Parution aux éditions Michel de Maule de ce récit romanesque « Eugénie, les larmes aux yeux » de Nicole Descours. Il s’agit du récit romancé de la vie de la vie de l’impératrice Eugénie, née de Montijo, issue de la grande noblesse espagnole. Le plus réussi de cet ouvrage est certainement la reconstitution de l’époque et de la vie culturelle qui l’imprégna.
« Eugénie, les larmes aux yeux », Nicole Descours, Editions Michel de Maule, 2016, 224 p.
Naucratis
10 juin 2016 @ 07:30
Une grande souveraine, hélas comme couvent injustement critiquée.
L’impératrice Eugènie est par ailleurs un des symboles de cette France en pleine expansion qui renouait avec la grandeur, celle du Second Empire.
Claude MARON
10 juin 2016 @ 14:06
Tout à fait. Et c’est grâce à elle que la France put récupérer l’Alsace et la Lorraine après la grande guerre. Et pour la remercier, comme elle est décédée en Espagne, cette france (avec un petit f car elle le mérite) a interdit que son cercueil la traverse pour aller rejoindre son époux en Angleterre. Lamentable.
Il est grand temps que l’on rapatrie leurs dépouilles !
Leonor
10 juin 2016 @ 18:38
Mais la France à son tour ne voulait qu’un glacis, et les Alliés le savaient.
A part le glacis et le besoin de gloriole du coq gaulois, la France n’en avait pas grand’chose à faire de l’Alsace, et ça n’a pas changé depuis.
Quant au concept foireux d’Alsace-Lorraine, il n’existe que dans les manuels de la IIIe République et à Paris, qui en est resté à cette époque sur le sujet. Il n’a aucune réalité , ni en Lorraine, ni en Alsace.
Concernant Eugénie, n ne peut quand même vraiment pas dire qu’elle était une tête politique, même si, malheureusement, c’est ce qu’elle s’imaginait. Aller chatouiller Bismarck , ça n’était vraiment pas malin, car c’est tout ce qu’il attendait.
Et danser au déclenchement de la guerre en ’70 ! Il fallait n’avoir pas le sens commun.
Mais j’aime beaucoup ses toilettes et ses bijoux….
framboiz 07
10 juin 2016 @ 23:25
Racontez nous pour l’Alsace & la Lorraine, Claude !
C’est surtout à cause de son époux qu’on les perdit, mais tout le monde voulait les récupérer…C’était le mot d’ordre général des politiques ,pour une guerre victorieuse .Elle vivante ou pas, on les aurait récupérées , non?
J’ai de la tendresse pour Elle, car elle a légué – et non déposé pour un temps -le talisman de Charlemagne ,au Musée du Tau avec le trésor des rois de la cathédrale de Reims .Après la guerre , elle vivait encore . Reims , la cathédrale furent bombardées & dévastées , elle leur laissa cet objet , suite aux destructions …
Claude MARON
13 juin 2016 @ 12:01
Et bien, avant la guerre de 1870, le roi de Prusse et Napoléon III ont bien entendu échangé des courriers. Et Eugénie les a gardés. Et en 1919, lors des pourparlers de paix, elles les a donnés à Clémenceau. Dans ces courriers, le roi écrivait qu’il ne considérait pas ces 2 régions comme des possessions allemandes, mais simplement comme des zones stratégiques. N’oublions pas que a Lorraine a été donnée « en héritage » à la France quand son dernier duc (en titre, pas l’ex roi de Pologne) a épousé la future impératrice Marie-Thérèse qui, je le rappelle, ne fut jamais impératrice d’Autriche (car ce titre n’existait pas encore à l’époque), mais impératrice germanique consort (de son époux, élu après la guerre de succession d’Autriche).
leonor
13 juin 2016 @ 23:30
C’est une histoire de papier ( lequel ? me souviens plus ) qu’Eugénie aurait eu sous la main ou dont elle se serait souvenue en 1918, lequel papier aurait permis d’inclure la restitution à la France de l’Alsace et de la Lorraine Nord dans les obligations imposées à l’Allemagne.
