Cette nouvelle génération qui prend le pouvoir a la tranquille arrogance de la jeunesse, mais Henri VIII se distingue de ses contemporains. Car le roi pénètre bientôt dans des territoires où aucun de ses prédécesseurs n’a jamais osé s’aventurer.
Si c’est un jeune roi pieux au cœur de l’Europe catholique qui monte sur le trône, c’est un prince schismatique, qui a créé une Église nationale et une nouvelle manière de régner, qui meurt en 1547.
Pendant ces trente ans, il aura fait sauter les unes après les autres de multiples digues séculaires : rupture avec la papauté ; exécution de sa seconde épouse, de son principal ministre, de son chancelier, d’un cardinal, de sa cinquième épouse ; tour de vis fiscal sans précédent ; suppression de tous les monastères du royaume ; confiscation de dizaines de palais, de châteaux et de demeures nobles.
Henri VIII est aussi le monarque anglais le plus célèbre parce que son histoire demeure l’une des meilleures que l’on puisse raconter. Tout y est. La violence et le sexe. L’amour et la haine. Le pouvoir et la démesure. L’amitié et la trahison. Le fils écrasé par son père ; le père écrasant ses enfants. Le casting, ensuite, est absolument exceptionnel. Si l’on s’arrête un instant sur le personnage principal, au moment où il monte sur le trône, force est de reconnaître que rarement un roi d’Angleterre aura à ce point incarné la royauté.
L’homme est un colosse de près d’un mètre quatre-vingt-dix. Il est jeune – il n’a pas encore 18 ans –, en bonne santé, beau et cultivé, riche et athlétique. Mais, progressivement, cette incarnation parfaite du prince de la Renaissance se mue en tyran sanguinaire ; de jeune premier, il se transforme en vieux-beau, puis en débris.
Les premiers rôles féminins n’ont rien à lui envier, qui, pour s’en limiter aux épouses, incarnent différents stéréotypes: la sainte, l’intrigante, la discrète, le laideron, l’allumeuse, le bas-bleu. Les seconds rôles masculins sont également remarquables, du flamboyant et indispensable Thomas Wolsey à l’impénétrable Thomas Cromwell, en passant par le veule et arrogant Thomas Howard ou Thomas More, l’inflexible et souriant martyr.
On se promène dans des châteaux tendus de tapisseries de fil d’or ; on poursuit des cerfs à bride abattue ; on voit des chevaliers en armure briser leurs lances en se percutant à pleine vitesse ; des hérétiques sont brûlés, puis écartelés, pendant que les plus brillants esprits du temps débattent sur la paix et l’harmonie ; le roi tente de réitérer les exploits d’Henri V en envahissant la France ; le peuple se soulève contre les réformes religieuses du souverain. Mais le règne est en même temps une tragédie intemporelle et universelle sur l’amour, la famille, la guerre, la liberté de l’esprit, et le pouvoir. Et dans cette histoire, tout st vrai ! ».
« Henri VII. la démesure au pouvoir », Cédric Michon, Perrin, 2022, 416 p.
Benoite
13 septembre 2022 @ 04:58
Quelle présentation de ce roi, que je savais avide, fou, belliqueux (ils le sont tous un peu à cette époque) et même de nos jours, un en particulier qui n’est pas roi.
416 pages pour ce beau livre, qui doit quand même être lu pas à pas.. Pour digérer si je puis dire ainsi, toutes ces « tares »
un petit « hic » ici, dans les titres, on reconnait le Barbe Bleu de ses épouses, et ce roi dément… il est Henri VIII tristement célèbre, et le titre est Henri VII (il manque une barre) ??
Leonor
13 septembre 2022 @ 10:20
Henri 8. Huit. H comme Hubris.
Bambou
13 septembre 2022 @ 06:13
Vieux beau, débris…..😂😂😂 de qui parle t’on ? Ça me rappelle quelqu’un…mais qui 😂😂😂 ? Ah oui, j’ai trouvé, mais chut, discrétion…🤣
Blague mise à part, encore un livre sur Henri VIII. Que peut on encore apprendre de nouveau ? Pas grand chose je suppose.
Robespierre
13 septembre 2022 @ 06:59
Très bonne présentation. Ce roi avait tout pour lui au début et apres je ne sais quel turning point est devenu un monstre.
J’ai lu le livre d’ Antonia Fraser mais pour ceux qui ne l’ont pas lu je recommanderais celui ci.
Il avait vraiment tous les défauts à la fin : il était vénal, vindicatif, sanguinaire et mesquin. Mais les histoires de saints personnages sont toujours ennuyeuses.
Caroline
13 septembre 2022 @ 08:01
Un livre fort intéressant, mais assez effrayant à lire, de préférence durant la journée !
Jean Pierre
13 septembre 2022 @ 08:11
Cette manie de toujours vouloir se marier.
Leonor
13 septembre 2022 @ 10:22
😅😅 😊😘 ! D’accord avec vous, Jean Pierre !
Merci pour le fou rire du matin !
Gatienne
13 septembre 2022 @ 13:57
Allez, on poursuit en chanson pour une petite révision des fondamentaux !
https://horriblehistoriestv.wixsite.com/horriblehistoriestv/song-divorced-beheaded-died
Robespierre
13 septembre 2022 @ 13:03
C’était un grand sentimental.
Leonor
14 septembre 2022 @ 11:03
Gatienne and Robespierre , merci ! 😅
particule
13 septembre 2022 @ 16:13
Jean Pierre … elles en étaient folles à en perdre la tête ! Merci pour votre à-propos
Beque
13 septembre 2022 @ 22:53
Henri n’ayant encore que douze ans avait été fiancé à Catherine d’Aragon, veuve de son frère aîné, Arthur prince de Galles mort en 1502, après quelques mois de mariage. Ce monarque (Henri VII), naturellement avare (…) craignait encore que la princesse en se remariant ne portât à un nouvel époux la jouissance du tiers des revenus de la principauté de Galles et du duché de Cornouailles qui lui avait été assigné pour son douaire (…) Il (Henri VIII) l’épousa le 7 juin 1509 et la fit couronner après une pompe extraordinaire. Il voyait les principales puissances du continent rechercher son alliance (…) Il jura particulièrement à Louis XII, roi de France, paix et amitié pour tout le temps de sa vie (…) Les tournois, les danses, les festins qui se succédaient tous les jours eurent bientôt dissipé les richesses amassées par Henri VII (…) Le pape Jules II lui envoya une rose d’or, ointe de saint-chrême et parfumée de musc (…) Il (Henri VIII) écrivit de sa main une longue lettre à l’empereur (Charles Quint) pour lui demander la délivrance de son auguste prisonnier (François 1er), à des conditions équitables (… ) François 1er en fut sensiblement touché.
(biographie universelle de Michaud, volume 20)
Framboiz07
14 septembre 2022 @ 00:24
Il a laissé au monde Elizabeth 1ère (et Mary Tudor )plus un fils , mais Elizabeth , c’est la 1ère ère élizabéthaine …