu le gâter. Elle ne lui donnait que très peu d’argent et il ne pouvait pas fréquenter le monde. Il avait heureusement quelques amis masculins et la princesse Béatrice la fille de la reine Victoria.
aubert
6 mai 2020 @ 12:55
Le deuil de l’impératrice est fort respectable.
Qu’il me soit permis de rappeler aux apitoyées que lors de la guerre 14/18 des mères perdirent plusieurs fils, 2,3,4
Il n’y a pas que les souveraines qui pleurent. Sauf peur-être sur N&R.
framboiz07
8 mai 2020 @ 02:08
Oui, Aubert ,ma grand-mère a perdu 2 fils jeunes, beaux , noyade et appendicite mal soignée …Le Président Doumer et sa femme avaient 8 enfants : Il perd 4 fils en 14-18 (en 23, un fils meurt de la grippe espagnole, après des visites aux soldats ,il eût pu les exempter par ses relations, leur trouver des postes planqués )…Il perd aussi, une fille, qui meurt de chagrin , il est assassiné en 32, sa femme, démolie par les épreuves , lui survit moins d’un an …
La mort du prince impérial a quelque chose de romantique , le voyage de sa mère aussi , c’est le dernier d’une lignée , il meurt comme l’Aiglon,jeune : ça fait une légende …
Kalistéa,
9 mai 2020 @ 13:48
Vous avez raison cher Auber , moi aussi je voulais faire un post dans ce sens. C’est comme quand on insiste tellement sur William et Harry qui ont perdu leur mère encore jeunes. C’est terrible , c’est vrai , mais ils sont loin d’être les seuls dans ce cas et d’autres n’ont pas pour se distraire les moyens des Windsor !
Mayg
6 mai 2020 @ 13:10
Sur la quatrième photo, je trouve qu’il ressemble à son père.
Comment a t-on pu laisser partir dans cette expédition, un fils unique, héritier de l’empire, qui n’a pas encore assuré sa descendance ?
Gérard
7 mai 2020 @ 13:04
Sa mère était tout à fait opposée à ce départ, elle craignait le pire et ne voyait pas l’intérêt pour son fils d’aller participer très loin et sous un drapeau étranger à une guerre coloniale. Mais le prince la fit changer d’avis et elle comprit le désir de son fils qui aussi était toujours moqué par la presse de gauche française, par Gambetta notamment ; il avait le désir d’être lui aussi un Napoléon et Eugénie arriva à convaincre Victoria qui ne souhaitait pas non plus ce départ.
Mayg
8 mai 2020 @ 13:28
Sa mère aurait dû rester sur sa position. C’était trop risqué de le laisser partir.
aubepine
6 mai 2020 @ 14:28
Le Prince aurait fait la connaissance d’une jeune modiste ,Charlotte Watkins dans un train qu’ils prenaient tous deux régulièrement ,de cette relation serait né un fils en juillet 1879 que la jeune mère a tenté de présenter à l’impératrice mais cette dernière opposa une fin de non recevoir ; l’enfant fut néanmoins entretenu par on ne sait qui et envoyé en France ; en 1890 le comte d’Hérisson le retrouve chez les frères de st Joseph à Issy ,élevé à la dure , ne recevant jamais de visites mais sa pension de 34 francs mensuels prix minimum est payée régulièrement ,ensuite il sort de cette pension et on perd sa trace ( dixit A Decaux )
Gérard
7 mai 2020 @ 16:06
Charlotte Watkins eut un fils qui naquit en juillet 1880 ce qui laisse supposer que la la conception pouvait dater d’octobre 1879 c’est-à-dire quatre mois après la mort du prince. Charlotte demanda et obtint le pardon de l’impératrice pour la demande qu’elle lui avait faite d’argent pour cet enfant et l’impératrice lui pardonna. On peut penser qu’Eugénie aurait été heureuse même d’une naissance hors des liens du mariage. Lucien Daudet le fils d’Alphonse qui pendant les 20 dernières années de l’impératrice vécut dans son intimité a donné son sentiment sur cette affaire.
Il s’est fié à ses souvenirs et à ceux d’Augustin Filon le précepteur du prince qui l’accompagnait partout. Il écrit que l’impératrice ne mentait jamais.
Elle dit à Daudet :
« Faut-il qu’ils me connaissent mal, ceux qui ont inventé cela, en croyant ajouter je ne sais quelle humiliation secrète ou quel reproche à ma tristesse ! Ils ne savent donc pas que j’aurais été trop heureuse d’avoir près de moi, d’avoir vu grandir l’enfant de mon fils, avec qui j’aurais plus parler de lui […] ».
Daudet ajoute que si le prince avait eu un fils ça se serait su et que les meilleurs amis du prince, le prince Murat, le général Bizot, le général Conneau et le comte Fleury l’auraient su. Un autre de ses amis très proches Louis-Napoléon Espinasse qui était au service du prince écrit dans ses Mémoires que si le prince s’était absenté une nuit, Uhlmann et d’autres serviteurs l’auraient su. S’il avait eu une maîtresse il en aurait parlé d’une manière ou d’une autre dans son testament alors qu’avant de partir il pensa à sa famille, à ses amis, à ses serviteurs, et s’il n’avait rien voulu écrire il aurait parlé d’elle à un confident et en particulier à son meilleur ami Conneau qui toute sa vie dira que ceci est faux.
Le prince toutefois aurait eu à Londres deux logements successifs pendant ses études.
Néanmoins la seule relation amicale féminine et non princière qu’on lui connut fut Marie de Larminat demoiselle d’honneur de sa mère, mais qui avait huit ans de plus que lui et à laquelle il a laissé dans son testament 100 000 francs ainsi qu’un médaillon contenant les portraits de son père et de sa mère. Marie de Larminat épousa le comte Garnier des Garets.
