Elle a pris en main son destin, exigeant, pour elle-même et pour ses religieuses, une vie de prière et de privations et interdisant à quiconque de franchir la clôture.
Elle attire auprès d’elle les plus grands prédicateurs de son temps, les confesseurs les plus rigoureux et une pléiade d’intellectuels renommés parmi lesquels Racine et Pascal. Dans ce monde masculin qu’est l’Église, elle entend imposer ses vues.
Probablement la crise janséniste, qui a perturbé le renouveau catholique durant l’Ancien Régime (et même après), n’aurait-elle pas pris une telle ampleur si Angélique n’avait pas voulu appliquer de façon radicale les idées de Saint-Cyran et ne leur avait pas donné une large publicité grâce au prestige de Port-Royal.
Par esprit de résistance, par goût de la contradiction, cette femme irréductible et provocatrice a créé une onde de choc. En s’opposant aux idées dominantes et aux volontés des pouvoirs établis, elle tient une place inattendue mais cruciale dans la longue marche des femmes vers l’indépendance ».
« Angélique Arnauld. Dissidente et janséniste », Agnès Walch, Tallandier, 2024, 384 p.
Cosmo
27 septembre 2024 @ 04:56
J’ai une grande admiration pour Port-Royal, sa rigueur intellectuelle et morale mais je dois avouer avoir grand mal à comprendre le problème de la Grâce et la Destination, base théologique de la Querelle janséniste.
Catherine
27 septembre 2024 @ 05:51
Bon bon, si la dame a interdit de franchir la clôture ce serait intéressant de comprendre comment tout ce beau monde attiré à l’abbaye s’arrangeait aux grilles du paradis.
Aristocrate
27 septembre 2024 @ 08:25
Débat certes fort intéressant mais aussi un peu vain, puisque la vérité se situe très probablement entre les deux et n’est pas complètement compréhensible de notre point de vue humain.
La vie spirituelle requiert simplicité, humilité et bienveillance, donc même s’il est louable d’essayer de comprendre Dieu et son rapport à l’homme, il faut éviter de se perdre dans de violentes querelles théologiques, qui nous divisent et finalement nous éloignent peut-être de Dieu en croyant nous en rapprocher.
E. Brundish (Pascal)
28 septembre 2024 @ 13:45
Je pense comme vous , la vérité des grands débats philosophiques se situe souvent entre les deux ou au delà ce qui rend vaines les querelles trop violentes.
Le Jansénisme dut aussi son importance au fait qu’il fut pris comme cheval de bataille par certains membres des Parlements contre le pouvoir royal.
aubert
27 septembre 2024 @ 11:34
En matière de Foi il est recommandable de ne pas trop chercher à comprendre.
Nivolet la vraie🙈🙉🙊
28 septembre 2024 @ 17:27
Heureux ceux qui ont la Foi du charbonnier.
jul
27 septembre 2024 @ 11:40
Ah Cosmo, ces personnages m’ont effrayé, avec leurs exigences inhumaines, leur manque de charité, leur prétention à la pureté. Une pseudo élite orgueilleuse, des sortes de pharisiens ou des pré-Greta Thurnberg et ses disciples (rire)
J’ai parmi mes proches une personne les écoutant. Ayant la foi, mais se jugeant indigne de communier, il salue le Corps du Christ mais ne veut pas le prendre. Je lui explique que nous sommes tous indignes et que le sacrement est fait pour les pécheurs, repentant justement.
Cela m’attriste quand des personnes oublient la miséricorde de Dieu et se contraignent autant, cherchent à gagner ce qu’ils ne peuvent mériter, mais qui est offert de si bon cœur, c’est le cas de le dire.
Passiflore
28 septembre 2024 @ 10:25
Jul, je change de sujet : il me semble que vous vous intéressiez à la Restauration. Il y avait, aujourd’hui, un colloque sur Louis XVIII à Paris. Mon mail d’inscription (signalé sur le site) m’est revenu « not delivery » à deux reprises. Dommage car j’aurais bien aimé écouter Francis Démier.
