Jean des Cars retrace le rôle qu’ont joué les familles Romanov, Habsbourg et Windsor dans l’histoire de l’Europe et du monde.
En voici le descriptif : ‘Romanov, Habsbourg, Windsor : trois dynasties qui ont joué un rôle capital dans l’histoire de l’Europe et du monde. Trois familles extraordinaires, aux prises avec le tragique de l’Histoire comme avec les drames intimes. Trois sagas racontées par le maître du genre et réunies pour la première fois en un seul volume.
De l’élection du comte Rodolphe de Habsbourg comme empereur du Saint Empire romain germanique en 1273 à la renonciation de Charles Ier à la couronne impériale d’Autriche en 1918, Jean des Cars retrace l’histoire des Habsbourg qui, pendant plus de six siècles, ont dominé une grande partie de l’Europe.
La Russie ne cesse de retrouver son passé impérial. Sans haine ni a priori, le temps des tsars sort de l’oubli organisé, pour être reconsidéré après les mensonges et la désinformation imposés par la Révolution puis la guerre civile et la dictature. De Pierre le Grand à Nicolas II, la Russie d’aujourd’hui redécouvre les souverains de l’ancienne Russie, ceux qui ont bâti le plus vaste pays du monde.
De l’Angleterre encore imprégnée du prestige de la légendaire reine Victoria au long règne d‘Elizabeth II, l’extraordinaire saga d’une lignée de monarques, de reines, de princes et de princesses dont les destins sont de véritables romans. Dans leurs joies comme dans leurs malheurs, ils continuent de fasciner par un unique mélange de traditions et d’audaces. Windsor ? Une passionnante synthèse britannique.
« La saga des grandes dynasties », Jean des Cars, Perrin, 2014, 1200 p.
Milena K
16 août 2014 @ 10:18
Qu’apprendra-t-on ,qu’on ne sache déjà sur ces 3 dynasties…?!!
Yannick
16 août 2014 @ 13:04
Les Cambridge n’ont pas grand chose à faire au milieu des illustres personnages de la couverture …
Francine du Canada
16 août 2014 @ 15:10
Merci Régine; quelqu’un connait-il l’auteur Jean des Cars? FdC
Palatine
16 août 2014 @ 22:28
Jean des Cars est un journaliste qui écrit des livres un peu vulgarisateurs mais dans le bon sens du terme. J’ai lu de lui, il y a longtemps un livre sur l’histoire des wagons-lits, mais je ne l’ai plus. C’était instructif.
Il est le fils du romancier Guy des Cars qui a écrit des romans populaires, mais qu’on l’appelait Guy des gares, car c’était le genre de romans faciles qu’on emmene avec soi en voyage. Peu de gens savent que Guy des Cars est un authentique noble et son nom s’orthographiait autrefois d’Ecars, au lieu des Cars. Je crois que c’est une famille de ducs, mais Dominique Charenton et Gérard en sauront sûrement plus que moi. COmme je lis pas mal de mémoires de la fin du 18e S, je suis déjà tombée sur le nom d’Ecars. Famille intéressante, et au moins voilà des gens qui travaillent et font quelque chose de leur vie. Je trouve plus glorieux d’écrire des romans de gare, que de ne rien faire et finir par vendre son château de famille.
cecil
17 août 2014 @ 15:14
Palatine,
Voici quelques infos sur la famille des 2 romanciers.
Guy était le second fils de François, 5ème duc des Cars. Le duc actuel, le 7ème est son neveu, François-Amédée.
La famille de Pérusse des Cars (ou d’Escars) vient du Limousin et est connue depuis le moyen-age (XII-XIIIème siècle).
Le premier dont le nom s’orthographiait « d’Escars » semble avoir été Jean (1518-1595), fils de François de Pérusse, seigneur de La Vauguyon et d’Isabeau de Bourbon, héritière de la seigneurie de Carency.
Jean d’Escars, maréchal et sénéchal du Bourbonnais, lieutenant général de l’armée du roi, conseiller d’état, était comte de La Vauguyon, premier prince de Carency, seigneur d’Albret, de Rochefort, de St-Bonnet et de Vendat.
