De l’art d’être une duchesse en Grande-Bretagne au 21ème siècle. Ce livre-album de Jane Dismore publié chez Blink Publishing confesse dix duchesses – non royales – et se penche sur le quotidien d’une châtelaine anglaise. La vie de château est-elle toujours ce que l’on croit ?
DEB
8 août 2014 @ 07:30
La vie de château ? C’est refaire le toit, trouver les ouvriers pour rejointoyer les briques de façade, changer les châssis ( évidemment pas standards), chauffer les pièces immenses, épousseter les livres de la bibliothèque , entretenir le parc et surtout trouver les activités lucratives pour financer l’entretien, non ?
C’est un travail à temps plein plus qu’une sinécure !
Zeugma
8 août 2014 @ 09:39
Par curiosité, J’ai regardé la liste des ducs outre Manche.
Si j’ai bien compris, il faut distinguer quatre catégories de ducs non royaux :
– les ducs anglais stricto sensu (ils sont trois : Manchester, Brandon et Northumberland),
– Les ducs de Grande-Bretagne ( ils sont sept : Norfolk, Somerset, Richmond, Bedford, Devonshire, Marlborough et Rutland),
– Les ducs du Royaume-Uni ((ils sont cinq : Wellington, Sutherland, Westminster, Argyll et Fife),
– Les ducs Ecossais (ils sont huit : Hamilton, Buccleuch, Lennox, Queensberry, Argyll, Atholl, Montrose et Roxburghe).
Sauf erreur, cela fait vingt deux ducs non royaux, le duc d’Argyll n’étant compté qu’une fois.
Certains titres sont très anciens (Norfolk date de 1483, de nombreux datent du 19e siècle. Aucun titre n’a été donné au 20e siècle sauf peut-être Fife qui date de 1900.)
Je n’ai pas compté combien il y a de ducs en France. Là aussi, il y a plusieurs catégories ….
Gérard
8 août 2014 @ 13:22
Il est aussi dans la pairie d’Irlande : Leinster (famille Fitzgerald) de 1766 et Abercorn (famille Hamilton) de 1868.
Zeugma
9 août 2014 @ 10:11
Cela fait donc – sauf erreur – un total de 24 ducs non royaux.
J’ai lu sur Internet que deux ducs Ecossais sont ducs en France : Hamilton est duc de Châtellerault et Lennox duc d’Aubigny.
aubert
9 août 2014 @ 11:41
Il est important de faire remarquer que jusqu’à la réforme de la Chambre des Pairs initiées par Tony Blair, ces ducs siègeaient de droit. Depuis comme les autre pairs du Royaume-Unis ils ont perdus ce droit. Seuls 90 siègent encore aujourd’hui, plus deux titulaires des grandes charges du Royaume.
flabemont8
8 août 2014 @ 10:25
Je voudrais bien en savoir un peu plus …Le livre sera peut-être traduit en français ?
Gérard
8 août 2014 @ 15:42
Les duchesses de cet ouvrage sont les duchesses de Bedford, Rutland, Northumberland, Buccleuch, Argyll, Montrose, St Albans, Abercorn, Leinster et Somerset.
Gérard
9 août 2014 @ 20:20
Le nombre de ducs français actuels n’appartenant pas à la famille royale varie selon les auteurs. Jean-Dominique Alzuyeta dans Les Ducs français en 1977 en retient 16 d’Ancien Régime et 14 du XIXe siècle soit 30 dont Abrantès et Doudeauville (porté aujourd’hui par le fils naturel du dernier duc) éteints depuis. Il note aussi 8 titres étrangers ou pontificaux de ducs héréditaires portés par des Français dont un par le duc Decazes, et depuis Caylus est éteint et l’héritier de la duchesse n’a pas obtenu une nouvelle transmission en Espagne pour cause de trop grand éloignement de ce royaume. Le Supplément du Dictionnaire de la Noblesse française de Fernand de Saint-Simon et Étienne de Seréville en 1977 retient 36 ducs après avoir enlevé de sa première version le titre ducal français d’Arenberg comme inachevé et Reggio comme non porté, et il fait passer Mouchy parmi les titres étrangers reconnus en France. Ce qui fait 36 titres, dont Abrantès et Doudeauville éteints depuis, portés par aujourd’hui 31 ducs, certains ayant deux titres. Il retient aussi 5 ducs inachevés et 3 ducs étrangers reconnus dont encore le duché danois de Glucksbierg du duc Decazes.
