Pédagogue à la destinée sans pareille, elle est aussi une femme de lettres à l’oeuvre prolifique et diversifiée.
De petite noblesse provinciale, Madame de Genlis abandonne une vie aisée pour une nomination qui la place au sommet de la société.
D’abord « dame pour accompagner » de la duchesse de Chartres, épouse de Philippe, fils aîné du duc d’Orléans et futur Philippe Égalité, elle est officiellement désignée « gouverneur » de leurs cinq enfants, situation unique dans l’histoire de l’éducation des princes de sang.
Elle s’installe alors avec eux au pavillon de Bellechasse, au coeur de Paris, où elle leur enseigne, outre les matières traditionnelles, les langues étrangères, l’éducation physique, les activités manuelles.
La Révolution vient mettre un terme à une entreprise pédagogique dont l’inventivité force l’admiration. Après neuf ans sur les routes de l’émigration en Angleterre, puis en Suisse et en Allemagne, Félicité rentre à Paris, ruinée, et gagne désormais sa vie grâce à la littérature.
Protégée par Napoléon, elle assiste en 1830 au couronnement de Louis-Philippe, le fils aîné du duc d’Orléans, dont elle a fait l’éducation.
Témoin capital des transformations d’une société où les régimes politiques se sont succédé, Madame de Genlis est profondément moderne dans sa manière de prendre la défense des femmes, de promouvoir la nécessité de l’éducation pour les filles ou de vivre librement de sa plume. »
« Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières », Martine Reid, Tallandier, 2022, 288 p.
Ciboulette
3 janvier 2022 @ 01:39
Le début du XVIII ème siècle a vu éclore des pédagogues ( au féminin ) remarquables , comme madame Campan et ici , Madame de Genlis .
Muscate-Valeska de Lisabé
3 janvier 2022 @ 02:21
Un portrait connu qui vaut par l’habillement de Féli .
Baboula
3 janvier 2022 @ 07:34
Sacré Napoléon, protecteur de madame de Genlis en 1830 .
Cosmo
3 janvier 2022 @ 07:45
Louis-Philippe a accédé au trône mais n’a jamais été couronné. Comme dans les monarchies actuelles, il a prêté serment. Le futur monarque britannique sera-t-il couronné ? Et dans ce cas ce serait peut-être l’unique et dernier.
Gérard
4 janvier 2022 @ 00:22
Le couronnement est une chose mais le sacre en est une autre. Je trouve qu’il serait dommage pour le futur roi, dont on connaît d’ailleurs la spiritualité, de se passer de ces aspects essentiels de la monarchie britannique. Ce d’autant que le monarque est chef de l’Église d’Angleterre et le prince de Galles n’a jamais caché son intention de protéger tous les cultes.
Charlotte (de Brie)
3 janvier 2022 @ 08:01
Madame de Genlis a aussi beaucoup » accompagné » le duc de Chartres (futur Philippe-Egalité). Il se dit qu’il est le père de sa fille Pamela qui épousera Lord Fitzgerald combattant pour l’indépendance irlandaise et mort pour elle d’ailleurs en 1798.
Louis Philippe parlait d’elle avec reconnaissance, disant qu’elle lui avait appris à vivre à la dure et à approcher de nombreux métiers : » Elle fit de moi un homme assez hardi et qui a du coeur »
Ce à quoi, Madame de Genlis répond comme en écho : » Il était ladre, je ne pus en faire un homme généreux. Libéral, tant qu’on voudra, généreux non « .
Il est vrai qu’elle vivait chichement, retirée dans une modeste pension de famille où le roi vint la voir c’est exact jusqu’à sa mort le 31 décembre 1830, comme quoi il avait du coeur.
Erato deux
3 janvier 2022 @ 08:53
Voici un livre que je me ferais un bonheur de lire. Il est toujours passionnant de découvrir ces portraits des femmes d’exception.
Merci pour l’ information.
Bambina
3 janvier 2022 @ 09:57
Prochaine lecture !
Jean Pierre
3 janvier 2022 @ 10:19
Ce n’est pas forcement la vie de Mme de Genlis qui est ici intéressante mais ce qu’en dit Martine Reid.
Son ouvrage sur Cary Grant est une perle d’intelligence.