Il épousa Anne de Clermont, nièce de Diane de Poitiers et en eurent plusieurs enfants. Les 2 fils, Claude et Henri, moururent sans descendance, le premier en duel pour les beaux-yeux de sa fiancée, Anne de caumont, qui épousa le frère par la suite. Leur fille Diane recueillit le titre de Carency qu’elle transmit à son fils, Jacques de Stuer de Caussade.
La branche ainée des Pérusse vit son comté des Cars érigé en duché en 1816, pour Jean-François, fils de François et de Marie-Emilie Fitz-James, (petit-fille du roi James II Stuart).
Matthias
17 août 2014 @ 15:26
C’est tout à fait ça. Jean des Cars s’appelle en réalité Jean de Pérusse des Cars. Officiellement la famille est comtale (depuis 1817). Les lettres de noblesses qui devaient les faire ducs n’ont pas pu recevoir le sceau du Roi en raison des évènements de 1830. Toutefois, les chefs de cette famille portent (par courtoisie) le titre de « duc », leur fils aîné celui de « marquis » (comme il est de coutume, comme chez les Brissac ou les d’Harcourt) et les cadets celui de « comte ».
Toutefois, l’écrivain Jean des Cars n’a jamais fait usage du titre de Comte, à la différence de son père, Guy des Cars. L’actuel chef de la famille est le cousin germain de Jean des Cars.
Matthias.
Gérard
17 août 2014 @ 22:57
Merci Matthias. Toutefois le fils aîné des ducs d’Harcourt était traditionnellement appelé duc de Beuvron. Néanmoins l’actuel duc, François, n’a jamais porté ce titre et a été un homme politique discret. Il n’a jamais été marié.
On ne sait donc pas ce qu’il en sera dans l’avenir car le marquis frère du duc, Jean, n’a pas d’enfant (ne pas le confondre avec le chef de la branche aînée). Après ce sera le comte Anne-François président du conseil de l’ANF, ou son fils le comte Geoffroy.
Guy des Cars était appelé le comte des Cars comme frère du duc. Son fils Jean est dans le monde le comte Jean des Cars mais comme écrivain il est bien sûr Jean des Cars.
On sait que sous la Restauration avait été entérinée pour les seuls fils des pairs de France la déclinaison des titres.
Francine du Canada
17 août 2014 @ 15:38
Merci beaucoup Palatine; j’ai déjà lu des romans de Guy des Cars mais c’était il y a très longtemps. Tout comme vous, j’aime les gens qui travaillent et gagnent leur vie et ce, qu’ils soient rois, princes ou manants. Bon dimanche, FdC
Esquiline
17 août 2014 @ 13:29
Jean des Cars est le fils de Gui des Cars, surnommé Gui des Gares pour ses romans invraisemblables que l’on achetait quand l’avion n’était pas si populaire et qu’il fallait faire des heures de train pour rejoindre le but désiré.
Il peut être considéré comme un intellectuel par rapport à son père, choisissant des sujets populohistoriques!
Il n’en reste pas moins un de ces pseudohistoriens qui pullulent à l’heure actuelle, mais qui ont le mérite de faire connaître la petite histoire par le petit bout de la lorgnette.
Les historiens académiques publient des articles pointus dans des revues
spécialisées ou alors des essais assez ardus à lire, je le reconnais.
Certains d’entre eux ont le mérite de savoir vulgariser de manière intelligente, je pense au médiévaliste Jacques le Goff, pour le lecteur francophone.
I
Philippe gain d'enquin
16 août 2014 @ 19:15
Tout çà sent le « déjà écrit, déjà lu et… déjà acheté chez les soldeurs… » rien de bien nouveau en fait…
brigitte et christian
17 août 2014 @ 18:53
bonjour Philippe
bonjour à tous
Dans une autre rubrique, Francine du Canada nous dit que vous avez publié ou que vous allez publier ?
Pouvez vous nous confirmer cela, merci ?
amitiés du sud ouest sous le soleil
Philippe gain d'enquin
18 août 2014 @ 16:54
En effet, plusieurs articles….Amitiés en retour du Septentrion, Philippe.
