En cette année 2018, on commémore les 100 ans de l’extermination du tsar Nicolas II et de la tsarine Alexandra avec leurs cinq enfants ainsi que de plusieurs membres de la famille impériale. L’occasion pour l’auteur Bertrand Meyer-Stabley, fin connaisseur des monarchies européennes et biographe confirmé, de revenir sur la destinée de la dernière tsarine de Russie, Alexandra.
Une femme souvent cataloguée comme une mère très protectrice à l’égard de son fils Alexei, le tsarévitch, mystique à l’excès, se raccrochant à tout vain espoir de le voir un jour guérir de l’hémophilie qu’elle lui avait transmise. Un drame familial pour le tsar et la tsarine qui formèrent d’autant plus un cocon feutré autour de leurs enfants.
Un terrible handicap longtemps vécu dans le plus absolu des secrets, qui conduisit la tsarine à faire confiance aveuglément au moine Raspoutine qui parvenait « miraculeusement » à stopper les hémorragies du jeune prince.
La biographie de Bertrand Meyer-Stabley sort de ce cliché habituel. Elle retrace la ligne du temps de la vie de celle qui naquit princesse Alix de Hesse, petite-fille de la reine Victoria. Une enfance marquée par la tragédie avec le décès de son jeune frère, puis de sa mère et sa sœur Marie, les mariages de ses sœurs aînées et un isolement au château de Darmstadt auprès de son père.
Sa mère la princesse Alice de Grande-Bretagne succomba en 1878 de la diphtérie en soignant sa fille la princesse Marie qui en mourut aussi. cinq ans plus tôt, son frère Frederic était mort des suites d’une hémorragie dûe à l’hémophilie.
Seules les escapades avec sa grand-mère la reine Victoria lui redonnaient un peu de joie de vivre et lui faisaient oublier l’austérité de sa vie quotidienne.
Et puis, le coup de foudre pour Nicky, un jour appelé à devenir tsar de Russie. Des années d’attente avant de pouvoir convoler car la mère du tsarévitch avait d’autres prétendantes en tête dont la princesse Hélène de France. Alix semblait déjà une personne trop fragile, aux épaules peu résistantes que pour un destin impérial. Lorsque le tsar Alexandre III donna finalement son consentement, il fallut alors convaincre Alix de se convertir à la religion orthodoxe, ce qui fut pour elle un énorme sacrifice au terme de jours d’imploration de son fiancé.
Pour ses fiançailles, la princesse Alix de Hesse reçoit une bague ornée d’une perle rose, un collier de grosses perles roses, une broche de saphir et diamants, une chaîne en or avec une énorme émeraude. Son futur beau-père le tsar Alexandre III lui remet un lourd sautoir de perles de Fabergé;
Les fiancés débutèrent toutefois sous les plus sombres auspices : la mort du tsar Alexandre III le 20 octobre 1884 avant leur mariage. Pour les Russes, Alix amenait avec elle le malheur. L’incompréhension ne fut que grandissante. Le jour de leur mariage le 14 novembre, une bousculade causa la mort de milliers 4000 personnes. Le couple ne fut pas informé de l’ampleur du drame et continua les réjouissances…
Sa timidité et son manque de confiance furent pris pour de la froideur. elle eut bien du mal à conserver les mêmes dames d’honneur, ce qui donna à chaque fois lieu à des commérages sur son mauvais caractère.
Alexandra eut aussi du mal à s’imposer par rapport à sa belle-mère la très populaire impératrice douairière Maria, née princesse de Danemark avec qui le couple vécut au début de son union avant d’avoir son propre « home ». Une impératrice qui se sentait entièrement russe, qui avait un sens évident du contact, du geste et une vision politique, l’opposé d’Alexandra.
Heureusement, le couple était très uni, une vraie vie de famille épanouie autour de leurs ravissantes grandes-duchesses Olga, Tatiana, Maria et Anastasia et du fils tant espéré Alexei.
Bertrand Meyer-Stabley revient sur la fascination de la tsarine pour Raspoutine malgré les mises en garde de sa belle-mère et de sa soeur la princesse Elisabeth, devenue par mariage grande-duchesse Serge de Russie. Alexandra n’entendit personne. pour elle, Raspoutine était un ami. Son assassinat fut un terrible drame pour elle. Elle réclama la mort de de ceux qui assassinèrent le moine dont le prince Félix Youssoupov et le grand-duc Dimitri mais au vu de leur rang, ils ne furent que bannis de la Cour. il fut inhumé dans le parc du palais de Tsarskoïe Selo. Lors de la révolution, son corps fut exhumé et brûlé.