Régis Valette dans son édition de 1989 du Catalogue de la Noblesse française compte 21 duchés dont un éteint depuis, Doudeauville, tenus par, de nos jours, 17 ducs pour l’Ancien Régime et 10 titres du XIXe. Soit 30 duchés pour 27 ducs mais Ayen des Noailles et Liancourt des La Rochefoucauld n’étaient pas héréditaires.
Ghislain Grassard dans Les Ducs français, en 2007, à la suite d’Hubert Cuny et de Nicole Dreneau, retient 30 ducs dont des Cars souvent considéré inachevé, outre deux titres portés à l’étranger par des non-français, Montbazon pour le prince de Rohan et Otrante porté en Suède par le comte Fouché, outre Reggio longtemps discuté en justice.
Le duc de Hamilton porte par seule courtoisie le titre de duc de Châtellerault dont la 5e création en 1864 prenait la suite de celle de 1548, mais le 12e duc de Hamilton (1845-1895), proche de l’empereur par sa mère Marie Amélie de Bade, n’eut qu’une fille et le duché de Châtellerault ne pouvait se transmettre qu’en ligne masculine.
Le duché d’Aubigny est issu de lettres patentes de 1684 qui ne furent pas enregistrées et donc le titre est inachevé, il y eut ensuite des lettres de suranation de 1777 pour la pairie mais le duché n’avait été repris que par un brevet, donc à titre viager, dont le titulaire mourut en 1734. Le titre est porté mais n’est plus régulier.
De plus la plupart des auteurs ne considèrent plus comme français des titres portés par des étrangers.
Zeugma
10 août 2014 @ 09:44
Votre connaissance du sujet est remarquable et vous me faites découvrir les « lettres de suranation » ……. Merci !
Zeugma
10 août 2014 @ 15:10
Gérard,
Je profite de votre science pour vous poser une question sur la « noblesse inachevée ».
Si j’ai bien compris, la noblesse était conférée par le roi sous forme de lettres patentes que le chancelier transmettait au parlement de Paris pour enregistrement.
Pourquoi autant de ces lettres patentes n’ont pas été enregistrées ?
D’une manière générale, il arrivait que le parlement refuse d’enregistrer des ordonnances, édits, concordats, bulles papales et autres documents administratifs pour des raisons politiques, ce qui – après la procédure des « lettres de jussion » – obligeait quelquefois le roi à tenir « lit de justice » pour rendre exécutoire sa volonté.
Mais s’agissant de l’enregistrement d’affaires concernant la noblesse ou les titres, pourquoi tant d’anoblissements « inachevés » ?
aubert
11 août 2014 @ 13:48
Gérard, vous écrivez que l’héritier de la duchesse de Caylus n’a pas obtenu la transmission de ce titre pour cause de trop grand éloignement de l’Espagne.
Risquons un clin d’œil qui peut-être m’attirera les foudres, surtout en période estivale orageuse: si le titre de duc d’Anjou supportait le même préalable, serait-il encore porté et…par qui ?
Gérard
11 août 2014 @ 21:09
Eh ma foi !
flabemont8
10 août 2014 @ 16:32
Merci, Gérard . La duchesse de Bedford dont j’ai lu autrefois les aventures et les conseils était d’origine française, je ne pense pas qu’il s’agisse d’elle ici , mais de sa belle-fille , ou même de sa belle – petite – fille .
Gérard
11 août 2014 @ 15:03
La duchesse dont nous avons le souvenir était notre compatriote française Nicole Millinaire née Schneider (1920-2012) qui mourut à l’Hôpital Princesse Grace à Monaco. Elle était la veuve de John Ian Robert Russell (1917-2002), 13e duc de Bedford, qui de son premier mariage eut Henry Robin Ian Russell (1940-2003), 14e duc, père de l’actuel duc Andrew Ian Henry Russell, née en 1962, 15e duc, époux de Louise Rona Crammond et père d’Alexandra Lucy Clare (née en 2001) et de Henry Robin Charles, marquis de Tavistock (né en 2005).
