Aux yeux de Louis XI, il fallait que la Bourgogne tombe pour que la monarchie poursuive son œuvre d’unification. C’est dans les marais aux alentours de Nancy que le rêve d’empire du Téméraire est terrassé par une coalition hétéroclite de Lorrains, de Suisses et d’Alsaciens, qu’il menaçait de faire disparaître. Sa mort allait sidérer la chrétienté. Elle aura fait non seulement la France, mais l’Europe : elle consacre la prééminence française et fait émerger une nouvelle puissance rivale, celle des Habsbourg.
En reconstituant cette bataille célèbre, l’auteur met en lumière la brutalité indicible des combats, le traitement impitoyable des vaincus, les effrois, les peurs, la panique, la résilience, surtout, qui allait décider du sort des armes.
C’est toute une mutation de l’art de la guerre à l’automne du Moyen Âge qui se dessine au fil des page : le poids décisif de l’infanterie, l’usage accru des armes à feu, la contribution du renseignement à la conception de stratégies militaires de plus en plus élaborées.
La France mettra longtemps à cueillir tous les fruits de la victoire de Nancy : si elle s’empare sans coup férir du duché de Bourgogne, elle voit lui échapper les autres possessions du Téméraire.
Mais la mort de ce redoutable vassal a une autre portée encore : elle signe le crépuscule des grands féodaux. Une ère nouvelle commence, lui ouvre la voie à l’essor de la monarchie absolue ».
« La mort de Charles le Téméraire », Jean-Baptise Santamaria, Gallimard, 2023, 368 p.
Charlotte (de Brie)
25 octobre 2023 @ 06:55
Sa mort est certaine, l’authentification de son corps l’est moins.
Dévoré en partie par les loups, reconnu grâce à une bague et une cicatrice à la gorge, je crois, les restes en question furent inhumés d’abord à Nancy, puis sur ordre de Charles Quint transférés à Bruges près de sa fille Marie .
https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/10504-tombeau-de-charles-le-temeraire-a-bruges?offset=7
Victor Hugo de passage à Bruges en 1837 fait une description précise des tombeaux de Charles et Marie dans le tome II de « Voyages ».
Gab-Pnth
26 octobre 2023 @ 09:23
Effectivement, l’authentification de la dépouille de Charles le Téméraire est sujette à caution. L’état dans lequel elle a été retrouvée ne permettait pas de reconnaître le prince formellement. Toutefois, les témoignages de ses hommes, l’ayant vu pour la dernière fois à proximité et authentifiant la bague, ainsi que les vêtements portés par la dépouille, donnent un faisceau d’éléments confirmant qu’il s’agit du dernier duc de Bourgogne.
Si l’on va dans ce sens, beaucoup de dépouilles princières sont ombragées d’une reconnaissance bancale. C’est aussi cela qui fait le croustillant de l’histoire.
kalistéa
25 octobre 2023 @ 09:07
Son cadavre passa la nuit dans la neige et lorsqu’on le trouva au matin , il avait été dévoré par les loups: On le reconnut à la bague avec un rubis qui était à son doigt .
Aramis
25 octobre 2023 @ 09:17
Voilà le genre de livre sérieux dans une excellente collection. A mille lieux des « les plus belles reines de France » « les reines inconnues de France » « les reines répudiées de France » « les reines trompées de France » « les reines emprisonnées » « les reines pin up de mode comme la duchesse d’Anjou »😉 etc. Etc. Et toutes ces séries de compilations d’articles d’Historia multipliables à l’infini …
Anne R.
26 octobre 2023 @ 08:17
on peut faire une exception pour les livres de Simone Bertiere ( si vous voulez bien)
Gab-Pnth
25 octobre 2023 @ 09:21
Charles était un péril pour Louis XI en tant qu’unité humaine, beaucoup moins pour le Royaume de France en tant qu’unité géographique ; s’il avait survécu à la bataille de Nancy, le Téméraire aurait conquis le trône de France, certainement à la faveur de la succession de l’Universelle Aragne. Charles le Hardi n’aurait jamais vaincu Louis XI mais il se serait joué de Charles VIII. L’histoire aurait pu installer un Habsbourg sur le trône de France…
L’histoire du dernier duc de Bourgogne nous rappelle combien les trônes du XVe siècle étaient fragiles, à commencer par le siège français. C’est souvent oublié. Des livres fouillés sont donc nécessaires à la vraie compréhension de toute la substance de l’épopée valoisienne, de ses princes et des hommes qui les ont épaulés.
Je porte et porterai un grand intérêt à ce livre !
Marie-Caroline de Bretagne
25 octobre 2023 @ 09:22
Autre livre très intéressant sur l’histoire des ducs de Bourgogne :
« Les Téméraires – quand la Bourgogne défiait l’Europe » grande fresque de Bart Van Loo, rééditée ces temps-ci en format de poche dans la collection Champs des éditions Flammarion.
DEB
26 octobre 2023 @ 08:10
Effectivement. Livre d’un conteur très documenté.
J’ai entendu dire qu’il écrit un livre sur Napoléon .