La très agréable plume narrative de l’auteur vous emmène du grand-duché de Hesse aux lambris dorés des palais de Saint Pétersbourg, où les derniers feux des Romanov brillent encore le temps de quelques valses avant l’effondrement de l’empire, la réclusion, la déportation et enfin l’extermination dans la villa Ipatiev. Vous découvrirez la vie relativement simple de la famille dans ses différents palais.
Leur réclusion à Tsarskoïe Selo n’est pas sans rappeler celle du roi Louis XVI et des siens à la Conciergerie. la population était invitée à venir les observer derrière les grilles du palais comme des animaux au zoo. Les soldats parlaient grivoisement aux grandes-duchesses, tutoyaient et insultaient le tsar à longueur de journée, le marin qui s’était toujours occupé du tsarévitch le rudoyait à présent,…
Une famille unie jusqu’au bout avec quelques fidèles serviteurs. On y lit le refus du gouvernement britannique de les recevoir car trop proches de l’Allemagne, pareil pour la France où l’on estime que la tsarine est une pure « boche ».
Le livre revient aussi sur la missive codée adressée au roi George V et à la reine Mary. En vain, l’aide tant attendue ne vint jamais. En revanche, l’impératrice douairière et deux de ses filles purent quitter la Crimée par bateau.
Il fallut 10 longues minutes pour exterminer le tsar, la tsarine, leurs enfants, leur médecin personnel et leurs fidèles domestiques. Une scène atroce selon les soldats présents dont deux se désistèrent, n’ayant pas le courage de tuer les grandes-duchesses.
Alexandra pourrait être comparée à Marie-Antoinette : deux femmes quittant un pays pour une nouvelle patrie où elles s’intégrèrent difficilement surtout au niveau de la Cour, puisant courage et force dans la religion au moment de leur incarcération et sacrifiées sur l’autel de la révolution avec les leurs. Comme quoi le hasard n’existe pas : lorsque la tsarine Alexandra apprit l’abdication de son époux en mars 1917 de la bouche du commandant en chef de Petrograd, elle est dans un salon du palais où se trouvait accrochée une tapisserie représentant…Marie- Antoinette.
Autre ironie de l’Histoire, la maison Ipatiev fut rayée de la carte par Boris Eltsine alors premier secrétaire du parti communiste à Sverdlovsk sur ordre de Moscou. En 1991 au lendemain de son entrée en fonction au Kremlin, un convoi de militaires et inspecteurs prit la route de la forêt où avaient été jetés les corps de la famille impériale et de ses serviteurs. c’est ainsi que l’on put grâce à l’ADN les identifier à l’exception du tsarévitch et de la grande-duchesse Marie retrouvés en 2007.
Le 17 juillet 1998, 80 ans après leur assassinat, ils furent inhumés en la cathédrale Saint-Pierre et Paul à Saint Petersbourg en présence du président Eltsine et de 52 Romanov.
« Alexandra. La dernière des tsarines », Bertrand Meyer-Stabley, Editions Sutton, 2018, 467 p.
Marat
5 mars 2018 @ 05:50
Une oie blanche a l’intelligence limitée qui aurait presque mérité son destin
Robespierre
5 mars 2018 @ 12:37
Oui, le problème de cette femme c’était son manque d’intelligence. Quant au mari, eh bien qui se ressemble s’assemble…
bernadette
5 mars 2018 @ 14:32
C’est affreux ce que vous dites, Marat ! Au risque de passer moi aussi pour une « oie blanche » comme vous le dites si joliment, je pense qu’aucun être humain ne mérite une fin aussi atroce !
val
5 mars 2018 @ 16:09
Robespierre,
Comme vous ,
le malheur est venu d’eux , et uniquement d’eux ,
Zorro
6 mars 2018 @ 13:22
Vous êtes bien péremptoire alors que vous méconnaissez probablement les tenants et les aboutissants de cette Histoire.
Anne
5 mars 2018 @ 16:40
Pourquoi autant de sévérité à l égard de la tsarine ??? Qui vous dit qu elle manquait d intelligence ?
D’une façon générale , comment peut on écrire qu elle aurait « mérité son destin »? La barbarie et l’ignominie des bolcheviks lorsqu’ils ont assassiné toute la famille et son entourage trouveraient une justification à vos yeux . Comment peut on écrire des choses pareilles ?
Lidia
6 mars 2018 @ 16:03
Je soutiens vos propos. La tsarine était une mère avant tout, Raspoutine soulageant les souffrances de son fils, elle a cru aveuglement en lui. Elle n’ a pas eu le pragmatisme nécessaire à son niveau de pouvoir.
monica
10 mars 2018 @ 11:17
Anne et Lidia je suis dans accord avec vous. Jeune, avec tous les malheurs qu elle a traverses, on peut comprendre une grande fragilité d esprit. Elle désirait une simple vie de famille, comme son epoux, ils n étaient pas faits pour ce rôle .