……….
Il faut que je retrouve ce dont il retourne exactement. Cela me laisse assez sceptique. D’abord, parce que la chose n’est vraiment pas connue en Alsace, pourtant première concernée. Ensuite, parce que : l’Empire allemand ayant perdu la guerre en 1918, aurait-on vraiment eu besoin d’un morceau de papier pour lui imposer cela, alors qu’on lui a imposé quantité d’autres choses , dont on connaît la lourdeur, et les conséquences de cette lourdeur ?
Ca ne paraît guère plausible.
Un instant, Framboiz, je vais chercher des précisions.
leonor
13 juin 2016 @ 23:56
Pendant que je cherche au sujet du papier-Eugénie, je me demande – pensée iconoclaste et qui va me faire incendier, tant pis – si cela a été une bonne chose que ma pauvre belle riche province retourne à la France, laquelle n’en a rien à faire, sauf gratouillis d’amour propre et cocorico gaulois ?
L »Alsace, c’est une histoire à la Racine :
A aime B
>>> B aimé de A n’aime pas A en retour , mais aime C
>>> C aimé de B n’aime pas B en retour
C’est un chagrin d’amour pour A, et un désespoir d’amour pour B.
Traduction :
L’Allemagne aime l’Alsace
>>>> l’Alsace aimée de l’Allemagne n’aime pas l’Allemagne en retour, mais aime la France
>>> la France , aimée de l’Alsace n’aime pas l’Alsace en retour.
C’est un chagrin d ‘amour pour l’Allemagne ( Alsace ,province ancestrale perdue) , et un désespoir d’amour pour l’Alsace , qui regarde la France avec des yeux de merlan frit éperdus d’amour , mais peut toujours attendre pour être payée de retour.
Bref, buvons, mangeaillons, et suicidons-nous tranquillement à la bouffe et à l’arthérosclérose pour oublier tout ça et oublier qu’on a été battus, petits, à l’école de la France pays des libertés, parce qu’on parlait la langue de maman, et oublier , cacher, enterrer, que papa a dû faire la guerre sous deux uniformes successivement , sinon il se faisait fusiller d’office sans tambour ni trompette.
Déjà que c’est le grand -papa de mon chéri adoré qui a en quelque sorte trucidé mon grand-papa à moi, chacun d’un côté du Chemin des Dames au même moment sensiblement au même endroit, y’a pas de hasard, mais y’a de quoi devenir complètement cinglé(e).
Allez, Français de mon coeur, passez-moi mon coup de gueule, et vive la réforme territoriale où on nous a une fois de plus craché dans la gueule.
Bon, m’en vais retourner à Eugénie.
leonor
14 juin 2016 @ 00:59
Alors, amie Framboiz, pour la chère Eugénie, voilà ( en fait, on trouve tout sur Wkpd) :
Eugénie – qui se mêlait de tout et aurait mieux fait de s’abstenir avant – , une fois faite et défaite la bataille de Reichshoffen cavaliers chargez, Eugénie donc, les larmes plein ses beaux yeux tombants, s’en alla écrire de sa plus belle encre lacrymale une missive éplorée à Guillaume The Kaiser , premier du nom – et du titre.
Elle le suppliait blablabla de renoncer à l’Alsace et au bout de Lorraine qui parlait platt et allemand , parce que blablabla.
Fallait y penser avant, Eugénie, avant d’inciter Popol à foncer tête baissée dans le piège à l’ami Bismarck.
Bismarck le Grand a dû jouir intensément en dictant à Guillaume une grande et longue missive blablabla chère Madame, pour lui répondre, à Eugénie : » Nein ».
Or, dans cet écrit , le Kaiser prétend que, non, il ne tient pas particulièrement à l’Alsace etc, mais qu’il tient mordicus au glacis militaire qu’elle représente, protection avancée de l’Allemagne contre les évidentes agressions françaises à venir, vu l’agression précédemment selon lui initiée – techniquement, c’est vrai – par le Gent Epoux de Dame Eugénie.