Dominique Charenton
17 août 2014 @ 17:43
Sur le grand-père de Guy des Cars : Louis duc des Cars (1849-1920)
Ce séjour [ à la Baule ] me permit d’admirer une fois de plus l’homme qui m’a le plus étonné dans ma jeunesse : mon grand-père ce vieux gentilhomme à la barbe fleurie, ressemblait vaguement à certains portraits du père Hugo Comme tous les gens de vraie race, il possédait un souverain mépris du respect humain. La Baule lui servit de
cadre pour le prouver une fois de plus. Un beau soir, il décida d’aller embrasser sa belle-fille et ses petits-enfants en vacances aux bords de la plage or ; cétait un grand voyageur, ayant la passion de tout ce qui roule et spécialement du chemin de fer. Il
ne pouvait pas voir un train en gare sans sauter dedans et ne dormait bien
que dans un coin de compartiment. Par humilité, il voyageait toujours en
troisième classe, où il liait rapidement connaissance avec tous les
occupants du wagon. Il en profitait pour faire de l’apostolat pratique et
semait à profusion des journaux « bien pensants » tout en distribuant des
images pieuses, chapelets ou petite médailles rapportés de l’un de ses
innombrables pèlerinages. Il avait fait tous les pèlerinages de la terre et
incarnait véritablement le dernier pèlerin authentique des temps modernes.
Il n’y a pas un ecclésiastique de France et de Navarre qui ne l’ait connu
personnellement ou entendu parler de lui : un saint homme dans toute la
force du mot.
A chaque gare, il descendait dire un bonjour au chef de gare, qui était
généralement une vieille connaissance. Tous les contrôleurs ou chefs de
train étaient ses amis ; il n’hésitait pas à donner de vigoureuses poignées
de main aux conducteurs de locomotives. Ce geste était pour lui un plaisir
et non pas une attitude publicitaire reprise, longtemps après lui, par les
starlettes de cinéma ou même M.Edouard Herriot. On peut dire, sans trop
s’avancer, que mon grand-père fut l’un des grands vulgarisateurs de « la
poignée de main aux conducteurs de locomotives »
Dans le monde entier, que ce soit pour grimper sur les Pyramides ou être
reçu au manoir d’Anjou, il portait la même tenue de voyage : redingote noire
légèrement verdie, chapeau melon , parapluie, long caoutchouc à
capuchon lui tenant lieu de manteau hiver comme été, bottines à élastiques.
Il avait résolu le problème des bagages en n’en emportant aucun. En cours
de route, il achetait le minimum nécessaire pour l’étape et jetait par la
fenêtre du compartiment tout ce qui s’avérait sale, usagé ou inutile. Il ne
possédait pas de col de rechange, ayant la chance d’en posséder un en
celluloïd , qu’il faisait mariner le soir dans le pot à eau de son hôtel et
retrouvait propre le lendemain après l’avoir essuyé. Il faisait deux
exceptions pour une brosse à dents, qui dépassait perpétuellement de la
poche gauche de son gilet , et les « provisions de route » consistant en
quelques croûtons de pain rassis enfouis dans les basque de sa redingote.
Le jour où il prit la résolution de venir nous rejoindre à La Baule, la chaleur était accablante. C’était au mois d’août. Il prit un train de nuit et apporta, dans son appareil vestimentaire, un changement considérable : il remplaça ses chaussettes noires « d’hiver » par des chaussettes blanches retombant sur ses bottines à élastiques ; il
méconnaissait l’emploi du fixe-chaussettes. Les chaussettes blanches
marquaient chez lui le retour de la belle saison.
Il débarqua donc à la gare de La Baule au petit jour. L’omnibus de l’hôtel était là ; un omnibus hippomobile, puisqu’il est écrit que chaque guerre ou lendemain de guerre doive nous ramener aux moyens de locomotion les plus antiques. Etait-ce pour savourer la douceur de ce matin d’été ?
Toujours est-il que mon grand-père laissa les clients de l’hôtel s’entasser à l’intérieur du véhicule et préféra s’installer délibérément sur le siège à côté du cocher. Il adorait bavarder avec les cochers ; je le comprends sans peine, cest un goût qu’il ma légué. Les cochers de fiacre ou d’omnibus mapparaissent comme étant les derniers philosophes de la voie publique.