Pascal
5 mars 2018 @ 17:20
Définir l’intelligence est un épineux problème …
On peut dire certaines choses .
Il aurait fait un parfait grand duc et parfait officier .
Il avait un coté profondément humain et courtois mais il était incapable de prendre des décisions difficiles , tergiversant et finissant d’une façon abrupte parfaitement incompréhensible voire odieuse.
Tous s’accordent à reconnaître en lui un parfait époux et un parfait père de famille .
Sa faute la plus grave fut à mon avis la guerre avec le Japon.
Il eut des hommes réellement dévoués à son service et la mort de Stolypine fut LA tragédie de la famille impériale .
Il avait beaucoup moins de sympathie pour Raspoutine qu ‘on se plait à le raconter mais il était en cette affaire totalement lié par son amour conjugal.
Il fut souvent en conflit avec des membres de sa famille (qui n’étaient pas faciles…) et l’hostilité de celle-ci envers la tsarine ne fit que les isoler davantage.
Mais je crois qu’il a vraiment essayé de faire de son mieux.
Sur la personnalité de la tsarine ce livre pourrait nous apporter des éléments intéressants…
Robespierre
6 mars 2018 @ 12:29
Si la famille était hostile à la tsarine, elle avait peut-être ses raisons…
DEB
6 mars 2018 @ 13:02
Dans son livre « Rapoutine », Alexandre Sumpf relate les propos de Bernard Pares, observateur britannique envoyé en Russie pendant la grande guerre et qui disait « Nous sommes confrontés au plus étrange triangle humain, les relations compliquées et anormales de trois personnes, Rapoutine, l’impératrice et l’empereur, placées dans un ordre ascendant d’autorité et un ordre descendant d’influence. »
marianne
5 mars 2018 @ 18:43
Ce que vous dites tous les deux est ignoble .
Robespierre
6 mars 2018 @ 12:31
je ne dis pas que la pauvre femme a mérité cette fin atroce, mais elle n’était pas intelligente, et sa vie l’a bien montré, et son engouement pour Raspoutine, qui voulait s’occuper de politique ne plaide pas en faveur d’une grande intelligente.
Vespari
6 mars 2018 @ 18:48
Non mais ça ne va pas la tête vous deux ? Comment peut-on écrire des choses pareilles ?
Leonor
7 mars 2018 @ 14:31
Le mot » mérité de la part de Marat est certes malheureux. Mais je partage totalement l’avis de Robespierre. Ni le tsar ni la tsarine n’étaient d’une grande intelligence, et en tout cas pas d’une intelligence politique. Et si le tsar avait été un homme, il aurait fichu Raspoutine à la porte. Bernhard des Pays-Bas l’a bien fait avec Grete Hofmanns …
Jacqueline
5 mars 2018 @ 14:35
L’incompétence profonde de ce couple impérial a été maintes fois soulignée. Je remarque que les parents, toujours plus clairvoyants que les fiancés, avaient bien anticipé les problèmes mais n’ont pas eu la force d’y remédier.
Pascal
5 mars 2018 @ 08:58
A la lumière de tout ce que j’ai pu lire cet article de présentation me semble vraiment excellent !
Bravo et merci .
Et il me donne envie de lire ce livre bien que je n’ai pas ressenti jusques là un grand attrait pour la personne de la tsarine .
Je crois que malgré l’amour sincère de son époux et de ses enfants , sa vie fut une interminable solitude.
Cosmo
5 mars 2018 @ 08:59
Difficile de comparer la gracieuse Marie-Antoinette et la revêche Alix.
Jean Pierre
5 mars 2018 @ 14:01
Oui, on voit mal Sofia Coppola faire un film sur cette dame. Le cardinal de Rohan c’etait autre chose que Raspoutine.
Silvia
5 mars 2018 @ 14:07
Un livre a se procurer.bonne journee
bernadette
5 mars 2018 @ 14:35
Elles ont eu toutes les deux une fin particulièrement horrible ! M.Antoinette était légère, mais elle a payé le prix fort son insouciance ! Quant à Alix, elle n’est pas responsable des malheurs de son enfance, elle en a été irrémédiablement marquée !
monica
10 mars 2018 @ 11:21
Bernadette je suis d accord avec la fin de votre com
Robespierre
5 mars 2018 @ 18:43
D’autant plus que ceux qui connaissaient bien Marie-A l’aimaient. Ce n’était pas le cas de la femme du tsar
Antoine
5 mars 2018 @ 20:55
Peut-être peut-on dire, Cosmo, que toutes deux vivaient dans une bulle sans la moindre conscience des soubresauts extérieurs et sans même le désir d’y prêter attention. C’est dans la chute que la jugeote est survenue chez Marie-Antoinette. Elle s’est alors révélée grande. La tsarine n’était pas faite pour la lutte ; on a l’impression que tous les ressorts étaient déjà brisés bien avant l’effondrement de l’empire.