Donc, niet, parce que glacis ( ça, on le sait depuis la Guerre de Trente Ans, qu’on est un glacis juste bon à se faire tirer dessus et que tout le reste, susurré en allemand ou en français, ce n’est que du blabla pour naïfs) .
Ca, c’était donc en 1870.
Eugénie s’en est opportunément souvenue en 1918. Apparemment, elle avait bien rangé ses papiers. Elle ressortit donc la lettre impériale de son bonheur-du-jour , et la fit passer à Clemenceau.
Parce que Clemenceau tenait mordicus lui aussi à son glacis , sous prétexte de grand amour pour les chers Alsaciens, tu parles Charle.
MAIS les Alliés, eux, ne voyaient pas les choses de cet oeil. Ce qu’on allait imposer à l’Allemagne était déjà énorme , dommages de guerre et compagnie. Ils ne concevaient pas pourquoi on ferait en plus tomber les provinces germanophones concernées dans l’escarcelle de la France, augmentant ainsi le poids de celle-ci, ce qui n’ avait jamais-jamais été la cup of tea des Anglais.
Napoléon n’était après tout pas si loin dans les esprits, la maison Windsor était bel et bien Saxe-Coburg, et le Rhin n’est une frontière que dans l’esprit des Français; pour les Badois et les Alsaciens, Vater Rhein est Vater et trait d’union, la preuve, je vais au supermarché d’un p’tit coup d’aile de Deuche en traversant le Pont.
Eugénie sut cela on ne sait comment. Or, elle gardait une dent sévère contre Guillaume & Fils , refuse-t-on quelque chose à S.M. l’Impératrice de Compiègne , c’est inconcevable. Elle se fit une joie de transmettre au généralissime la lettre du Kaiser Papa , vieille de ~50 ans .
Lequel généralissime la colla, dit-on, sous le nez des copains anglophones, pour leur prouver que Guillaume le Vilain n’aimait pas l’Alsace mais voulait juste pouvoir jouer à la guéguerre dans ce coin-là, et que cela devait donc suffire comme argument pour que la France reprenne encore une fois ce qu’elle avait déjà une fois pris lors du traité de Westphalie.
Glacis nous étions, glacis nous restâmes.
Voilà l’histoire.
Elle semble exacte, dans les faits ( la lettre transmise à Clemenceau).
Ceci dit, est-il exact que cet écrit, ancien, fut suffisant pour convaincre les Alliés de laisser le territoire français s’agrandir, et de contraindre une population entière à changer encore de nationalité, de langue, de système politique , social, etc ?
Plus de deux générations avaient passé depuis 1870, les Alsaciens , germanophones et profondément de culture alémanique n’avaient pas été malheureux, loin de là, sous l’Allemagne wilhelminienne, contrairement à la légende créée par une France revancharde ,mais qui ne connaissait rien de rien aux réalités locales ( c’est toujours le cas).
Ca me laisse assez sceptique.
Je reconnais cependant volontiers que je ne connais pas le fond de cette affaire-là, si cela s’est réellement passé ainsi ou non, et ne saurais donc ni réellement confirmer, ni réellement infirmer l’importance de cette lettre sortie des placards d’Eugénie, dans la préparation du traité de Versailles.
Ce qui m’étonne, vraiment, c’est que je n’ai jamais, jamais, rien lu réellement à ce sujet, et jamais entendu parler de ça dans aucune conversation , ni avec citoyens lambda , ni avec historiens même chevronnés. Ca peut m’avoir échappé, mais, quand même, quand même ….
Tiens, je vais en parler à un mien cousin, comment n’y ai-je pas pensé ?
Historien , thèse 3e cycle histoire contemporaine, et … Conservateur en Chef de la Bibliothèque Universitaire !
Bâtiment qui a été bombardé lors du siège de 1870 d’ailleurs, mis en flammes et moult précieux manuscrit parti en fumée.
C’est l’homme qu’il nous faut. je vais tâcher de le cuisiner prochainement sur Eugénie et sa bafouille.