Aldona
3 janvier 2022 @ 10:35
Livre sûrement très intéressant d’une femme intelligente
Mireille
3 janvier 2022 @ 10:51
Je pensais que l’excellente biographie « Madame de Genlis » par Gabriel de Broglie, faisait autorité. Le prince de Broglie y a dévoilé des archives inédites provenant de la famille de son épouse.
Beque
3 janvier 2022 @ 12:31
Félicité du Crest était née le 21 janvier 1746 au manoir de Champrécy, près d’Autun. Son père, Pierre-César du Crest, était un remarquable musicien. Il avait épousé Mademoiselle de Mézières. Par un remariage familial, Madame de Montesson, épouse secrète du duc d’Orleans, était devenue la tante de Félicité et joua un rôle considérable dans sa carrière.
Félicité était une excellente harpiste et donnait des concerts. Son père avait fait d’elle une miniature qu’il avait montré à l’un de ses compagnons de captivité, le comte de Genlis. A la vue de la miniature de Félicité, il était devenu amoureux d’elle et l’épousa Le 8 novembre 1763.
Elle donna naissance à une fille, Caroline, et se rapprocha de sa belle-famille,tant et si bien que la marquise de Puysieulx, tante de Genlis, présenta Félicité à la cour, le 20 octobre 1765.
Mme de Montesson fit donner à Félicité une place de dame d’honneur auprès
de la duchesse de Chartres, et, en même temps, Genlis fut nommé capitaine des gardes du duc de Chartres.
Quinze jours après son installation au Palais-Royal, elle était devenue la maîtresse du duc de Chartres. Pour se débarrasser de Genlis, on le nomma gouverneur de Saint-Domingue.
Mais la duchesse d’Orléans annonça à Félicité son renvoi, le 2 avril 1791. Mme de Genlis partit avec la princesse Adelaïde en Angleterre, puis à Tournai, et se réfugia en Suisse. En août 1800, elle revint à Paris et se fit attribuer un agréable appartement à la bibliothèque de l’Arsenal, grâce à la bienveillance de Chaptal, familier de Mme de Montesson.
Le plus bel esprit de son salon littéraire était Talleyrand. Par ailleurs, Mme de Genlis noua de véritables amitiés avec les frères et soeurs de l’Empereur, dont elle fut d’autant mieux vue qu’elle s’était brouillée avec Mme de Staël.
A la chute de l’Empire, Mme de Genlis reprit contact avec ses anciens élèves, Louis-Philippe, duc d’Orléans, et sa soeur, Mme Adélaïde.
A partir de 1817, Mme de Genlis redevint une familière du Palais-Royal. Dans son salon on rencontrait Mme Récamier, Custine et son dernier amoureux, Anatole de Montesquiou.
Elle assista à la révolution de juillet 1830, qui porta sur le trône son élève préféré et rendit son dernier soupir le 31 décembre 1830.
Martine
3 janvier 2022 @ 16:18
Si Mme de Genlis a été une bonne pédagogue, au niveau maternel ce fut autre chose
Elle expédia sa fille adultérine Pamela en GB, elle **prit**, lors de son exil à Berlin, le garçon de sa logeuse, lui fit changer de nom en lui donnant le prénom de son fils décédé & le fit changer de religion
Gérard
3 janvier 2022 @ 17:45
Ce portrait est une huile sur toile de 74 x 60 centimètres et c’est une œuvre d’Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803) peint en 1780.
La toile est conservée au Los Angeles County Museum of Art et ici elle est présentée en position inverse de l’original.
marianne
4 janvier 2022 @ 12:18
Je ne connaissais pas cette artiste ! Un talent exceptionnel, une technique parfaite .
Bien dommage que de telles artistes soient complètement ignorées .
Gérard
6 janvier 2022 @ 15:46
Oui Marianne, Adélaïde Labille-Guiard appartenait à une famille bourgeoise qui tenait une boutique de mode intitulée À la toilette et dans laquelle fut employée Jeanne Bécu plus tard Madame du Barry.
Sur son contrat de mariage en 1769 avec Nicolas Guiard il est dit qu’elle est peintre et de l’Académie de Saint Luc. En deuxièmes noces elle épousa un membre de l’Académie des beaux-arts qui était un ami depuis l’adolescence, François-André Vincent.