Pascal
6 mars 2018 @ 12:40
Ce n’est pas l’impression que donne la lecture des lettres de la tsarine à son époux qui ont été publiées…
Elles sont du style « vous devez leur montrer qui est le maître « » ne cédez pas à votre nature trop généreuse » etc.
Quand le tsar partit pour la stavka elle assuma la régence sans état d’âme.
A partir de Tobolsk , elle se montra beaucoup plus humaine , résignée et dans ses derniers mois avec sa famille elle manifesta une véritable grandeur.
Au moins autant que Marie-Antoinette.
Eos
6 mars 2018 @ 11:04
Oui, surtout que Marie-Antoinette s’est démenée pour essayer de sauver la monarchie, allant jusqu’à pactiser avec Mirabeau.
Jean Pierre
6 mars 2018 @ 13:03
C’est ce qu’aurait du faire les Romanov avec Kenrenski.
Val
6 mars 2018 @ 23:37
Eos,
Trop tard, il fallait qu’elle se rendre compte bien plus tôt que la situation française était catastrophique et que le peuple mourait, sa mère lui avait toujours dit elle n’a pas écouté la grande Marie Thérèse dommage !!!!!
Audrey
5 mars 2018 @ 08:59
Un livre à ne pas manquer. Tragédie des Romanov mais Georges V comme cousin germain de Nicolas II aurait dû agir pour les sauver et rien n’a été fait hélas. Une honte je dois dire, par contre pour acheter les bijoux de leurs parents ils s’y sont pressés surtout Mary.
Quel destin pour Alix et aussi pour sa cousine germaine la Reine Victoria Eugenia d’Espagne, toutes deux petites filles de Victoria et toutes deux avec un fils hémophile et un frère qui est mort de cette maladie. Les deux souffrant le martire à distance.
Pascal
5 mars 2018 @ 16:51
L’affaire n’a jamais été vraiment éclaircie .
Je crois que les Windsor se déchargeaient discrètement de leur culpabilité sur le premier ministre d’alors (Lloyd Georges ?) alors que celui-ci disait qu’il n’attendait qu’un geste du souverain pour intervenir .
L’Angleterre , perfide Albion comme jamais , n’était d’aucune bienveillance envers son allié Russe .
Pour preuve les campagnes anti-russe de la presse et des communes anglais avant la guerre et peut être même pendant .
La République Française et les peuples français furent sans doute beaucoup plus fair-play !
La pusillanimité de Georges V fut sans doute autant le produit de ce climat anti-russe que du souci de ménager sa propre position .
Je crois que la razzia sur les joyaux russes ne vint qu’après et on ne peut leur reprocher d’avoir abandonné leurs cousins pour ce prétexte .
L’ empereur Guillaume avait de son coté proposé un échange avec les grandes duchesses et la tsarine , il fut lui aussi dans cette affaire beaucoup plus honorable .
Je pense que nous Français , avons beaucoup plus d’accointances et de complicité avec les Russes et peut être une partie des peuples Allemands qu’avec les Britanniques et autres anglo-saxons .
Pascal
5 mars 2018 @ 16:54
Par ailleurs qu’est-il advenu des avoirs placés par le Tsar dans des banques anglaises au nom de chacune de ses filles et qu’il ne rapatria pas au début de la guerre contrairement à ses avoirs personnels ?
Spoliation ???
Damien B.
5 mars 2018 @ 12:36
Je ne doute pas un instant de la qualité de cet ouvrage, mais je serais moins affirmatif quant à l’attitude de Derevenko vis-à-vis du tsarévitch. Le « marin-nounou » a fait me semble-t-il l’objet de calomnies. Je crois me rappeler qu’il avait demandé à accompagner la famille impériale à Tobolsk.
Stéphane G.
5 mars 2018 @ 14:53
on confond les 2 Nagorny et Derevenko, l’un resta fidèle et n’altéra pas son comportement, mais je ne sais plus lequel.
Pour avoir lu certains des livres de l’auteur, j’ai peur qu’il n’y ait là rien de nouveau ou de déjà dit et redit sur le sujet
Damien B.
