Qu’auraient-ils fait s’ils avaient dû personnellement se prononcer sur le cas de Louis XVI ? Jugeable ? Pas jugeable ? Et la mort, l’auraient-ils votée ?
Olivier Bétourné place le lecteur d’aujourd’hui en situation de se déterminer. Mais en l’invitant à entendre les arguments les plus contradictoires, il le conduit aussi à se confronter à un terrible dilemme : comment assumer la répulsion que nous inspire la mise à mort du roi déchu sans renoncer à comprendre la logique qui le conduit à l’échafaud ?
Au plus près des acteurs du drame, le récit révèle la profondeur du conflit de légitimité qui hante la Convention et mine le souverain détrôné. Droit divin ou souveraineté du peuple ? Monarchie ou République ?
À chaque instant de sa vie de reclus, le roi puise dans un environnement hostile des motifs d’espérer ou des raisons de renoncer. Il lutte, résiste, s’effondre, reprend espoir et finit par se ranger à l’avis des trois avocats qui l’entourent et ont entrepris de plaider l’innocence au nom des droits que lui confère la Constitution. Peine perdue. Pas plus qu’il ne saurait être jugé comme monarque absolu, Louis XVI ne saurait l’être comme roi constitutionnel puisque la monarchie n’est plus, et pas davantage comme citoyen ordinaire puisqu’il ne l’est pas.
Fondé sur des sources de première main, La Mort du Roi donne vie, dans un va-et-vient permanent entre la prison du Temple et la Convention, aux lignes de force qui conduisent à la mort et font de la France une nation à nulle autre pareille ».
« La mort du Roi. Louis XVI devant ses juges et face à l’Histoire », Olivier Bétourné, Seuil, 2024, 320 p.
MB
7 octobre 2024 @ 04:52
Je doute que les Français soient si ‘nombreux’ à réfléchir sur le sort de Louis XVI, mais bon, mettons cette formule toute faite sur le compte des éditeurs…
Louis Capet a principalement été jugé – et condamné – pour intelligence avec l’ennemi, sur la base malheureusement irréfutable de sa correspondance et d’autres documents manuscrits découverts dans la fameuse armoire de fer. Clairement, le roi déchu a souhaité la victoire des troupes autrichiennes et donc, la défaite des armées révolutionnaires, dans le but de récupérer son trône. Or, les révolutionnaires étaient des Français, qu’on le veuille ou non.
Déjà, sa position ambigüe sur le question de la Constitution civile du clergé avait entamé la confiance de la Convention : bien qu’ayant promulgué le décret en juillet 1790, contraint par le rapport de force politique, il ne cachait pas son aversion pour le clergé ‘jureur’ et lui préférait le clergé ‘réfractaire’…ce qui revenait à encourager le schisme et la guerre civile. C’est pour cette raison qu’il fut empêché de quitter les Tuileries en mars 1791 pour aller célébrer Pâques au château de Saint-Cloud. Un épisode qui l’a décidé à prendre la fuite en juin de la même année, dans le but d’aller se mettre sous la protection d’une armée composée majoritairement de mercenaires allemands et autrichiens.
L’inculpation pour intelligence avec l’ennemi, en temps de guerre, n’est pas une bagatelle. Dans son cas, elle ne faisait malheureusement aucun doute même si le procès de Marie-Antoinette a révélé le rôle encore plus néfaste joué par son épouse. Reste à déterminer s’il méritait la mort ou la prison à vie : si j’avais été en mesure de pouvoir le faire, je n’aurais pas voté la mort.
Pascal Hervé
7 octobre 2024 @ 11:00
Le Roi était l’héritier d’une conception selon laquelle les ennemis de la France étaient ceux de sa dynastie.
Bastide
7 octobre 2024 @ 12:19
MB,
Tout ce que vous rapportez est documenté depuis des dizaines d’années. Je l’ai fait aussi il y a longtemps.
Mais ce ne sont pas des arguments pour les auteurs des 2 réponses publiées déjà, leur conception de la royauté étant de nature religieuse.
Vous aurez d’autres réponses identiques sur le fond.
Merci à vous d’avoir essayé
Catherine
7 octobre 2024 @ 19:40
D’accord avec vous.
carmina burana
8 octobre 2024 @ 08:23
Bastide,je me souviens avoir lu il y a plus de 20 ans ,la decouverte de documents terribles,dans une valise diplomatique oubliee.
Je pense que vous parlez des complots que ourdissait la reine,elle appelait les monarchies a l aide,et tel pays avait un morceau de la France,tel autre un autre morceau.
Elle demembrait notre pays,et heureusement que cela n a jamais ete su a l epoque.
