Les éditions Lacurne sont spécialisées dans la (re)publication des mémoires d’altesses et de membres de la noblesse. Ce sont les mémoires de l’infante Eulalie (1864-1958) initialement parus en 1935, qui nous replongent dans la vie de la Cour royale espagnole mais aussi dans celles des autres monarchies européennes.
Eulalie de Bourbon voit le jour au Palais royal de Madrid le 12 février 1864. Elle est le 8ème des 9 enfants de la reine Isabelle II et du roi François, ce dernier n’est en fait pas le père de toute cette progéniture, étant considéré comme impuissant.
L’infante n’a que 4 ans lorsque la famille royale prend le chemin de l’exil et s’installe à Paris au Palais dit de Castille avenue Kléber (aujourd’hui détruit).
Ce n’est qu’en 1874 suite à l’abdication de sa mère en faveur de son frère Alphonse XII qu’elle rentre au pays. Le gouvernement ne permet pas dans un premier temps que le roi soit entouré des siens. Ils vivent donc à Séville.
Alphonse XII décède à l’âge de 27 ans en 1885. Veuf éploré d’une cousine Maria de las Mercedes en 1878, il s’est remarié pour la raison d’Etat avec l’archiduchesse Marie Christine d’Autriche qui est à ce moment-là enceinte du futur Alphonse XIII.
Pour aplanir les dissensions familiales qui avaient conduit au premier exil avec la fronde menée par l’infante Louise-Fernande (sœur d’Isabelle II) et son époux le duc de Montpensier, il est décidé que l’infante Eulalie épousera son cousin Antoine d’Orléans, duc de Galliera. L’imposant Palais Galliera à Paris est aujourd’hui le siège du Musée de la mode.
Les mariés n’ayant strictement rien en commun, l’union fut d’emblée malheureuse pour Eulalie. Comme elle l’écrit : « J’ai vécu entre deux siècles et n’ai jamais compris auquel des deux j’appartenais, entre les racines absolutistes d’une Espagne ancrée dans le passé et les vents révolutionnaires qui ont changé la face de l’Europe. Mon histoire est l’histoire de ma famille et celle des terres qui m’ont donné refuge. Je suis née infante d’Espagne. J’ai été la fille d‘une reine, la sœur et la tante d’un roi. J’ai grandi loin, en exil. A Paris en français, je suis devenue adulte. J’ai épousé celui que mon statut de princesse exigeait ».
Le couple eut deux fils : Alphonse (1886-1975) marié à la princesse Beatrice de Saxe-Cobourg, fille du prince Alfred, duc d’Edimbourg et Louis-Ferdinand (1888-1945) marié à Marie Say.
La séparation intervient en 1890. Ce n’est qu’au terme d’un long bras de fer qui se déroula pendant 18 mois devant les tribunaux espagnols que l’infante put récupérer sa dot.
Si Eulalie fut malheureuse en ménage, elle profita des joies que lui offrait sa vie d’altesse. Elle est subjuguée par le charme du château de Chantilly où elle se rend en lune de miel pour faire connaissance avec la famille de son époux.
Elle entretient des liens d’amitié avec le Kaiser Guillaume qu’elle revit lors de son exil aux Pays-Bas à Doorn où il vécut de 1918 à 1941, l’évoquant avec grande tendresse.
Elle est aussi présente en 1897 au Jubilé de règne de la reine Victoria, côtoie le prince Albert I de Monaco dit le prince explorateur.
En 1904, elle répond à l’invitation du tsar Nicolas II et visite la Russie. Elle dépeint une vie de famille bourgeoise des Romanov contrastant avec l’étiquette de la Cour et la splendeur des palais.