« Les pieds gonflent en voyage et spécialement en chemin de fer « tout
le monde le sait; aussi mon grand-père n’avait il pas hésité à retirer ses
bottines à élastiques pendant la nuit pour les remplacer par une vieille
paire de pantoufles , qu’il portait toujours dans la poche droite de son caoutchouc. Pour être sur de ne pas oublier ses précieuses bottines dans le train, il n’avait pas craint de les relier au moyen d’une ficelle, cétaient des bottines « à pattes », et de suspendre le tout autour de son cou en guise de pendentif. Ce fut dans cet apparat qu’il
pénétra, vers huit heures du matin, dans le hall de l’élégant hôtel où ma mère avait élu domicile avec sa progéniture.
Il demanda immédiatement sa belle-fille sans autre forme de protocole. Le
concierge, surnommé à juste titre « le Roi des Palaces « lui jeta un
regard olympien en lui déclarant du haut de sa grandeur galonnée :
– Enfin, monsieur, qui êtes-vous ? D’où venez-vous ?
– Je suis le duc des Cars ! Je viens voir ma belle-fille et mes petits-enfants.
– Ecoutez mon ami, vous raconterez cette histoire à d’autres ! Vous vous
figurez peut-être que je vais déranger l’une de nos clientes les plus
respectables pour un tapeur ou un globe-trotter !
Mon grand-père se fâcha tout rouge et demanda à parler immédiatement au
directeur, qu’il fallut réveiller. Une demi-heure plus tard, ce dernier
frappa timidement à la porte de la chambre de ma mère. Celle-ci était
encore au lit, entourée de ses trois enfants. Nous vîmes entrer un
directeur à jacquette brodée et pantalons rayés, dans la plus pure
tradition vestimentaire des directeurs de grands hôtels s’apparentant à
celle des chefs de rayon d’un grand magasin, qui se frottait désespérément
les mains pour se donner une contenance en bafouillant :
– Madame, excusez ce dérangement matinal, mais je suis au regret de vous
annoncer quil y a en bas, dans le hall, un clochard qui se prétend être
votre beau-père ! Bien entendu nous n’en croyons pas un traître mot
ajouta-t-il avec un sourire poli.
– Comment est-il habillé ? demanda ma mère
– Mon Dieu, madame, il porte ses bottines suspendues par une ficelle autour
de son cou .
– Ses bottines autour de son cou ? C’est sûrement mon beau-père. Priez-le
de monter.
Le directeur changea de couleur et se retira en se confondant en excuses.
La longue attente subie par mon grand-père avait eu le don de l’exaspérer
et lui avait permis d’observer, d’un fauteuil du hall, les principaux
pensionnaires. Il remarqua notamment que l’hôtel était rempli d’israélites. Aussi lui, catholique farouche, n’hésita-t-il pas à faire connaître ses convictions religieuses ; cela se passa en pleine salle à manger. Il se leva et frappa sur son verre avec une cuillère pour obtenir le silence et faire cesser les bruits de vaisselle ; tous clients et maîtres
d’hôtel, le regardaient médusés. Il sortit de lune des poches de sa redingote un missel volumineux et annonça d’une voix solennelle :
– Lecture du saint Evangile du jour
Il lut l’ Evangile en entier dans un silence impressionnant ; personne n’osa .protester. Sa lecture pieuse terminée, mon grand-père ramassa quelques croûtons de pain quil enfouit dans les basques de sa redingote, son garde-manger portatif, avec le missel, embrassa chacun de nous et déclara à ma mère :
– J’ai juste le temps si je ne veux pas rater mon train.
– Vous n’avez même pas commencer à déjeuner !
– J’ai des provisions : quelques bons croûtons .
Où allez-vous ?
– A Jérusalem en passant par Bruxelles..Oui, jai un pèlerinage à faire.
Il nous quitta sans rien ajouter. Trois semaines plus tard, nous recevions une carte de Jérusalem. Ce qui n’empêcha pas l’hôtel de La Baule de résonner longtemps.des commentaires les plus divers sur le passage ultra rapide de ce gentilhomme haut en couleur.
Je ne le revis que six mois plus tard , pendant une scène d’équitation pratiquée sur le dos d’un abbé . C’était l’époque des « précepteurs » pour mon frère et moi , des « institutrices » pour ma soeur.L’abbé en question sappelait l’abbé Plançon. Nous l’adorions parce qu’il jouait admirablement du guignol et nous emmenait l’après-midi dans son » atelier « d’artiste, où il s’adonnait aux joies de la peinture. Un abbé
peu ordinaire n’hésitant pas à se mettre en habit le soir pour aller au théâtre en compagnie d’une institutrice de « bonne maison « qui se faisait prêter par la femme de chambre l’une des robes du soir de sa patronne : une fine équipe d’éducateurs.