Le couple royal etait victime de son education,de son epoque,deja dire qu ils etaient designes par Dieu pour gouverner.
Et inutile de s en prendre au peuple et de parler de jalousie,c est bien le frere du roi par son vote qui a fait basculer le destin de ce malheureux couple et de leur fils.
Robespierre
8 octobre 2024 @ 12:24
Non Carmina, c’est le vote de Philippe Egalité, ex duc d’Orléans, cousin du roi.
carmina burana
9 octobre 2024 @ 08:52
Robespierre,j ai bien confondu frere et cousin,honte a moi..
DEB
8 octobre 2024 @ 12:25
Et le frère du roi a aussi été guillotiné.
Comme quoi !
Robespierre
8 octobre 2024 @ 12:59
Non, Louis XVI n’a pas eu de frère guillotiné, c’est le cousin Orléans qui a voté la mort qui a fini guillotiné lui aussi. Sacré karma !
Bambou
9 octobre 2024 @ 13:24
Non DEB. Il faut réviser votre histoire de France…
C’est Philippe Égalité, le père de Louis-Philippe qui a été guillotiné. Aucun des frères du roi ne l’a été, à savoir Louis XVIII et Charles X.
DEB
10 octobre 2024 @ 18:07
Vous avez raison. Je me suis trompée. On écrit trop vite !
Pascal Hervé
9 octobre 2024 @ 06:22
Je ne sais si c’est vrai ,il y a beaucoup de faux en histoire.
Quoiqu’il en soit qu’un souverain promette des concessions territoriales en échange d’une aide militaire est vieux comme le monde.
Je regarde l’idée de nation comme une création de la révolution mais ce n’est que mon ressenti.
Robespierre
9 octobre 2024 @ 00:04
Curieux MB que vous appeliez Louis XVI « Louis Capet ». Moi je ne me le serais jamais permis.
Pascal Hervé
7 octobre 2024 @ 06:53
En effet la constitution de l’époque déclarait la personne du Roi inviolable.
Personellement je n’aurais même pas imaginé qu’on puisse faire passer le Roi en jugement et je ne suis pas du tout d’une famille de monarchistes😆😆😆.
La question est de combattre ceux qui aujourd’hui encore approuvent la mort du Roi et en font une question de principe .
Et au fond s’en réjouissent .
Aristocrate
7 octobre 2024 @ 07:20
Je ne vois pas où est le dilemme : c’est un meurtre politique, c’est tout. Je ne vois pas non plus quelle est « la logique qui mène à l’échafaud » que le lecteur devrait essayer de comprendre, si ce n’est la sauvagerie jalouse et mesquine qui s’est emparée du pays et a d’ailleurs fini par emporter avec elle ceux-là même qui l’avait encouragée pour s’emparer du pouvoir.
Robespierre
7 octobre 2024 @ 08:12
D’accord avec vous. On aurait pu voter le bannissement et personne n’en serait mort, c’est le cas de le dire.
Trianon
7 octobre 2024 @ 09:56
Tout à fait de votre avis !
Robespierre
7 octobre 2024 @ 13:17
J’ai mis un post où je suis d’accord avec Aristocrate, et trouvais que le bannissement aurait suffi. Il a disparu et je ne vois que mon 2d post avec Marie-Antoinette.
Trianon
8 octobre 2024 @ 07:50
Ou le bannissement eut été moins sauvage .Louis XVI n’était pas un homme mauvais .
Robespierre
8 octobre 2024 @ 12:26
C’était un homme bon et très érudit. J’aurais aimé le connaître, sincèrement.
DEB
8 octobre 2024 @ 12:29
C’était un acte sanglant inutile.
Cette période de la terreur … quand on consulte la liste des guillotinés, on voit de nombreuses personnes du peuple, condamnées pour des peccadilles et qui ne mettaient pas en danger la France.
Robespierre
8 octobre 2024 @ 13:00
DEB, souvent les guillotinés étaient au départ victimes de dénonciations. Les corbeaux ont toujours existé.
Patrick JACQUES
8 octobre 2024 @ 16:52
On a guillotiné un principe, une fonction. La qualité intrinsèque de son titulaire n’importait pas.
Aristocrate
7 octobre 2024 @ 19:51
Ah merci, j’avais peur d’avoir encore surréagi après avoir seulement lu l’article à moitié 😅
Passiflore
7 octobre 2024 @ 08:05
Je pense que les lecteurs connaissent tous le Testament de Louis XVI. Il est étudié dans les écoles de notariat.
plume
7 octobre 2024 @ 08:53
Je ne pourrai pas me prononcer sur ce point. Il faut se placer dans le contexte de l’époque. Le Roi a fait des erreurs, le peuple était exacerbé, les politiques voulaient montrer leur hargne. Tous ces paramètres et bien d’autres ont contribué à sa chute je dirais « physique ».