6 mars 2018 @ 12:27
Nagorny est resté fidèle, mais vu qu’il était père de trois enfants, il n’a pas accompagné le Tsar en captivité. Tandis que pour Derevenko les témoignages divergent.
Pascal
9 mars 2018 @ 08:43
Quels témoignages ?
Pascal
5 mars 2018 @ 16:39
Vous aussi vous confondez le matelot Derevenko dont l’attitude est ici parfaitement relatée telle qu’elle est décrite dans de nombreuses biographies de Nicolas II ( mais peut être cherchait il à se faire bien voir des nouveaux maîtres de la Russie ) et le docteur Derevenko qui accompagna la famille en exil avec le docteur Botkine , médecin personnel de la famille .
En fait ce qu’on lit le plus souvent c’est que le matelot Derevenko obligeait le tsarévitch à cirer ses bottes ou à le servir alors qu’avant la révolution il en allait évidemment bien autrement .Il avait acquis par ses fonctions une place très privilégiée et ce ne fut ni élégant ni loyal.
Le tsarévitch pouvait être assez capricieux …peut être n’était ce qu’une basse vengeance?
Je manque de temps pour vérifier mais il me semble que le docteur Derevenko fut séparé assez tôt de la famille ( avant le départ pour l’Oural ?) et ne fut pas massacré contrairement au docteur Botkine dont seuls les enfants purent être sauvés.
L’un des deux , je crois que c’est la fille , finit par arriver en France et se maria et il me semble que son fils fit carrière dans le contre espionnage ou quelque chose d’approchant , ils vécurent un court moment non loin de Grenoble d’où je vous écris.
(Si quelqu’un a des informations plus précises je serais heureux de les connaître)
Le fils écrivit sa biographie qui est plutôt à charge contre la famille impériale mais où l’on sent la rancune d’avoir perdu son père à cause d’eux.
Le docteur Derevenko était plus spécialement attaché à la personne du tsarévitch .
On raconte généralement que l’attitude des troupes préposées à la garde de la famille impériale a souvent évolué d’une franche hostilité vers une certaine gêne voire sympathie devant l’attitude très patiente et polie du tsar et des siens .
C’est pourquoi on remplaça à la fin les troupes régulières avec lesquelles Nicolas II avaient une certaine familiarité par des éléments beaucoup plus hétéroclites mais plus sûrs pour le pouvoir bolchevik.
Les humiliations les plus fréquentes que subit la famille impériale furent les restrictions de circulation , la perte de toute intimité , à Tsarskoié Selo les hommes de troupe venaient se servir dans leurs assiettes quand ils étaient à table , crachaient dans leur soupe , et évidemment les insultes et moqueries dont il est question.
L’affront le plus sérieux pour le Tsar semble avoir été la privation de ses épaulettes (ainsi qu’aux militaires qui l’avaient suivi ) , déni de son rang d’officier .
Il y eut toutefois lors de leurs détentions successives de nombreuses marques de sympathie de la part des populations locales et lointaines.
La famille avait reçu la permission d’assister à la liturgie du Dimanche à l’Eglise (je crois que c’était à Tobolsk) , au cours de celle-ci , machinalement (?) , le célébrant entonna la prière traditionnelle pour le Tsar , il fut évidemment sévèrement puni (voire tué en tout cas déporté ?) et la famille ne put plus se rendre à la liturgie avec les autres fidèles .
Damien B.
6 mars 2018 @ 12:30
Mais non Pascal, je sais qu’il y avait deux Derevenko :)
Merci pour votre commentaire auquel je réponds sommairement étant en pause déjeuner.
aux
7 mars 2018 @ 12:39
La fille du docteur Botkine, Tatiana, a vécu en France et a écrit ses mémoires intitulés ‘Au temps des Tsars »
Pascal
7 mars 2018 @ 17:36
Merci
Oui en effet , cela m’est revenu (grâce au nom d’épouse de Tatiana , internet a fait le reste).
Tatiana Botkine (Botkina ?) épousa un officier russe Constantin Melnik , son fils , également prénommé Constantin , naquit à La Tronche , juste à coté de Grenoble en 1927 .
Il travailla dans les services de renseignement mais fut aussi écrivain et directeur de collection chez Fayard .
Il mourut en 2014 et il me semble qu’il avait une notoriété certaine.
monica
10 mars 2018 @ 11:31
Derevenko n a pas voulu suivre la famille impériale. Il est mort en 1921 du typhus
Mary
6 mars 2018 @ 00:37
Il y avait deux marins : c’est Nagorny qui est resté fidèle au tsarévitch.