Elle relate ses visites à la Cour royale de Belgique. Le roi Léopold II était en effet le neveu de son beau-père le duc de Montpensier. Ce dernier avait une grande admiration pour le roi des Belges. «La prédilection de mon beau-père pour le roi des Belges, ajoutée au charme personnel de mon cousin, me le rendirent très sympathique. Il était de ces hommes dont la conversation variée et toujours agréable est en même temps instructive. Il avait la finesse d’intelligence et de jugement des Orléans, jointe à des qualités d’homme du monde qui l’auraient fait apprécier dans n’importe quel salon, à défaut de son titre royal. Il possédait en outre un véritable génie des affaires, des dons remarquables d’administrateur, et son œuvre consista surtout à administrer le pays au point de vue financier. »
Eulalie le revit une dernière fois en 1907, deux ans avant sa mort. Il avait alors beaucoup changé, se tracassait pour la paix en Europe et portait encore plus douloureusement que jamais le deuil de son fils le prince Léopold mort à l’âge de 10 ans en 1869.
L’infante brosse avec grande finesse la vie derrière les enceintes des palais mais aussi son ressenti de la rue, lors de ses visites aux Cours d’Italie, de Bulgarie, de Portugal, de Russie et de Prusse.
Son séjour à Lisbonne alors que la monarchie en tient plus qu’à un fil, ses retrouvailles avec l’impératrice Maria Feodorovna de Russie exilée au Danemark, l’assassinat de l‘archiduc François Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, la déclaration de guerre en 1914,…
Des mondes royaux aujourd’hui engloutis.
En 1912, cette fine plume publie un ouvrage intitulé « Au fil de la vie » sous le pseudonyme de comtesse d’Avila. Elle aborde les questions politiques et sociales dont la condition des femmes. Cela crée un énorme scandale en Espagne où elle est traitée de républicaine. Son neveu le roi Alphonse XIII est contraint de lui demander de s’exiler…Ils se réconcilieront plus tard.
Les mémoires s’achèvent après la chute de la monarchie en 1931. Le roi Alphonse XIII mourut en exil à Rome en 1941. Commence alors pour l’infante Eulalie ce qu’elle appelle un « long hiver ».
Elle put retourner en Espagne. Son arrière-petit-fils Alvaro d’Orléans-Bourbon est l’un des plus proches amis du roi Juan Carlos d’Espagne. Il a épousé en premières noces Giovanna San Martino d’Agliè dei Marchesi di San Germano, nièce de la reine Paola.
L’infante s’éteignit en 1958 à Irun au Pays basque. Elle repose au panthéon des infants au Monastère royal de l’Escurial.
« Infante Eulalie de Bourbon, Souvenirs d’Espagne et d’Europe », édition établie par Jacques Brunel, Éditions Lacurne 2023, 336 pages
Régine ⋅ Actualité 2023, Espagne, France, Livres 32 Comments
Robespierre
25 mai 2023 @ 05:43
Tous les mémoires sont intéressants. L’auteur raconte le fonctionnement des cours européennes de l’époque et donne son ressenti à l’égard des souverains qu’elle a rencontrés. Toutefois son admiration pour le sympathique Guillaume II me refroidit à son égard. Elle va donc le voir à Doorn et fait l’impasse sur toute la guerre 14-18 qu’il provoqua. On est entre gens du monde, et qu’importent les guerres, nous sommes tous de la même famille, semble-t-elle dire entre les lignes.
Jean Pierre
25 mai 2023 @ 10:11
Elle avait également beaucoup d’admiration pour Salazar.
Patrick JACQUES
25 mai 2023 @ 16:51
Comme si Guillaume II était l’unique responsable du conflit. Et les Serbes, les russes, les austro-hongrois, les français ! Il n’y a guère que les Britanniques et a fortiori les Belges qui n’y sont pour rien.
Pelikan
29 mai 2023 @ 18:34
Les Britanniques … est-ce si sûr ?
Arielle de T
25 mai 2023 @ 06:02
Non, le Palais Galliera en question est l’actuel Hotel de Matignon dans le VIIème (résidence du Premier Ministre), le Palais Galliera dans le XVIème (musée de la mode) n’a jamais été conçu pour être une habitation.