Christae
8 octobre 2024 @ 12:47
Le proces et jugement de Louis 16 etait purement politique et non ethique.
L’execution de Marie Antoinette allait dans le meme sens : eliminer definitivement la Monarchie et instaurer le pouvoir de la Bourgeoisie avec l’aide du peuple manipule, instrumentalise.
Pour moi, la tache indicible sur la France est et restera l’acharnement, le calvaire subis par Marie Antoinette de Versailles, aux Tuileries, puis le Temple et pour finir la Conciergerie et le monstrueux dernier trajet vers l’echafaud…
Cela ne suffit pas aux bourreaux revolutionnaires : la soeur de Louis 16 ,innocente mais fidele, vecut une fin cruelle.
Et comble de l’horreur: la souffrance morale et physique infligee jusqu’a la mort a un tout petit enfant innocent : louis 17.
La France des Lumieres avait montre son plus laid visage.
Qu’aurais je vote ?
Aurais je ete suffisamment instruite et avisee pour decider en pleine conscience et faire un choix eclaire ?
Fleur
7 octobre 2024 @ 10:10
C’est une tache pour la France, une honte. Louis XVI n’était pas un criminel. Alors le condamner à mort était une décision abjecte. Je comprends d’autant moins pourquoi on a cru bon d’évoquer cela lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris. Je comprends que le roi d’Espagne n’ait pas apprécié.
Où l’on voit où peut mener la jalousie envers les privilégiés d’un pays… La haine a fait de notre peuple des sauvages.
On n’avait à la rigueur qu’à le virer du pays. De là à les faire exécuter lui et la reine… Et à malmener même leurs enfants. Napoléon a eu plus de chance.
Robespierre
7 octobre 2024 @ 10:35
C’est peut-être hors sujet, mais ma mère m’a raconté avoir vu un jour à la télévision vers 1990 une émission l’où on parlait de Marie-Antoinette, peut-être un spectacle de Robert Hossein, et on faisait voter les téléspectateurs pour savoir si on aurait dû la gracier, l’exiler ou la décapiter. A son grand étonnement et indignation, la sentence de mort l’avait emporté. Brrrrr…
Elisabeth-Louise
7 octobre 2024 @ 13:53
Robespierre je suis surprise = des échos que j’ai eus de ces représentations, la Reine a toujours été graciée….
Marina
7 octobre 2024 @ 19:13
Bonjour Robespierre,
Il s’agit bien de Robert Hossein, spécialiste des grands spectacles historiques interactifs que j’ai tous vus en leur temps sur la scène du Palais des Sports de Paris – aujourd’hui le « Dôme ».
Robert était un grand passionné qui n’hésitait pas à intervenir au micro et même en personne, ce qui m’a permis de le rencontrer.
Amitiés Marina
Robespierre
8 octobre 2024 @ 13:01
Je ne l’ai jamais rencontré, dommage, c’est un homme intéressant et qui faisait tache dans ce milieu par son haut niveau de spiritualité.
Aristocrate
7 octobre 2024 @ 19:52
Cela fait froid dans le dos. Non seulement par rapport à Marie-Antoinette et son procès truqué, mais plus généralement cette appétence pour la peine de mort encore à notre époque « moderne ».
Carolibri
7 octobre 2024 @ 20:53
Cette sentence a été rare, ce spectacle a été présenté plusieurs soirées et la sentence était presque toujours même. C’était une spécialité de Robert Hossein à l’époque, refaire des procès anciens. Mais on ne peut pas refaire l’histoire et se remettre dans le contexte.
Il y avait eu aussi l’affaire Callas.
carmina burana
8 octobre 2024 @ 08:16
Robespierre,
Votre mere s est trompee,je me rappelle d avoir lu a l epoque sur cette piece,je viens de verifier,c est l exil qui l a emporte,et non la peine de mort.
OUF!
Robespierre
8 octobre 2024 @ 12:27
Vous êtes sûre ? Elle m’a parlé de la mort.
Charlotte (de Brie)
8 octobre 2024 @ 13:27
Le verdict changeait à chaque représentation selon le public présent ce soir là.
Robespierre
9 octobre 2024 @ 00:06
Mais bien sûr, comment n’y avais-je pas pensé.