Zeugma
10 août 2014 @ 18:49
Toujours sur le nombre de ducs français (non royaux),
sur mon vieux « Bottin Mondain » (il est de 2004) il y a :
– Onze ducs et pairs d’ancien régime : (par ordre d’ancienneté des lettres patentes) : Uzès, Montbazon, Luynes, Brissac, Rohan, Gramont, Mortemart, Noailles, Harcourt, Praslin et Clemont-Tonnerre,
– Six duc héréditaires d’ancien régime non pairs : Broglie, La Rochefoucauld, Lorge, Polignac, Maillé et Croy,
– Dix ducs et pairs héréditaires créés au 19e siècle : Rivoli, Montebello, Otrante, Abufera, Doudeauville, Poix, Baufremont, Decazes, Blacas et Sabran,
– Sept ducs héréditaires non pairs : Chevreuse, La Force, Audiffret-Pasquier, Magenta, Auerstaedt, Feltre et Abrantès,
– Cinq duc « inachevés » : Rauzan, Arenberg, Caraman, des Cars et Estissac,
– Trois ducs étrangers autorisés en France : Mouchy, Glucksbierg et Lévis-Mirepoix.
Si je compte bien, ça fait 42 ducs.
Cela dit :
1°) J’ignore si tous ces titres ont des titulaires en vie,
2°) le BM donne le titre de duc à certaines personnes (exemple : Castries) qui ne sont pas sur sa liste de la page 1838.
3°) Il me semble que le roi délivrait des titres de « duc à brevet » qui étaient viagers et n’existent donc plus.
Beaucoup de ducs donc !
Gérard
11 août 2014 @ 09:50
Observons déjà que la liste des ducs qui figure dans le Bottin mondain n’est pas à jour puisque Maurice Le Ray, duc d’Abrantès, est décédé sans postérité à Marseille le 22 octobre 1982 (son épouse quelques années après) et que Armand de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville, est décédé à Ajijic (Jalisco, Mexique), le 29 avril 1995 laissant un fils naturel reconnu.
Le titre de duc de Castries est porté avec distinction dans la descendance du défunt historien et académicien René de La Croix, cependant si la famille est illustre, le titre de duc concernait une autre branche éteinte avec le troisième duc en 1886. J’ignore si le titre est actuellement porté. Il l’était par le fils de René, Jean-François, décédé le 2 janvier 2014 à Paris laissant un fils Nicolas, marquis de Castries. Observons que Jean-François était notamment le frère de Claude, baronne de Grandmaison dont la fille Anne a épousé son cousin le comte Henri de Castries, président d’Axa.
Les ducs à brevet n’étaient effectivement pas héréditaires.
Gérard
12 août 2014 @ 00:49
L’enregistrement était indispensable pour créer l’hérédité et cependant le Père Anselme rapporte qu’entre 1519 et 1707 34 duchés s’éteignirent faute d’enregistrement des lettres patentes, du fait de la mort du titulaire avant qu’il ait sollicité l’enregistrement, ou parce que les conditions requises par les lettres n’étaient pas remplies et le Parlement devait en vérifier l’accomplissement – ainsi des majorats qui auraient dû être constitués ne le furent pas mais ans ce cas cependant on considère le duché régulier tout de même sinon il n’en resterait plus que huit – ou pour des raisons non indiquées on eut la résistance du Parlement à enregistrer les lettres d’Henri III d’érection du duché de Brienne en 1588 pour Charles II de Luxembourg, comte de Brienne et de Roucy. Le Parlement résista à des lettres de jussion. J.-D. Alzuyeta se demande si un lit de justice aurait été nécessaire. Mais le roi fut assassiné. Et Charles II n’avait pas d’enfant et sa sœur Louise lui succéda comme comtesse.
Les révolutions empêchèrent le processus parfois de s’accomplir, lettres non retirées, non enregistrées, ou non scellées pour le duc des Cars en 1830.
aubert
11 août 2014 @ 11:57
Gérard a donné la réponse.
On peut ajouter que Montbazon est à la Maison de Rohan (Rohan) devenue autrichienne comme Otrante, aux Fouché devenus Suédois. Les ducs titulaires de ces titres, ainsi que Croÿ, ne sont pas français et ne résident pas en France.
Doudeauville, Abrantès et Feltre sont éteints.
Chevreuse est aux ducs de Luynes.
Poix et Mouchy se confondent dans une branche des Noailles
Cela ne représente qu’1% environ des familles françaises de noblesse authentique, ce qui conserve à ce titre toute son importance, surtout qu’ils sont généralement dignement portés.