Carolibri
26 octobre 2023 @ 09:49
Excellent ouvrage très bien écrit et documenté, effectivement
Leonor
25 octobre 2023 @ 09:26
Bon, le Téméraire est mort lors d’une bataille pour Nancy, est resté là le nez dans l’eau, et s’est fait bouffer par les loups. Ca, on le savait, on nous l’a ressassé à l’école ( la grandiose élaboration de la France unique et indivisible et uniforme …) , et c’est assez imagé et impressionnant pour qu’on s’en souvienne.
Quid de ce livre ? Je ne connaissais pas ce J.B. Santamaria; mais, enquête faite, ça pourrait bien être du sérieux.
Bien que le sur-titre m’agace sérieusement : » Les journées qui ont fait la France ». Ouais. C’est bien ce que je disais.
Aramis
26 octobre 2023 @ 08:53
Les journées qui ont fait la France sont une remarquable collection du plus grand sérieux historique universitaire
Jean Pierre
25 octobre 2023 @ 09:28
On voit sa tombe à Bruges à côté de celle de sa fille.
Pascal Hervé
25 octobre 2023 @ 10:22
C’est à l’issue de cette bataille que le diamant ”Le Florentin” changea de main .
Un diamant à l’histoire aussi riche que mystérieuse et qui mériterait d’être racontée.
Alerion
25 octobre 2023 @ 21:02
Vu de Nancy, c’est surtout la victoire de René II qui commence le début de l’âge d’or du duché de Lorraine, période faste qui s’achèvera avec la guerre de Trente ans et ses ravages.
Le Téméraire repose aujourd’hui à Bruges mais son vainqueur le fit à l’origine inhumer dans un magnifique tombeau en la collégiale St-Georges de Nancy. Si le sujet vous intéresse, vous trouverez une étude sur : http://palaisducalnancy.canalblog.com/archives/2019/07/22/37515427.html
Hervé J. VOLTO
25 octobre 2023 @ 22:34
Ses ambitions démesurées se heurteront à de nombreuses oppositions en Europe. À la fin de son règne, les guerres de Bourgogne le confrontent aux Confédérés suisses, aux Lorrains et aux Alsaciens. Cette coalition, financièrement soutenue par Louis XI, finit par avoir raison de lui à la bataille de Nancy du 5 janvier 1477, lors de laquelle il est tué.
Il laisse derrière lui une fille unique, Marie, qui, afin de faire face aux prétentions du roi de France, épouse l’archiduc Maximilien d’Autriche, première étape de la rivalité centenaire entre la France et les Habsbourg.
Leonor
26 octobre 2023 @ 12:17
Vos recopiages sont lassants, Hervé J. Volto.
Anne R.
26 octobre 2023 @ 08:20
Dans les livres « fouillés » on peut citer le magnifique » Les grands Ducs de Bourgogne » de Joseph Calmette. Je ne sais pas si on le trouve encore.
PataClems
28 octobre 2023 @ 12:23
Oui. Il se trouve encore en seconde main.
Pastelin
26 octobre 2023 @ 09:35
« Les journées qui ont fait la France » est une collection de Gallimard assez ancienne. L ‘esprit qui a présidé à sa naissance a accouché de bouquins passionnants, érudits, en tout cas pour ceux que j’ai lus, loin de toutes hagiographies, vraiment. Les épisodes choisis montrent comment la
construction d’un État au cours de l’histoire peut tenir parfois à un cheveu.
Ca fait longtemps que je ne la suis plus. J’étais même pas sûr qu’elle continuait en fait !
Florence Bouchy-Picon
26 octobre 2023 @ 18:41
J’ai toujours eu une grande admiration pour ces ducs de Bourgogne qui avaient su créer une civilisation unique, à part. Charles le Téméraire est un personnage quasi shakespearien..
Sarita
26 octobre 2023 @ 21:28
Si vous vous promenez dans le Nancy médiéval (un très beau quartier), n’oubliez pas de vous arrêtez devant le 30 de la Grande Rue. Une sorte de mosaïque indique où son corps a été retrouvé. Petite, c’est un lieu qui m’impressionnait beaucoup (les loups !)
Alérion
27 octobre 2023 @ 21:51
C’est également un endroit qui m’a marqué dès l’enfance. Si je peux cependant me permettre une rectification, le Téméraire a été retrouvé à l’emplacement actuel de la place de la croix de Bourgogne. C’était bien en dehors de la ville en 1477. Lorsqu’on le retrouva, son corps fut ramené à l’intérieur des remparts et déposé une maison bourgeoise pour les soins funéraires. Le palais ducal était alors inhabitable à cause des trois sièges successifs connus par la ville (bombardements par l’artillerie bourguignonne, toiture utilisée comme bois de chauffage). René lui-même dû loger dans la maison d’un riche particulier. Aujourd’hui, les édifices ont changé mais le souvenir de l’emplacement au 30 Grande Rue est resté. Il est signalisé à la fois par le pavage « 1477 » avec une croix de Lorraine et par une plaque murale. Quand au lieu on on trouva le corps, René y fit édifier une croix commémorative. Plusieurs monuments se succédèrent jusqu’à celui actuel que nous devons à Victor Prouvé et qui date de 1928.