Cosmo
28 septembre 2024 @ 12:55
Jul,
La rigueur morale mène souvent à l’intolérance et se double souvent d’orgueil. Vous avez raison.
Bon weekend
Cosmo
aubert
27 septembre 2024 @ 12:17
Pour atténuer la brutalité de mon propos j’ajouterai qu’aucun des douze apôtres ne devait comprendre cela mieux que vous, cher Cosmo.
Fils d’un même père et frère de tous les hommes, s’efforcer à croire cela n’est déjà pas mal . Le pratiquer doit plus sûrement assurer le Salut que les théories d’Angélique Arnaud.
Mais ce ne sont-là que propos d’ignorant.
Jean Pierre
27 septembre 2024 @ 07:37
L’éditeur a jugé opportun de tronquer ce portrait de la Mère Arnauld en ne laissant pas apparaitre l’immense croix rouge brodée sur le scapulaire que portaient toutes ces religieuses.
Dommage, cela leur donnait fière allure, elles qui se considéraient comme des saintes et qui l’étaient surement.
Passiflore
27 septembre 2024 @ 08:35
En 1609, la mère Angélique Arnaud, 17 ans, réformait l’abbaye de Port-Royal des Champs qui venait d’être fondée. En 1625, elle décide de quitter les lieux insalubres de la vallée de Chevreuse et crée un monastère à Paris sur l’actuel boulevard de Port-Royal.
De 1648 à 1665, Port-Royal est une abbaye unique, gouvernée par une seule abbesse mais comprenant deux maisons : Port-Royal (appelé ainsi en raison de l’appui des rois de France) de Paris dont les bâtiments, le cloître, la salle capitulaire et le chœur des religieuses (dépouillé de ses 80 stalles) subsistent encore aujourd’hui ; et Port-Royal des Champs. Le couvent de Paris était un foyer du jansénisme et les sœurs ayant refusé, en août 1664, de se rétracter sont expulsées. Le couvent est fermé en 1790 et servira de prison de 1790 à 1795, puis de maternité.
Port-Royal des Champs avait été rasé en 1710-1711 sur ordre de Louis XIV qui ne parvenait pas à obtenir des religieuses l’obéissance.
Le 24 novembre 1654, Pascal avait rédigé sur un papier le récit de ce qu’il avait ressenti la veille (sa « nuit de feu »), et ne se sépara jamais de ce texte, le Mémorial, qu’on trouva, à sa mort, cousu dans la doublure de son vêtement. En 1656, fut déclenchée la grande offensive contre les jansénistes à la Sorbonne. Pascal prit fait et cause pour Antoine Arnauld et les Messieurs de Port-Royal et écrivit, entre janvier 1656 et le printemps 1657, « Les Provinciales » sous le pseudonyme de Louis de Montalte. Il avait été bouleversé par la guérison miraculeuse de sa nièce, Marguerite Périer, le 24 mars. En juin 1662, débuta sa lente agonie et sa sœur Gilberte rapporte la sainteté avec laquelle il l’a supportée.
La chapelle de Port-Royal est, aujourd’hui, lieu de culte pour l’hôpital Cochin et la maternité de Port-Royal. A l’entrée, un modeste buste de l’abbé Jean-Denis Cochin, alors curé de St Jacques du Haut-Pas, qui créa, en 1780, l’hospice Jacques, devenu hôpital Cochin en 1802.
Erato deux
27 septembre 2024 @ 10:21
Merci pour l’information littéraire.
Une femme d’exception Angélique Arnault. Avec l’inspiration puissante et en rupture avec son siècle de Port Royal.
Kardaillac
27 septembre 2024 @ 14:20
Sans doute passionnant. L’épopée de Port Royal fut un chaudron philosophique unique en Europe.
plume
27 septembre 2024 @ 19:37
Pas marrante du tout.
Cosmo
28 septembre 2024 @ 12:58
Il est rare de voir qualifier une abbesse de marrante. Si elle est charitable et compatissante, ce n’est déjà pas mal.