Plusieurs de ces ducs sont aujourd’hui de jeunes hommes.
Gérard
11 août 2014 @ 21:19
Cher Aubert je ne crois pas que Feltre soit éteint mais les Goyon de Feltre ont longtemps vécu aux États-Unis et sont très discrets. Michel, le duc approcherait des 80 ans et son fils Henri des 50. Mais peut-être est-il marié ? Si vous en savez plus merci.
aubert
12 août 2014 @ 12:25
Merci Gérard de votre remarque. En effet je suis allé un peu vite en besogne. Les Goyon de Feltre ne sont pas éteints et le duc actuel, 5° duc, a un fils Henri, Georges, Michel, Auguste né à Neuilly le 25.12.1965 donné célibataire dans ma dernière source.
Si d’aventure l’un d’entre eux est lecteur de ma communication je le prie de m’excuser de cette erreur.
Les titres princiers et ducaux de l’Empire n’étant plus guère représentés souhaitons postérité et prospérité à celui de Feltre.
Ils sont discrets et ne figurent pas dans le Bottin Mondain (éd.2009).
Votre communication m’a amené à réviser ! et je retiens l’histoire complexe de ce titre.
Créé en 1809 pour Henri-Jacques Clarke, ministre de la guerre de Napoléon I° que Louis XVIII fit Maréchal de France. Clarke était issu d’une famille irlandaise reconnue noble en France en 1774. Le titre ducal s’éteignit avec son fils. A la mort de ce dernier, sans postérité, le titre passa dans la descendance d’Henriette Clarke de Feltre fille aînée du maréchal, mariée à Aimery de Montesquiou, 2° duc de Fezensac en la personne de son petit-fils Charles de Goyon, fils d’Oriane de Montesquiou -Fezensac et d’Auguste de Goyon. Cette transmission fit l’objet d’un décret impérial et de lettres patentes de 1864/1865.
Les Goyon ont été anoblis par charge de secrétaire du roi (chancellerie du parlement de Metz). Ils reçurent en 1824 et 1827 les titres de vicomte et baron.
Sources: Bottin Mondain, Dictionnaire de la Noblesse Française, les ducs français, les Maréchaux de la Restauration et de la Monarchie de Juillet.
Gérard
12 août 2014 @ 15:09
Oui Aubert il semble que la fille du duc et de sa première épouse, américaine, Leslie de Goyon s’est mariée avec Michael J. Bauer, colonel de l’US Air Force, compagnon visiteur de la Défense nationale au Washington Institute. Auparavant il servait en Irak. Il totalise plus de 2 900 heures de vol et 195 heures de combat. Il commandait en 2010 le 314th Operations Group. Actuellement et depuis juin 2012 il est chef de la Division des opérations de combat en liaison avec la guerre d’Afghanistan et s’occupe de logistique et d’approvisionnement. Il habite près de Saint-Louis (Missouri). C’est un expert souvent consulté.
Ils ont deux enfants Luke et Tony.
Gérard
10 août 2014 @ 23:58
Merci Zeugma, lettres de surannation c’est en effet joli. La surannation s’écrit de préférence avec deux n comme suranné et c’est la cessation de l’effet d’un acte valable seulement pour un temps déterminé.
Les lettres de surannation sont celles qu’on obtenait pour rendre la valeur à d’autres lettres qu’on avait laissées trop vieillir sans exécution – le sceau perdant sa force au bout d’un an pour ce qui n’avait pas été exécuté dans cet espace – plus généralement à des lettres dont l’effet était prescrit.
Observons qu’indépendamment des titres auxquels il prétend comme chef de la maison royale, le chef de la maison d’Orléans est comme tel titulaire des duchés d’Orléans, de Valois, de Chartres, de Nemours et de Montpensier.
philippe holodynski
17 mai 2021 @ 16:55
Bonjour,
Pour information, Michel de Goyon ( comte ) et cinquième duc de Feltre s’est éteint à l’âge de 86 ans le 12/05/2021. Avec lui disparaissent les titres de noblesse de ses ancêtres ( baron, vicomte, comte et duc ) car son fils Henri de Feltre est décédé il y a plus de 20 ans. Sincères condoléances de la part de son ami de Bretagne.