Elle fut victime de cabales de la part de certains de ses confrères masculins qui prétendait qu’elle avait une vie très libre ce qui était une diffamation. Deux ans après elle était déjà consacrée et fut pensionnée par le roi dont elle devint portraitiste de ses tantes et de sa sœur. Elle fut officiellement peintre de Mesdames.
De fait elle a plus souvent représenté des femmes que des hommes.
On a notamment un pastel de Madame Adélaïde qui est au château de Versailles et où l’on voit que ce peintre ne cherchait pas à embellir ses modèles.
Signalons aussi un portrait de Madame Élisabeth de France qui est conservé au Metropolitan Museum of Art.
Le musée de la Légion d’honneur à Paris conserve d’elle une Réception par le comte de Provence d’un chevalier des Ordres réunis de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Le merveilleux portrait très ensoleillé de Louise-Élisabeth de France duchesse de Parme est à Versailles. Il a été commandé par Mesdames et il montre l’une des filles de Louis XV avec son fils le futur Ferdinand Ier de Parme, elle était morte à 32 ans de la variole. Ce grand portrait était dans l’antichambre de la reine en face du portrait de Marie Antoinette et de ses enfants par Madame Vigée-Lebrun. Le perroquet était un symbole d’innocence.
La duchesse de Parme a été peinte dans les années 1787 mais elle est décédée en 1759. Les ombres sur son visage et sur le mur symbolisent la mort. Elle mourut de la variole.
Beque
3 janvier 2022 @ 19:13
Quand commence la correspondance entre Mme de Genlis et Anatole de Montesquiou-Fezensac, en 1826, Mme de Genlis (1746-1830) a 80 ans, et Anatole (1788-1878) 38. Décoré à la bataille d’Essling, il combattit à Wagram auprès de l’Empereur dont il était l’officier d’ordonnance, prit part aux campagnes de Russie et d’Allemagne et sera nommé aide-de-camp de Napoléon.
En 1823, il est chevalier d’honneur de la duchesse d’Orléans et, le 2 avril 1831, promu au grade de maréchal de camp. Si Mme de Genlis avait été « l’institutrice des princes », Anatole était le fils de la gouvernante du roi de Rome, « Maman Quiou ». Voici quelques passages des lettres de Madame de Genlis à Anatole dont il semble qu’ils n’y ait eu entre eux qu’une relation platonique :
« Bonsoir, mon Anatole, que j’ai de joie en songeant que nous effaçons (tous ceux) qui n’ont jamais eu assez de sensibilité pour s’écrire tous les jours, et ces pauvres gens-là croyaient aimer ! »
« Je ne t’ai point aimé, cruel, qu’ai-je donc fait ? » – Je sens que je m’égare. Adieu, répondez-moi tout de suite et n’oubliez pas de m’appeler petiote. »
« Mon petiot Anatole que j’aime tant, et à qui j’en donne plus de preuves que je n’en ai jamais données à qui que ce soit au monde. »
Beque
3 janvier 2022 @ 20:41
Dans la descendance d’Anatole de Montesquiou-Fezensac, on peut citer : Marie, princesse de Chimay, Elisabeth, comtesse Greffulhe, le poète et dandy Robert de Montesquiou – proche de Proust à qui il servit de modèle pour le baron de Charlus – qui possédait le palais rose du Vésinet.
lila🌷la vraie
4 janvier 2022 @ 00:46
Franck Ferrand le 25 Octobre 2019 a brossé le portrait de Madame de Genlis sur Radio Classique ….passionnant !
Beque
4 janvier 2022 @ 18:51
Lila la vraie, je ne sais pas si on peut réécouter cette émission ? J’avais visité la bibliothèque de l’Arsenal – où Madame de Genlis a passé près de dix ans – avec le conservateur : passionnant, également !
Antoine-René d’Argenson, marquis de Paulmy (1722-1787) avait installé sa bibliothèque dans la demeure des grands maîtres de l’artillerie, au cœur de l’ancien Arsenal de Paris. Soucieux d’en éviter la dispersion, Paulmy la vendit, en 1785, au comte d’Artois s’en réservant l’usufruit et continuant de l’enrichir. Mise sous séquestre à la Révolution comme bien d’émigré, la collection demeura sur place. Avec les saisies révolutionnaires, elle s’enrichit de nombreux volumes provenant des grandes abbayes parisiennes et des archives de la Bastille.