L’impératrice disait de son fils qu’il était
l’« homme le plus puritain du monde, qui ne comprend pas les faiblesses des mortels », il dit à Maxime Du Camp que rien n’est plus laid, plus dangereux qu’un prince viveur et Du Camp répondit qu’il n’était pas donné à tout le monde d’être vertueux ce à quoi le prince ajouta « alors, il ne faut être ni prince ni prétendant ! »
L’enfant qu’aurait eu Louis a été baptisé dans l’église catholique toute neuve Corpus Christi à Londres sous le nom de Walter Kelly le 8 septembre 1881, il est noté qu’il est né le 21 juillet 1880 et nommé dans l’acte Carolus Philippus Walter Kelly fils de Walter Bernardi Kelly et et de Charlotte Kelly née Watkins. Comme vous l’avez écrit Aubépine on ne sait rien de ce qu’est devenu ce garçon.
L’enfant serait né 13 mois après la mort du prince et 17 mois après son départ d’Angleterre selon ce qui est écrit aussi dans La vie d’une impératrice, Eugénie de Montijo d’après des mémoires de cour inédits, par Frédéric Lolliée (1856-1915, BNF collection, 2016).
Il y a peut-être parfois une confusion entre deux jeunes filles car on raconte à peu près une même anecdote du train de Londres pour cette jeune Anglaise et pour une jeune institutrice d’origine alsacienne à laquelle font référence Suzanne Desternes et Henriette Chandet dans leur biographie de Louis prince impérial (Hachette 1957), biographie qu’elles avaient écrite avec l’aide de la famille impériale, de la famille Murat, de la duchesse de La Rochefoucauld, du duc de Mouchy, des familles des Garets, de Cassagnac, Filon…
Joséphine Haab qui tous les matins prenait le train avec lui pour se rendre à son travail à Londres avait quitté la France après la guerre et tous deux auraient évoqué par tristesse et nostalgie le pays natal et leur foi mais elle ne savait pas qu’il était le prince impérial et en 1873 elle aurait eu un enfant. Elle aurait été richement dotée plus richement qu’on aurait pu le penser, elle se maria par la suite et s’établit en Suisse avec son fils Alphonse, qui avait en 1957 84 ans selon les auteurs, et il se souvenait d’avoir été dans sa petite enfance emmené en Angleterre où un monsieur qui se disait son parrain lui faisait de beaux cadeaux : un kangourou c’est-à-dire un vélocipède avec une roue énorme et une petite roue, un poney avec son tilbury. Ce monsieur aurait été selon Alphonse le prince impérial et Alphonse ressemblait à Napoléon III tandis que sa fille ressemblait à l’impératrice Eugénie, mais sa mère avait toujours refusé de répondre à ses questions. Alphonse né à Mulhouse en 1873, mourut en 1964 à Concise dans le canton de Vaud, en Suisse, il était fils de John Fauconnet et de Joséphine (1853-1901). Il se maria deux fois et sa postérité subsiste.
Ghislaine-Perry
8 mai 2020 @ 17:09
merci pour ces précisions , c’est passionnant .
Gérard
9 mai 2020 @ 20:21
C’est gentil Ghislaine.
Lea 33
6 mai 2020 @ 15:24
Bonjour
Triste destin de ce jeune homme et pour l’impératrice Eugénie. Il me semble que la selle était celle de son père et il y tenait beaucoup. Elle devait avoir une certaine usure et une sangle a cédé.
kalistéa
6 mai 2020 @ 17:58
Claude Maron , le chercheur Eric Pradelles qui s’est spécialisé dans l’étude de la courte vie du prince impérial d’après des documents authentiques tels que des lettres de différentes personnes qui l’approchèrent , m’a affirmé que rien ne permet d’affirmer que le jeune homme ait eu une quelconque liaison ou histoire d’amour malgré ses vingt trois ans.
kalistéa
8 mai 2020 @ 10:18
J’avais corrigé cette répétition du verbe affirmer , j’avais remplacé par « rien ne permet de croire » , et pourtant c’est la première version qui est finalement imprimée . Cela m’arrive souvent et je ne me l’explique pas! est ce que cela arrive aussi aux autres ?
Leonor
6 mai 2020 @ 18:42
Mourir jeune laisse toujours libre cours à toutes les hypothèses sur ce qu’on aurait fait si on avait vécu.
Muscate-Valeska de Lisabé
7 mai 2020 @ 15:16
Le livre était fini et s’est refermé..c’était juste un petit livre,sans beaucoup de pages.. .Comme il en existe tant en rayonnages.
C’est le mektoub.
Manon M.
6 mai 2020 @ 19:01
L’impératrice Eugénie a recousu les 17 trous laissés par les lances zoulou dans l’uniforme de son fils. Quel calvaire perdre son unique enfant. On dirait que malheur et gloire vont de paire pour ces grands personnages.
Muscate-Valeska de Lisabé
7 mai 2020 @ 15:16
Les hauts sommets attirent la foudre.
Catoneo
8 mai 2020 @ 08:00
Ayant décidé de s’affirmer à la guerre plutôt qu’à la chasse ou dans les souvenirs de cour, ce jeune homme fit honneur à sa race et à son nom.
kalistéa
8 mai 2020 @ 10:14
Manon M , j’ai souvent pensé à cause de ce que vous dites , que tout a un prix et que tout se paie un jour ou l’autre et que les descendants paient pour leurs géniteurs .
Muscate-Valeska de Lisabé
8 mai 2020 @ 19:46
Ce serait bien injuste .