Mais ça ne va pas être pour tout de suite, car programme chargé dans les temps à venir. Faut que je passe et repasse la Ligne Bleue des Vosges …. !
Denis
10 juin 2016 @ 09:44
Encore une production sirupeuse où l’histoire va être malmenée pour le simple plaisir de faire pleurer Margot … qui dira l’inutilité de ces productions dites » romans historiques » et qui nous en délivrera ?
*Gustave de Montréal
10 juin 2016 @ 15:45
les larmes peuvent être intéressantes dans cette littérature à la saccharine, qui peut bien lire ça ?
Jean Pierre
10 juin 2016 @ 11:01
224 pages pour une personne qui mourut presque centenaire c’est un peu chiche, on ne peut pas dire que l’auteur tire à ligne comme Alexandre Dumas.
jo de st vic
10 juin 2016 @ 16:44
Denis..effectivement il vaut mieux lire la passionnante biographie d’Eugenie de Guzman y Palafox par Jean des Cars, recherches historiques et souvenirs de famille l’auteur ne romance pas mais nous revéle la verité sur ce personnage attachant
clement
10 juin 2016 @ 16:45
c’est une femme qui a été adulée ,détestée et qui pour finir s’est retrouvée seule en perdant en peu de temps mari et fils ,cela a dû être un calvaire pour elle ! dans son extrême vieillesse il paraît qu’elle avait un mot gentil pour chacun et cherchait à bavarder volontiers avec les gens même inconnus quand elle résidait sur la Côte d’Azur …la reine Victoria lui a toujours apporté son amitié ce qui devait l’aider dans son exil ,même si elle vivait beaucoup dans ses souvenirs !
clement
10 juin 2016 @ 16:56
elle se donnait sans compter pour promouvoir le modernisme de l’époque ,inaugurations ,soutien aux jeunes filles pour de grandes études ,expositions etc….ce qui l’a fait déchoir aux yeux de l’opinion est son goût des dépenses et du luxe, peut-être aussi son influence catholique intraitable sur l’Empereur,mais il est vrai qu’elle a écrit à Guillaume I pour intervenir en faveur de la France !
Leonor
10 juin 2016 @ 18:18
Ah, ce diadème ! Une merveille.
Il est au Louvre, maintenant, je crois, à la suite de la vente Thurn & Taxis après le décès du prince .
La princesse Gloria l’avait porté lors de son mariage.
Claude MARON
13 juin 2016 @ 12:07
Oui, avec une petite robe en broderie anglaise… Elle s’est rattrapée par après, et est devenue plus sage après le décès de son époux
claudie
10 juin 2016 @ 22:11
Elle est morte en Angleterre et non pas en Espagne et est enterrée à Fanborogh
monica
13 juin 2016 @ 18:36
Claudie, elle est morte en Espagne.
jo de st vic
11 juin 2016 @ 13:05
Claudie je crois qu’elle est morte en Espagne lors d’un sejour a Madrid…
Gérard
13 juin 2016 @ 17:52
En mai 1920 l’impératrice Eugénie se rendit en effet en Espagne où elle n’était plus allée depuis la mort de sa mère en novembre 1879. Elle devait subir l’opération de la cataracte chez un célèbre spécialiste catalan, le docteur Ignacio Barraquer, réputé pour ses techniques modernes.
À Paris de nombreux professeurs lui avait conseillé à son âge ne pas se faire opérer mais elle voulait revoir les visages et les paysages et surtout lire elle-même et ne pas se contenter du travail des lectrices. Elle voulait passer l’hiver comme d’habitude dans sa propriété du Cap Martin avec son neveu Joseph-Napoléon, comte Primoli, petit-fils de Lucien Bonaparte.
Sous son nom de comtesse de Teba elle embarqua à Marseille sur un paquebot de la Peninsular qui revenait des Indes et qui la laissa à Gibraltar, qu’elle visita, puis elle se rendit en automobile à Séville pour y passer la Semaine sainte chez son petit-neveu le duc d’Albe au palais de las Dueñas.