En 1802, Madame de Genlis occupa un logement dans la Bibliothèque mais le calme requis par les travaux d’érudition du personnel s’accommodait mal de ses activités de musicienne et d’hôtesse du « salon des Inséparables ». L’administrateur de la bibliothèque la contraignit à déménager à l’étage supérieur, puis à quitter définitivement les lieux en 1811.
Hervé J. VOLTO
4 janvier 2022 @ 12:27
Pour mémoire, Stéphanie Félicité du Crest, par son mariage comtesse de Genlis, marquise de Sillery, née le 21 janvier 1746 à Issy-l’Évêque[note 1] et morte le 31 décembre 1830 à Paris, est une romancière, dramaturge, mémorialiste et pédagogue Française.
Grâce à sa position dans la société, la comtesse de Genlis fut présentée à la cour, deux ans après son mariage. En 1770, elle espérait entrer dans la maison de la future comtesse de Provence[note 4]. Les Brûlart, refusant de s’abaisser à en faire la demande à la comtesse du Barry, ainsi qu’il en était de rigueur à l’époque, Félicité dut se rabattre sur la Maison d’Orléans, branche cadette de la Maison Royale, à qui elle restera extrêmement fidèle.
Témoin capital des transformations d’une société où les régimes politiques se sont succédé, Madame de Genlis incrane sans nulle doute une époque de transformations qui ont marqué profondément l’Histoire de France.
Félicité de Genlis
https://fr-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/F%C3%A9licit%C3%A9_de_Genlis?_x_tr_sl=fr&_x_tr_tl=it&_x_tr_hl=it&_x_tr_pto=op,sc
Sébastien
4 janvier 2022 @ 13:12
Fascinant personnage à qui le CNAM rendit hommage l’an dernier, en mettant en valeur son matériel pédagogique exceptionnel à l’occasion d’une belle exposition hélas tuée dans l’oeuf par le Covid :
https://www.arts-et-metiers.net/musee/top-modeles-une-lecon-princiere-au-xviiie-siecle
Beque
5 janvier 2022 @ 19:36
Sébastien, merci, je viens d’écouter Martine Reid pour cette expo du Cnam. Elle l’appelle, pendant toute sa conférence, « Genlis ».
Ludovina
4 janvier 2022 @ 15:59
Parmi les descendants de de Stéphanie Félicité du Crest et de son époux Charles Alexis Brûlart (1737-1793), marquis de Sillery, et plus particulièrement ceux issus de la cadette de leurs filles Edmée Brûlart de Genlis (1767-1847) et des 2 filles de cette dernière , Louise de Timbrune de Valence (1787-1828) et Rosemonde de Timbrune de Valence (1789-1860) figurent :
Michel Reveyrand de Menthon né le 12/06/1950, arrière-arrière petit-fils de Pulchérie Félicité de Vischer de Celles (1811-1888) fille aînée de Louise de Timbrune de Valence, époux de Marisol Touraine, née le 07/03/1959, ministre des Affaires sociales et de la Santé durant la présidence de François Hollande.
L’acteur Jean Sorel né le 25/09/1934, de son vrai nom Jean de Chieusses de Combaud Roquebrune, également arrière-arrière petit-fils de Pulchérie par sa mère Ghislaine de Menthon (1904-1993).
Antonine de Vischer de Celles (1812-1856, fille cadette de Louise de Timbrune de Valence, épouse d’Auguste Nompar de Caumont La Force, 10ème duc de La Force (1803-1882).
Constance de Ravinel née le 18/07/1970, épouse du prince Charles Emmanuel de Bourbon-Parme né le 03/06/1962 dont la mère Alix de Castellane (1945-2015) était l’arrière-arrière petite-fille de Marguerite Caumont de la Force (1835-1916), fille d’Antonine et d’Auguste cités plus haut.
Louise-Rose Gérard (1866-1953) épouse de l’écrivain Edmond Rostand (1868-1918), petite-fille de Rosemonde de Timbrune de Valence (1789-1860) et d’Etienne (1773-1852), comte Gérard.
Beque
5 janvier 2022 @ 12:11
Très intéressant, Ludovina. Merci
Ludovina
6 janvier 2022 @ 13:08
Merci à vous également Beque pour vos informations.
Belle année 2022.