Eos
6 mars 2018 @ 11:05
Il me semble que vous avez raison. Il faudrait aussi rappeler que Guillaume II a tout tenté pour au moins sauver sa cousine et ses filles, c’était plus difficile de sauver le tsar et le tsarévitch, mais il a essayé.
Gérard
6 mars 2018 @ 11:39
Il semble en effet. C’est Andreï Derevenko qu’il ne faut pas confondre avec le médecin Vladimir qui avait le même patronyme et son fils Kolya qui était l’ami intime d’Alexeï.
Daina Guiliana
5 mars 2018 @ 12:49
Pauvre femme, mourir ainsi avec sa famille. Pour moi, comme femme royale courageuse, Marie Antoinette est inégalable. Impératrice Sissi aussi.
Sinon, un bel ouvrage très riche à découvrir.
Leonor
7 mars 2018 @ 14:35
Sissi courageuse ? Ben, on aura tout entendu.
Bon, mais ça n’est pas le sujet ici. La tsarine suffit largement aux commentaires du moment.
Louise K
8 mars 2018 @ 18:15
Je suis de l’avis de Daina.
De ce que j’ai lu ou vu de sa biographie, Sissi fût une femme de caractère ( physique et morale) qui n’avait pas peur d’affronter plus forte qu’elle.
Peut être vous avez connu une autre Sissi.
Louise K
8 mars 2018 @ 18:18
Plus fort désolée. Et les manuscrits et documents sur Sissi, mettent beaucoup d’accent sur son courage.
aux
5 mars 2018 @ 13:04
Il faut remettre les choses à leurs places. Les membres de l’aristocratie de l’époque ne faisaient pas nécessairement des hautes études et on ne peut pas reprocher à quelqu’un de ne pas être intelligent. Vivre en Allemagne et en Angleterre devait être très différent de vivre en Russie à l’époque. Par amour, elle a changé de pays, de culture, de religion et est arrivée dans un empire où le mysticisme avait une certaine importance. On peut donc penser qu’elle a été assez dépaysée et déconcertée pas ses sujets…Elle n’avait pas que des qualités mais je pense qu’elle a fait de son mieux.
Leonor
7 mars 2018 @ 14:36
Il ne faut pas confondre intelligence et études.
Certes, cela va souvent de pair. Mais c’est loin d’être toujours le cas.
bianca!
5 mars 2018 @ 13:06
L’Histoire de cette famille me passionne d’autant plus que dans mon « jeune » voisinage j’ai connu nombre de Russes Blancs exilés, des personnes dont je garde un merveilleux souvenir pour la dignité dont ils faisaient preuve et leur grande distinction et surtout leur grand respect pour la France !!! D’ailleurs une ancienne institutrice bénévole donnait des cours de langue Russe aux enfants du voisinage y compris les français…!
Je vais donc commander cet ouvrage ! Bonne journée à tous les internautes qui se passionnent pour l’histoire de ce grand Pays !
GAÏA
12 juin 2019 @ 09:31
Merci Blanca, qui étaient ces russes blancs exilés. Comment s’ appelle cet ouvrage? Excellente journée à vous et à tous!
Leonor
5 mars 2018 @ 13:52
Un tsar et une tsarine qui n’étaient pas faits pour le job. Ni l’un, ni l’autre.
Ce n’était pas une raison suffisante pour les assassiner. Mais c’est l’une des composantes du drame russe.
monica
10 mars 2018 @ 11:33
Leonor vous avez tout dit …
racyma
5 mars 2018 @ 14:04
marat et Robespierre vous etes bien virulents . je pense que la tsarine fut mal aimee par sa belle mere qui tirait bien des ficelles et ce qui la rendit si fragile fut ce manque d heritier male , et lorsqu ill naquit le sort qui s acharnait en la rendant coupable de l hemophilie de ce fils tant espere
Olivier Kell
5 mars 2018 @ 14:36
Pas la bonne personne au bon poste
beji
5 mars 2018 @ 14:50
Ce qui a fait le malheur de la Tsarine fût l’hémophilie qu’elle a transmise à son fils et surtout cette emprise que prit Raspoutine sur elle;sa soeur Ella ainsi que les quatre
filles du couple impérial qui étaient quatre beautés fûrent aussi victimes des barbares.
Jean Pierre
6 mars 2018 @ 13:10
Le bonheur n’existe pas en Russie.
On peut sur ce sujet relire H. Carrère d’Encausse et son « Malheur Russe » sur la fatalité de certaine nations a toujours vivre une histoire sanglante.
ciboulette
5 mars 2018 @ 17:02
Un bien triste destin . En rendre l’impératrice totalement responsable me semble injuste . Son enfant malade , soulagé par Raspoutine , a joué un grand rôle dans ses choix .