Le jour où mon grand-père réapparut. Il me trouva juché sur le dos de l’abbé qui marchait à quatre pattes en galopant dans les couloirs. Mon Grand-père n’eut qu’une seule phrase :
– Bravo, mon petit Guy ! Je vois que tu fais d’énormes progrès en équitation. Demain je t’apporterai une paire d’éperons !
Le brave abbé se redressa du coup et je puis dire que ce fut ma première chute de cheval.
…Pendant des années, mon grand-père fut conseiller général de la Sarthe,bien qu’il eût sur la politique des vues assez éloignées de celles du commun des mortels. Il se découvrit même, au sein du Conseil général,un ennemi dans la personne de Joseph Caillaux. La raison de cette inimité est fort simple. « ce bon msieur Joseph », comme disaient les paysans sarthois en parlant de Caillaux, était président du Conseil général. Comme tel, il se devait de faire tous les ans, à la séance d’ouverture, un grand
discours. Régulièrement, cétait la seule fois de l’année où mon grand-père prenait la parole au sein du Conseil général, imitant le » Carthago delenda est « du vieux Caton, il interrompait « Monsieur le président « en plein milieu d’une période oratoire par ces six mots :
– Monsieur le président, vive Jeanne dArc !
Le bon msieur Joseph ne la jamais digéré. Comme il le confia plus tard à des intimes :
– Ce « Vive Jeanne dArc ! » empoisonnait tout mon discours. Je savais, au
début de chaque séance inaugurale, quil arriverait à le caser. Tous mes
confrères attendaient avec anxiété et un malin plaisir le moment où l’interruption serait lancée. Un jour, je crus qu’il n’allait pas le dire Je venais de terminer mon discours. Mais, au moment précis où les applaudissements allaient crépiter, mon farouche adversaire s’écria :
» – ce que vient de dire M. le président est parfait. Toutefois, vous reconnaîtrez, messieurs , que si je dis « Vive Jeanne d Arc ! «, c’est bien elle seule que vous devez applaudir !
« il y eut un éclat de rire général et pas un applaudissement. Ce vieillard mavait volé mon succès ! «
La politique entraîne des obligations. Une fois par an, mon grand père
conviait à sa table tous les maires et curés du canton. A la fin de lun de ces repas pantagruéliques, dont la seule lecture du menu vous donne une indigestion, on servit des bols deau tiède, dans lesquels marinait une rondelle de citron, destinés à permettre à
chaque convive de se rincer les doigts après le repas. Les bons curés,
légèrement surpris par l’arrivée de ce mets inattendu, hésitèrent et imitèrent finalement le doyen du chef lieu de canton qui avait courageusement porté le rince-doigts à ses lèvres et en avalait le contenu.
En sortant de table, un vieux curé sapprocha de mon grand-père en lui faisant cette confidence :
– Ah ! Il faut dire ce qui est : le déjeuner était fameux Il n’y a que le petit grog de la fin que j’ai trouvé un peu fade !
Si je me suis attardé sur quelques faits et gestes de mon grand-père, c’est uniquement pour faire connaître un vrai type d’original sincère. Sa franchise n’eut d’égale que sa modestie. Il montra à quel degré cette dernière qualité chez lui était grande le jour où se sentant gravement malade, il refusa de se faire soigner chez lui ou dans une clinique. Il
exigea dêtre transporté à l’hôpital Saint Joseph, où il rendit le dernier soupir dans une salle commune, comme un pauvre, revêtu de la robe de bure du tiers-ordre de Saint François.
in Guy des Cars, Mémoires d’un jeune, 1945, pages 15 à 21
DEB
18 août 2014 @ 08:42
Merci pour ces informations.
Ce grand-père était un personnage!
Gérard
18 août 2014 @ 14:01
Merci Dominique pour ce portrait pittoresque.
Francine du Canada
18 août 2014 @ 15:32
Merci Dominique Charenton; vraiment sympa votre grand-père!
Et bien Palatine, nous savons maintenant qui il est n’est-ce pas? Amitiés, FdC