Passiflore
25 mai 2023 @ 11:14
Marie de Brignole-Sales, duchesse de Galliera (1811-1888) est née à Gênes. Elle vivait au premier étage du palais Matignon et abritait grâcieusement, au rez-de-chaussée, la famille d’Orléans. C’était une philantrope. Elle fonda plusieurs orphelinats et hôpitaux. De 1878 à 1888, elle fit construire par Paul Ginain un palais de style Renaissance italienne destiné à abriter sa collection, qu’elle souhaitait léguer à l’État français. Ce palais n’abrita pas sa collection mais est, depuis 1977, le Musée Brignole-Galliera ou Musée de la mode de la ville de Paris. Elle finança aussi l’hôtel particulier du futur Institut d’Etudes Politiques de la rue Saint-Guillaume.
Erato deux
25 mai 2023 @ 06:44
Une vie entre deux siècles.
Merci pour l’ information sur cet ouvrage , j’ aime les biographies historiques .
Jean Pierre
25 mai 2023 @ 07:00
J’avais trouvé ces mémoires chez un bouquiniste il y a bien des années.
J’en retiens surtout une liberté de ton assez inhabituelle chez une infante, plus que le style. Un certain côté visionnaire aussi en particulier sur la perte inéluctable des dernières colonies espagnoles (voyage à Cuba), perte pour laquelle elle n’éprouve aucun ressentiment.
Au fond, elle a aussi sa place dans cette fameuse « Génération de 98 ».
Nicolette
25 mai 2023 @ 07:26
Sauf erreur de ma part, le palais Galliera de Paris a étė construit par Marie Brignole Sale de Ferrari duchesse Galliera, une noble génoise.
Perlaine
25 mai 2023 @ 07:30
Si j’en juge par les extraits cités dans l’article ce livre doit être un véritable régal .
Mon Dieu voilà qui va faire réagir dans le cercle de NR
« Il avait la finesse d’intelligence et de jugement des Orléans » !
Marie-Caroline de Bretagne
25 mai 2023 @ 08:26
Un personnage haut en couleurs mais pas seulement.
Très envie de lire les souvenirs de l’infante.
Passiflore
25 mai 2023 @ 08:33
L’infante Eulalie, dans l’édition de ses mémoires de 1935, fait allusion à la loi d’exil promulguée le 22 juin 1886 à la suite de la réception fastueuse organisée, le 14 mai, à l’hôtel de Matignon pour les fiançailles d’Amélie avec Charles de Portugal. En l’honneur de sa fille Louis-Philippe organisa une grande réception à laquelle tout le faubourg Saint-Germain assista, sans dissimuler aucunement ses traditionnels sentiments royalistes. Cette manifestation fut si nettement antirépublicaine que le gouvernement s’en préoccupa sérieusement (…) Le gouvernement pria le prétendant de sortir du territoire français (…) Aumale ferma donc Chantilly, le duc de Nemours son palais de Paris qu’il devait plus tard vendre à Rothschild, le prince de Joinville sa petite résidence des environs de Paris et nous nous disposâmes tous à quitter Paris (…) Pour accompagner le prétendant, les ducs de Broglie, Audiffret-Pasquier, Vendôme, Luynes, Grammont, Decazes s’embarquèrent avec nous (…) La reine Victoria facilita d’ailleurs beaucoup nos recherches par son aide et ses conseils. Le duc de Nemours s’installa le premier à Bushey Park. Le duc d’Aumale loua un hôtel à Victoria Gate, près de Hyde Park. Mon beau-père, Joinville et Clémentine s’installèrent provisoirement avec nous à l’hôtel car nous ne devions pas rester longtemps à Londres (…) Aussitôt la cour installée à Sheen House, il fut convenu que nous irions saluer la reine Victoria au Palais de Windsor.
Passiflore
25 mai 2023 @ 19:51
Philippe d’Orléans, comte de Paris (1838-1894) avait comme prénoms : Louis-Philippe-Albert.
Passiflore
25 mai 2023 @ 09:01
Pardon, j’ai oublié les guillemets qui partent de « En l’honneur de sa fille… » jusqu’à la fin, mais tout le monde avait compris !
kalistéa
25 mai 2023 @ 09:39
Aux Rogations , on prie sainte Eulalie pour qu’elle fasse pleuvoir sur la luzerne: Je suppose qu’en ce moment , elle est très sollicitée .(hors sujet : pardon.)