Pierre-Yves
5 mars 2018 @ 17:06
Les personnages historiques ne sont pas tous inspirants. La tsarine Alexandra ne m’a jamais intéressé. Je n’ai pas envie, en tout cas pour le moment, de passer des jours avec elle, à lire le récit de sa vie.
On peut trouver cette indifférence imméritée (ne serait-ce qu’au regard de sa mort tragique), mais dans tout ce qui s’écrit et parait, on fait ses choix, de façon parfois subjective. Je passe donc mon tour.
JAY
5 mars 2018 @ 18:01
On remarque bien ici l exemple même que la naissance, fusse t elle de rang royal, ne suffit pas et ne comble pas le manque d intelligence.
C est pour cela qu en 2018, heureusement, des roturières, réussissent bien mieux que des « princesses.
Francois
5 mars 2018 @ 18:19
Une femme certainement très bien
Mais d’une intelligence limitée
Et de plus avec un fils hémophile
Le sens de l’état ne la concernait pas
Entièrement obsédée par ce drame dont l’issue était connue
Elle refusa toute réalité des choses et crut aux miracles
Elle versa dans une affectivité et une vie émotionnelle
sans bornes
La guerre mit fin de façon épouvantable à une vie tragique
Mais lors même n’y eût il eu pas de guerre ni de révolution
l’avenir de la dynastie etait compromis
COLETTE C.
5 mars 2018 @ 18:21
Elle porte sur son visage le drame vécu au sujet de la maladie de son fils.
mamiouch
7 mars 2018 @ 13:00
Le drame de la maladie de son fils a sûrement joué un très grand rôle dans sa vie et dans son comportement notamment sa dépendance à Raspoutine qui lui donnait de l’espoir en soulageant son fils. Avoir eu 4 filles avant l’héritier tant espéré pour apprendre ensuite qu’il était atteint d’une maladie incurable qu’elle lui avait transmise, il y a de quoi être dépressive. Mais je pense toutefois qu’elle avait toujours eu un caractère neurasthénique, peut être dû aux malheurs de son enfance, et il suffit de regarder des photos de l’époque de ses fiançailles pour voir qu’elle a déjà un visage et un regard affreusement tristes alors qu’à ce moment là tous les espoirs lui étaient permis.
monica
10 mars 2018 @ 11:37
Mamiouch c est exact. Vu tous ces drames dans sa jeunesse, on peut rester ébranlée et la maladie de son fils a fait le reste
sugerss11
5 mars 2018 @ 18:41
le tsar Alexandre III n’est pas mort en 1884 mais 1894 !
Kalistéa
5 mars 2018 @ 19:37
Très belle impératrice qui avait « la beauté célèbre des Hesse » , mais dépressive , elle ne sut pas se faire aimer de ses sujets. Comme tous les dépressifs , elle fuyait la compagnie et ne se plaisait qu’en famille .Je pense à elle quand je vois Charlène de Monaco et c’est ce qui me fait dire que , probablement celle-ci aussi est dépressive , avec des hauts et des bas ..
Mon père avait l’habitude de raconter comment ils allaient se mettre à table (en 1918 il avait 10 ans) lorsque sa sœur ainée arriva en pleurs de son pensionnat : On venait d’apprendre l’affreuse nouvelle de l’assassinat de la famille impériale de Russie! Mes grands parents étaient également choqués et tristes .Mon père en conclut que cet évènement allait avoir de grandes répercussions dans sa vie et en resta impressionné longuement .En ce temps-là les enfants devaient se taire à table et ne pas poser de questions ;
DEB
6 mars 2018 @ 13:12
Je crois, Kalistéa, qu’elle était plus que dépressive car on sait, par des témoignages , qu’elle se couvrait de plaques rouges, avait des palpitations et des douleurs importantes aux jambes ( en plus d’une sciatique chronique) lorsqu’elle devait paraître en public.
Avant les malheurs de son enfance, son entourage la surnommait Sunny.
Elle a été brisée par ces deuils successifs et sa personnalité s’en est trouvée affectée très lourdement.
Comme moi, vous avez sans doute remarqué qu’elle a un regard absent sur toutes ses photos.
Kalistéa
7 mars 2018 @ 17:46
Oui Deb : avant tout une femme en souffrance .Une mère très éprouvée aussi .Mais nous savons qu’elle avait heureusement l’amour indéfectible de son mari .
monica
10 mars 2018 @ 11:40
Kalistea je suis d accord avec le debut de votre 1er com.