Le roi Alphonse XIII lui fit réserver les honneurs dus aux souverains régnants. Une corrida privée fut organisée pour elle qui les aimait, près de Séville, avec le jeune et célèbre Joselito (José Gómez Ortega), qui quelques jours après fut tué par un taureau, le 16 mai 1920, à Talavera de la Reina, il tournait en effet le dos au taureau « Bailador » de la veuve Ortega.
L’impératrice se rendit ensuite à Madrid toujours chez le duc d’Albe au palais de Liria et assista à de nombreuses réceptions. Malgré son âge elle était apparemment en parfaite santé. L’impératrice était accompagnée par son secrétaire le jeune Félix, comte de Baciocchi-Adorno (1889-1975) – qui était par ailleurs en premières noces le mari de la petite-nièce de l’impératrice, Antonia de Verajano y Kirkpatrick, veuve du comte d’Attainville – et par Monsieur et Madame d’Attainville.
Au ministre Natalio Rivas Santiago elle demanda des nouvelles de sa maison natale 12 calle de Gracia à Grenade, dont elle craignait à tort la destruction, comme avaient été détruits le palais Montijo de la Plaza San Angel à Madrid où elle avait passé sa jeunesse et qui avait été construit pour les comtes de Montijo et de Teba par Silvestre Pérez , le palais des Tuileries, le château de Saint-Cloud.
L’opération se passa dans de bonnes conditions et le pronostic était optimiste. L’impératrice put reprendre ses promenades en voiture à cheval et organiser les rendez-vous qu’elle comptait avoir à son passage à Paris.
Le 10 juillet elle alla rendre visite au roi au palais d’Orient et déjeuner avec les souverains et elle eut un petit malaise après le déjeuner et rentra s’aliter au palais de Liria. Puis elle fut prise d’une fièvre qui grimpa rapidement. Le médecin du roi qui vint la voir réserva son pronostic. Trois grands professeurs venus l’examiner conclurent à une urémie. Le dimanche 11 juillet 1920 à 8 heures elle mourut dans le lit où était morte sa sœur la duchesse d’Albe. Elle avait reçu quelques heures avant l’extrême-onction. Le duc d’Albe était à Londres où il s’était rendu après le succès apparent de l’opération, et où il devait retrouver sa tante. Le roi et la reine, qui était sa filleule, vinrent saluer la dépouille de l’impératrice. Et c’est avec les honneurs royaux qu’elle fut conduite à la gare de l’Ouest.
Le corps fut accompagné par le duc d’Albe, le duc de Peñaranda, les duchesses de Tamames et de Santoña et le comte de Teba. Il fut reçu à la gare d’Austerlitz le 17 juillet 1920 par les princes Murat, l’ambassadeur d’Espagne et plusieurs membres de la noblesse française et espagnole qui défilèrent devant lui dans un wagon tendu de noir pendant plus de trois heures, avant que le diplomate Carlos de Goyeneche ne le conduise en Angleterre.
Le train prit la direction du Havre où l’on embarqua pour Southampton.
À l’arrivée le cercueil de l’impératrice fut transporté à terre par le 2e Argyll and Sutherland Highlanders, trois officiers et cent hommes.
Ils chargèrent le cercueil dans le train pour Londres d’où il repartit pour la gare de Farnborough. À la gare de Farnborough le cercueil fut placé sur un affût de canon, il était attendu par le prince et la princesse Napoléon (Victor et Clémentine de Belgique), le duc d’Albe, le prince Murat et deux détachements de cavalerie conduit par le général Rawlinson rendirent les honneurs et l’escortèrent jusqu’à l’église Saint-Michel de Farnborough Hill où il fut mis dans la crypte. Le cortège comprenait également la musique militaire du Premier Lancashire, les moines bénédictins de l’abbaye sous la conduite de leur abbé mitré Dom Cabrol qui devait présider l’office et prononcer l’homélie le lendemain. Lors de l’entrée du cercueil dans l’église La Marseillaise fut jouée.