Passiflore
26 mai 2023 @ 12:33
Chère Kalistea, Sainte Eulalie, morte en 304, est la patronne de Barcelone. Agée seulement de 12 ans, choquée par les souffrances infligées aux chrétiens, elle s’en plaignit au gouverneur qui la fit arrêter et brûler vive.
kalistéa
29 mai 2023 @ 09:06
Je ne connaissais pas ces détails , merci Passiflore . Mais cela m’étonnerait fort que Barcelonne n’ait que cette patronne , n’y en a t il pas un autre?
Aldona
25 mai 2023 @ 10:46
Elle a eu une vie dans un moment mouvementé dans l’histoire de l’Europe, je me perds un peu dans l’histoire de l’Espagne ne connaissant pas.
Katellen
25 mai 2023 @ 11:29
Une des sœurs de ma grand-mère portait ce joli prénom de Eulalie. Prénom qui n’est plus porté aujourd’hui ou alors par le biais du diminutif Lalie.
Joelle Iemma
25 mai 2023 @ 12:20
Très intéressant ! Merci.
Roxane
25 mai 2023 @ 14:35
Un très beau prénom.
Mayg
25 mai 2023 @ 15:02
Intéressant.
Lady Chatturlante
25 mai 2023 @ 17:56
Le roi consort était-il vraiment impuissant ou ne s’agit-il que de rumeurs médisantes visant à discréditer la famille royale espagnole ? L’infante Eulalie a-t-elle écrit que son père « putatif » avait un dysfonctionnement érectile ?
Olivier Kell
26 mai 2023 @ 10:31
Il souffrait d’hypospadias
Frederic
26 mai 2023 @ 04:43
Ces mémoires promettent d être intéressantes, j avais éprouvé le même plaisir à lire celle du duc de windsor ancien roi Édouard VIII , nous avons un instantané des cours royales ou d un mode de vie disparue
Passiflore
26 mai 2023 @ 18:01
L’infante Eulalie a eu trois enfants dont Louis-Ferdinand d’Orléans. Celui-ci a épousé, à 42 ans, à Londres, en 1930, la célèbre princesse Amédée de Broglie (née Marie Say de la dynastie sucrière), veuve de 73 ans. Elle avait enchanté, avec son mari, entre 1875 et 1890, le château de Chaumont (vendu à l’Etat en 1938) par ses fêtes somptueuses.
Robespierre
28 mai 2023 @ 10:35
Donc mariage d’un homme de 42 ans avec une fiancée qui a 31 ans de plus que lui.
La dame était riche et bien titrée grâce à une précédente union, quel avantage avait-elle à se remarier avec cet homme encore célibataire à 42 ans ? Ce monsieur aimait-il les dames? J’en doute. Mais l’argent , lui il devait l’aimer. Et être proprietaire du château de Chaumont ça devait être sympa.
Passiflore
29 mai 2023 @ 07:57
Je n’ai pas de réponses à vos questions. Chaumont n’est plus ce qu’il était en dehors de ses remarquables jardins. Pringuié a écrit « 30 ans de dîners en ville », réédité (comme les Souvenirs de l’Infante Eulalie) par les éditions Lacurne. Il consacre une vingtaine de pages à la princesse Amédée de Broglie, surtout sa vie – éblouissante – à Chaumont. Le catalogue de l’aimable éditeur pourrait vous intéresser.
kalistéa
29 mai 2023 @ 09:12
Roby , j’ai lu dans les mémoires du duc de Brissac que Marie Say avait acheté Chaumont « avec ses économies de jeune fille » , en vue de son futur mariage.
Passiflore
29 mai 2023 @ 21:17
Chère Kalistea, orpheline à 14 ans en 1871, Marie Say hérite de l’immense fortune de son grand-père, Louis Say. A 17 ans, elle éprouve un coup de foudre pour le château de Chaumont-sur-Loire et l’acquiert, le 17 mars 1875, avec « ses économies de jeune fille », en effet, avant d’épouser, le 8 juin, Amédée de Broglie. Marie possède aussi un hôtel particulier au 10 de la rue de Solferino, à Paris. Elle reçoit Marcel Proust, Léon Daudet, Jean Cocteau, Sarah Bernhardt, Francis Poulenc, Robert de Montesquiou, Boni de Castellane, Edmond de Polignac et Winnaretta Xinger. A Chaumont étaient aussi invités Edouard VII, Don Carlos du Portugal, Charles 1er de Roumanie et plusieurs maharadjas.