Deb je plussoie aussi votre com
Carole 007
5 mars 2018 @ 19:57
Ce résumé me donne envie de lire cet ouvrage, je vais l’acheter mais avec une boîte de mouchoirs…
Naucratis
6 mars 2018 @ 10:02
Impératrice de Russie et non tsarine. Pierre le Grand n’aurait-il donc jamais existé ?
William
6 mars 2018 @ 11:30
Encore une tragédie d’une famille royale dui donne la chair de poule. En matière de violence les Hommes n’ont souvent rien à envier aux animaux.
bernadette
6 mars 2018 @ 18:17
Les animaux ont une excuse : ils ne savent pas ce qu’ils font, ils suivent leur instinct.
Les hommes par contre, eux, savent très bien ce qu’ils font et le pire de tout : ils en sont fiers !
William
8 mars 2018 @ 19:28
Sur ce point de vue, si on parle de la motivation qui justifie (si on peut le dire comme ça) l’acte, je suis d’accord avec votre raisonnement.
Leonor
7 mars 2018 @ 14:38
Les animaux, violents ? William, revoyez votre savoir zoologique. Les animaux tuent pour manger.
William
8 mars 2018 @ 19:56
Madame le professeur de zoologie, les animaux ne tuent pas que, pour manger (dans la quête de leur bien- être, il n’y a pas que la bouffe; ils peuvent aussi tuer pour défendre leur territoire, pour défendre leurs petits, pour se défendre etc… par instinct comme le dit Bernadette ci haut ?.
Ça on ne discute pas.
Mais c’est pas une découverte de 2018, que les animaux sont violents Leonor. Quelques soient leur motivation ou même si c’est par instinct à contrario des Hommes, ils n’en reste pas moins violents dans les actes ou gestes, c’est de ça qu’il est question. Quand vous observez un lion, un ours, un gorille par exemple attaquer un Homme ou un être vivant de son espèce, ce ne sont pas des griffures ou morsures faites avec amour ou douceur ( comme par votre amoureux), c’est avec toute une violence impitoyable d’où les termes: bestial, sauvagerie.
Je crois humblement, qu’on n’a pas besoin d’être pro en zoologie pour savoir ça, savante Léonor.
William
8 mars 2018 @ 19:58
Ils n’en restent pas moins
Kalistéa
6 mars 2018 @ 16:26
Les animaux ne sont pas cruels Wiliam : Ils tuent pour se nourrir , pour se défendre ou instinctivement lorsqu’ils ont peur .
Les hommes sont cupides , cruels , malades mentaux , pervers …Ils tuent pour gagner , pour voler les autres et plus souvent qu’on ne croit par plaisir .Ce faisant ils offensent gravement Dieu qui par tous ses porte-parole dans toutes les religions , leur demande de se comporter en frères avec les autres humains.
Laurent
6 mars 2018 @ 16:38
La non intelligence supposée des derniers souverains russes justifie t’elle le massacre de toute la famille ,la boucherie qui s’ensuivit
Dans ce cas George V qui était d’une intelligence frisant la betise aurait dû être assassine aussi
Que l’on aime ou pas Alexandra et Nicolas rien absolument rien ne justifie cette horreur
Lénine a pris modèle sur la révolution française
Assassiner le roi la reine madame Élisabeth ,faire mourir en prison un enfant de 10 ans quelle gloire pour la France
En tant que français j’ai honte
bernadette
8 mars 2018 @ 15:54
Entièrement d’accord avec vous Laurent. Je n’ai jamais approuvé les « festivités » du bicentenaire… quand on sait ce qui a suivi ! On ne peut ignorer la Terreur encore moins la cautionner…
Lorraine 1
6 mars 2018 @ 23:34
Marat, comme vous méritez bien votre pseudo !
monica
10 mars 2018 @ 11:43
Lorraine ??
Val
6 mars 2018 @ 23:45
Cette femme ne m’intéresse pas du tout, en revanche les personnages qui gravitent autour de cette famille oui
Lorraine 1
7 mars 2018 @ 13:13
Laurent, pour moi aussi c’est une honte et une honte qui ne passe pas.
YOM
7 mars 2018 @ 14:11
Bien sûr que rien ne justifie l’horreur dont ils ont été victimes eux et leurs enfants,mais c’était quand même deux incapables,elle,pas seulement dépressive,névrosée depuis toujours,assez sotte,lui un pantin sans aucune volonté devant sa femme,pour moi un benêt,il n’avait pas l’envergure pour etre empereur.
sugerss11
7 mars 2018 @ 19:54
ce que l’on reproche surtout a la tsarine c’était d’avoir pousser le tsar de refuser la transformation de l’autocratie en monarchie constitutionnelle !