Le marseillais Fernand Cabrol (1855-1937), théologien, précurseur du Mouvement de restauration liturgique, prieur puis abbé de l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, fut également connu comme archéologue.
Le lendemain 18 juillet la messe fut célébrée en présence du prince et de la princesse Napoléon, du roi George V et de la reine Mary d’Angleterre, de la reine d’Espagne, Victoria Eugénie, du roi et de la reine de Portugal qui étaient en exil (Manuel II et son épouse Augusta Victoria de Hohenzollern-Sigmaringen) et la mère du roi, la reine Amélie de Portugal, princesse de France, de l’ambassadeur d’Espagne, du marquis de Girardin, de Lucien Daudet, le biographe de l’impératrice, deuxième fils d’Alphonse et cadet de Léon, le célèbre pamphlétaire royaliste…
Le cercueil avait été recouvert du drap mortuaire qui avait été placé sur celui du prince impérial.
« Si transit gloria mundi ». Les gloires de ce monde passent vite ! Nous ne sommes pas aux Tuileries, nous ne sommes pas à Saint-Cloud, ni à Fontainebleau, ni à Compiègne, ni à Biarritz, nous sommes à Farnborough. Ce petit morceau de la France transporté en Angleterre, où l’empereur repose dans la paix qui sa vie durant lui a échappé » devait notamment dire dans son homélie Dom Cabrol.
Dans son Journal (1892-1915) Alfred de Gramont évoque plusieurs fois l’impératrice Eugénie et il remarque que si le duc d’Orléans était très aimable pour elle, elle ne l’était pas pour lui ni pour beaucoup d’autres. Il ajoute « autant j’aimais l’empereur et le prince impérial, autant l’impératrice m’a toujours été antipathique. Le seul mérite qu’elle eut et aura aux yeux de la postérité, c’est d’avoir été très malheureuse, en partie par sa faute ».
Gérard
13 juin 2016 @ 18:16
On peut également rappeler que le T.R.P. Dom Cuthbert Brogan, actuel abbé, précise qu’avant la demande de rapatriement formulé par Christian Estrosi, la dernière relation entre l’abbaye et l’État français avait été un télégramme du gouvernement français en juillet 1920 qui s’indignait des derniers honneurs que les bénédictins avaient rendus à l’ex-impératrice pour ses funérailles !
Gérard
14 juin 2016 @ 09:13
Entre le décès et le départ pour la France le corps reposa dans la chapelle du palais de Liria. Selon Laetitia de Witt dans sa biographie du prince Victor Napoléon publiée chez Fayard en 2007 le roi Alphonse XIII assistait également aux obsèques à Farnborough.
Ogier le Danois
11 juin 2016 @ 22:57
Un livre comme le Deuxième Empire: Vaniteux ?
Leonor
12 juin 2016 @ 20:43
L’autre jour, j’ai voulu voir quel effet ça faisait de porter une crinoline, et comment on parvenait à se déplacer en pareil équipement (*). Il faut dire que ça vous pose un peu là.
Mais, une fois posée, posée, on le reste.
Non qu’on se prenne les pieds dedans : le rayon du bidule est d’un bon mètre , on a donc de la marge pour allonger la jambe. LE problème, c’est qu’il faut des locaux type Versailles ou Compiègne question surface d’évolution et passage de portes, bien sûr.
Et puis, évidemment, il faut n’avoir pas grand’chose à faire de ses dix doigts, cela va de soi ou de soie.
Mais quand même, un rêve, de valser dans l’envolée de falbalas par-dessus le crin ….
Allons, on rêve un peu ? Surprise :
https://www.youtube.com/watch?v=IB0PXWHD61M
« Lei e un ballerino delizioso …. » Ah, grands dieux , quelle scène !
(*) Je trouve ça très facilement dans ma friperie favorite, rayon robes de mariées, sous-rayon meringues . 10 € l’une, ou 15 € les deux. Rigolez pas, j’en ai acheté deux. Mes petites-filles sont ravies.