Le mardi 22 mars 1594, à l’aube, Henri IV pénétra enfin dans Paris l’insoumise. Entrant au Louvre, il dit à son guide : «Monsieur le Chancelier, dois-je croire que je sois là où je suis? — Sire, je crois que vous n’en doutez point. — Je ne sais, dit le roi, car tant plus j’y pense, et plus je m’en étonne. Car je trouve qu’il n’y a rien de l’homme en tout ceci: c’est une œuvre de Dieu extraordinaire, voire des plus grandes.»
Le trône de France était bien pourvu en héritiers et l’adhésion de Henri de Navarre à la Réforme le disqualifiait. Il lui fallut pour y parvenir trente ans et une hécatombe. Son itinéraire est jonché de morts, par la guerre ou la maladie. Il en émerge les mains pures, sans une égratignure. Une chance? Mais pour les chrétiens d’alors, tout ce qui advient est dû à la Providence, dont ils sont les agents obligés. Henri, d’une intelligence hors pair, se crut voué par elle à une mission : rétablir la concorde dans un pays déchiré par les guerres de religion.
S’est-il contenté des cadeaux que lui valait l’élection divine ou a-t-il contribué au succès ? Un récit fidèle à l’histoire – mais aussi palpitant qu’un roman – retrace au fil du temps son parcours tumultueux. Toute une époque revit, dans sa singularité. Quant au héros, il sort de l’aventure rebelle aux normes, mais pleinement homme et chargé de secrets. »
« Henri IV et la Providence », Simone Bertière, Editions de Fallois, 2020, 336 p.
Pascal🍄
26 octobre 2020 @ 08:24
La providence n’est peut être pas le ” tout est écrit ” de certains mais la façon dont nous accueillons des événements avec une attitude chrétienne, je dirais même plutôt avec l’aide du Saint Esprit , des Saints et des Anges aussi peut être .
Bien sur la providence a le dos large et on lui a fait endossé pas mal de chose mais je ne vois pas comment on pourrait concilier cette conception ’bateau ” avec le libre arbitre .
Pascal🍄
26 octobre 2020 @ 08:27
Et il en est aussi un peu de même selon moi dans la notion de ”monarque de droit divin”, ”droit” ne devrait peut être pas avoir en l’occurrence la signification qu’on lui prête vulgairement.
Esquiline
26 octobre 2020 @ 13:11
Providence, définition du Larousse
« Action par laquelle Dieu conduit les événements et les créatures vers la fin qu’il leur a assignée. »
Pour la distinguer du « fatum » les concepteurs du christianisme on introduit la subtile notion du libre arbitre qui effectivement est en contradiction avec la notion de destin. Si tout est écrit d’avance il faut accorder la liberté de choisir, contradiction indispensable pour justifier le mal qui ne peut être le dessein de Dieu.
Artistocrate
26 octobre 2020 @ 14:17
Les choses s’écrivent au fur et à mesure et peuvent aller dans un sens ou dans l’autre en fonction de l’attitude, de l’état d’esprit de la personne. Après coup, on peut croire à la prédestination en voyant comment une suite d’événements a priori fortuits se combinent pour arriver à un résultat particulièrement heureux ou extraordinaire. Mais il s’agit sûrement davantage d’une aide divine apportée tout au long du chemin, que d’un chemin fixe tracé à l’avance. La destinée seule ne peut rien s’il n’y a pas en l’homme la foi qui lui permet de s’accomplir.
Jean Pierre
26 octobre 2020 @ 16:29
Calvin a bien distingué entre providence et prédestination.
Alors, pour le fils de Jeanne d’Albret, je trouve que Bertière a bien choisi son titre.
Philibert
27 octobre 2020 @ 03:48
Pascal,
vous avez bien résumé la notion de providence.
Ceci dit, il serait difficile de voir la providence dans la main de Ravaillac…
Artistocrate
27 octobre 2020 @ 14:57
Sauf à considérer qu’Henri IV serait plus heureux au Ciel que sur Terre. Parmi ceux qui ont fait des expériences de mort imminente, nombreux sont ceux qui disent avoir hésité entre revenir ou partir tellement ils se sentaient bien dans l’au-delà. Au final, ils sont revenus pour leurs proches et parce qu’ils avaient le sentiment d’avoir encore des choses à faire dans notre monde, mais ils ne voient plus du tout la mort comme quelque chose à craindre, au contraire.