Quand on voit le château de Chaumont situé en hauteur et son immense parc, on se demande comment s’agençait le village : des maisons vétustes avaient été démolies et leurs habitants relogés, et la vieille église et le cimetière reconstruits un peu plus loin.
Le second époux de Marie Say, par ses excès, dilapida sa fortune. Elle finit ses jours, quasi-ruinée, dans son appartement parisien, rue de Grenelle, le 15 juillet 1943, à 86 ans.
Robespierre
30 mai 2023 @ 12:46
Marie Say pensait-elle que le quadragénaire l’avait épousée pour ses beaux yeux à 73 ans ? Et si elle ne lui a pas tenu les cordons de la bourse, c’est qu’il avait de bons arguments.
Hervé J. VOLTO
26 mai 2023 @ 23:21
Eulalie de Bourbon (de son nom complet en espagnol, María Eulalia Francisca de Asís Margarita Roberta Isabel Francisca de Paula Cristina María de la Piedad de Borbón y Borbón), née le 12 février 1864 à Madrid et morte le 8 mars 1958 à Irun, est est la fille de la reine Isabelle II et de son époux et cousin germain le roi consort François d’Assise de Bourbon.
Infante d’Espagne et duchesse de Galliera., elle se fait connaître par ses talents littéraires.
Le 13 mai 1868 sa sœur aînée épouse le prince Gaëtan de Bourbon-Siciles, comte d’Agrigente. Le 30 septembre suivant, après le coup d’État du général Juan Prim, la famille royale espagnole quitte l’Espagne et s’installe à Paris, où ses membres fréquentent la cour de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie, elle-même d’origine espagnole.
Le 6 mars 1886, la princesse épouse à Madrid son cousin germain l’infant espagnol Antoine d’Orléans (1866-1930), duc de Galliera, fils du prince français Antoine d’Orléans, duc de Montpensier, et de son épouse l’infante espagnole Louise Fernande de Bourbon (1832-1897) sœur cadette de la reine Isabelle II.
Trois enfants naissent de leur union :
1. Alphonse (1886-1975), infant d’Espagne et duc de Galliera, qui épouse en 1909 la princesse Béatrice d’Édimbourg et de Saxe-Cobourg et Gotha (1884-1966), d’où trois enfants ;
2. Louis-Ferdinand (1888-1945), infant d’Espagne et prince de Galliera, qui épouse en 1930 Marie Say (1857-1943), veuve du prince Amédée de Broglie, fils d’Albert de Broglie, sans postérité ;
3. Roberte (1890), infante d’Espagne et princesse de Galliera, morte en bas âge.
Très politique, l’union conforte la réconciliation des Bourbons d’Espagne et des Orléans. Mais, pour l’infante, le mariage est rapidement un fiasco car son époux se montre immature, la trompe sans vergogne et dilapide la fortune familiale alors qu’elle-même est une jeune femme cultivée, libérale et féministe. Après quelques années de vie commune, le couple finit d’ailleurs par se séparer, ce qui ne va pas sans causer un énorme scandale dans la très conservatrice Espagne de cette époque.
En 1912, l’infante Eulalie publie son premier ouvrage sous le pseudonyme de « comtesse d’Avila ». Le livre, qui exprime les pensées de l’infante en matière d’éducation, de situation des femmes, d’égalité de classes, de socialisme, de religion, de mariage, de préjugés et de traditions, est interdit par son neveu, le roi Alphonse XIII. Mais, en dépit des controverses que provoque son attitude libérale, Eulalie reste en contact avec sa famille et continue toute sa vie d’être reçue par les familles princières européennes.
Elle passe ses dernières années dans une maison d’Irun, au Pays basque, où elle meurt en 1958. Elle est inhumée dans le panthéon des Infants du monastère de l’Escurial.