Carolibri
8 octobre 2024 @ 15:09
De mémoire la mort n’était jamais choisie mais l’exil
Robespierre
10 octobre 2024 @ 17:00
Dans la retransmission télévisée vue par ma mère, qui a eu lieu un soir parmi d’autres, c’est la mort qui avait dominé. Dommage, car il semble que ce vote était peu représentatif d’après ce que je lis plus haut.
carmina burana
7 octobre 2024 @ 11:22
Pascal Herve,car vous connaissez encore a notre epoque des personnes qui se rejouissent de la mort du roi?
Pour moi,jamais je ne voterai pour la mort de qui que ce soit,mais autres temps autres moeurs.
Vous n allez pas comparer la France de 1793 a la France moderne ou la peine de mort a ete abolie.
Florence Bouchy-Picon
7 octobre 2024 @ 11:39
Aristocrate, complètement d’accord. Il fallait éliminer et Dieu et le Roi.
Antoine 1
7 octobre 2024 @ 17:41
Cet article est l’occasion de rendre hommage au courageux Lamoignon de Malesherbes qui assura la défense du roi avec l’énergie du désespoir, sachant très bien qu’il la paierait de sa vie. Les marquis de Rosambo, dont on peut visiter le très beau château dans les Côtes d’Armor, sont ses descendants directs.
Actarus
8 octobre 2024 @ 13:15
Avec des « si », on mettrait Paris en bouteille.
Je ne suis pas fan de Louis XVI, qui n’était pas né pour régner et qui, incidemment et du haut de son mètre quatre-vingt-dix, ne s’est pas révélé à la hauteur de la tâche.
Pour n’avoir pas voulu verser le sang de quelques-uns, ce qui aurait peut-être pu tout régler dès le départ, il s’est condamné lui-même et, par la même occasion, les siens et les dizaines de milliers de victimes de la Terreur.
Les chefs d’État les plus efficaces ne doivent pas avoir de scrupules. Ce qui leur paraît être le mieux, sur la base de fondements moraux, s’avère être l’ennemi du bien. Au XXe siècle, le tsar Nicolas II de Russie et le shah d’Iran en ont eux-même payé le prix et l’ont fait payer à leur peuple.
Pour conclure, je dirais qu’il est inutile de chercher une fois encore à refaire l’histoire ou à rejouer le film, car si les événements avaient été différents, nul d’entre nous ne serait là pour les commenter.
Robespierre
8 octobre 2024 @ 15:54
Vous avez hélas raison. Certains Ottomans faisaient assassiner leurs demi-frères (la fameuse petite lanière de cuir, mode héritée des Byzantins)et ainsi plus de problème de succession. Bonaparte a fait tirer le canon sur des royalistes devant une église (oublié le nom) et cela a bien fait avancer les choses pour lui. Si Louis XVI avait fait comme Bonaparte, par exemple lors de la prise des Tuileries la suite aurait été différente. Mais voilà, il était très chrétien …
C’est hélas vrai que les chefs d’Etat les plus efficaces n’ont pas de scrupules.
Vaussard
9 octobre 2024 @ 09:41
Tout à fait d’accord avec Aractus : si lr roi avait été plus fermé des le début comme ses ancêtres tout cela ne serait pas arrivé. Il ne faut pas oublier que k’aide apportée aux américains à coûte une fortune et que les caisses étaient vides .il avait auparavant de deux dépressions très graves causées entre par la mort de son fils aîné. La reine s’est trouvée très démunie pour le soutenir n’ayant aucune expérience. Louis XVI était un homme de bien dépassé par la haine.nous devrions tous être honteux d’avoir participé moralement à un tel regicide
Pascal Hervé
9 octobre 2024 @ 16:45
Un commentaire plutôt excellent Actarus et qui vous honnore.
Pour le shah d’Iran je suis totalement d’accord ,pour Nicolas II je me demande sur qui il aurait fallu tirer, je vois plutôt une accumulation d’erreurs lamentables comme confier la garde de Saint Petersbourg à des résérvistes et des choix de ministres de plus en plus lamentables aussi .
Le salut de la Russie tenait dans un seul homme : Stolypine . Hélas…
Pascal Hervé
9 octobre 2024 @ 16:47
”La pureté évangélique s’accomode mal à l’exercice de l’autorité ”
C’est de mémoire d’un certain Charles De Gaulle.
Robespierre
9 octobre 2024 @ 16:55
cf mon post précédent.
Je me rappelle maintenant le nom de l’église devant laquelle des royalistes manifestaient, et où Bonaparte a fait tirer les canons. C’est Saint Roch.
Hervé J. VOLTO
17 octobre 2024 @ 09:32
Les Français n’ont pas finit de payer pour les têtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Bravo Vaussard : nous devrions tous avoir honte d’avoir participé moralement à un tel regicide.