Leonor
26 octobre 2020 @ 09:08
La Providence …
Quel thème !
Quelques épisodes de l’histoire proche et passée peuvent amener à y croire.
Il se trouve que j’y crois, quel que soit le nom qu’on donne à cette force-là.
J’y crois, car sinon, je ne serais plus de ce monde depuis longtemps.
Mais tant d’autres fois, tant d’autres … Où était-elle, alors, la Providence ?
Peut-être ne gagne-t-elle pas toujours.
Il est d’autres forces que les forces du Bien.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Margot_la_folle#/media/Fichier:Mad_meg.jpg
Dulle Griet, Breughel l’Ancien
Pascal
26 octobre 2020 @ 12:22
» Il y a plus de choses sur Terre et dans le Ciel ,Horatio , qu’il n’en est contenu dans toute ta philosophie.
Namaste
26 octobre 2020 @ 17:03
Oh !!!!
Merci Pascal c’est une de mes « phrases cultes »….;
Je l’adore en anglais je me permets de l’écrire ici en VO (Shakespeare – Hamlet)
There are more things in heaven and earth, Horatio,
Than are dreamt of in your philosophy.
Pascal🍄
27 octobre 2020 @ 13:57
C’est aussi une de mes ”sentences” préférées, sans doute même La préférée.
En particulier pour tout ce qui concerne les questions plus ou moins ”scientifiques ” , dans le même ordre d’idée il y a aussi ”savoir qu’on ne sait pas est déjà quelque-chose ”.
Nos devanciers se devaient d’avoir la tête farcie de citations, latines ou autres , cela n’était déjà plus de mise pendant mes modestes études, et pourtant , quel résumé de sagesse et de réflexion elles constituaient !
Namaste
28 octobre 2020 @ 16:11
Dans le même genre, ma prof d’allemand au collège aimait bien dire « plus on en sait, moins on en sait ». Elle nous l’expliquait : plus on en sait, plus on se rend compte de l’étendu de savoirs qui existent, et plus on se rend compte que nos connaissances sont réduites par rapport à tout ce savoir ! ça m’est resté..
Mais cette phrase d’Hamlet est plus importante pour moi car elle parle de tout, science ou spiritualité, et elle est arrivée à plusieurs moments dans ma vie. Notamment dans « Conversations with God » de Neale Donald Walsch un livre de sagesse immense.
Namaste
28 octobre 2020 @ 16:12
PS Pascale est mon deuxième prénom :-)
Artistocrate
26 octobre 2020 @ 14:44
On peut aussi considérer que même le mal fait partie de la providence. On dit bien parfois « un mal pour un bien » lorsque quelque chose de mauvais a priori débouche sur un plus grand bien. Vous avez peut-être entendu parler de cette fable chinoise, qui nous viendrait de Lao-Tseu, sur un paysan à qui il arrive une suite de péripéties, dont l’apparence bonne ou mauvaise ne cesse de changer en fonction des événements suivants. Il reste toujours de marbre et en conclut que seul Dieu sait ce qui est vraiment bon ou mauvais. On pourrait aussi dire que rien n’est complètement bon ou mauvais en soi mais que c’est notre manière de recevoir les choses avec plus ou moins de détachement qui détermine pour nous si elles sont bonnes ou mauvaises.
Il existe de nombreuses versions de cette histoire sur internet, je vous envois la première que j’ai trouvée:
https://www.prendreconfiance.com/relativiser-pour-garder-confiance/
Jean Pierre
26 octobre 2020 @ 09:50
Simone Bertière est une personne exquise,toujours à l’écoute de ses lecteurs. Je devrais plutôt dire ses fans. Ses signatures attirent beaucoup de monde et pourtant elle prend le temps avec chacun. Je la voyais tous les ans à Blois, fidèle aux Rendez-Vous de l’Histoire, cette année elle n’est pas venue. Son grand age et la situation sanitaire ont sûrement eu raison de son souhait d’être là.
Elisabeth-Louise
26 octobre 2020 @ 14:00
C’est une merveilleuse historienne, empathique mais lucide et documentée de façon inégalable; l’une des meilleurs historiennes de notre époque; longue vie à elle !!!!
Nous avons tant besoin, là, de bons historiens……
val
26 octobre 2020 @ 11:58
Beaucoup de respect et d’admiration pour Madame Bertière . Livre acheté évidement Henri IV et Fontainebleau c’est une grande histoire d’Amour .
Un petit coucou pour Ciboulette !!!
ciboulette
26 octobre 2020 @ 14:53
Coucou reçu 5/5 , amie Val ! J’aime Henri IV , petit -neveu de François 1er ( petit-fils de sa soeur Marguerite ), quant à Fontainebleau , vous connaissez mon attachement pour ce château !
Teresa2424
26 octobre 2020 @ 14:59
Me interesa! GRACIAS REGINE
Paul
26 octobre 2020 @ 15:05
Hum encore un livre qui masque une part de la vérité.
Tout ce que Henri IV a obtenu est le fait de son prédécesseur Henri III (de Valois).
C’est Henri III qui a fait les réfomes qui ont servit H4. Henri III s’est sacrifié pour la France mais aussi pour les français qu’il aimait beaucoup.
Les Bourbon ont effacé la vraie histoire d’Henri III pour valoriser leur branche mais heureusement des historiens ont sorti Henri III des décombres de l’histoire de France pour montrer qu’il était bien le responsable des réformes dont a profité Henri IV (l’edit de Nantes est une presque copie de l’édit de Poitiers de 1577 fait pas Henri III).
Henri III est le seul roi de France à s’être autant soucié du sort des français. Si vous lisez la vraie histoire et non des romances s’inspirant de l’histoire, vous tomberez des nues en découvrant que nous avons eu en France, un des plus grands rois en tout, bien supérieur à Louis XIV, mais les français n’aiment que ce qui est superficiel: les châteaux, les parcs, les décorations.
L’action politique d’Henri IV fut passable, celle d’Henri III fut brillante alors qu’il avait toute les élites contre lui. Il a tenu et géré durant 15 ans un pays en guerre civile ou tout le monde s’entretuait pour des prétextes quelconques.
C’est quand tout est fichu que l’on voit la grandeur (ou la bassesse) d’un homme.
Souvennez-vous de Charles VII et Jeanne d’Arc, quand tout était fichu.
Henri III n’a jamais failli, il a tenu la France jusqu’à sa mort et a su léguer le pays à Henri IV, sans rechigner, parce qu’il savait que son devoir était de sauver la France.
A sa mort, Henri IV était plus détesté que n’importe quel roi. Il faut savoir qu’il avait multiplié certains impôts par 4…ce que Henri III n’avait pas osé faire.
Bambou
26 octobre 2020 @ 16:34
Simone Bertière qui intervient dans nombres d’émissions de Stéphane Berne, Secrets d’histoire.
Muscate-Valeska de Lisabé
26 octobre 2020 @ 18:16
Nous aimerons toujours Henri IV.
Vicky
26 octobre 2020 @ 18:24
J’ai adoré ses ouvrages sur les reines de France. Je sens que je vais me procurer celui-ci très vite.
Pistounette
27 octobre 2020 @ 07:32
Simone Bertière est très agréable à lire. J’ai dévoré toute la « série » qu’elle a écrite sur « Les Reines de France »
Robespierre
27 octobre 2020 @ 10:01
Moi je trouve providentiel, pour le futur Henri IV, que les quatre fils de Catherine de Medicis n’aient pas eu de descendance. C’est cela qui m’a toujours étonné.
PATRICIA
27 octobre 2020 @ 11:02
Voilà des commentaires qui relèvent de la philosophie qui ne prétend pas avoir toutes les réponses !
Joelle
27 octobre 2020 @ 19:10
Je suis ravie de retrouver Mme Bertière. Elle a l’art de rendre l’histoire vivante intéressante tout en faisons preuve d’érudition.
Le contraire d’Hélène Carrère d’Encausse qui rend tout sujet bien plat (comme disent les canadiens).
Ghislaine L - P- B
28 octobre 2020 @ 14:16
La Providence d’Henri IV a surtout été sa mère Jeanne d’Albret . Reine de Navarre .